Catastrophe nucléaire de Fukushima
Michel Duguay ( MSQN)
Le 11 mars 2011 à 14h46 un séisme de puissance colossale, évalué à 9 sur l’échelle de
Richter, a eu lieu à 180 km au large de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, laquelle
se trouve sur la côte du Pacifique et comporte six réacteurs. Le tremblement de terre a
fortement secoué le nord du Japon pendant trois minutes et a déclenché l’arrêt
automatique de nombreux réacteurs nucléaires. Dans la région de Fukushima le séisme
a causé une panne prolongée d’électricité et a probablement causé des bris de certains
équipements dans la centrale nucléaire. Dans la centrale nucléaire, des génératrices
diesel se sont mises en marche automatiquement pour continuer à alimenter les
pompes et assurer la circulation d’eau de refroidissement dans les réacteurs.
Les autorités ont immédiatement lancé l’alerte au tsunami, lequel est arrivé à Fukushima
41 minutes plus tard en sept vagues successives, la plus haute atteignant 15 mètres.
Ces vagues ont mis toute la centrale hors de combat, y compris les génératrices diesel.
Au début du séisme, l’arrêt d’un réacteur signifie seulement que les réactions de fission
de l’uranium sont interrompues par l’insertion de barreaux absorbeurs de neutrons dans
le cœur du réacteur; sans neutrons la fission n’a pas lieu. Mais cet arrêt de la fission ne
change en rien la radioactivité inhérente des produits de fission qui se sont accumulés
pendant des mois d’opération. Ces produits de fission comprennent entre autres les
isotopes radioactifs de césium, de strontium, d’iode, de krypton et de xénon.
La radioactivité de ces produits de fission est excessivement intense et elle génère
typiquement 100 mégawatts (MW) de chaleur dans chaque réacteur après son arrêt.
Une telle puissance thermique pourrait chauffer 10 000 maisons en plein hiver. Rien ne
peut arrêter soudainement cette radioactivité; mais, avec le temps, son intensité et la
chaleur produite diminuent graduellement. Après une journée, la puissance thermique
des produits de fission a diminué au niveau d’environ 10 MW, ce qui est encore
considérable. En l’absence d’eau de refroidissement à Fukushima cette chaleur a fait
fondre les tuyaux de zirconium-niobium qui confinent le combustible d’oxyde d’uranium.
Avec la fonte des tuyaux de zirconium-niobium les éléments volatils et radioactifs
césium, strontium, iode, krypton et xénon ont été relâchés dans l’atmosphère et ont
transportés par le vent à de grandes distances. Le césium et le strontium radioactifs
sont entrés dans la chaîne alimentaire japonaise. Celle-ci sera ainsi contaminée par
cette radioactivité pendant 300 ans.
Pour ce qui est de la centrale Gentilly-2, la Commission canadienne de sûreté nucléaire
a reconnu à Saint John le 2 décembre 2011 qu’advenant un tremblement de terre
significatif le cœur du réacteur CANDU sera endommagé jusqu’au point de fondre,
possiblement partiellement, et entraîner l’émission de radioactivité dans l’atmosphère.