Homélie de saint Robert Bellarmin, évêque (Des sept paroles du Christ
sur la Croix, l. I, ch. 12)
Le fardeau et le joug que le Seigneur imposa à saint Jean, en lui
confiant le soin de la Vierge Mère, furent vraiment un joug suave et un
fardeau léger (cf. Mt 11, 30). Qui donc ne partagerait très volontiers la
demeure de cette Mère, qui porta neuf mois dans son sein le Verbe
incarné et vécut avec lui, très doucement et dévotement, pendant trente
années? Qui ne porterait envie au disciple bien-aimé du Seigneur qui, en
l’absence du Fils de Dieu, obtint la présence de la Mère de Dieu? Mais,
si je ne m’abuse, nous pouvons, nous aussi, obtenir par nos prières de la
bonté du Verbe, incarné à cause de nous et crucifié à cause de son grand
amour pour nous, qu’il nous dise à nous aussi: «Voici ta Mère.» Et qu’il
dise de nous à sa Mère: «Voici ton fils.»
8. Le doux Seigneur n’est pas avare de ses dons, pourvu que «nous
approchions du trône de sa grâce avec» foi et «confiance» (He 4, 16),
avec un cœur non pas hypocrite, mais véritable et sincère. Celui qui a
voulu nous faire cohéritiers du royaume de son Père ne dédaignera certes
pas de nous avoir pour cohéritiers de l’amour de sa Mère. Quant à cette
Vierge très bonne, elle ne sera pas accablée par la multitude de ses
enfants, car elle a un cœur immense, et elle désire vivement éviter la
perte d’aucun de ceux que son Fils a rachetés par un sang si précieux et
une mort d’un si grand prix. «Approchons donc avec confiance du trône
de la grâce» (He 4, 16) du Christ; humblement et avec larmes,
demandons-lui qu’il dise à sa Mère, de chacun de nous: «Voici ton fils.»
Et qu’il dise de sa Mère, à chacun de nous: «Voici ta Mère.»
9. Quel bonheur ce sera pour nous de vivre sous l’égide d’une pareille
Mère! Qui osera nous arracher de son sein? Quelle tentation pourra