Sujet d'entraînement au brevet Correction Questions I. Un jeu d'enfant 1. a) L'enfant joue à la dînette : « les provisions pour la dînette et, juste au-dessus, la vaisselle et les gobelets miniatures ». b) Les expressions « l'œuf en plastique », « la vaisselle et les gobelets miniatures », « [l'œuf au plat] avec son jaune bien jaune et son blanc vernissé », « une flaque de petits pois agglutinés » montrent qu'il ne s'agit pas d'un vrai repas. 2. a) Entre ces deux phrases, le lien logique est le lien de causalité, c'est-à-dire cause-conséquence. b) Il devait avoir faim, donc je m'étais mis en tête de lui préparer à manger. 3. a) Les verbes à l'infinitif sont : « dresser », « nouer », « entreprendre », « renverser », « passer », « parvenir ». b) L'accumulation de ces verbes rend compte des diverses opérations entreprises par l'héroïne pour préparer le repas de son père et le lui apporter ; elle rend aussi compte du soin que l'enfant met à réaliser son projet. 4. a) « C'est maintenant qu'intervient l'œuf au plat ». b) Cette phrase annonce le passage dans lequel la narratrice raconte l'épisode du repas confectionné et porté à son père. c) Le temps employé est le présent de l'indicatif. C'est un présent de narration. II. Les relations entre le père et sa fille 1. a) On relève le passé simple : « je jetai », « je respirai et m'arrêtai » ; l'imparfait de l'indicatif : « était assis », « Tout était ». b) Le passé simple, temps du premier plan, fait progresser l'histoire : les actions se succèdent. L'imparfait décrit l'attitude du père et le « chargement » de l'enfant. c) Chaque personnage est absorbé par sa tâche : le père est plongé dans son travail, l'enfant s'applique avec soin pour porter le repas et ne pas troubler le travail du père. 2. a) On relève : « des papiers », « des livres », « un buvard tendu sur un morceau de bois », « une espèce de tampon », « hachoir », « son stylo », « la page », « la plume ». b) Ces mots appartiennent au champ lexical de l'écriture : « papier », « stylo », « buvard ». 3. a) L'adjectif « incompréhensibles » est constitué des éléments suivants : le préfixe in-, le suffixe ible, la base compréhens-, elle-même formée du préfixe com-/con- et du radical préhens(prendre). b) Cet adjectif signifie « qui ne peut être compris ». L'enfant ne comprend pas les signes tracés par son père. c) C'est la narratrice qui porte ce jugement : l'enfant ne sait ni lire ni écrire, elle a cinq ans ; elle ignore le sens de ces signes qui lui paraissent étranges. 4. La fille semble proche de son père, soucieuse de son bien-être, puisqu'elle lui apporte un repas. En revanche, le père paraît plutôt éloigné de son enfant car il est plongé dans l'écriture ; elle attend patiemment, sagement, qu'il la remarque et interrompe son activité de romancier. Il l'impressionne. D'ailleurs, le père se trouve isolé dans l'appartement ; l'enfant le traverse pour rejoindre son père. L'introduction du texte précise que Marie Nimier a peu de souvenirs de moments passés avec son père. III. Un souvenir de petite enfance 1. « Je » désigne la narratrice au moment où elle rédige ses souvenirs ; « Je » désigne la narratrice enfant, celle qui a vécu les événements à l'époque ; d'un côté le passé, la petite enfance, de l'autre le temps de l'écriture autobiographique. 2. a) Le niveau de langue est familier. b) Alors, que veux-tu raconter ? c) « Où étaient les autres membres de la famille ? » et « Qu'est-ce que tu vois ? » sont des phrases du même type. d) On peut penser que ces phrases sont prononcées par l'enfant, par Marie Nimier enfant, dans une sorte de dialogue entre la narratrice et la petite fille ; c'est une forme de dédoublement que l'on trouve dans l'autobiographie. 