I) La philosophie par les philosophes

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TES1, TES2 et TS1
Version provisoire N°1
QUESTEMBERT 2006-2007
Trimestre premier
Premier cours : l’épreuve écrite (dissertation ou explication de texte), le programme (notions, repères, auteurs) ;
l’épreuve orale du second groupe.
I) La philosophie par les philosophes
Séquence 1 : Qu’est-ce que la philosophie ?
1/ Difficulté d’une définition
2/ Panorama de la tradition philosophique
3/ « On n’apprend pas la philosophie, on apprend seulement à philosopher. » - KANT.
Rapport de la philosophie aux savoirs.
4/ La notion de « progrès » en philosophie : que « la philosophie tourne dans un cercle de
problèmes qui sont au fond toujours les mêmes » (COURNOT – XIXème siècle). Les
questions de PLATON ou SPINOZA... et les perspectives qu’ils ouvrent pour y répondre
restent « actuelles » ; la philosophie est donc « inactuelle » (NIETZSCHE). Pourquoi les
questions de la philosophie ne débouchent-elles pas, comme en sciences, sur des savoirs
constitués et un progrès de la connaissance ? Un exemple de question métaphysique :
« qu’est-ce que le temps ? »: le temps comme objet métaphysique ; le temps des horloges et
le temps subjectif de la conscience (le temps comme temps vécu). ARISTOTE (« Le temps a
une existence imparfaite et obscure ») et SAINT-AUGUSTIN (le temps : ce qui est et tend à
n’être plus).
(Repères : subjectif/objectif)
5/ Philosophie et langage. ALAIN : « Qui n’a pas réfléchi sur le langage n’a pas vraiment
commencé à philosopher ». Analyse critique des énoncés : « Le Soleil se lève » ; « Le
temps passe » ; « Je pense donc je suis » ; « Le tonnerre tonne ». La critique par NIETZSCHE
du Cogito de DESCARTES (DESCARTES aurait été victime d’une « illusion grammaticale »
en prenant le sujet de la phrase pour un sujet métaphysique, une âme). Le langage, vecteur
d’illusions et de préjugés ou présupposés ; le langage, riche de toute une culture sédimentée.
Refus de réduire la langue à un simple outil de communication.
6/ Image pédagogique du triangle : situer la philosophie par rapport aux sciences, aux
croyances (opinions, mythes, croyances religieuses) et à l’art. Exigence de rigueur (comme en
sciences), recherche de sens (comme dans les croyances) et créativité (comme en art).
7/ La philosophie comme « amour de la sagesse » (cf. étymologie) ?
Séquence 2 : Naissance de la philosophie.
La maïeutique de Socrate.
1/ Contexte historique : passage du « mythos » au « logos » _ Naissance des mathématiques
spéculatives (cf. Pythagore) ; « physique » des penseurs présocratiques (Thalès,
Héraclite,…) ; naissance de la démocratie (le Vème siècle avant JC, à Athènes : le siècle de
PERICLES).
2/ Philosophie et sophistique. Deux usages du langage : recherche du pouvoir ou de la vérité.
Texte 1 : Analyse d’un extrait du GORGIAS (« Pouvoir de la rhétorique »).
(Repères : convaincre/persuader)
3/ La notion de doxa (opinion). La philosophie comme remise en cause des certitudes figées
de la doxa. Cf. BACHELARD (épistémologue du XXème siècle) : « L’opinion pense mal ;
elle ne pense pas. Elle transforme des besoins en (pseudo)-connaissances ».
