Préparation CAPES D. Luzzati
QUELQUUN : Mais ce roman, dans quel but l’a-t-il fait ?
LE POËTE ELEGIAQUE : Est-ce que je sais, moi ?
UN PHILOSOPHE : A ce qu’il paraît, dans le but de concourir à l’abolition de la peine de mort.
LE GROS MONSIEUR : Une horreur, vous dis-je !
LE POËTE ELEGIAQUE : Il en veut terriblement à la guillotine.
UN MONSIEU MAIGRE : Je vois cela d’ici. Des déclamations.
LE GROS MONSIEUR : Point. Il y a à peine deux pages sur ce texte de la peine de mort. Tout le
reste, ce sont des sensations.
LE PHILOSOPHE : Voilà le tort. Le sujet méritait le raisonnement. Un drame, un roman ne
prouve rien. Et puis, j’ai lu le livre, et il est mauvais.
LE POËTE ELEGIAQUE : Détestable ! Est-ce que c’est de l’art ? C’est passer les bornes, c’est
casser les vitres. Encore, ce criminel, si je le connaissais ?mais point. Qu’a-t-il fait ? on
n’en sait rien. C’est peut-être un fort mauvais drôle. On n’a pas le droit de m’intéresser
à quelqu’un que je ne connais pas.
LE GROS MONSIEUR : On n’a pas le droit de faire éprouver à son lecteur des souffrances
physiques. Quand je vois des tragédies, on se tue, eh bien ! cela ne me fait rien. Mais ce
roman, il vous fait dresser les cheveux sur la tête, il vous fait venir la chair de poule, il
vous donne de mauvais rêves. J’ai été deux jours au lit pour l’avoir lu.
V. Hugo
Une comédie à propos d’une tragédie
1. Lexicologie : mots en gras /3
2. Passage souligné /3
3. Syntaxe : l’interrogation /4
1. Stylistique /10Lexicologie : mots en
gras
Drame et roman peuvent avantageusement être traités ensembles : ce sont 2 formes de fiction qui sont
doublement en cause. D’une part, le drame est une fiction représentée, et le roman une fiction racontée. D’autre
part, nous sommes dans un texte dramatique qui porte sur la réception d’un texte narratif. Tout se le en
somme, comme dans le titre. Tous deux sont S d’un V au sg ce qui établit entre eux une relation de type
exclusif : c’est l’un aussi bien que l’autre, c’est l’un comme l’autre.
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Drame : histoire représentée (à la diff de roman)
- Etymologie : < grec drama = action + conséquences. Se spécialise au th pour caractériser l’action d’une
tragédie.
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Il est difficilement admissible au CAPES d’ignorer l’étymologie de drame et roman (alors que ne pas deviner qu’il s’agit du
DLC) est parfaitement compréhensible). Le cs le + fréquent a consisté à assimiler le sens commun au sens litt (théâtre).
Préparation CAPES D. Luzzati
- Composition/famille : racine => dramatique dramatiser (=> catastrophe et non théâtre), dramaturge, auteur
dramatique (= auteur de théâtre, tout comme le comédien, acteur de théâtre, qui s’oppose au tragédien,
acteur de tragédie). Il s’agit alors de l’art dramatique, qui s’oppose à l’art lyrique.
- Sens : Préf de Cromwell aidant, on peut penser au « drame » romantique (th d’action complexe, lyrique,
refusant les « unités » classiques), mais par comp avec roman, renvoie au sens de fiction représentée,
qu’elle soit comédie, tragédie ou drame romantique.
- synonymes/antonymes : ds le sens litt, regroupe à la fois à tragédie et à comédie.
- Syntaxe : subst = dét indef => sens générique
- Contexte : meta = faire n drame (une catastrophe) d’un drame (dramatique) ; si l’un (DJC) ne prouve rien,
l’autre (réactions à non plus).
Roman : histoire racontée (à la diff de drame)
- Composition/famille : romantique ou romanesque renvoient à une interprétation de roman qui correspond en
partie au DJC (histoire inventée qui comporte ou suscite des sentiments violents)
- Sens : le sens de « récit inventé en prose » correspond au DJC. Se pose alors le pb de la « vérité » d’un
semblable récit qui ne prouve rien selon le Philosophe, mais qui peut parfaitement être plus « vrai », plus
« réel » que des faits rapportés.
- synonymes/antonymes : s’oppose à récit ou histoire : le DJC n’est ni véritablement un récit (qui raconte), ni
véritablement une histoire (son intrigue se résume à peu de chose). Ce n’en est pas moins un roman.
