LA FORÊT
Autrefois, la Gaule était recouverte de forêts... Actuellement, et bien que les problèmes
d’urbanisation et de transport soient certains, il est encore possible d’emmener les enfants dans une
forêt, y organiser des grands jeux, des promenades, et aussi une étude précise et détaillée d'un milieu
aussi riche et intéressant. Emotion esthétique, joie de se dépenser physiquement, d'être à l'air pur,
intérêts multiples pour la recherche et la découverte scientifiques : les enfants seront ravis de travailler
sur le terrain.
I- Forêt : un ensemble dindividus divers…
- Les végétaux vivants : ceux qu'ils connaissent déjà, ceux qu'ils peuvent déterminer (les plus classiques,
avec l'aide d’une clé de détermination adaptée à leur age, ou du maître, cf doc’ sommaire de l’ONF
« Décrire les feuillus » et « Décrire les résineux ») : arbres, arbustes, herbes, mousses, fougères, lichen,
éventuellement champignons, que l’on peut classer en : feuillus, conifères, végétaux primitifs, etc…
Tous ceux-ci savamment organisé, aussi bien verticalement (en différentes strates) qu’horizontalement
(sur toute la surface étudiée), non seulement en fonction de l’altitude, la pente et l’exposition au soleil, la
nature du terrain, mais aussi et surtout en fonction des exigences de chaque espèce végétale : leur propre
besoin de lumière et leurs exigences diverses par rapport à la nature du sol.
Besoin de lumière : exemple facilement observable en forêt ou dans un parc avec des enfants : chez les
conifères, les branches basses de l’arbre ou les parties des branches proches du tronc (qui ne reçoivent
pas suffisamment de lumière) ne portent plus d'aiguilles ou sont complètement mortes.
- Les déchets végétaux : qui dit « vie » dit fin de vie et mort ! Dans nos régions tempérées, c’est la chute
périodique des feuilles et les grandes quantités de bois mort debout ou couché au sol (suite aux
vieillissement, coupe de bois, maladies, intempéries, avalanches, éboulement,…). Attention : les
résineux dont la plupart ne perdent pas leurs aiguilles à l’automne car elles durent plusieurs années. Ils
les perdent périodiquement à un autre moment de l’année et de manière non simultanée. C’est pour cela
qu’on les nomme « à feuillage persistant ». Toute cette matière organique devient dès l’instant de sa
mort, source de nutrition donc source de vie, pour toute une (plus ou moins micro)faune spécialisée (cf
paragraphe III).
Quelques chiffres en vrac : les chiffres rencontrés dans les ouvrages de référence sont
souvent très variables, ils dépendent du type de sol étudié. Nous en proposons ici quelques-uns à titre
indicatif.
La biomasse moyenne dans un hectare de sol forestier :
Bactéries : 500 à 7 000 kg
• Actinomycètes (champignons) : 300 à 700 kg
• Algues et champignons : 1 000 kg à 10 000 kg
• Vers de terre : 500 à 2 000 kg
• Arthropodes : 500 à 1 000 kg
Le nombre d’individus (pédofaune et microfaune confondues) : 260 millions dans un mètre
carré de sol
• Bactéries : plusieurs centaines de millions /g de sol
• Microarthropodes : 20 000 à 50 000/ha
• Vers de terre : 1 à 2 millions /ha
Feuilles mortes :
3 tonnes par hectare et par an dans une forêt tempérée de feuillus.
Les vers de terre peuvent creuser des galeries jusqu’à six mètres de profondeur.
Une Amibe (appartenant au groupe des protozoaires, être vivant unicelluaire), peut ingérer 130
000 bactéries plusieurs fois en 24 heures.
Propositions d’entrée en la matière :
Divers possibilités s'offrent au maître pour l'organisation du travail des enfants, en voici deux :
- on regarde, et on note ce qu'on voit au cours du trajet repéré à l'avance par l’enseignant. La cueillette
d’échantillons d’arbres et d’arbustes par les enfants est tout à fait possible si elle est bien diversifiée et
bien gérée : prendre en échantillon unique, une extrémité de branches d’arbres différents et pas
simplement les feuilles qui ne renseignent pas sur leur disposition sur la branche (une feuille est
déterminée par la présence d’un bourgeon à son aisselle, ce qui la différencie avec une foliole). Elle
permet la détermination des plantes de retour en classe, à l’aide d’un clé éventuellement plus élaborée.
Cette récolte n’est ainsi pas nuisible pour les ligneux contrairement aux autres fleurs et plantes
herbacées.
- ou bien, on décide de travailler selon la « méthode des carrés » : dans une partie de la forêt typique ou
particulièrement intéressante, les enfants traceront un ou plusieurs carrés de 10 à 15 m de côté environ.
On peut faire mesurer la longueur du côté du carré en nombre de pas -ou avec une unité arbitraire
représentée par la longueur d'une ficelle, d'un ton etc. Le travail de groupes est ici particulièrement
souhaitable ; par équipes de 4 à 6 environ, les enfants traceront « leur » carré, puis compareront leurs
résultats avec ceux de l'équipe voisine. Si les différents groupes trouvent les mêmes résultats, ils seront
très fiers de la précision de leur travail... Sinon, on pourra chercher si c'est la valeur scientifique du
travail qui est en cause ou s'il y avait un changement significatif dans la forêt...

