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Casablanca, Ville du XXème siècle,
carrefour d’influences
Maroc
Date de soumission : 27/11/2013
Critères: (ii)(iv)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Délégation permanente du Royaume du Maroc auprès de l'UNESCO
Etat, province ou région :
Région du Grand Casablanca
Ref.: 5848
Description
Le bien proposé à l’inscription est un exceptionnel laboratoire expérimental d’architecture et d’urbanisme du XXème
siècle. Casablanca a permis la promotion de nouvelles réflexions architecturales et la diffusion d’une nouvelle
science, propre à l’Europe : l’urbanisme. Comparée aux autres villes du Maroc, Casablanca présente certaines
spécificités. C’est une ville carrefour qui reflète une exceptionnelle synthèse d’éléments issus de cultures, d’époques,
de modèles, et d’idéaux différents. Cet original métissage s’illustre dans son paysage urbain et architectural qui lui
confère une valeur patrimoniale indéniable.
Justification de la Valeur Universelle Exceptionelle
L’ensemble urbain et architectural de la ville offre une synthèse originale de trois cultures différentes originaires de
trois continents : la culture africaine (plus exactement la culture maghrébine), la culture européenne et la culture
américaine. L’originalité des bâtiments est le résultat d’une fusion créative entre les influences des trois cultures, et
leur architecture illustre parfaitement ces échanges et ce métissage culturel. Un métissage et une réciprocité
d’influences qui ont permis aux architectes d’édifier des bâtiments à la pointe de la modernité et de la technologie
pour l’époque. Les immeubles mélangent certains ornements et aménagements spécifiques (comme les toits,
terrasses, les loggias, pergolas…) de la culture maghrébine et des éléments architecturaux novateurs venus
d’Europe ou des Etats Unis (vide ordure, ventilation, monte-charge…). Les acquisitions de la science moderne
s’ajoutent au savoir-faire local. C’est ainsi que Casablanca s’est construite autour et grâce à l’ensemble de ces
cultures, bien que les plans successifs d’aménagement de la ville aient participé à la répartition des communautés
par quartier.
Critère (ii) : témoignage d’un échange d’influences considérables
Ville au carrefour de trois continents et terre d’accueil, le développement urbain et architectural de Casablanca est le
résultat d’un mélange d’influences marocaines, maghrébines, occidentales et américaines. L’architecture de la ville
illustre parfaitement ce mélange d’influences. Les arts autochtones et les techniques traditionnelles se marient
élégamment aux nouveaux mouvements architecturaux.
Critère (iv) : exemple éminent d’un type de construction
Le centre de Casablanca est un témoin de l’application du mouvement moderne. Il s’agit d’une ville nouvelle
entièrement construite au XXème siècle, illustrant la naissance de l’urbanisme et de l’architecture moderne. A
l’innovation urbanistique fait écho l’innovation esthétique. Après les styles néo-mauresques et néo-classique, c’est le
courant moderne qui s’affirme au fil des bâtiments casablancais.
L’art-déco dont les formes géométriques se marient avec les motifs et les techniques traditionnels, amorce cette
réflexion architecturale. Gagnés par cet esprit pionnier, les promoteurs rivalisent d’audace pour élever ces immeubles
qui portent encore leur nom.
Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité
Les éléments qui composent le bien considéré ont conservé l’essentiel de leur attribut. Les perspectives et les vues
ouvertes dessinées par les plans urbanistiques de la ville ont été préservées et sont mises en valeur par les
bâtiments et les ensembles urbains et architecturaux. Le bien proposé a conservé son authenticité et son intégrité
non seulement en ce qui concerne la conception urbaine initiale, mais également pour tout ce qui touche aux édifices
particuliers, qu’ils soient publics ou privés, à leurs matériaux et à leur apparence. Le tissu urbain n’a pas été dégradé
comme cela a été le cas pour de nombreuses autres villes. Le tissu légué n’a pas été détérioré par des ajouts
désordonnés ou par des transformations maladroites. Il a été complété, de manière ponctuelle, sans altération
globale des qualités de l’espace urbain. D’une manière générale, l’excellente qualité constructive des immeubles et
des équipements a garanti leur bonne conservation, et ce malgré l’environnement du bord de mer et de la pollution
atmosphérique.
Comparaison avec d’autres biens similaires
Casablanca est une ville où l’on trouve une concentration importante de bâtiments art déco, fonctionnalistes et
modernistes d’avant-garde.
Casablanca était au XXe siècle un terrain d’expérimentation pour l’architecture et l’urbanisme qui a bénéficié du
savoir-faire des arts traditionnels (zelliges, boiseries, stucs), des courants internationaux (exposition des arts
décoratifs,1925, Congrès International de l’Architecture Moderne, de 1928 à 1956, Team 10, 1959) et des
technologies innovantes (tel le béton armé). Les premières voûtes minces en béton armé ont été construites à
Casablanca par exemple, par les frères Perret en 1917. Par ailleurs, les immeubles bénéficient d’un confort, à
l’époque encore rare en Europe : salle de bain, WC, vide-ordure, ascenseurs, parking souterrain. Enfin le plan et le
règlement d’urbanisme de Casablanca ont servi de modèle pour l’aménagement de nombreuses cités européennes
durant cinquante ans.
Casablanca dispose donc d’une richesse architecturale et urbaine, la mettant au même rang des grandes métropoles
du XXe siècle : Brasilia (Brésil), Chandigarh (Inde), par exemple. On y trouve tous les courants architecturaux
d’avant-garde qui ont été testés entre 1920 et 1975 : art nouveau, néo-classicisme, art déco, fonctionnalisme,
hygiénisme, immeuble à redans, brutalisme, et, pour l’urbanisme : le zoning, les grands boulevards, le permis de
construire, l’aménagement urbain, les grands ensembles.
Casablanca est donc une école à ciel ouvert, fréquemment visitée par des architectes et des urbanistes du monde
entier pour son patrimoine et son histoire.
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