4/ Un exemple de dialogue platonicien : MENON ou de la Vertu. Difficulté de Ménon (élève
du sophiste GORGIAS) à accéder à l’abstraction du concept. La notion d’essence. Texte n° 2 :
Socrate comparé à un poisson-torpille. Le refus de la comparaison par Socrate (il ne met
pas les gens dans l’embarras en vue d’exercer un pouvoir sur eux, mais dans la perspective
d’un dialogue sur un pied d’égalité ; lui non plus ne possède pas les réponses aux questions
qu’il pose). Fonction de l’ironie socratique. Le « Je sais que je ne sais rien » = la philosophie
suppose un travail critique sur les certitudes (préjugés), une prise de conscience (« Je sais »)
de l’insuffisance de toutes nos certitudes (« je ne sais rien »).
Interprétation du mythe de la réminiscence dans MENON. Quel statut donner à la vie
antérieure (vécue dans un temps mythique) au cours de laquelle l’âme aurait déjà tout appris ?
Enjeu de la thèse qui présente toute connaissance comme une re-connaissance, l’éveil de
l’âme comme un réveil. En quel l’acte d’apprendre peut-il être assimilé à un acte de
réminiscence ? Apprendre, est-ce se ressouvenir ?
5/ Sens de la formule du temple de DELPHES reprise comme « devise » par SOCRATE :
« Connais-toi toi-même »
6/ Texte 3 : Analyse d’un extrait du THEETETE : la dialectique socratique comme art
d’accoucher les esprits ( = maïeutique).
Séquence 3 : L’idéalisme platonicien : la philosophie comme
theoria ou contemplation de la vérité. Le Ciel des Idées
PLATON : « Philosopher, c’est chercher la vérité de toute son âme ».
1/ Genèse de la philosophie platonicienne : le mobilisme universel d’HERACLITE (« Tout
coule » ; « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ») et la recherche socratique
de définitions.
2/ L’importance des mathématiques (1). Interrogation sur le statut des idéalités
mathématiques (qu’est-ce qu’un nombre ? « Où » se trouve le triangle idéal sur lequel le
géomètre raisonne ? – Réponse : dans le Ciel des Idées). Des objets universels (les Idées) pour
une pensée universelle (la pensée scientifique et philosophique).
3/ (TS1) La question de l’identité. L’Un et l’Être. LEIBNIZ : « Un être n’est véritablement un
être que s’il est véritablement un être ». Enjeu : ce qui devient est-il moins « réel » que ce qui
demeure identique à soi à travers le temps ? Y a-t-il des degrés de réalité, des êtres dotés d’un
coefficient ontologique plus élevés que d’autres ? (Ontologie : connaissance de l’être en tant
qu’être).
4/ Sens et enjeux de la distinction du monde sensible et du monde intelligible (= le Ciel des
Idées).
5/ (TS1 et TES2) - Texte 4 : Extrait de la République (Platon) : « l’allégorie de la caverne ».
Une conception de l’éducation comme processus par lequel l’esprit se détache (ex ducere)
des séductions, des habitudes et du confort facile suscités par les apparences sensibles (et les
illusions corrélatives) pour s’élever vers la vérité .
6/ Importance des mathématiques (2). « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » (au fronton
de l’Académie, école de philosophie fondée par PLATON). Vertu des mathématiques en ce
qu’elles nous apprennent à nous détacher du sensible. Propédeutique à la philosophie.
(Repères : Universel / général / particulier / singulier.)
Entraînement à la dissertation 1 : « Les hommes ne désirent-ils que ce dont ils ont besoin ?»
Séquence 4 : La philosophie comme sagesse et recherche du
bonheur. EPICURE, Lettre à MENECEE, – Texte pour l’oral du
second groupe d’épreuves.
Devoir n° 1 : Explication de texte en classe – extrait de la Lettre à Ménécée.
