La fiabilité des systèmes. La rigueur qui doit s'imposer dans le recueil des éléments biologiques, leur conservation et les méthodes d'analyse conditionnent assurément, au premier chef, la fiabilité des empreintes génétiques en matière judiciaire. D'autres maillons faibles peuvent exister touchant, par exemple, la sécurisation des laboratoires et des bases de données, l'interprétation des résultats et la transmission des informations, ce dernier point revêtant une importance particulière dans la perspective d'un fichier centralisant un nombre croissant de profils d'ADN. D'autre part, la standardisation des techniques (marqueurs génétiques et méthodes statistiques) comme celle des procédures (accréditation des laboratoires, qualification des personnels et contrôles de qualité) est d'une urgente nécessité pour la mise en _uvre d'une coopération judiciaire efficace aux plans européen et international. Les prélèvements Le recueil des échantillons de matériel biologique 1. Les prélèvements de traces indiciaires sur les scènes de crime Un problème général doit être ici mis en évidence, qui concerne, par delà les empreintes génétiques, la constatation et le prélèvement de tous les indices matériels : l'indispensable protection de la scène de crime.. S'agissant des techniques de prélèvement, elles doivent prémunir contre tout risque de contamination, soit d'une trace par une autre, soit d'une trace par l'ADN d'un enquêteur (tenues de protection, gants jetables, matériel stérilisé). LA POLICE SCIENTIFIQUE : METHODES DE PRELEVEMENT La police scientifique emploie donc de nombreuses méthodes pour résoudre ses enquêtes. Mais, quand elle doit composer avec les éléments du vivant, et qu'elle s'apprête à mener des investigations biologiques ou génétiques, elle doit faire très attention aux prélèvements. En effet, il existe de nombreuses précautions à prendre lors de l'échantillonnage sur les lieux d'un crime. Sinon, on risque de perdre toutes les informations. Les méthodes de prélèvements » Avant les prélèvements : Sur les lieux d'un crime, il ne faut absolument rien toucher avant que les experts des différents départements de la police scientifique n'arrivent. Pourquoi ? Parce que sans le savoir, on pourrait totalement polluer le site avec notre propre ADN. En n'y perdant qu'un seul cheveu on peut perturber les analyses et rendre invalides les résultats. » Les prélèvements : Les experts sont arrivés. Pour ne pas polluer les lieux, ils endossent une combinaison intégrale en plastique et se munissent d'un calot, d'une paire de gants et de couvre-chaussures. Fin prêts, ils vont commencer à prélever leurs échantillons. Tous les moyens sont bons pour ne pas laisser passer un micro-indice. Ils ont, d'ailleurs, à leur disposition en plus des pinces, grattoirs etc., des tamponnoirs. Ce sont de petits objets très efficaces. Il s'agit de pastilles d'aluminium recouvertes d'un adhésif double-face qui permet de récolter toutes les particules. Aucune pollution n'est possible car ils sont à usage unique et dès que le prélèvement est fait, il se rangent dans des tubes hermétiques. » Les prélèvements conservatoires : Ils sont effectués, idéalement après le crime sur le terrain, pendant une autopsie ou directement sur les suspects. Cela consiste à prendre quelques cheveux, curer les ongles, relever les empreintes digitales, conserver les vêtements et objets ensanglantés. Le but et de constituer un catalogue avec toutes les références biologiques des individus. » Prélèvements pour micro-analyse : Il s'agit de récolter tous les indices qui vont être analysés rapidement pour identifier la victime et dater la mort. On va alors se concentrer sur les récoltes d'insectes nécrophages, les études dentaires, l'analyse des plaies, les données anthropométriques etc. Pour cela, les départements de la police scientifique possèdent des véhicules d'intervention équipés de tout le matériel nécessaires (pinces, tamponnoirs, réfrigérateur etc.) De haut en bas par la gauche : un tamponnoir, des gants de chirurgien, des couvre-chaussures, un calot et un masque. Photo © L'internaute TESTS ADN A chaque instant, nous disséminons notre ADN où nous sommes. Des cheveux qui tombent, des postillons de salive, des cellules mortes de la peau etc. Sans nous en rendre compte, nous laissons un traceur caractéristique. Mais si, pour nous, cela paraît anecdotique, pour la police scientifique c'est un matériau de luxe pour l'identification Des indices