Le jour de l’An
(1ière partie)
1 En rentrant de la grand-messe à laquelle il avait assisté avec sa femme et trois de
ses enfants, Eugène Tremblay trouva ses autres enfants dans la grande cuisine.
On attendait visiblement son retour de l’église pour lui demander sa bénédiction
paternelle. À titre d’aînée, Claire s’avança vers lui.
- P’pa, voulez-vous nous bénir? lui demanda-t-elle en faisant signe à ses frères
et sœurs de s’approcher.
2 Ému, comme chaque année, le père de famille laissa le temps à ses enfants de
s’agenouiller devant lui avant de les bénir solennellement. Il adressa ensuite à
chacun ses vœux de bonne année. Pendant ce temps, Thérèse, non moins émue
que son mari , se tenait debout près du poêle.
- On mange et, après ça, il y aura peut-être des étrennes pour les plus fins,
déclara-t-elle.
3 Après un solide repas, la mère sortit de sa chambre à coucher des petits paquets
soigneusement enveloppés. À part les coffres à crayons destinés à Lionel et
Jeannine, tous les autres cadeaux étaient des tuques et des moufles tricotées en
cachette, le soir, par Thérèse. Pour leur part, les enfants avaient mis ensemble
leurs économies pour acheter chez Murray, à Pierreville, une pipe et une blague
à tabac pour leur père ainsi qu’un chapelet en pierre du Rhin pour leur mère.
4 Au début de l’après-midi, il y eut une première surprise quand vint le temps de
savoir qui demeurerait à la maison pour « faire le train » du soir. Pour la
première fois depuis longtemps, les Tremblay ne recevaient pas au jour de l’An
puisqu’ils étaient invités à Saint-Zéphirin. [...]