Cet argument est valide dans ce cas de figure :
si le produit du travail est intangible comme par exemple la relation avec le client, l’employeur peut contrôler ce que fait
son employé (
checking
), car cette transgression est légitime dans la mesure ou elle permet de sécuriser les propres
intérêts de l’employeur, de s’assurer que le travail est bien fait (base du contrat de travail). Mais les essais de prise de
drogues (drug testing) ne sont pas un argument moral qui justifie l’intérêt de l’employeur.
Cependant pour que l’argument de l’intérêt de l’employeur soit défendable, l’intrusion doit satisfaire 2 attentes : * elle doit
satisfaire le critère du minimum d’intrusion (a criterion of minimal intrusiveness) car seule la moins intrusive des choses
faisables peut être légitimée (par exemple un employeur peut vérifier le niveau des output de ses employés en fin de journée
mais pas toutes les minutes) ; * la condition d’efficacité doit être satisfaite (par exemple le propriétaire d’une sucrerie qui
veut se protéger du vol des sucreries par ses employés, ne peut pas décider de peser ses employés une fois par semaine
pour vérifier s’ils ont pris du poids, cela serait une très faible solution pour régler le problème).
Toutefois, même quand ces deux conditions sont remplies, cela n’implique pas indubitablement que l’intrusion à la vie privée de
l’employé est acceptable.
C’est pourquoi les auteurs proposent ceci. L’intrusion de l’employeur dans la vie privée de son employé est valide si elle
satisfait aux 4 critères suivants :
- l’intrusion est entreprise dans le but de faire en sorte que l’employé effectue bien son travail (performe dans
son travail) et accompli ses responsabilités, qui sont des obligations qu’il a vis-à-vis de son employeur parce
qu’implicitement ou explicitement mentionnées dans le contrat de travail ;
- les solutions (les méthodes) choisies sont efficaces et vont par conséquent permettre d’obtenir l’information re-
cherchée (ou le résultat recherché) ;
- les solutions les moins intrusives pour obtenir l’information recherchée sont choisies ;
- l’intrusion qui est faite dans la vie privée de l’employé n’est pas trop sévère (pénalisante) au point d’accroître
les intérêts de l’employeur. (P. 66)
Protéger l’employé
Les pratiques qui peuvent être acceptées comme le résultat d’un compromis légitime entre la perte de la vie privée et les
autres intérêts du travailleur sont les suivantes :
- la présélection génétique peut donner des informations sur les travailleurs qui vont permettre de protéger leur
santé ;
- les tests contre les drogues (
drug tests
), peuvent inciter les travailleurs à éviter les boissons alcooliques, les
narcotiques et de ce fait réduisent les accidents sur le lieu de travail ;
- la surveillance peut faire en sorte que les travailleurs soient plus enclins à suivre les instructions de sécurité.
La vision anti-paternaliste s’oppose à cet argument et soutien que les travailleurs doivent eux-mêmes décider si oui ou non :
ils doivent subir la sélection génétique, subir des tests contre les drogues ou être surveiller.
A cet effet, les auteurs trouvent cette vision trop simpliste dans la mesure ou le contrat de travail inclus la responsabilité
de l’employeur sur la santé et la sécurité au travail (P »66).