génétiques Nous sommes tous différents, et notre ADN s'en ressent. Impossible d'avoir les mêmes molécules d'ADN chez deux personnes. Les molécules d'ADN sont très résistantes, les informations génétiques sont enfermées dans chaque noyau de chaque cellule. l'ADN est donc abondant. Pour identifier une victime ou un criminel par cette méthode, il faut absolument en avoir une quantité importante exploitable et non dégradée. Les tests ADN consistent à retrouver le code génétique d'une personne, car il est unique. Pour ce faire, à partir d'échantillons divers (cheveux, poils, sang, sperme etc.), on extrait l'ADN des cellules. Ensuite, on compare les longueurs des différentes séquences ADN des échantillons à celles obtenues par prélèvements sanguins, préalablement effectués sur les membres de la famille de la personne recherchée. Comparer la longueur des segments d'ADN est une méthode qui nécessite de grosses quantités d'ADN. Mais une autre technique peut être appliquée lorsque les quantités sont insuffisantes, on parle alors d'amplification génique. En gros, cela permet de multiplier les quantités contenues dans un échantillon. La méthode présente un double avantage : d'une part, on n'a plus besoin de grosses quantités d'ADN, de l'autre, les résultats sont obtenus sous 24 à 48 heures contre huit jours pour la première technique. LE SANG Voir les tâches de sang Les taches de sang ne sont pas toujours visibles et encore moins faciles à identifier. A l'œil nu, on peut très souvent les confondre avec des taches de la même couleur. Il arrive parfois que nos yeux ne parviennent pas à voir des taches de sang. Imaginons une scène de crime nettoyée de fond en comble, nous ne verrons rien. Mais les enquêteurs de la police scientifique sont bien mieux équipés que nous. Grâce à la lumière bleue ou rouge, ils peuvent observer des contrastes sur certaines surfaces qui ont été souillées par le sang. La lumière ultra-violette va, elle, révéler les traces invisibles de sang. Le test du Luminol Source : The Chemical Detective Les Experts usent souvent d'une technique bien connue de la police scientifique pour mettre en évidence des traces de sang ou tout autre fluide corporel retrouvé sur une scène de crime. Et ces traces ou fluides peuvent être exploités de trois manières différentes : Le fait de retrouver une tâche de sang à un endroit en particulier par exemple sur une arme peut indiquer qu'il y a eu crime. La taille, la position ou encore la forme de cette tâche peut permettre d'évaluer l'ordre des évènements qui ont eu lieu. Enfin, les analyses de sang peuvent permettre d'écarter un certain nombre de suspects. Il est très important sur une scène de crime de pouvoir déterminer si une tâche correspond à du sang ou non ou encore de pouvoir mettre celles-ci en lumière car il peut arriver que ces tâches aient été masquées d'une manière ou d'une autre. Le sang humain contient un pigment que l'on appelle hémoglobine, qui est utilisé pour transporter l'oxygène dans le corps. C'est justement ce pigment qui est nécessaire pour détecter la présence de sang. Un test permet cette détection, c'est le test du Luminol. Il est important de noter que chaque molécule d'hémoglobine contient du fer car c'est avec ce fer que le luminol va réagir pour devenir phosphorescent. Rien ne doit venir perturber cet effet phosphorescent, le test doit donc se dérouler en pleine obscurité. D'où l'utilisation d'un filtre que l'on peut voir dans les épisodes de 'CSI'. la présence d'hémoglobine, donc de sang, peut être mise en évidence en exploitant l'aptitude de l'hème à catalyser la chimiluminescence du luminol. En d'autres termes, un mélange luminol + agent oxydant + agent alcalin mis au contact de sang émettra de la lumière. Elles peuvent aussi être révélées par des tests chimiques. Par exemple, un linge imbibé de sang, même après lavage, peut être discriminant. Le tissu même lavé va réagir au contact de l'eau oxygénée, la faire mousser et donc trahir le crime. La disposition des taches est aussi un indice en soi. Leur situation, leur nombre et leur texture renseignent sur la chronologie des différentes séquences du crime. Sang ? Est-ce du sang ou une vielle tache de jus de fraise ? Comment arrive-t-on à affirmer clairement que l'on est en présence de sang sur une scène de crime ? Il y a différentes méthodes chimiques plus ou moins fiables, les méthodes d'orientation et de certitude. Par méthode d'orientation, on entend celles