VIE
FRÈRE LOUIS-MARIE
DEUXIÊME SUPÉRIEUR GÉNÉRAL
DE L'INSTITUT DES PETITS FRÈRES DE MARIE
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CHAPITRE PREMIER
Premières années du Frère Louis-Marie. — Ses études au petit et au grand séminaire. — Son entrée au noviciat à
Notre-Dame de l'Hermitage. — Il est nommé Directeur à la Côte-Saint-André. — Il est élu premier Assistant du Frère Di-
recteur général. — Son retour à l’Hermitage.
Le 22 mai 1810, dans le petit hameau de Labrosse, dépendant de la commune de Ranchal
(Rhône), une famille éminemment chrétienne se réjouissait de la naissance d'un enfant, le troi-
sième qui lui était donné. Son père, Claude Labrosse, et sa mère, Marie-Louise Thivend, vivaient
simplement, modestement, comme la plupart des autres habitants du village, de la culture de leurs
champs, à laquelle ils joignaient le tissage du coton. Ils se distinguaient surtout par leur foi, leurs
mœurs patriarcales et le fidèle accomplissement de leurs devoirs religieux.
L'enfant fut baptisé le jour même de sa naissance, par l'abbé Delord, alors curé de Ranchal,
d reçut les prénoms de Pierre-Alexis. Sa pieuse mère le mit en même temps sous la protection de
la sainte Vierge, par la consécration qu'elle lui en fit.
On dit que la nature et la situation d'un pays ont quelque influence sur le caractère, les
mœurs et les habitudes de ceux que la Providence y fait naître. S'il en est ainsi, ce que nous sa-
vons et ce que nous allons dire de Pierre-Alexis Labrosse, est bien propre à donner du lieu de sa
naissance une idée favorable.
Ranchal est situé sur le versant méridional d'une montagne qui est comme le contrefort du
groupe des Echarmeaux. Le climat est sain et l’air excellent en été, mais l'altitude élevée du lieu
(760 mètres) le rend froid et neigeux en hiver. A côté de l'église, on voit une croix qui rappelle une
mission prêchée par le célèbre P. Brydaine, en 1758, et qui fit un très grand bien dans cette pa-
roisse.
C'est dans ce village et au milieu d'une population laborieuse, simple, honnête et croyante,
que s'écoulèrent les premières années de Pierre-Alexis. Nous savons peu de chose sur son en-
fance, cet âge cependant si intéressant dans la vie d'un homme ; et ce n'est pas de lui que nous
aurions pu recueillir des renseignements : il a toujours gardé le plus religieux silence sur tout ce
qui se rapportait à sa personne et à sa famille. Une vieille domestique de ses parents, interrogée à
ce sujet, fit cette réponse : « J'ai oublié bien des détails sur le jeune Alexis ; je me rappelle cepen-
dant avoir remarqué en lui trois choses dont je ne perdrai jamais le souvenir. Il se distinguait par
un charmant caractère, par une humeur enjouée, et par des procédés pleins d'honnêteté et de
douceur à l'égard de tout le monde, principalement envers ses frères et sœurs qu'il aimait beau-
coup. Je l'ai toujours vu très obéissant : au premier signe, il s'empressait d'accourir pour savoir ce
qu'on voulait de lui, et il l'exécutait sur-le-champ. Enfin, il était si pieux qu'on le trouvait souvent
avec son chapelet à la main, soit dans les champs, lorsque la garde des bestiaux lui était confiée,
soit dans les chemins, en se rendant au bourg de Ranchal, soit enfin dans sa modeste chambre,
dont il s'était fait un oratoire, et où il avait dressé un petit autel. »
Un témoignage semblable a été donné sur l'enfance de Pierre-Alexis, par son respectable et
excellent frère, M. l'abbé Labrosse, curé de la Fouillouse.
Comme ses frères, Pierre-Alexis reçut chez l'instituteur du village les premières notions de
lecture, d'écriture, de calcul, de grammaire française et d'orthographe. Le catéchisme avait alors
sa place dans le programme de la classe, car on ne connaissait point encore ce qu'on est convenu
d'appeler de nos jours l'école neutre. Ce n'est pas après le triste tableau que Portalis venait de
faire à l'empereur Napoléon, de l'état d'un peuple privé de ses prêtres et de l'enseignement reli-
gieux, que l'on aurait songé à bannir de l'école Dieu et la religion.
Il n'est pas besoin de dire qu'un enfant aussi intelligent et aussi studieux que l'était. Pierre-
Alexis, fit de remarquables progrès dans les sciences élémentaires que l'on enseignait alors à
l'école primaire, et qu'il savait parfaitement le catéchisme lorsqu'il fit sa première communion. Il
était âgé de onze ans quand il accomplit cette importante et sainte action. Quelles grâces de choix