- Syntaxe : subst = dét indef => sens générique
- Etymologie : <romanus, « romain » => en langue populaire, et non en latin. Par métonymie, désigne un cit
en langue romane. Il ne s’applique à des récits « réalistes » en prose qu’à partir du 19ème s.
- Con texte : cf drame => un roman (invention baratin) sur un roman (histoire fiction) ; si l’un ne prouve rien,
l’autre encore moins.
Détestable
- Composition : base = verbe détester + suff adj able = « susceptible d’être »
- Sens : parfait appréciatif axiologique (bon/mauvais). Il reprend d’ailleurs mauvais, avec une valeur de comp
absolu (= « très mauvais »). Il ne dit donc strictement rien, si ce n’est la position du locuteur
- synonymes/antonymes : comme tous les appréciatifs de ce type, il se dévalorise et, au lieu de sign « susc
d’être détesté » av pour antonyme « susc d’être aimé » (aimable), il devient une coquetterie de langage
subst par horrible, abominable …, dont les antonymes sont formidable, extraordinaire, exceptionnel…
- Syntaxe : prédicat av thème ds la réplique qui précède (le livre), ds une struct topicalisée
- Etymologie : < detestari = « détourner en prenant Dieu à témoin par des imprécations ». Seus fort
(haîssable) qui s’aténue (désagréable).
2. Passage souligné :
mais point
Réponse oratoire (fausse réponse, déjà contenue dans la question qui précède). Mais connecteur argumentatif
plutôt que conj de coord adversative. Permet de mettre en valeur la négation : je ne le connaissais même pas
devient si je le connaissais ? mais point (il faut inclure même pour en rendre compte). Point n’est pas subst par
pas : on peut trouver point/pas du tout ou absolument pas (diff de sens), mais on ne peut pas trouver pas tt seul.
Il est revanche subst par non dont il prend la portée générique.
m’intéresser
Transfert de sens du sens pronominal au sens transitif direct + COD ané : s’intéresser = prendre intérêt, avoir de
la curiosité ; intéresser qqun = faire en sorte qu’il trouve un intérêt. Normalement, l’intérêt en question n’est pas
de même nature, d’où le comique.
eh bien
« Interjection » qui fonctionne comme connecteur (ce n’est pas un mot phrase). Introduit le second segment, avec
un rôle consécutif (cf La Fontaine : eh bien dansez maintenant), comme le ben oral. Supprimable, mais sans le
clivage (quand je vois des tragédies on se tue, cela ne me fait rien - *quand je vois des tragédie, on se tue,
cela ne me fait rien).
3. Syntaxe : l’interrogation
rappel pour une introduction :
Oppositions classiques :
Totale/partielle
Directe/indirecte
Oppositions supplémentaires :
Morph int simple/renforcée
+/- clivage
interrogation oratoire
occurrences
(a) l1 : dans quel but l’a-t-il fait ?
Préparation CAPES D. Luzzati
(b) l3 : est-ce que je sais, moi ?
(c) l19 : est-ce que c’est là de l’art ?
(d) l20 : Encore, ce criminel, si je le connaissais ?
(e) l20 : qu’a-t-il fait ?
classement
1. directe
1.1. totale :
- (b) : morph int renforcé morph simple par inv du S imposs (sais-je) + clivage av reprise du pn
tonique moi => int oratoire
- (c) : morph int renforcé+focalisation (vs est-ce de l’art ?) => int oratoire
- (d) : le ? => int directe, même s’il n’y a ni morph int, ni inv du S (= est-ce que je connaissais ce
criminel ?). Int oratoire.
1.2. partielle
- (a) : morph simple + inv S. Int oratoire, même si c’est une int partielle : la réponse, elle-même int, qui
suppose qu’il n’y a pas de réponse possible est contenue ds la question.
- (e) : morph simple + inv S. Int oratoire, même si c’est une int partielle : la réponse négativre est
contenue ds la question.
2. indirecte
2.1. totale
- (d) : on ne peut pas affirmer que le si ne puisse pas être hypothétique, en intr une protase sans
apodose. Il peut néanmoins relever de l’int ind totale (= je me demandais si je le connaissais). Les 2
si sont au demeurant de même nature : si + int ind = si ou si non, cad ds l’hypothèse d’un oui ou
d’un non…
2.2. partielle : néant
conclusion : Il s’agit presque systématiquement d’interrogations oratoires, cad d’interrogations vaines, dont
la réponse est présupposée. Ce sont de fausses questions destinées à renforcer un préjugé commun.
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