EDYTEM-Gauchon

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Ecole Doctorale « Sciences et Ingénierie des Systèmes, de
L’Environnement et des Organisations »
DRED - 27 rue Marcoz - B.P. 1104
73011 Chambéry Cedex
DEMANDE D’ALLOCATION DE RECHERCHE DE l’ED SISEO
Année universitaire 2016-2017
SUJET DE THESE
1. LABORATOIRE
2. DIRECTION DE THÈSE
Nom ou sigle : EDYTEM
Statut : UMR
Directeur de thèse (HDR) : Christophe GAUCHON
Codirecteurs : Ludovic RAVANEL & Clémence PERRINMALTERRE
Domaine de compétences de l’ED SISEO :
- Environnement
- Organisations
- Systèmes
Collaborations éventuelles :
■


-
ZAA, Labex Item
PACTE (UGA, Philippe Bourdeau)
ENSA (convention EDYTEM-ENSA)
La Chamoniarde
Fondation Montagne Sûre – Fondation PETZL
SNGM-APRIAM
FFCAM-FFME
3. SUJET DE THÈSE
Les mutations de l'alpinisme face au changement climatique :
évolution de la haute montagne, enjeux socio-économiques, résilience de la pratique
4. RESUME
Avant d’être pratiqué dans tous les massifs de haute montagne du monde, l’alpinisme est né puis a grandi autour du
Mont-Blanc et dans les Alpes occidentales. Depuis un Âge d’Or dont les 150 ans ont été célébrés en 2015, la pratique n’a
cessé d’évoluer au gré des changements socio-culturels et des évolutions techniques. Aujourd’hui, l’alpinisme – dont le
poids socio-économique est souvent important voire majeur pour certaines stations alpines – est confronté à une
mutation de son terrain de jeu en lien avec le changement climatique : retrait glaciaire, disparition des couvertures
glacio-nivales, dégradation du permafrost et phénomènes d’instabilité associés. Les conséquences sur la pratique sont
majeures et nombreuses (évolution des accès aux refuges, augmentation des risques glaciaires et périglaciaires,
modification/abandon d’itinéraires, changements de saisonnalité, etc.) bien que très peu étudiées. Un socle de
connaissances sur la relation entre réchauffement climatique et alpinisme impactée par l’évolution de la haute
montagne est pourtant indispensable pour évaluer ce que pourra être la pratique de ce milieu dans les prochaines
décennies et définir conduites adaptatives et mesures de résilience.
La thèse inclura (i) un état des lieux de la relation entre changement climatique et alpinisme en lien avec l’évolution
physique de la haute montagne (de l’aval vers l’amont : les itinéraires d’accès aux refuges de haute montagne, les voies
rocheuses, l’évolution de l’activité « randonnée glaciaire », les itinéraires « Neige, glace et mixte ») et (ii) une analyse de
la place socio-économique de l’alpinisme dans les Alpes occidentales avec un diagnostic territorial fondé sur une étude
de fréquentation. De plus, (iii) des outils et propositions de mesures adaptatives seront définis pour favoriser la
résilience de l’alpinisme face à l’évolution de la haute montagne.
En outre, la thèse contribuera à transcrire un patrimoine alpin largement méconnu, celui de l’histoire et de l’évolution
des itinéraires d’alpinisme.
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5. PROJET DE RECHERCHE DETAILLE
Les trois objectifs majeurs de ce projet de thèse ancré dans la pluridisciplinarité sont i) la caractérisation de la relation
entre réchauffement climatique et alpinisme impactée par l’évolution de la haute montagne, ii) l’identification de la
place socio-économique de l’alpinisme dans le paysage alpin, et iii) la définition d’une stratégie d’actions pour
l’adaptation de sa pratique aux effets du réchauffement, centrée sur la résilience des territoires. Ce projet s’insère
pleinement dans une optique de développement durable des Alpes occidentales, en s’intéressant plus particulièrement
aux massifs du Mont Blanc et des Ecrins.
