l’est moins. De même le développement de la banquette arrière n’a pas été sans poser de pro-
blèmes. S’agissant d’une innovation, les coûts de mise au point ont été importants. Mais tout
cela concourt à un même objectif : permettre à la Twingo de se différencier des autres voi-
tures.
2) La non-diversité
Faire un modèle unique a des avantages économiques et techniques indéniables. Pre-
nons l’exemple du moteur. Sur un véhicule classique l’espace est prévue pour loger le plus
gros bloc moteur, ce qui fait qu’il reste de l’espace vide avec des plus petits gabarits. Dans le
cas d’une carrosserie monocorps, il convient d’éviter un trop long « museau » pour des rai-
sons de style. Pour placer le moteur la voiture est plus haute mais il faut une mécanique très
compacte. En ne retenant qu’un seul modèle on peut optimiser la place mais également les
performances.
La non-diversité a également un autre avantage, celui de clarifier la relation avec le
client. La tendance était à l’époque, même si cela est encore vrai aujourd’hui sur certains mo-
dèles, de proposer une multitude d’options, l’objectif étant de permettre au client de personna-
liser sa voiture. En fait ce dernier le percevait de façon négative ayant l’impression de « se
faire avoir ». Il convient toutefois de noter que le choix du niveau d’équipement ne s’est pas
fait sans problème. Il fallait en effet éviter de sortir une voiture trop peu équipée qui en pâti-
rait commercialement mais le produit devait rester rentable pour l’entreprise. On peut noter
ici, lorsqu’on regarde le chemin parcouru par la Twingo entre 1993 et 1998, que cette position
semble avoir évoluée. Initialement très peu d’options étaient prévues : la climatisation (une
première pour une voiture de cette catégorie ce qui affirmait son identité), un toit ouvrant et le
pack électrique (vitre et fermeture centralisée). Aujourd’hui, s’il n’existe toujours qu’un seul
moteur disponible, la Twingo a agrandi son nombre d’options (airbag, boîte de vitesse easy,
apparition d’une version Initiale avec le cuir de série…) et fait ainsi comme ses concurrentes.
III – L’influence des l’environnement sur le déroulement du
projet
A. Les difficultés économiques et sociales de Renault
1) Des pertes historiques
En 1986, Renault vient d’accumuler sur les deux derniers exercices près de dix mil-
liards de francs de pertes. Il convient donc de ne financer que des projets rentables. Pour bien
marquer les esprits, le nouveau PDG, M. Besse, arrivé en janvier 1985 à la tête de Renault,
décide de stopper le projet X45 de petite voiture.
2) Des mouvements sociaux
Cette décision aura par ailleurs des répercussions sur la décision de reprise du déve-
loppement d’un tel véhicule. En effet, au même moment Renault connaît de graves troubles
sociaux avec notamment le projet de fermeture de l’usine de Billancourt. Pour les syndicats,
les déboires du projet X45 sont la preuve de l’inaptitude de la direction à envisager un avenir
pour Renault. Ainsi la CGT développera la Neutral, petit véhicule économique. La W60,
avant-projet de la X06, sera mise de côté en novembre 1986, pour n’être reprise qu’en 1988
pour servir de base à la X06. Pour l’anecdote, le numéro de projet de la Twingo n’a pas été
choisi au hasard. En effet, pour le Salon de l’automobile de 1990, Renault a développé un
concept car – la Mégane –, véhicule haut de gamme dont le nom de code fut W06. En choisis-
sant le numéro X06 pour la Twingo, la direction brouillait les cartes et faisait croire à un dé-
veloppement d’un véhicule inspiré de la Mégane et évitait de réveiller la susceptibilité des
syndicats.