Le rôle du papillomavirus humain (HPV) dans le carcinome buccal fut ensuite abordé par le Prof. Tommaso
Lombardi, responsable de la pathologie orale et maxillo-faciale du service de chirurgie des HUG. Si la maladie a
une grande prévalence dans les pays en voie de développement en raison des différents facteurs de risque, elle
est présente dans nos pays développés et reste une cause non négligeable de mortalité en raison de son
diagnostic souvent tardif. En effet, le virus s’installe généralement dans les épithéliums lorsque ceux-ci
présentent des lésions mais n’est pas indentifiable dans le sang. Les facteurs de risque les plus courants sont
l’alcool, le tabac ou la chique de bétel mais les stades tardifs d’un lichen plan ou certains comportements
sexuels jouent également un rôle étiologique. Alors que les carcinomes buccaux HPV négatifs ont tendance à
diminuer en raison des effets de la lutte contre le tabagisme, les carcinomes HPV positifs augmentent et
touchent des patients plus jeunes, vraisemblablement en raison de relations sexuelles avec contacts
oropharyngés. De plus, ces carcinomes sont souvent associés à des adénopathies kystiques. Le traitement de
ces pathologies, lorsqu’il est bien suivi, donne de bonnes réponses aux interventions chirurgicales, à la
radiothérapie ou à la chimiothérapie d’induction et, en fonction des stratégies thérapeutiques, le pronostic de
succès est relativement bon.
Le Dr Jean-Pierre Carrel, responsable de l’Unité d’action sociale de la Section de Médecine Dentaire, aborda
ensuite le futur de la médecine dentaire sociale au regard des incessantes évolutions technologiques et des
budgets toujours plus réduits à disposition des organismes chargés de venir en aide aux plus défavorisés. En
Suisse, la santé dentaire est de la responsabilité du patient et un gros effort est porté sur la prévention. Cette
attitude fonctionne bien pour les populations ‘’conventionnelles’’ qui ont accès aux soins de façon individuelle
ou assistée grâce au principe de solidarité des assurances sociales. Une population plus ‘’marginale’’ existe
aussi et, sans aide, a un accès plus difficile aux soins. Aujourd’hui, le nombre de personnes appartenant à cette
population et à celle qui profite des aides augmente. De plus, beaucoup de personnes vivent à proximité du
seuil de la pauvreté et sont susceptibles de venir augmenter ces effectifs. Les restrictions budgétaires et
l’évolution de l’économie obligent nos sociétés à trouver des solutions à cette problématique. L’assurance
dentaire n’est malheureusement pas une bonne idée car elle engendrera une augmentation des coûts tout en
nécessitant une réduction du catalogue des prestations et, plus grave, elle n’aura aucun effet sur les exclus du
système. Il convient donc dès aujourd’hui de revoir nos critères de choix thérapeutiques en cherchant à
conserver (si cela en vaut la peine !) ou à remplacer de manière économique les dents malades tout en
accentuant la prévention (qui n’est pas prise en charge aujourd’hui pour les populations assistées). Les
traitements devront être planifiés en fonction de ce qui est utile au patient avant ce qui est conforme aux
bonnes pratiques. Il faudra utiliser des techniques simples et efficaces ainsi que des matériaux adaptés et
également informer et discuter avec les patients. Mais surtout, ces paradigmes devront faire intégralement
partie de l’enseignement académique des futurs médecins-dentistes.
A cet appel pour une médecine dentaire plus économique, le Dr Murali Srinivasan, collaborateur de la division
de gérodontologie et de prothèse adjointe, apporta sa réponse sous la forme d’overdentures CAD/CAM
représentant une nouvelle solution low cost pour les patients âgés édentés. Bien qu’encore peu étudiées et
peu présentes sur le marché suisse ces solutions représentent un nouveau concept de traitement qui se
développe vite et apporte quelques avantages car, avec un peu d’entrainement, la technique est facile, rapide,
plus précise et plus économique que les protocoles conventionnels. Elle associe un petit nombre de séances, la
précision CAD/CAM, l’utilisation de matériaux biocompatibles et, en raison de la digitalisation des données, un
archivage et une duplication des prothèses sans reprise d’empreintes. Après une séance unique
d’enregistrement de tous les paramètres selon des procédures standardisées, la prothèse est fraisée dans un
bloc de résine usiné (donc exempt de défauts ou de restes de monomère). L’incorporation d’ancrages ou un
rebasage peuvent facilement être réalisés sur ces prothèses avec des méthodes et des résines usuelles. La
technique permet également d’associer directement à la prothèse une barre usinée simultanément selon la
méthode CAD/CAM. Toutefois, ces nouvelles technologies nécessitent encore des études à long terme pour
pouvoir être proposées à nos patients.