Pour répondre au premier objectif, la thèse établira un état des lieux de la relation entre réchauffement climatique et
alpinisme en lien avec l’évolution environnementale de la haute montagne. Seront ainsi étudiés :
1. les itinéraires d’accès aux refuges de haute montagne : requérant bien souvent une pratique minimale de
l’alpinisme, les accès aux refuges de haute montagne doivent s’adapter à l’évolution rapide du terrain (ajout d’échelles
pour compenser le retrait glaciaire, modifications de sections d’itinéraire pour éviter un danger, etc.). Il s’agit ici de
documenter l’évolution des itinéraires, de caractériser les processus géomorphologiques impliqués et de décrire les
mesures adaptatives mises en œuvre. Pour cela, le travail envisagé concerne (i) le recensement et la caractérisation des
refuges de haute montagne grâce à une capitalisation des résultats du projet Eco-innovation en altitude et
compléments ; (ii) l’analyse des évolutions et de la gestion des itinéraires et de leurs causes géomorphologiques à partir
d’une étude de cartes et topo-guides, de la presse spécialisée, d’entretiens semi-directifs et de caractérisation
géomorphologique ; (iii) l’étude de la fréquentation des refuges à partir des données des gestionnaires (dont le CAF,
compagnies de guides, parcs naturels, les communautés de communes, etc.).
2. les voies rocheuses : elles sont fréquemment confrontées à un double problème qui résulte de l’augmentation
de la température : l’évolution de la dangerosité et la longueur accrue des itinéraires. L’analyse de la dangerosité des
itinéraires en lien avec les instabilités rocheuses (chutes de pierre, éboulements et écroulements) imputables à la
dégradation du permafrost et/ou à la décompression post-glaciaire se réalisera par une étude de fréquentation des
itinéraires à travers leur mention dans les topo-guides, les magazines, les réseaux sociaux, les plaquettes commerciales,
et par le biais d’entretiens. Pour les itinéraires « abandonnés », il s’agira de distinguer ce qui relève de l’effet de mode,
de la perte d’intérêt en lien avec l’évolution technique, et de l’évolution géomorphologique du secteur. L’analyse de la
longueur accrue des itinéraires rocheux s’appuiera sur une quantification de l’évolution des glaciers en pied de paroi.
3. l’évolution de l’activité « randonnée glaciaire » : avec la randonnée et l’escalade, la randonnée glaciaire est une
des portes d’entrée vers l’alpinisme. Compte tenu du retrait glaciaire, la poursuite de cette activité – souvent par des
professionnels – devient de plus en plus complexe. Il conviendra d’analyser l’évolution du produit « école de glace » par
le biais d’une étude des plaquettes promotionnelles des compagnies de guides et d’entretiens. L’analyse portera
également sur les données glaciologiques disponibles.
4. l’évolution des itinéraires « Neige, glace & mixte » : bien que situés nettement plus haut en altitude que les
langues glaciaires dont l’évolution est saisissante, les arêtes, les faces et les couloirs englacés s’assèchent de plus en plus
au fil des années. Certains secteurs ont perdu leur couverture glacio-nivale permanente tandis que des itinéraires
autrefois pratiqués l’été ne se font plus qu’au printemps voire en fin d’hiver. L’analyse portera sur (1) la rétraction des
couvertures glacio-nivales (surface, conditions, épaisseur sur les arêtes) grâce à la photo-comparaison ; (2) la dynamique
des glaciers suspendus, étudiée par photo-comparaison et photogrammétrie ; (3) les incidences sur la praticabilité, les
tracés, la difficulté et la fréquentation des itinéraires, par l’étude des topo-guides, de la presse et des sites spécialisés,
ainsi que par entretiens semi-directifs.
Le deuxième objectif de la thèse est d’identifier la place socio-économique de l’alpinisme dans les Alpes occidentales et
d’effectuer un diagnostic territorial face au changement climatique. Cette place de l’alpinisme sera ainsi étudiée à
travers différents prismes :
1. Une approche socio-historique de l’alpinisme : à partir d’une synthèse bibliographique et de documents
d’archives, il s’agit de mettre en évidence les temporalités propres au développement de cette pratique dans différents
massifs (Mont-Blanc, Ecrins, Vanoise, Mont Viso…)
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2. Les politiques de gestion de l’alpinisme. Elles seront appréhendées au niveau national à travers l’étude des
textes législatifs et réglementaires et au niveau local par le biais d’entretiens semi-directifs avec les acteurs locaux
impliqués dans le développement et la gestion de cette activité
3. Le poids économique de l’alpinisme et son évolution sur la période récente. Il s’agira de définir des indicateurs
quantitatifs et qualitatifs de la place de l’alpinisme dans les sociétés locales. Cela passe par l’analyse du positionnement
de cette pratique dans l’offre touristique à travers un recensement des prestataires et une analyse des brochures
touristiques. Le poids économique de l’alpinisme sera déterminé en croisant les données sur les prestataires (nombre de
sorties encadrées, chiffres d’affaires) et sur les clients (nombre de journées de pratique, modalités d’hébergement, achat
de prestations auprès de guides…)
4. Modalités de changement de la pratique de l’alpinisme face au changement climatique. L’objectif est
d’analyser l’évolution des styles de pratique par le biais d’enquête par questionnaires et entretiens semi-directifs. Il
s’agira de prendre la mesure de la place du changement climatique dans ces évolutions par rapport aux modifications de
technique ou aux effets de mode, et de révéler, au travers d’adaptations ou de réorientation de la pratique, une
éventuelle « intelligence climatique » du milieu de l’alpinisme.
