Les adjectifs ou participes passés employés sans auxiliaire prennent les marques de genre et de
nombre du nom qu'ils qualifient : « une voix sourde », « la moquette […] usée », « un ton plus
haut », « le contrat familial ».
L'adjectif de couleur composé de deux éléments reste invariable : « la moquette rouge foncé »
(une veste gris clair ; une veste grise ; une veste claire).
Les déterminants indiquent souvent le nombre et parfois le genre du nom qu'ils introduisent :
« mon père », « mes pieds », « aux endroits », « des livres », « les squares », « un rebord », « des
gratins », « la plage », « les adultes », « nos préparations », « les conversations », « les animaux »
(pluriel en -aux), « la lecture ».
Des accords délicats : « aux endroits de passage » : « passage » est au singulier (endroits où
s'effectue le passage) ; « en béton » est au singulier car le mot désigne la matière ; « des gratins
d'herbe et de mégots » : les gratins sont confectionnés avec de l'herbe (matière) et des mégots (il
en faut plusieurs) ; « les animaux en peluche » : « peluche » désigne la matière.
Plusieurs mots se terminent par une consonne que l'on n'entend pas ; parfois en cherchant des
mots de la même famille, on peut identifier cette lettre : voix (à ne pas confondre avec la voie
ferrée), pied (piédestal), endroit (formé sur droit ; droite, droiture), haut (haute, hauteur), semblant
(formé sur le participe présent de sembler), rebord (border, bordure), mégot (mégoter, mégotage),
contrat (contractuel, contracter), mis (mise), courant (courante).
Attention aux homonymes : à (côté)/ a, as ; ça/ sa ; quand/ quant (à, au, aux) ; se (doivent)/ ce ;
ou (ou bien)/ où (l'endroit où).
Rédaction
« Allez, va jouer avec les enfants de ton âge, ce sont des histoires d'adultes. Tu verras quand tu
seras grand… ». Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans mon enfance ! Comme elle me
faisait mal quand je l'entendais ! Je me sentais exclu du monde des grands. Pourquoi fallait-il
attendre d'être âgé pour savoir, pour comprendre ?
Un jour, j'ai particulièrement souffert de cette situation. En rentrant de l'école, je trouvais chez moi
nos voisines du lotissement, pour la plupart mères de mes camarades, dont certains étaient dans
ma classe, et tous dans la même école. Autour de la table, devant la traditionnelle tasse de café,
elles discutaient. Quand j'entrai, elles se turent puis reprirent à voix basse. Vite, j'allai poser mon
cartable et revins m'installer à côté de ma mère. Alors le silence s'installa à nouveau. Je devins le
centre de tous les regards. J'en éprouvais un certain malaise mais je m'obstinai. Les regards
réprobateurs s'étaient maintenant portés sur ma mère. Jacqueline, notre voisine de droite, me
désigna d'un mouvement de la tête. Je compris à ce moment que je devrais bientôt quitter la
pièce. Et en effet : « Julien, tiens, va m'acheter un paquet de café. On n'en a presque plus. Il ne
faut pas que ton père en manque pour son petit déjeuner demain matin ». Je pris l'argent dans le
pot, sur la cheminée, et je sortis.
Je n'avais pas besoin d'ouvrir le placard pour savoir qu'il y avait au moins deux paquets de café.
Jamais ma mère n'avait oublié d'en acheter et elle avait fait les courses la veille. On voulait
simplement m'éloigner, m'empêcher d'écouter la conversation. Qu'est-ce qu'elles pouvaient bien
se raconter ? Qu'y avait-il de si important que je ne puisse entendre ? Je n'avais perçu que des
bribes de leur discussion mais ça semblait grave. Mon imagination galopait. L'une d'elles avait
parlé de médecin, d'hôpital… Qui était malade ? Que me cachait-on ? Mon père ? Ma mère ?
Moi ? Moi, je me sentais pourtant en pleine forme… Alors qui ? J'allais bientôt avoir dix ans !
J'étais grand ! Je pouvais savoir, comprendre… Au lieu de ça, l'inquiétude me gagnait. Je revins
très vite avec le paquet de café. J'avais dû battre mon record de vitesse. Tout essoufflé, je
m'installai à nouveau à la table. Mêmes réactions. Mais cette fois, sans ménagement, on
m'ordonna de sortir. « Ça ne te regarde pas. Ce sont des affaires de grandes personnes… »
« Et je comprendrai quand je serai grand… », me dis-je en moi-même, furieux d'être exclu de ce
cercle. Furieux et déçu d'être incompris. Révolté aussi. Moi, je désirais ardemment savoir.
Pourquoi ne faisaient-elles pas attention à ce que je ressentais ? Pourquoi ne voyaient-elles pas
ma peur, mon angoisse devant ce mystère ? Moi, j'avais remarqué leurs yeux rougis par les
pleurs… J'en voulais à ma mère. Elle, au moins, elle aurait dû voir ! Elle aurait dû me parler.
Le lendemain, Patrick, un enfant de mon âge, qui habitait à l'entrée de notre rue, ne vint pas à
l'école. Les jours suivants non plus. Les semaines passèrent. Sa place restait vide. Et puis je
compris qu'il ne reviendrait plus. Plus jamais. Jamais plus il n'irait à l'école. Son absence était