INTRODUCTION
Une vitalité apostolique remarquable
Tout le monde sait que les chrétiens de Lyon n’ont jamais manqué de manifester une vitalité remarquable, au
niveau spirituel, pastoral, missionnaire : rigoureux dans leur analyse des besoins, inventifs et exigeants dans les
initiatives nouvelles à prendre pour relever les défis. Beaucoup d’autres communautés chrétiennes en ont
bénéficié.
Est-ce l’ardeur des premiers chrétiens qui resurgit au cours de l’histoire ? Sans remonter aussi loin, je pense à
Frédéric Ozanam qui, au cours de son séjour à Lyon, a travaillé pour l’apostolat intellectuel et l’apostolat de
charité ; à Pauline Jaricot, que certains ont pu appeler « mère des missions » ; au Père Chevrier, l’apôtre des
ouvriers pauvres, dont on ne peut séparer Mgr Ancel ; au Père Couturier, un des pères spirituels de
l’œcuménisme ; au Père Joseph Folliet, promoteur d’action sociale ; au Père Joseph Colomb, qui a donné
une nouvelle impulsion à la catéchèse ; et à de nombreux théologiens éminents comme le Père de Lubac. Et
je me dois de citer particulièrement le cardinal Jean Villot, votre ancien archevêque, qui a mis tous ses dons
au service de l’Église universelle, durant le Concile et après, comme proche collaborateur très apprécié de
Paul VI et de moi-même à la Secrétairerie d’État.
Je ne cherche pas à augmenter votre fierté légitime, mais je pense que leur ardeur apostolique et leur sens de
l’Église peuvent grandement nous inspirer, même si aujourd’hui le contexte est nouveau et les chrétiens
devenus minoritaires dans un monde situé souvent en marge de la foi.
Souviens-toi de ta ferveur première
Chers frères et sœurs de France, présents aujourd’hui à Lyon ou reliés à nous par la télévision, puisse la
béatification du Père Antoine Chevrier, faire croître en vous la foi, l’espérance et l’amour qui se nourrissent de
l’exemple des saints et de l’expérience de la grâce.
Église qui es à Lyon, tu as été baptisée dans le sang de tes martyrs, souviens-toi de ta ferveur première avec
l’évêque Pothin, le diacre Sanctus, l’esclave Blandine. C’est le premier témoignage que nous ayons des
chrétiens de Gaule : on reste stupéfait de leur force, de leur espérance, de leur attachement au Christ vivant.
Église de Lyon, souviens-toi aussi de l’évêque Irénée qui, pour toute l’Église, a défendu la véritable foi au
Verbe incarné, vrai Dieu et vrai homme, au regard des gnoses qui, déjà, tentaient de dissoudre cette foi.
Église de Lyon, souviens-toi de toutes les initiatives prises par tes fils et tes filles au cours des siècles pour
sanctifier l’Église, servir son unité, pour l’entraîner au service de la société comme Marius Gonin et Joseph
Folliet, développer l’œcuménisme comme le Père Couturier, aider l’éducation des jeunes comme la
bienheureuse Claudine Thévenet, stimuler le rayonnement missionnaire de l’Église comme Pauline Jaricot,
assurer une présence contemplative au milieu des non-chrétiens comme le Père Jules Monchanin. Ils sont
légion, « foule immense de témoins », et constituent pour nous des guides, une famille, des intercesseurs, selon
l’expression de la Préface des Saints.
Et toi spécialement, famille spirituelle du Prado, souviens-toi de ton fondateur : il avait peut-être tout pour
rester un homme ordinaire, mais son attachement à Jésus-Christ l’a conduit à la sainteté.
Jean-Paul II, Lyon, 4 et 6 octobre 1986. DC, 2-11-1986, n°1927, p.945 et 985.