Une exposition qui coûte cher à Pro Helvetia - BFH

Une exposition qui coûte cher à Pro Helvetia
swissinfo
16 décembre 2004 15:06
A l'origine de la polémique, l'artiste
Thomas Hirschhorn s'est expliqué le 7
décembre à Paris sur son exposition
contestée. (Keystone)
Finalement, les sénateurs l’ont
emporté sur les députés, qui avaient
voté pour une coupe de 180'000
francs sur proposition de la
conférence de conciliation.
L'enveloppe de Pro Helvetia, fondation culturelle chargée de la promotion de
la culture suisse à l’étranger et responsable du Centre culturel suisse de
Paris, sera amputée d'un million de francs dans le budget 2005 de la
Confédération.
Le Conseil des Etats (Chambre haute) a en effet refusé jeudi la proposition
de conciliation, qui consistait à ne couper que 180'000 francs, soit
l’équivalent du montant consacré à l’exposition de Thomas Hirschhorn. En
début de matinée, le Conseil national (Chambre basse) avait accepté cette
solution de compromis.
Mais le Conseil des Etats ayant décidé de camper sur ses positions, ce sont
un million qui seront ôté de l’enveloppe de la fondation. En effet, pour les
points contestés du budget, ce sont les montants les plus bas qui sont pris
en compte. Ainsi, dans le cas de Pro Helvetia, c'est le montant de 33 millions
qui est pris en compte et non pas les 34 millions initialement prévus.
Action punitive ou non?
La Chambre des cantons a préféré suivre le démocrate chrétien (PDC /
centre droit) Filippo Lombardi. Celui-ci a estimé que le compromis était la
pire des solutions.
Avec la coupe de 180'000 francs, on donne l'impression que le débat lancé
par le Conseil des Etats sur la mission de Pro Helvetia était purement une
action punitive contre l'exposition de M. Hirschhorn, a-t-il relevé.
Or, il ne s'agit pas de ça. Le Conseil des Etats voulait lancer un débat sur la
gestion de Pro Helvetia et ses choix pour subventionner des projets en vue
de promouvoir l'image de la Suisse à l'étranger, a ajouté M. Lombardi.
Une punition collective
Pour Pro Helvetia, la décision du Parlement d'amputer son budget est
doublement problématique. Elle remet en question l'autonomie de la
Fondation, qui garantit normalement que des décisions en matière artistique
ne sont pas soumises à des pressions politiques.
De plus, Pro Helvetia ayant déjà raboté sur ses frais de fonctionnement, elle
n'aura pas d'autres possibilités que de réduire les subsides qu'elle accorde
pour compenser cette perte d'un million.
Frapper les artistes d'une «punition collective» par le biais d'un processus
budgétaire est un moyen inapproprié que le monde politique a choisi pour
manifester son irritation face à Pro Helvetia, conclut la Fondation.
Une exposition polémique
Une exposition de Thomas Hirschhorn qui se tient au Centre culturel Suisse
de Paris (CCSP) est à l’origine de cette coupe de budget. L’artiste bernois y
attaque vivement le ministre Christoph Blocher et son parti, l’Union
démocratique du centre.
La virulence des attaques ainsi que leur mauvais goût un comédien urinant
sur une photo ressemblant beaucoup à celle de Christoph Blocher ont mis
plusieurs politiciens de droite en émoi. L’affaire a été largement propagée et
commentée par les médias.
swissinfo et les agences
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