leur mission ; introduire le doute et accessoirement torpiller toute tentative de
réglementation des secteurs concernés.
Troisième moyen, l’amalgame. Profitant du recul et des dissensions au sein de
l’écologie politique, la plupart des auteurs mélangent allègrement les errements
du parti vert pour mieux dénigrer les problèmes d’environnement. L’idée sous-
jacente et hautement insidieuse est celle-ci : si les problèmes environnementaux
étaient aussi majeurs qu’on essaye de nous le faire croire, alors l’écologie
politique se conduirait de manière plus responsable. La croyance au parallélisme
des problèmes économiques, sociaux ou environnements par rapport à leur
représentation politique sert ici d’alibi au doute systématique : « si même les
écologistes ne sont pas d’accord entre eux, cela implique vraisemblablement que
le problème n’est pas aussi majeur qu’on essaye de nous le faire croire ».
Cette tentative de déconstruction pourrait prêter à sourire si elle ne se révélait pas
aussi dangereuse.
D’abord parce qu’elle utilise un ressort psychologique bien connu, celui de la
réassurance. Les contempteurs du progrès industriel qui ne voient que
dégradation et pollution sont des adeptes de la sinistrose. La rhétorique est
redoutable puisqu’elle utilise les arguments du bonheur, de l’optimisme, de la
croyance en l’intelligence humaine et de la foi dans le progrès. Le discours est
machiavélique, il situe l’optimisme du côté du progrès technique, donc de la
réassurance systématique. En clair, si vous êtes inquiet, vous devriez partir en
vacances ou entamer une psychanalyse.
Ensuite parce le discours du laisser faire est largement repris et amplifié par les
médias. Ainsi, au moment du sommet de la terre à Johannesburg en 2002,
Valeurs actuelles a pu titrer « Les mensonges des verts : effets de serre, ozone,
déforestation (le titre est d’ailleurs représentatif de la méthode), Sciences et Vie
« La planète est-elle vraiment malade ? » et Le Nouvel Observateur « Menaces
sur la terre, le vrai, le faux ». La consistance des articles n’est ici pas en cause,
mais il est certain que l’affichage des interrogations en couverture, relayé par
l’affichage en kiosque, ne contribue pas à la prise de conscience de la réalité
d’une dégradation effrénée de l’environnement.
C’est là le paramètre majeur. En communication, on n’hésiterait pas à utiliser le
terme de publicité mensongère. Ici, tout est amalgame, extrapolation,
généralisation abusive. L’effet de serre ne serait pas démontré, il n’y aurait pas de
réchauffement climatique, les nitrates sont excellents pour la santé, les OGM
permettraient de lutter contre la faim dans le monde, la dioxine n’entraîne aucune
conséquence sanitaire, l’amiante reste très efficace dans le domaine de
l’étanchéité. Amoco Cadiz, Bâle, Seveso, Bhopal, Tchernobyl, AZF, ..., connais
pas.
Au final, ce grand mouvement de scepticisme médiatique ne peut qu’accroître le
désarroi des français à l’égard des problèmes d’environnement. Les études de
perception environnementale nous enseignent que, derrière une annonce forte de
préoccupation, les français restent peu persuadés que l’environnement est un sujet
majeur d’inquiétude. Les problèmes sont fréquemment confondus, (effet de serre et