A la mort d’Enguerrand, Jean de Picquigny hérite tout naturellement de la vidamée d’Amiens. Selon
certaines sources, Enguerrand serait mort peu après la naissance de Jean. Il y a donc probablement
eu la mise en place d’une régence.
Devenu majeur, il exerce dorénavant son rôle de protecteur de l’évêque. Mais c’est en tant qu’agent
de Philippe le Bel qu’il entre véritablement dans l’histoire.
Le roi Philippe lV est décrit par ses contemporains comme un être froid qui se contente de regarder
ses interlocuteurs dans les yeux sans prononcer un mot (4). Il donnera souvent l’impression de laisser
ses conseillers gouverner à sa place. En fait, il s’appuyait sur des conseillers et enquêteurs qui
sillonnaient le royaume pour le tenir informé mais qui avaient aussi parfois des pouvoirs importants.
Il semble que le roi ait confié une mission importante à notre ancêtre, Jean de Picquigny, en 1298.
Certains de ses biographes le voient ambassadeur auprès des anglais pour préparer le traité de
Montreuil en 1299. Hélas, à ce jour, aucune source n’a pu apporter de crédit à cet évènement.
Jean est déjà bien âgé (pour l’époque) lorsque le roi lui confie une mission dans le Languedoc. Le
récit de cette mission est relaté par les historiens qui étudient la France dans la période 1300 – 1304.
3. L’arrestation de l’évêque de Pamiers
Le Roi Philippe le Bel a besoin d'argent pour poursuivre la guerre contre les Flamands et ses
offensives diplomatiques. Déjà en 1295 un impôt occasionnel touche le clergé, la «décime». Le clergé
s'incline, mais lorsque Philippe IV revient à la charge avec une taxe supplémentaire, la
«cinquantième», les évêques se plaignent au pape Boniface VIII. Le pape publie une bulle où il
précise à l'ensemble des souverains que le clergé ne peut être soumis à aucun impôt sans l'accord du
Saint-Siège. En représailles, Philippe le Bel interdit toute exportation de valeurs hors de France, ce qui
a pour effet de priver le pape d'une partie de ses ressources.
Tandis que le roi de France est aux prises avec la papauté, survient la forfaiture de Bernard Saisset,
évêque de Pamiers dans le midi. Il conteste la légitimité du roi de France et suggère au comte de Foix
de libérer le Languedoc de la tutelle capétienne. Il agit de même avec le comte de Comminges pour le
comté de Toulouse. Le comte de Foix révèle l'affaire à l'évêque de Toulouse qui avertit Philippe le Bel.
Le roi lance une enquête et met les biens de l'évêque sous séquestre. Bernard Saisset veut s'en
plaindre auprès de Boniface VIII, à Rome.
Notre ancêtre, Jean, est envoyé comme enquêteur - réformateur en compagnie de … Le Neuveu. Les
deux fonctionnaires de l’état, un chevalier et un clerc, ont carte blanche.
Dans la nuit du 12 au 13 juillet 1301, Jean réveille l'évêque. Il pille la maison épiscopale (C). Puis il le
fait conduire sous bonne escorte devant le roi qui se trouve être à Senlis. L'acte d'accusation est lu en
première audience par le conseiller Pierre Flotte.
4. La lutte contre l’inquisition dominicaine
En 1303 ( ?) Le moine franciscain Bernard Délicieux s’oppose aux excès de l’inquisition dans le
Languedoc ; inquisition menée sans discernement par les moines dominicains. L’opposition de ces
deux ordres prend des proportions inquiétantes.
Bernard Délicieux demande aux enquêteurs du roi Philippe d’intervenir. Les affaires Saisset et
Délicieux vont dorénavant être liées dans l’esprit des Languedociens. Jean de Piquigny soutient le
parti des franciscains contre les inquisiteurs.
Avril 1303 : BD se rend à Toulouse pour rencontrer le vidame d’Amiens auquel il apporta de nouvelles
conversations (B p.239). La lutte contre l’inquisition dominicaine prenait de plus en plus d’ampleur.
Une ligue se forma et Bernard Délicieux en fut le chef. Entre temps, Jean avait rejoint la Cour pour y
prendre de nouvelles instructions (B p.239). A son retour, à Carcassonne, une grande foule impatiente