II) La raison et le réel
Devoir n° 2 Explication de l’aphorisme 149 d’AURORE, de
NIETZSCHE : « De petites actions non conformistes sont nécessaires. »
« Peut-on être sûr d’avoir raison ? »
(Entraînement à la dissertation n° 2)
Texte 5, MALEBRANCHE, Avoir raison et avoir ses raisons – L’expérience
de l’universalité
Voir que « 2 fois 2 font 4 » et qu’ « il faut préférer son ami à son chien », c’est
voir (= savoir) en même temps que ce qui est vrai pour ma raison est
nécessairement vrai de la même façon pour toute autre être doué de raison. Une
proposition ne peut avoir véritablement valeur de vérité pour moi que si, lorsque
« je rentre en moi-même » ( = je fais taire mes passions et la voix de mes intérêts
particuliers), je l’appréhende comme devant nécessairement avoir cette même
valeur de vérité, partout, toujours et pour toute raison.
L’expérience de la vérité est expérience de l’universalité de la vérité. Les
certitudes fondées sur des raison particulières ne me font pas faire cette
expérience par laquelle je m’éprouve non plus comme individu particulier, mais
comme membre d’une communauté : le genre humain.
Extrait d’Eclaircissement sur la Recherche de la Vérité (1678).
Enjeu : texte pouvant être opposé aux thèses du relativisme/ scepticisme.
La vérité
- Voir fiche sur la VERITE.
« Ce qui crève les yeux » est-il nécessairement vrai ?
Entraînement à la dissertation n° 3
Enjeu : Penser les relations entre vérité et évidence. L’évidence comme critère
possible du vrai ?
- Analyse critique du sujet (l’évidence, tout comme la lumière, peut éclairer,
mais aussi éblouir et aveugler), distinction entre fausses et vraies évidences, le
vrai et le vraisemblable, caractère « paradoxal » de la vérité (suppose
nécessairement une rupture avec la doxa).
Doute, évidence et vérité chez DESCARTES
1/ Raison, vérité et évidence dans le Discours de la Méthode :
• « Le bon sens (= la raison) est la chose du monde la mieux partagée. »
• L’inégalité des performances ne s’explique pas par des facultés inégales (la raison est
la même chez tous pour Descartes), mais par le manque de méthode dans la façon de conduire
sa raison.
• La méthode cartésienne ; les quatre règles (évidence, analyse, synthèse et
dénombrement) ; la méthode n’est pas un modèle à appliquer mécaniquement, mais un
engagement moral, un contrat de soi avec soi ; des préceptes qui sont des prescriptions, plus
faciles à énoncer qu’à respecter.
• La première règle ; les préjugés par prévention et les préjugés par précipitation ;
l’évidence peut être critère du vrai si elle est ce qui apparaît comme telle à une raison attentive
et critique.
• Les objections de LEIBNIZ : « Descartes a logé la vérité à l’hôtel de l’évidence,
mais il a oublié de nous en donné l’adresse. » ; pour que l’évidence puisse constituer un
critère de reconnaissance du vrai ne faudrait-il pas pouvoir disposer d’un critère de l’évidence
permettant de distinguer les fausses évidences des vraies ? Réponse possible de Descartes :
n’est vraiment évident que ce qui apparaît clairement et distinctement à une raison attentive
(ce qui exclut les préjugés).
2/ L’ambition du projet cartésien. La philosophie comme combat pour la reconnaissance de
la science.
• Contexte historique : naissance de la physique moderne (Galilée); résistances de
l’institution religieuse.
• « Se rendre comme maître et possesseurs de la nature », grâce aux sciences et aux
techniques.
• Métaphore de l’arbre de la connaissance (racine : métaphysique ; tronc : physique ; 3
branches : mécanique, médecine, morale).
3/ La recherche d’une vérité première. Une philosophie du fondement.
• Projet des Méditations métaphysiques : « Etablir quelque chose de ferme et de
constant dans les sciences ».
• Le doute méthodique. Le doute, mesure de la certitude. Ne pas confondre avec le
doute sceptique. Tenir (provisoirement) pour faux tout ce qui n’est pas absolument
indubitable (comparaison avec le panier de pommes).
• Remise en cause des (fausses) évidences » de la perception, donc de l’existence des
choses matérielles, y compris de mon propre corps. L’argument des sens trompeurs et du rêve.