qui sont le moins fiables, comme l'utilisation d'eau oxygénée. Le principe est simple : l'hémoglobine, le pigment des globules rouges qui fixe et transporte l'oxygène, décompose l'eau oxygénée. Durant cette décomposition, il y a libération de dioxygène. Ce dernier est fixé par une substance, la benzidine, qui devient bleue à son contact. Cette opération chimique peut donc révéler la présence de sang. Mais attention, elle n'est pas totalement fiable car on peut obtenir la même réaction en remplaçant le sang par du jus de fruits ! Donc, pour plus de certitude on peut employer d'autres méthodes qui vont révéler la présence de l'hémoglobine. La méthode la plus répandue est celle qui consiste à rechercher, au spectroscope, l'hémochromogène alcalin, un dérivé chimique de l'hémoglobine. Si l'on parvient à le déceler on est sur que l'échantillon contient du sang. Autre technique couramment employée, le traitement de l'hémoglobine à l'acide. Au contact de l'acide, elle se dissocie, et une des parties dissociées se transforme en chlorhydrate d'hématine. Cet élément est très facilement reconnaissable car il cristallise sous la forme de prismes allongés, bruns à violets, caractéristiques. Une fois de plus, le doute ne peut subsister. Humain ou animal ? Du sang est retrouvé mais il n'y a aucun corps… Comment savoir si ce sang est celui d'une victime humaine ou celui d'un animal ? On peut répondre à cette question avec des sérums précipitants. Pas de panique, c'est très simple. On dilue le sang dans du sérum physiologique, durant cette opération, les anticorps du sang se mélangent à la solution. Si l'on ajoute un sérum antihumain, qui contient des anticorps anti-immunoglobulines, on obtient une agglutination antigène-anticorps, seulement si le sang utilisé est humain. Pour pousser l'identification, on peut se lancer dans la recherche du groupe sanguin. Mais cette quête est souvent difficile à mener et il faut bien dire que les résultats obtenus sont maigres. On peut davantage disculper un suspect que le confondre avec cette méthode. En effet, si le sang est du groupe O+ et que le suspect est AB+, on est certain qu'il n'est pas le coupable. En revanche s'il est également O+, on ne peut lui faire endosser la responsabilité du crime pour cette seule raison. Encore une fois, l'identification du sang permet rarement de résoudre seule une enquête criminelle. Cependant, les résultats obtenus sont extrêmement importants. POILS ET CHEVEUX Les poils et les cheveux sont très résistants, on les retrouve donc souvent sur les lieux d'un crime. Indices naturels remarquables, ils sont bien plus riches en informations que ce que l'on croit. Poils recueillis, humains ou animaux ? Difficile de savoir à l'œil nu si les poils récoltés sur les lieux du crime sont ceux du coupable, de la victime ou du chat des voisins qui passait par là ! Comment faire la distinction ? Après examen microscopique, on peut déterminer si les poils récoltés sont de nature humaine ou animale, selon des considérations biologiques. Pour le déterminer, on calcule donc, pour le poil analysé, l'indice médullaire. Il correspond au rapport du diamètre moyen médullaire du poil au diamètre moyen de sa tige. Plus grossièrement, cet indice renseigne sur la grosseur du bulbe du poil. Une fois l'indice calculé, il suffit de l'interpréter. Lorsqu'il est inférieur à 0,38, le poil est obligatoirement humain. Chez la plupart des animaux, cet indice médullaire est généralement supérieur à 0,50. Quelles autres informations en tirer ? La nature des poils et des cheveux peut fournir de bons indices d'identification physique. A partir de l'étude de leur nature, on peut établir à quelle classe physique leur porteur appartient. On peut, ainsi, savoir si la personne recherchée a la peau noire, blanche, les cheveux frisés, raides ou encore bruns, roux ou blonds. Il est possible également de retrouver toutes les opérations chimiques opérées sur les cheveux comme les teintures, les décolorations et aussi les permanentes, pour affiner la recherche. L'analyse des cheveux au microscope à balayage permet aussi de mieux connaitre les conditions du crime. On peut retrouver des microtraces d'arrachement permettant d'affirmer que le crime s'est accompagné de violences et de gestes brutaux. De manière générale, ces analyses ne se suffisent pas à elles-mêmes, elles ne peuvent qu'en compléter d'autres. Mais les poils comme les cheveux sont souvent une source d'ADN exploitable 