Comprendre l’évolution du climat sous l’impact des émissions anthropiques et à
quel niveau il faudrait réduire les émissions pour atteindre un objectif climatique
donné est l’objectif des études d’interaction entre climat et chimie. Les retroactions
entre le cycle des gaz à effet de serre (CO2, méthane, et autres gaz) doivent être
étudiées par une stratégie incrémentale sur le système intégré. Différents éléments
doivent progressivement être mis en évidence (impact de la ventilation océanique
des hautes latitudes, prise en compte de la spéciation biologique, rôle de la
biosphère terrestre…). A l’échelle locale, les modifications de l’usage des sols
(déforestation, irrigation, érosion) jouent un rôle essentiel – en particulier sur les
ressources en eau. La prise en compte des échanges entre surfaces continentales,
hydrologie, biosphère et atmosphère permettra d’introduire de nouveaux processus
dans l’évolution du changement climatique.
L’histoire de la Terre montre que son évolution passée a été marquée d’événements
rapides qui ont conduit à de nouveaux états du système climatique. Y-a-t-il un risque
d’évolution irréversible du climat lors du prochain siècle ? De nombreuses
interrogations sont posées par le changement de la cryosphère, des sols gelés, et
des instabilités des calottes et de la circulation océanique profonde. Pour aborder
ces problématiques, une approche interdisciplinaire s’impose pour prendre en
compte les composantes lentes du climat telles que les glaciers, la circulation
océanique profonde, la dynamique de la végétation où peuvent se produire des
processus irréversibles. L’étude des données paléoclimatiques sera intensifiée pour
chercher ce genre de comportement dans les climats du passé. Ce domaine
également devrait bénéficier de la collaboration entre les équipes de modélisation et
les observateurs.
Il est très difficile, sur les enregistrements actuels de faire la part des choses entre
les variations naturelles, les variations liées à l’impact grandissant des activités
humaines, et dans ce dernier cas, d’identifier l’origine et la nature de la pollution. Ce
thème de la détection des changements climatiques devrait se développer au
niveau national en utilisant mieux les bases de données qui nous sont particulières
tout en veillant à leur intercalibration avec les autres base de données; d’autres
études sont également possibles en exploitant les données satellitaires disponibles
sur une durée de plus de 20 ans, ou à travers les archives disponibles à résolution
annuelle (dendrochronologie, glaciers, sédiments varvés, coraux, spéléothèmes…). Il
sera fructueux de stimuler une collaboration avec les historiens pour compiler les
archives historiques d’événements climatiques et les mesures instrumentales
anciennes (collaboration avec le programme ECLIPSE).
Pour aborder pleinement ce sujet , il sera nécessaire de quantifier les facteurs de
variabilité tels que les fluctuations de l’irradiance solaire, le volcanisme, le
changement de la composition chimique de l’atmosphère, ou les modifications de
l’usage des sols et d’évaluer l’impact des forçages externes et des rétroactions
internes du système climatique à la fois sur le climat moyen (optimum médiéval, petit
âge glaciaire) et sur sa variabilité (stabilité des modes de grande échelle). De
multiples simulations de longue durée seront nécessaires pour évaluer et étudier le
comportement du système climatique sur ces périodes.
En parallèle, un effort doit être fait autour de l’utilisation et de l'interprétation des
proxies en terme de variables climatiques à partir d’une meilleure compréhension
de l’enregistrement sédimentaire de la variabilité annuelle et interannuelle sur des