Le monopole discriminant Pour le monopole, le prix est une variable de décision et non une donnée
de marché qui s'impose à lui. Dans la limite des contraintes imposées par l'élasticité de la demande, il
peut donc agir sur le prix; en particulier, rien ne l'oblige à pratiquer le même prix pour toutes les
unités vendues ou pour tous les clients. Au contraire, s'il s'avère que les acheteurs sont disposes a
payer certaines unités plus chères que d'autres, ou encore que certains clients sont disposés à payer
plus cher que d'autres clients, le monopole est incité à opérer une discrimination par les prix.
* La discrimination entre les clients Elle est possible si l'on peut identifier des catégories
d'acheteurs dont l'élasticité de la demande est différente. Par exemple, si l'on constate que les jeunes
consommateurs sont, pour certains produits ou services, plus sensibles au prix que les autres, on
pourra pratiquer un tarif jeune plus avantageux et, au contraire, augmenter le prix pour les groupes
moins sensibles au prix. Une autre condition est nécessaire : il faut pouvoir interdire les transactions
secondaires entre les clients (c'est-à-dire, par exemple, empêcher les étudiants de revendre leurs billets
de cinéma à ceux qui, dans la file d'attente, n'ont pas de carte d'étudiant).
* La discrimination entre les unités consommées. Elle part simplement de l'observation de ce que
la courbe de demande est décroissante. Comme nous l'avons montré dans l'analyse du surplus du
consommateur, les consommateurs sont disposés à payer plus cher les premières unités, puis de moins
en moins cher les suivantes.
En leur facturant un prix unique (le prix d'équilibre) pour toutes les unité, consommées, on leur laisse
ainsi un surplus de satisfaction par rapport au prix payé pour toutes les unités sauf la dernière.
L'entreprise concurrentielle ne peut pas faire autrement puisqu'elle ne fixe pas le prix. Mais le
monopole, lui, est incité à prélever une partie de ce surplus en faisant payer les premières unités
achetées plus cher que les suivantes.
Le monopole parfaitement discriminant A la limite, un monopole parfaitement discriminant
parviendrait à faire payer chaque unité exactement au prix correspondant sur la courbe de demande.
Ainsi, , le monopole fixe un prix Pl pour la première unité vendue, puis P2 pour la deuxième, et ainsi
de suite jusqu'à Pn pour la nième unité. Dans ce cas, les acheteurs paient chaque unité exactement ce
qu'ils étaient disposés à sacrifier pour l'obtenir : le surplus du consommateur s'annule et est totalement
accaparé par le producteur.
Exemple : Le monopole naturel (autres cas monopole d'innovation, monopole légal Cette situation
peut se produire quand les coûts fixes de production sont considérables par rapport au coût variable.
On peut penser, par exemple, au coût de production de l'hydroélectricité : le coût des installations
techniques engagé avant même que le premier Kwh ait été produit par la centrale hydroélectrique est
démesuré par rapport aux coûts variables engagés ensuite pour assurer le fonctionnement de la
centrale.
Dans ce cas, le poids considérable des coûts fixes fait que le coût moyen reste très longtemps
décroissant, il faut atteindre un volume de production très important avant que l'élévation du coût
variable moyen ne compense la diminution du coût fixe moyen. Ainsi, dans certains secteurs où le
coût des infrastructures de départ devient de plus en plus important (énergie, transports ferroviaires ...
), les petites entreprises concurrentes présentes au départ sont contraintes à la faillite ou à la fusion
progressive pour atteindre les volumes de production permettant d'amortir les investissements
initiaux.
Si ce volume de production minimum (l'échelle minimum efficace) représente le tiers ou la moitié du
volume que l'on peut écouler sur le marché, il reste de la place pour trois ou deux entreprises; s'il est
proche du volume total que le marché peut absorber, il ne restera qu'une seule grande entreprise : un
monopole naturel, engendré spontanément par le processus concurrentiel.