3. a) Dans l'autobiographie, la question de la mémoire est essentielle : ici, l'auteur dit que son souvenir reste vague, imprécis ; elle devine, elle imagine car sa mémoire est défaillante ; l'enfant était sans doute trop jeune pour fixer clairement ces événements dans sa mémoire. b) « Je crois qu'elle s'appelait Sylvie, je n'en suis pas certaine, j'ai entendu parler récemment d'une Sylvie qui nous avait gardés quand nous étions petits, une Sylvie originaire de Poitiers. » Réécriture Le reste, elle le devinait plus qu'elle ne s'en souvenait, parce que ses enfants il n'y avait pas si longtemps avaient accompli ces mêmes gestes. Dictée « – Quoi encore ? dit mon père d'une voix sourde. Je regardai mes pieds, la moquette rouge foncé, usée aux endroits de passage. – Quoi encore ! répéta-t-il, un ton plus haut. […] Je posai mon plateau à côté des livres. Pourquoi ne fait-il pas semblant de manger ? C'est comme ça dans les squares, quand on confectionne sur un rebord en béton des gratins d'herbe et de mégots, et de même sur la plage, les adultes se doivent de goûter nos préparations. C'est dans le contrat familial, comme les conversations avec les animaux en peluche ou la lecture avant de s'endormir. Sans doute n'avait-il pas été mis au courant. » Marie Nimier, La Reine du silence, 2004 Le texte constitue la suite de l'extrait de La Reine du silence, de Marie Nimier ; il présente donc les mêmes caractéristiques : récit à la première personne, emploi de temps différents (passé simple, imparfait, présent…). Les verbes conjugués au passé simple : « Je regardai », « je posai », verbes du premier groupe ; il ne faut pas confondre avec l'imparfait (je regardais, je posais) ; « répéta-t-il », verbe du premier groupe : il répéta ; le « t », présent entre « répéta » et « il » est dû à l'inversion du sujet et du verbe ; « dit (mon père) », verbe du troisième groupe. Les verbes au présent de l'indicatif s'accordent avec leur sujet ; les terminaisons varient selon les groupes et les personnes : « ne fait-il pas », « c'est », « on confectionne », « les adultes se doivent ». Un verbe est conjugué au plus-que-parfait de la voix passive : « n'avait-il pas été mis ». Les verbes suivants sont à l'infinitif car ils dépendent d'une préposition : « de manger », « de goûter », « de s'endormir ». Les adjectifs ou participes passés employés sans auxiliaire prennent les marques de genre et de nombre du nom qu'ils qualifient : « une voix sourde », « la moquette […] usée », « un ton plus haut », « le contrat familial ». L'adjectif de couleur composé de deux éléments reste invariable : « la moquette rouge foncé » (une veste gris clair ; une veste grise ; une veste claire). Les déterminants indiquent souvent le nombre et parfois le genre du nom qu'ils introduisent : « mon père », « mes pieds », « aux endroits », « des livres », « les squares », « un rebord », « des gratins », « la plage », « les adultes », « nos préparations », « les conversations », « les animaux » (pluriel en -aux), « la lecture ». Des accords délicats : « aux endroits de passage » : « passage » est au singulier (endroits où s'effectue le passage) ; « en béton » est au singulier car le mot désigne la matière ; « des gratins d'herbe et de mégots » : les gratins sont confectionnés avec de l'herbe (matière) et des mégots (il en faut plusieurs) ; « les animaux en peluche » : « peluche » désigne la matière. Plusieurs mots se terminent par une consonne que l'on n'entend pas ; parfois en cherchant des mots de la même famille, on peut identifier cette lettre : voix (à ne pas confondre avec la voie ferrée), pied (piédestal), endroit (formé sur droit ; droite, droiture), haut (haute, hauteur), semblant (formé sur le participe présent de sembler), rebord (border, bordure), mégot (mégoter, mégotage), contrat (contractuel, contracter), mis (mise), courant (courante). Attention aux homonymes : à (côté)/ a, as ; ça/ sa ; quand/ quant (à, au, aux) ; se (doivent)/ ce ; ou (ou bien)/ où (l'endroit où). Rédaction « Allez, va jouer avec les enfants de ton âge, ce sont des histoires d'adultes. Tu verras quand tu seras grand… ». Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans mon enfance ! Comme elle me faisait mal quand je l'entendais ! Je me sentais exclu du monde des grands. Pourquoi fallait-il attendre d'être âgé pour savoir, pour comprendre ? Un jour, j'ai particulièrement souffert de cette situation. En rentrant de l'école, je trouvais chez moi nos voisines du lotissement, pour la plupart mères de mes camarades, dont certains étaient dans ma classe, et tous dans la même école. Autour de la table, devant la traditionnelle tasse de café, elles discutaient. Quand j'entrai, elles se turent puis reprirent à voix basse. Vite, j'allai poser mon cartable et revins m'installer à côté de ma mère. Alors le silence s'installa à nouveau. Je devins le centre de tous les regards. J'en éprouvais un certain malaise mais je m'obstinai. Les regards réprobateurs s'étaient maintenant portés sur ma mère. Jacqueline, notre voisine de droite, me désigna d'un mouvement de la tête. Je compris à ce moment que je devrais bientôt quitter la pièce. Et en effet : « Julien, tiens, va m'acheter un paquet de café. On n'en a presque plus. Il ne faut pas que ton père en manque pour son petit déjeuner demain matin ». Je pris l'argent dans le pot, sur la cheminée, et je sortis. Je n'avais pas besoin d'ouvrir le placard pour savoir qu'il y avait au moins deux paquets de café. Jamais ma mère n'avait oublié d'en acheter et elle avait fait les courses la veille. On voulait simplement m'éloigner, m'empêcher d'écouter la conversation. Qu'est-ce qu'elles pouvaient bien se raconter ? Qu'y avait-il de si important que je ne puisse entendre ? Je n'avais perçu que des bribes de leur discussion mais ça semblait grave. Mon imagination galopait. L'une d'elles avait parlé de médecin, d'hôpital… Qui était malade ? Que me cachait-on ? Mon père ? Ma mère ? Moi ? Moi, je me sentais pourtant en pleine forme… Alors qui ? J'allais bientôt avoir dix ans ! J'étais grand ! Je pouvais savoir, comprendre… Au lieu de ça, l'inquiétude me gagnait. Je revins très vite avec le paquet de café. J'avais dû battre mon record de vitesse. Tout essoufflé, je m'installai à nouveau à la table. Mêmes réactions. Mais cette fois, sans ménagement, on m'ordonna de sortir. « Ça ne te regarde pas. Ce sont des affaires de grandes personnes… » « Et je comprendrai quand je serai grand… », me dis-je en moi-même, furieux d'être exclu de ce cercle. Furieux et déçu d'être incompris. Révolté aussi. Moi, je désirais ardemment savoir. Pourquoi ne faisaient-elles pas attention à ce que je ressentais ? Pourquoi ne voyaient-elles pas ma peur, mon angoisse devant ce mystère ? Moi, j'avais remarqué leurs yeux rougis par les pleurs… J'en voulais à ma mère. Elle, au moins, elle aurait dû voir ! Elle aurait dû me parler. Le lendemain, Patrick, un enfant de mon âge, qui habitait à l'entrée de notre rue, ne vint pas à l'école. Les jours suivants non plus. Les semaines passèrent. Sa place restait vide. Et puis je compris qu'il ne reviendrait plus. Plus jamais. Jamais plus il n'irait à l'école. Son absence était définitive. Ses parents et sa sœur déménagèrent. Bien plus tard, on m'a expliqué que Patrick avait été renversé par un camion, qu'il avait été transporté à l'hôpital mais que les médecins n'avaient pas réussi à le sauver. Aujourd'hui, je ne comprends toujours pas pourquoi, à l'époque, personne n'a voulu répondre à mes questions et ne m'a expliqué ce qui s'était passé. Très longtemps, le fait de ne pas savoir ce qui était arrivé à Patrick m'a obsédé. Je me demandais en permanence pourquoi il avait disparu. J'en rêvais la nuit. J'aurais préféré qu'on me dise simplement la vérité, qu'il avait eu un accident. À dix ans, on est bien assez grand pour comprendre ces choses-là.