
 
Or,  au  niveau  international,  face  aux  processus  de  mondialisation/globalisation,  se  pose, 
avec  une  grande  acuité,  le  problème  de  la  gouvernance  mondiale pour  l’économie,  le 
commerce,  le  monétaire  et  financier,  l’environnement,  et  disons,  par  extension,  tous  les 
biens collectifs mondiaux. S’il existe un consensus sur deux défis majeurs - l’éradication de la 
pauvreté et la sauvegarde de la planète – la diversité des formes de capitalisme actuel (avec 
plus ou moins d’Etat ou de marché) engendre des dérégulations en chaînes matérialisées par 
les  suites  de  crises  (financières,  des  matières  premières, de  l’immobilier  ou  du foncier,…)  
que rencontre l’ensemble des pays du monde, certes à des degrés divers. Ce qui signifie que 
les  réponses  obtenues  jusqu’à  aujourd’hui  par  rapport  aux  défis  sont  très  en  deçà  des 
objectifs  poursuivis.  Le  bilan  dressé  par  les  Nations  Unies,  cinq  ans  avant  l’échéance  des 
objectifs  du  millénaire  (OMD),  est  très mitigé, car il  est peu  probable  que  l’ensemble  des 
objectifs soient atteints. Il en est de même de la sauvegarde de la planète pour laquelle les 
atermoiements des négociations sur un agrément post 2012 sur le « Climat » conduisent à 
des choix d’objectifs de réchauffement climatique très au dessus des recommandations de la 
communauté  scientifique,  si  l’on  veut  effectivement  lutter  contre  le  réchauffement  de  la 
planète.  
Les limites du marché, en tant que mécanisme de régulation sont maintenant admises, c’est 
ce que l’on appelle la crise de la régulation « libérale ». La question des mécanismes d’une 
nouvelle  régulation  se  trouve  ainsi  posée.  C’est  le  retour  du  débat  marché/Etat,  mais  au 
niveau international. Quelle institution peut jouer à l’international ce rôle de régulateur. Des 
réponses  partielles  sont  données,  les  Conventions  sur  l’environnement,  en  particulier  le 
Climat,  en  sont  un  exemple.  Mais  au  niveau  global,  la  réponse  de  la  communauté 
internationale est, depuis plusieurs décennies, on l’a vu plus haut, constituée par les divers 
« G »,  réunions  informelles  des  Présidents  de  Nations  auto  désignées,  puisqu’au  départ 
constituées  uniquement  de  pays  industrialisés  (G8).  Ce  que  d’aucun  appelle  une 
« Diplomatie  de  connivence
 »,  constituait  jusqu’à  aujourd’hui  le  mécanisme  ultime  de  la 
régulation  mondiale  basée  principalement  sur  l’évaluation  par  les  pays  industrialisés  du 
rapport de force avec l‘ensemble des autre pays, ce qui permettait aux pays membres de 
trouver  « entre  eux »  des  arrangements  (connivence)  pour  une  « meilleure »  régulation 
mondiale.  Mais ce comité de pilotage rigide n’a pu survivre à la montée des pays émergents 
comme la Chine, le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du sud. L’extension du comité (G20) répond aux 
contestations  de  plus  en  plus  marquées  sur  bon  nombre  de  problèmes  entre  les  pays 
industrialisés et les pays émergents qui ne partagent pas le même sens des responsabilités 
au niveau mondial. Quoiqu’il en soit, ce système oligarchique actuel n’est pas durable !  
C’est donc le concept de développement durable qui doit être renforcé, non pas en séparant 
économie  et  gouvernance,  mais  en  adjoignant  un  quatrième  critère  aux  piliers  du 
développement  durable :  la  gouvernance,  ses  institutions  et  leur  cohérence.  On  pourra 
 
 « La Diplomatie de connivence ».- Bertrand Badie. Editions de la Découverte, Paris. 2011.