A) INSEMINATION A FRAIS
L'insémination artificielle à frais a été réalisée pour la première fois en 1780 par
Spallanzani chez la chienne et peut être avant cela, vers l'an 700 du calendrier musulman
(1.322 du calendrier grégorien) chez la jument (1)
A l'heure actuelle, l'insémination à frais n'est utilisée que chez les espèces dont la
semence se congèle mal. C'est le cas du porc, de l'étalon, du bélier et des oiseaux (gallinacés
et anatidés). La contrainte de devoir synchroniser la récolte et l'insémination limite
considérablement l'utilisation de l'I.A. à frais. En effet, suivant l'espèce, le milieu de dilution
et les conditions de transport du sperme, celui-ci doit impérativement être introduit chez la
femelle en œstrus endéans les 24-72 heures.
(1) Walter Heape, un des premiers spécialistes en biologie de la reproduction, cite, dans un article de 1897, une
anecdote vieille de près de 7 siècles où un arabe propriétaire d'une jument de valeur, en œstrus : "... armé d'une
poignée de fibres de coton saturée de la décharge vaginale de sa jument, il approcha silencieusement un étalon de
grande valeur appartenant à un membre d'une tribu hostile voisine. Après avoir suffisamment excité l'étalon par
les senteurs portées par le coton, il collecta sa semence qu'il introduisit à son retour dans le vagin de sa jument et
obtint de la sorte un poulain..." La source exacte de l'histoire n'est pas précisée et donc sa véracité ne peut être
démontrée.
B) CONGELATION DU SPERME
La congélation du sperme est basée sur l'utilisation d'agents cryoprotecteurs (glycérol,
DMSO). Le sperme récolté est analysé (couleur, consistance, volume, concentration en
spermatozoïdes, mobilité, ... cf. chap. II) et dilué dans le milieu de congélation. Il est ensuite
distribué en paillettes et refroidi lentement jusqu'à -196°C. A cette température, dans de
l'azote liquide, il peut théoriquement se conserver indéfiniment. Ces opérations sont
effectuées dans des centres d'I.A. qui se chargent également de la promotion et de la
commercialisation des paillettes auprès des éleveurs.
Quelques minutes avant l'insémination, la paillette est rapidement réchauffée à 37°C et
montée sur le pistolet d'insémination. Le dépôt de la semence se fait dans l'utérus, même chez
les espèces où l'insémination naturelle est vaginale (voir tableau 2.2).
Dans l'espèce bovine, on prépare généralement 2 à 300 paillettes par éjaculat, chacune
contenant 10-15 millions de spermatozoïdes. Un taureau peut fournir 2-4 éjaculats par
semaine, ce qui permet d'inséminer une moyenne de 500 à 1.000 vaches. Avec un taux de
gestation de 60% après la première insémination, un taureau est donc capable de procréer 300
à 600 veaux par semaine, soit 15 à 30.000 veaux par an.