En apparence très « américaine », la pièce n’en développe pas moins un propos
universel. Elle ouvre bien des interrogations sur la difficulté à transcender les classes
sociales, sur les rapports entre Justice et Pouvoir, sur la prégnance implicite du
Religieux, ou bien encore essentiellement sur le statut de la parole.
Elle est l’opposition radicale entre deux mondes : l’un, celui de John, un monde aux
valeurs fluctuantes, monde du relatif et de l’intelligence ; l’autre, inconsciemment
défendu par Carol, fait de valeurs intangibles et de principes incontournables.
Elle est une profonde réflexion sur l’incommunicabilité profonde des êtres.
Une scénographie épurée vise à rendre la force dramatique de la pièce, la tension
inhérente à ce huis clos tragique et la confrontation de deux logiques inconciliables.
LA GUERRE DE TROIE N’AURA PAS LIEU de Jean Giraudoux
Mise en scène : Nicolas Briançon
Avec Valentine Varela, Lucienne Hamon, Claire Mirande, Bernard
Malaka, Nicolas Briançon, Pierre Maguelon…
Dimanche 23 juillet à 21h45 Place de la Liberté
Louis Jouvet, directeur du théâtre des Champs-Elysées, qui estime que « le grand
théâtre, c’est d’abord le beau langage », rencontre, en 1928, Jean Giraudoux, en qui il
découvre son auteur idéal et au service de qui il va désormais se consacrer, avec sa
troupe. Giraudoux, lui, a trouvé sa « voie royale » et va offrir au théâtre plusieurs
succès, fruits de cette collaboration heureuse, œuvres sérieuses ou plus légères.
« L’auteur dramatique a maintenant deux muses, l’une, avant l’écriture, qui est
Thalie, et l’autre, après, qui est pour moi Jouvet. »
En 1935, lorsque Jean Giraudoux porte à la scène « La Guerre de Troie n’aura pas
lieu », ses hautes fonctions diplomatiques et la situation internationale menaçante
inclinent la pièce vers la gravité et la tragédie. L’amertume de l’auteur-ministre rejoint
le pessimisme de Cassandre.
Hector, prince troyen, qui rentre victorieux de la guerre, aspire à la paix, en chef
d’état responsable, soutenu par son épouse Andromaque. Mais Pâris a enlevé Hélène,
qui a conquis tous les Troyens, et les Grecs, en armes, viennent la réclamer. Ulysse,
leur envoyé, comme Hector, veut sincèrement la paix. Ils sont prêts à tout mettre en
œuvre pour la sauver. Mais le parti des bellicistes, Grecs ou Troyens, est le plus
nombreux. Et c’est le Destin qui décide, non la volonté humaine. Les personnages
sont entraînés par un enchaînement fatal et Hector, navré, conclut : « La Guerre de
Troie aura lieu ».
LA VEUVE RUSEE de Carlo Goldoni
Mise en scène : Vincent Viotti
Avec Anne Cosmao, Stéphane Mathieu, Marielle de Rocca-Serra, Stefano
Amori, Bernard Fructus, Pierre Bénézit, Vincent Viotti et Bertrand Waintrop.
Lundi 24 juillet à 17h30 au Jardin du Plantier
« Ce fut par La Vedora scaltra, que l’on fit l’ouverture de l’année 1748. J’avais
donné des pièces très heureuses ; aucune ne l’avait été au point de celle-ci. Elle eut
trente représentations de suite ; elle a été jouée partout avec le même bonheur. Le
début de ma réforme ne pouvait être plus brillant… » (Mémoires de M. Goldoni)
La Veuve Rusée ressemble à une blague européenne : une jeune veuve est courtisée
par quatre prétendants, un Anglais, un Français, un Espagnol et un Italien… Au
premier acte, ils lui rendent visite, au second ils lui offrent des « cadeaux », et au
troisième elle leur tend un piège pour connaître la sincérité de leur sentiment.
Et c’est le charme premier de cette pièce : elle est proche d’un théâtre d’action,
ludique et plaisant, qui assoit la peinture de la nature humaine sur les archétypes
internationaux, jubilatoires et toujours pertinents deux siècles et demi plus tard !