4.1.1.2. Les prélèvements corporels Opérés sur un suspect dans le cadre de l'instruction (ou sur un condamné définitif pour l'alimentation du fichier), ils peuvent être de deux types : - le prélèvement sanguin doit être pratiqué par un médecin. Il rend plus malaisé l'obtention du consentement et présente des inconvénients techniques pour l'analyse, l'hémoglobine étant un inhibiteur de la polymérase, - le prélèvement buccal qui peut être pratiqué par les officiers et agents de police judiciaire24 est facilité par l'utilisation de kits fournis par les laboratoires et ne soulève pas de problème technique particulier. Il est aujourd'hui privilégié mais l'on verra plus loin que d'autres méthodes facilitant le stockage et la conservation des échantillons sont à l'étude au service central de préservation des prélèvements biologiques . . 4.1.3. La formation des techniciens en identification criminelle Pour assurer le respect des règles qui conditionnent la fiabilité des prélèvements, il est nécessaire de disposer de techniciens formés très précisément à cette fonction, s'agissant surtout du travail effectué sur les scènes de crime. Des actions de formation ont été développées : - par la Police nationale qui a créé, en 1988, des postes locaux de police technique et scientifique et dispense une formation élémentaire pour les actes simples de signalisation des personnes mises en cause et de recherches de traces et indices, - par la Gendarmerie nationale qui a mis en place, au centre national de Fontainebleau, une formation de techniciens en identification criminelle ; un stage de six semaines permet à des généralistes de la police technique de sortir de ce centre avec une qualification reconnue par les textes légaux. Sans doute conviendrait-il de poursuivre cette politique en instaurant une formation plus spécifique sur les empreintes génétiques, sujette à révisions périodiques 4.2. Les analyses 4.2.1. L'uniformisation des techniques Le recours à la Polymerase Chain Reaction s'est progressivement imposé comme méthode d'analyse dans le domaine pénal, des différences subsistaient entre laboratoires quant au nombre et à la nature des segments d'ADN (loci) sur lesquels portait l'analyse. Les principales techniques d’analyse exploitées au laboratoire sont la PCR, La PCR est une méthode permettant la multiplication d’une courte séquence d’ADN (jusqu’à 2 ou 3 Kb en routine) appelée séquence cible, à partir d’une infime quantité d’ADN génomique. Elle est même possible à partir de l’ADN génomique issu d’une cellule unique, ce qui rend possible le diagnostic pré-implantatoire. Elle est réalisée dans un tube à essai en quelques heures. Publiée en 1985 par R. Saiki, elle a révolutionné le diagnostic moléculaire des maladies génétiques comme bien d’autres domaines. la PCR en temps réel, électrophorèse en gel, électrophorèse capillaire, La séparation et la détection de l’ADN amplifié se fait grâce à des appareils d’électrophorèse capillaire. L’ADN précédemment amplifié par PCR est injecté dans des micro-tubes (les capillaires). Ils sont remplis d’un liquide visqueux (polymère) qui va permettre, sous l’influence d’un champ électrique, de séparer les différents fragments d’ADN. La taille de ces derniers est déterminée selon leur vitesse de migration. Cette taille permet d’identifier les caractères génétiques (allèles). . séquençage Séquençage Finalement il faut déterminer la séquence des différents fragments insérés. Quelque soit la méthode utilisée, on ne peut, en une seule expérience déterminer plus de 500bases de long . Une méthode assez utilisée est de refragmenter chaque fragment et de les insérer dans un nouveau vecteur (plasmidique car ces sous fragments sont petits), entre deux séquences connues de l'ADN (on parle alors de sous clonage). Principe La détermination de la séquence se fait de façon enzymatique avec une ADN polymérase. Figure 2-32. Propriétés de l'ADN polymérase. Afin de fournir une amorce acceptable à la polymérase on prépare un petit morceau d'ADN (18 à 25 nucléotides)ou oligonucléotide complémentaire d'une des deux séquences connues, avec une extrémité 5'P, qui peut être marquée (radioactivement ou par fluorochrome) ou non et une extrémité 3'OH. On mélange l'ADN matrice et les molécules d'oligonucléotides avec tampon et désoxynucléotides triphosphate (dNTP). On dénature l'ensemble et on ajoute la polymérase. Cette préparation est partagée en 4 fractions. A chacune on ajoute une faible quantité d'un didesoxynucléotide triphosphate (ddNTP) qui peut être intégré dans l'ADN comme un dNTP mais est bloqué en 3' et ne permet pas la poursuite de la molécule sur les brins qui l'ont intégré. Figure 2-33 comparaison des molécules de ddTTP et dTTP. Dans le tube où on a mis dTTP et ddTTP,chaque fois que la polymérase est en face d'un A elle va utiliser soit un dTTP (probabilité 99% ou un ddTTP (probabilité 1%). 