Pas de critère décisif permettant de distinguer le réel de l’imaginaire. Solipsisme.
• Remise en cause des évidences mathématiques. L’argument du Dieu trompeur.
• Le malin génie
• Le COGITO (La proposition « Je suis, j’existe » est nécessairement vraie chaque
fois que je la prononce ou la conçois en mon esprit. ») Le « je pense donc je suis » est à la
fois une certitude subjective et une vérité objective.
• Cette vérité première (fondamentale) va pouvoir servir de fondement à l’entreprise
de reconstruction du savoir. De proche en proche, elle permettra à DESCARTES d’établir un
critère du vrai (Est vrai ce qui relève de l’évidence, c'est-à-dire tout idée claire et distincte
pour une raison attentive) et de montrer que « je suis une chose pensante » ( = un sujet, une
conscience), que « l’âme est plus aisée à connaître que le corps », que Dieu existe, qu’Il
n’est pas trompeur (donc je peux faire confiance à ma raison), que la cause de l’erreur m’est
toujours imputable, que les évidences mathématiques peuvent être tenues pour vraies, que la
physique, en tant qu’elle est mathématique, doit également être tenue pour vraie, que si les
sens ne nous offrent le plus souvent que des idées obscures et confuses, ils ne sont pas pour
autant trompeurs, leur véritable rôle étant non pas de nous faire connaître le monde, mais de
nous avertir de ce qui est nuisible ou utile pour nous (fonction vitale et non de connaissance).
Texte 6 : DESCARTES, Extrait du Discours de la Méthode, IV : « Je pense, donc je suis ».
Devoir n° 3 – Dissertation. « Comment s’imaginer le réel ? » / « La raison
est-elle la maîtresse de la maison et l’imagination la folle du logis ? »
Textes (7 à 11) de référence : PASCAL (Pensées, 82 : l’imagination,
« maîtresse d’erreurs et de fausseté ») ; BAUDELAIRE (l’imagination,
« reine des facultés ») ; François JACOB (place et rôle de l’imagination
dans les mythes et les sciences) ; EINSTEIN (expliquer en sciences revient
à imaginer un mécanisme auquel la pensée ne saurait avoir accès – le
« réel » comparé à une montre fermée); BERGSON (Le Rire : l’art comme
dévoilement de la réalité).
Texte 10 : EINSTEIN : « Qu’y a-t-il à l’intérieur de la montre ? », Extrait de l’Evolution
des idées en physique, Einstein et Infeld. La vérité comme horizon ou limite idéale d’une
pensée qui construit des modèles (théories) pour expliquer les mécanismes de l’Univers,
lequel lui sera à jamais inaccessible (métaphore de la montre fermée).
Enjeu : statut des théories en sciences. Une théorie n’a pas la prétention de nous fournir une
image en miroir de la réalité. Elle est construction d’un modèle permettant d’intégrer dans un
ensemble cohérent d’explications une série de phénomènes constatés. L’histoire des sciences
montre ainsi une succession de modèles, et même régulièrement des « révolutions
scientifiques » remettant en cause les grands principes de la science constituée.
« Vrai » en science ne signifie donc pas « conforme au réel » (ou alors en un sens restrictif à
préciser). La raison humaine doit reconnaître sa finitude et admettre que le réel sera toujours
nécessairement plus riche et plus complexe que les explications qu’elle peut en construire. Ce
qui ne doit pas conduire au scepticisme puisque cela signifie qu’à tendre vers la « Vérité »
comme vers une « limite idéale », la raison pourra indéfiniment progresser et jouir du bonheur
de conquérir sans cesse de nouveaux horizons.
La matière et l’esprit (et le vivant- TS1)
- Voir Fiche correspondante.
Entraînement à la dissertation n°4 : « Ai-je un corps ou suis-je un corps ? »
III) La culture
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