
combinaison avec les GP de but statiques, tout en acceptant la
combinaison avec les GP de but dynamiques ou les directionnels .
(15)a#Jean a marché dans le jardin
(15)bJean a marché jusqu'au jardin
(15)c Jean marchait vers le jardin
A priori, on pourrait s'attendre à ce que cette restriction soit du
même ordre que celles qui ont été notées ci-dessus en (11-13) : le
verbe marcher appartiendrait à une classe sémantique lexicale
exclue par la règle lexicale qui introduit les GP de but statiques.
Les exemples (16) enlèvent cependant toute plausibilité à cette
hypothèse : les verbes marcher, courir et ramper sont clairement
sémantiquement très proches ; pourtant, seul marcher refuse le
complément de but statique.
(16)aQuand il entendit l'explosion, Jean courut dans la
cuisine.
(16)b#Quand il entendit l'explosion, Jean marcha dans la
cuisine.
(16)c Quand il entendit l'explosion, Jean rampa sous la
table.
Faute d'une généralisation sémantique, on est contraint de poser
que l'impossibilité du complément de but statique est une propriété
idiosyncrasique de marcher (et de quelques autres verbes, comme
nager et voler).
Pour rendre compte de ce fait dans le cadre de l'analyse avec
règle lexicale, on est face à la difficulté habituelle quand on
constate une exception positive à l'application d'une règle (Lakoff,
1970) : le seul moyen de rendre compte de l'exception est de
postuler un trait ad hoc dans l'entrée lexicale de chaque verbe, qui
indique si la règle concernée peut s'appliquer au verbe considéré.
Cela revient, pour rendre compte d'une exception, à modifier
l’analyse de l’ensemble des verbes de la langue : de même que
chaque verbe doit spécifier sa catégorie, il devrait spécifier s’il peut
subir la règle (14)b. Toutes choses égales par ailleurs, un modèle
du lexique qui permette un traitement moins coûteux des
exceptions est clairement préférable.
1.3.3. Exceptions négatives
A l’inverse du cas précédent, on rencontre également des
exceptions négatives à l’application des règles (14) : dans certains
cas, le résultat de l’application de la règle existe, mais la source
n’existe pas.
Le verbe aller est un cas particulièrement intéressant d’exception
négative. Aller se combine nécessairement avec au moins un
complément prépositionnel, mais il accepte n'importe lequel des
trois types de complément considérés ici.