0 chaque A de u brin matrice, une fraction des nouvelles molécules va être terminée. Par électrophorèse sur un gel dénaturant à haute résolution (gel de polyacrylamide) on va déterminer la taille des fragments terminés. A l'extrémité 3' de chaque on sait qu'il y a un ddT. Pour déterminer les autres bases on fait la même chose dans les trois autres tubes avec A, G et C. La comparaison des électrophorèses des produits des 4 tubes permet de restituer la séquence du brin matrice figure 2-34. séquençage manuel Automatisé Le séquençage est de plus en plus automatisé. Le principe reste le même mais le marquage et le mode de détection sont différents. Ce sont les ddNTP qui sont marqués avec un fluorochrome. Chaque ddNTP porte un fluorochrome qui émet dans une gamme de longueur d'onde différente de celle des autres. Il est donc possible de repérer individuellement les quatre types dans marquages dans un mélange, c'est comme si chacun était peint d'une couleur différente. On mélange comme précédemment l'ADN matrice, l'amorce, les dNTP la polymérase et dans le même tube les quatre ddNTP marqués. Il n'y a qu'un tube dont le contenu est soumis à électrophorèse. Au bout du gel 4 capteurs (un par longueur d'onde différente) enregistrent la lumière émise par les molécules terminées par un ddNTP. Ces quatre graphes sont superposés et un logiciel traduit ce pictogramme en séquence. Figure 2-35. Séquençage automatique. La décision prise par le législateur en 1998 de créer un fichier national automatisé des empreintes génétiques rendait indispensable une uniformisation des techniques. C'est chose faite depuis la publication de l'arrêté du 18 juin 2000. Il n'est pas inutile d'indiquer les critères qui ont été pris en compte pour le choix de ces loci puisqu'ils visent précisément à garantir la fiabilité des résultats : - la capacité de discrimination entre individus : elle requiert des loci multi-alléliques dont la fréquence de chacun des allèles est équilibrée- l'existence d'une banque de données sur la population de référence permettant d'estimer la fréquence du génotype, études de sensibilité, de spécificité, de faisabilité sur cas réels, de fiabilité et de reproductivité ; la - la validation par des sensibilité du test doit notamment faire l'objet d'une évaluation précise, car les situations rencontrées en génotypage médico-légal concernent souvent des microprélèvements et/ou des prélèvements dégradés ; de même, la spécificité du marqueur, c'est-à-dire l'absence de réaction croisée avec de l'ADN de la faune, de la flore ou de micro-organismes doit être démontrée. Tenant compte par ailleurs des recommandations internationales que nous évoquerons plus loin, l'arrêté du 18 juin 2000 a fixé comme suit la liste des sept loci utilisables : Quant au nombre de systèmes utilisés, l'usage de quatre sondes (analyse par la technique du Southern Blot) permet d'obtenir des fréquences de 1 sur plusieurs dizaines de milliers, alors que huit systèmes STR abaissent la fréquence à 1 sur plusieurs milliards(Liste des 7 sondes monolocus utilisées :- D21S11 (chromosome n° 21), VWA (chromosome n° 12), TH01 (chromosome n° 11), FGA (chromosome n° 4), D8S1179 (chromosome n° 8), D3S1358 (chromosome n° 3), D18S51 (chromosome n° 18).Les analyses portent également sur le gène de l'amélogénine, marqueur spécifique du sexe. - VWA (chromosome n° 12) - TH01 (chromosome n° 11) - FGA (chromosome n° 4) - D8S1179 (chromosome n° 8) - D3S1358 (chromosome n° 3) - D18S51 (chromosome n° 18) Les analyses portent également sur le gène de l'amélogénine, marqueur spécifique du sexe. Le détermination génétique du sexe repose sur l’amplification d’une partie du gène de l’amélogénine présent sur les deux chromosomes sexuels X et Y avec une homologie de 90% entre les deux séquences homologues. Le gène de l’amélogénine a été séquencé sur le chromosome X et Y en 1991 [Nakahori et al., 1991a]. Une différence entre les séquences présentes sur chacun des deux chromosomes, due à de nombreuses délétions dans les régions répétées du gène, permet