Enfin, des outils et propositions de mesures adaptatives seront établis pour favoriser la résilience de l’alpinisme face à
l’évolution de la haute montagne (troisième objectif de la thèse) :
1. propositions quant à l’accès du public débutant à la haute montagne. Il s’agira de propositions d’aménagement
pour permettre l’accès aux refuges, et de développement de nouveaux secteurs de pratique de la randonnée glaciaire
avec les aménagements liés.
2. propositions de changement d’usage de certains refuges. Les refuges affectés par des difficultés économiques
seront identifiés et des réflexions seront menées avec les gardiens actuels et anciens, les gestionnaires, les compagnies
de guides ainsi que les clubs pour évaluer le modèle économique actuel de ces refuges et formuler des pistes de travail
(par ex. : meilleure communication auprès des randonneurs pour certains « refuges d’alpinistes » dont la fréquentation
est remise en cause par la dégradation des conditions de la haute montagne) ;
3. cartographies/notices des changements glacio-nivaux par secteurs (outils d’aide à la décision). Au regard de la
fréquentation des différents secteurs du massif du Mont Blanc et des Ecrins au sens large, une demi-douzaine de
secteurs sélectionnés feront l’objet d’un travail de cartographie et de description/analyse de leur évolution physique
dans le but d’alerter les pratiquants sur les risques qui en résultent et sur les adaptations (techniques, matérielles, voire
physiques) qu’ils devront mettre en œuvre par rapport à ce qu’ils pourraient prévoir à la lecture de topo-guides souvent
trop anciens ;
4. état et scénarii d’évolution physique et de fréquentation de secteurs stratégiques pouvant constituer des
enjeux économiques pour les stations touristiques (par ex. : couloir d’accès au refuge du Goûter, arête de neige de
l’Aiguille du Midi, praticabilité de courses d’initiation telles que le Pic de la Grave, le Dôme des Ecrins, accès aux refuges
de la Mer de Glace, etc.).
Une évaluation de ces propositions sera faite grâce à des retours d’expérience à l’étranger (Oberland, Valais, Autriche…).
En outre, cette action devra identifier les « bonnes nouvelles » du changement climatique afin de les exploiter
(opportunités et pratiques émergentes liées à l’évolution du terrain).
Enfin, dans la lignée des Assises de l’Alpinisme tenues en 2011, un colloque « Quel alpinisme pour demain ? » se tiendra
en 2018 ou 2019 en lien avec le projet de thèse. Il réunira sur une journée chercheurs scientifiques et décideurs autour
de plusieurs sessions (e.g. Changements physiques de la haute montagne ; Conséquences sur les pratiques ; Mesures
adaptatives ; Aménager la montagne pour la rendre plus sûre/accessibles ?) Une soirée grand public y sera associée pour
rendre compte de l’état des connaissances et des réflexions.
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6. CANDIDAT RECHERCHE : Le projet ici proposé est éminemment pluridicisplinaire. Le candidat pourra être issu d’un
cursus en sciences humaines et sociales comme en géosciences mais il devra présenter une grande capacité
d’appropriation des notions et méthodes de champs disciplinaires très variés (effets physiques et sociaux du
changement climatique, géomorphologie et glaciologie, évolution des pratiques sportives, analyse socio-économique,
enquêtes, proposition d’outils adaptatifs, etc.). En outre, de solides connaissances sur les milieux physiques et socioprofessionnels de la montagne sont requises en plus des compétences scientifiques « classiques » (rigueur, ouverture et
curiosité scientifique, capacités de communication en français et en anglais, compétences rédactionnelles, etc.). Des
notions d’italien seraient les bienvenues (travaux envisagés sur le versant interne des Alpes occidentales).
7. FINANCEMENT DE LA THESE : Le contrat doctoral fixe une rémunération minimale, indexée sur l’évolution des
rémunérations de la fonction publique : depuis le 1er juillet 2010, elle s’élève à 1684,73 euros bruts mensuels pour une
activité de recherche seule et 2024,70 euros bruts en cas d'activités complémentaires. Elle peut être augmentée au-delà
du montant plancher (http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid20185/doctorat.html).
8. CONTACT :
Nom prénom : RAVANEL Ludovic
Tél : 06 19 66 88 01
Email : [email protected]
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