Deux remarques s'imposent avant de célébrer ce triomphe apparent de la politique
économique. La première n'est qu'une application d'un principe cher aux économistes: «Rien n'est
jamais gratuit. » Il y a tout de même un perdant de la baisse de TVA: c'est bien sûr _____, car
le montant perçu par le fisc sur chaque repas est réduit d'autant; il est vrai que les repas vendus
sont ____ nombreux, mais il est douteux que la hausse de la fréquentation des restaurants
permette effectivement de compenser la _____ des recettes sur chaque repas. Si les recettes
ainsi perçues par l'État diminuent, il lui faudra augmenter les _____ par ailleurs pour ne pas
alourdir son déficit ________ ou, si ce dernier augmente, pour faire face à l'accroissement
induit des ______ sur la dette publique.
Une petite partie de la hausse d'impôts nécessaire touchera les clients des restaurants et les
restaurateurs, qui sont aussi des contribuables; mais l'essentiel sera reporté sur d'autres
catégories de la population. Toute mesure fiscale ciblée implique donc un choix pour la
redistribution du poids des impôts entre les Français, voire entre les générations présentes et
futures. Parallèlement, les emplois créés dans la restauration peuvent être en partie _____
ailleurs, là où la hausse d'impôts ______ la demande. On peut toujours espérer que le bilan
global en termes d'emplois restera positif, dans la mesure où la restauration est un secteur qui
emploie beaucoup de main-d'œuvre; mais ce résultat est loin d'être garanti.
La deuxième remarque a trait à la distinction entre effets à court terme et effets à long
terme. Poursuivons l'analyse des effets de la baisse de TVA un peu plus avant. J'ai dit que l'un
des effets de cette baisse serait d'augmenter les profits des restaurateurs. Mais, dans ce cas,
leur profession devenant plus ________, elle attirera plus de jeunes, auxquels les banques
accorderont plus facilement des crédits pour s’installer… Si le nombre de restaurateurs
augmente, l'offre de repas augmentera aussi, ce qui exercera une pression à la _____ sur le prix
des repas et, en conséquence, sur les profits de chaque restaurateur.
Ce processus se poursuivra tant que la restauration restera plus profitable qu'à l'habitude,
c'est-à-dire tant que le prix HT des repas restera ______ à ce qu'il était avant la baisse de
TVA. Au bout d'un certain temps, le prix HT des repas sera retombé à son niveau antérieur, si
bien que la baisse de TVA aura été entièrement répercutée dans le prix ___ des repas, au grand
bénéfice des _________. La conclusion sera plus mitigée pour les restaurateurs: d’un côté, le
chiffre d’affaires du secteur _______ parce que ____ de repas seront servis, mais, d’un autre
côté, les profits réalisés sur chaque repas, après une période faste, reviendront au niveau qu'ils
avaient avant la baisse de TVA. La hausse des salaires des employés des restaurants sera
probablement faible, dans la mesure où ils ne disposent pas de compétences rares.
Le bilan fiscal de la baisse de TVA à long terme est quant à lui facile à établir: les recettes de
TVA baisseront sur les repas au restaurant. Les clients des restaurants en bénéficieront en
proportion des sommes qu'ils y dépensent. Comme les riches dépensent beaucoup plus au
restaurant que les pauvres, la baisse de TVA, financée par une augmentation des impôts,
transférera en fait de l'argent des contribuables les plus ____ vers les catégories les plus
____. Cette conclusion vient tempérer l'évaluation généralement positive de cette mesure, qui a
le tort de ne prendre en compte que la création d'emplois induite dans ce secteur à court terme.
Comme il existe d'autres moyens de créer des emplois, leur efficacité doit être comparée
précisément à celle d'une baisse de TVA.
Bernard Salanié, L’Economie sans tabous, 2005
Questions
Pourquoi les prédictions des restaurateurs risquent-elles de ne jamais se réaliser ?
Représentez sous forme de schéma les conséquences de la baisse des taux.
Quel sera l’effet net sur le chômage et le niveau de vie des français ?