l'utilisation du gène de l'amélogénine pour la détermination du sexe [Nakahori et al., 1991b]. La méthode de sexage utilisée aujourd'hui est basée sur l’amplification d’une région du 1er intron, située en dehors des régions recombinantes, présentant une délétion de 6 pb sur le chromosome X [Sullivan et al., 1993]. La taille des fragments amplifiés, 106 pb pour le chromosome X et 112 pb pour le chromosome Y, est parfaitement adaptée à l'étude d'échantillons tels qu'ils peuvent être rencontrés lors de l'identification médicolégale ou criminalistique et paléoanthropologie, c'est-à-dire dégradés ou en très faible quantité. Actuellement, les kits commerciaux d’amplification des STR autosomaux incluent systématiquement l’amplification de cette portion du gène de l’amélogénine. I.1.5. DOMAINES D'APPLICATIONS Les profils génétiques, et a fortiori les marqueurs génétiques de manière générale, trouvent leurs applications dans différents domaines. Dans le domaine médical, que ce soit lors du diagnostique prénatal [Camire et al., 2003 ; Shawky et al., 2002], la détection de maladies génétiques, la détection de sensibilité ou de résistance à des médicaments [Suzuki et al., 2005], ou la pharmacogénétique. Certains marqueurs, quelque soit leur nature (polymorphisme de longueur, de répétition ou de séquence), sont responsables de maladies génétiques ou peuvent y être liés. La dystrophie musculaire, la maladie de Huntington, le syndrome de l'X fragile, la fibrose cystique ou encore des maladies cancéreuses sont des exemples de maladies génétiques liées à des STR du fait de leur expansion [Panzer et al., 1995 ; Sinden et al., 2002]. Des marqueurs SNP sont aussi liés à des maladies génétiques ou leur prédisposition telles le diabète, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, ou encore différents cancers [Silander et al., 2004 ; Croes et al., 2004 ; Kidd et al., 2005 ; Kammerer et al., 2005 ; Hemminki et al., 2005 etc.] Ces marqueurs peuvent alors être utilisés pour le diagnostique prédictif. Données de la littérature Les marqueurs génétiques non liés aux maladies permettent aussi la détection d'aneuploïdies chromosomiques [Quaife et al., 2004] ou l'existence d'un mosaïsme somatique dans le cadre du diagnostique prénatal. Dans le domaine vétérinaire les empreintes génétiques permettent l'établissement de pedigrees, l'identification des espèces et les études phylogénétiques [Parson et al., 2000 ; Hebert et al., 2003]. Ceci est particulièrement important dans le cadre de la lutte contre le trafic d'individus appartenant à des espèces protégées par la convention de Washington et de la protection d’espèces en voie d’extinction [Martinez-Cruz et al., 2004]. L'étude génétique de fossiles permet de déterminer leur aire de répartition avant extinction de l’espèce et facilite ainsi sa réintroduction. L’histoire des populations animales, mais aussi végétales et humaines, et leur répartition peuvent ainsi être étudiées [Leonard et al., 2000]. L'identification de l'espèce ou d'un individu animal trouve aussi son application en médecine légale. De même, dans le cadre d'élevage d'oiseaux la détermination génétique du sexe d'un individu est très utile chez certaines espèces qui ne présentent pas de dimorphisme sexuel apparent [Griffiths et al., 1998]. Dans le domaine agroalimentaire l'analyse génétique peut être utilisée dans le cadre de la certification des produits. Enfin, les applications spécifiques des empreintes génétiques aux fins d'identification et de filiation regroupent les études des populations du passé et la médecine légale, englobant la criminalistique, les tests de filiation, les recherches de personnes disparues et l'identification des victimes de catastrophes de masse. Les réponses apportées par les empreintes génétiques telles qu'elles sont utilisées en médecine légale sont listées ci-dessous. Selon le rapport précité de la commission, cet ensemble de loci mis en _uvre selon la méthode STR (Short Tandem Repeats) satisfait aux critères précédemment énoncés. Ils présentent en particulier une capacité de discrimination suffisante du fait du polymorphisme des loci. Ainsi cette capacité est-elle de l'ordre de 1 X 10-9 au sein de la population caucasienne qui, du point de vue de la génétique des populations, comprend les différentes populations européennes. En d'autres termes, les chances de voir deux individus non apparentés présenter le même profil sont de l'ordre d'une sur un milliard.