Fiche d'observation de terrain :
Strate arborescente
(grands arbres)
Nombre de sineux
Nombre de feuillus
Inscrire le nombre d'arbres
pour chaque catégorie
Strate arbustive
(arbustes de moins de 5
m de haut)
Nombre de sineux
Nombre de feuillus
Strate herbacée
(non ligneux, herbes,...)
Présence de fougères :
OUI ou NON
Présence d'herbes :
OUI ou NON
Rayer les mentions inexactes
Strate muscinale
(mousses, champignons,
lichens)
Présence de mousses :
OUI ou NON
Présence de
champignons :
OUI ou NON
Présence de
lichens :
OUI ou NON
Rayer les
mentions
inexactes

Différenciation classique aux multiples caractéristiques et pourtant peu connue chez les
enfants de nos région : Sapin / Epicéa.
Le « sapin » de Noël vendu sous ce nom est généralement un épicéa… Les Douglas et Norman
vendus aussi à cette occasion sont des sapins de culture d’importation (Amérique du nord) : ils
n’existent pas naturellement l’état spontané) en Europe, et n’ont pas toutes les caractéristiques de
« notre » sapin national !
- SAPIN : port à la cime aplatie, branches plates, aiguilles non piquantes, disposées en dents de peigne
plat de chaque côté de la branche), possédant deux bandes blanches sur la face inférieure, écorce
plutôt lisse et argentée (avant de trop vieillir et se crevasser) ;
- EPICEA : port à la cime pointue, branches principales remontant à leur extrémité, mais tombantes
latéralement, aiguilles piquantes, disposées tout autour de la branche, écorce crevassée, plus forte odeur
de résineux appréciée à Noël (mais perd ses aiguilles plus rapidement lorsqu’il est coupé et placé au
chaud).

AGE d’un ARBRE :
Il n’est pas rare de rencontrer sur son chemin une souche d’arbre ou un arbre tronçonné couché au
sol. Il est alors facile de pouvoir observer les cernes de croissance et d’apprendre à les interpréter afin de
pouvoir lire toutes les histoires qu’ils sont susceptibles de pouvoir nous raconter : leur mois ou années
difficiles, leur vitesse de croissance, leurs relations extérieures, etc… (cf document « Section d’arbre
légendée»)
II- Forêt : écosystème permanent
- A la belle saison : un écosystème riche (cf documents)
- A la mauvaise saison : un lieu d’hivernage (« gîte et couverts ») pour la macro faune à sang chaud
(endotherme : cerf, chamois, chevreuils,…) et d’hivernation pour la microfaune « à sang froid »
(ectotherme : reptiles et serpents, amphibiens, insectes, arachnides et myriapodes, mollusques, etc…).
Les différents milieux (ou biotopes) traversés au cours de la randonnée :
- les hautes futaies claires sous la dominance d’une espèce,
- les forêts mixtes (feuillus et résineux mélangés sans aucune domination),
- les forêts de reboisement artificiel,
- les ravines aux schistes friables sous dominante arbustive,
- la ripisylve, ou association végétale de bordure de torrent,
- les lisières de zones végétalisées,
- les zones rocheuses et les vieux murs, colonisés par la végétation, particulièrement intéressant car on y
retrouve tous les stades de la colonisation des végétaux l’origine de la vie sur notre vieille terre, il y a
plus de 400 millions d’années) : apparition des lichens, implantation des mousses et des fougères
(végétaux sans racines), avant celle de plantes grasses pour enfin accueillir, avec la formation d’un sol
sommaire des graines d’arbrisseaux ou d’arbustes, susceptible de donner naissance à une lande. On
comprend mieux ainsi pourquoi l’aboutissement à un sol meuble et fertile peut prendre des millénaires.
NB : le lichen est un des plus beaux exemples de symbiose, le plus performant et le plus facilement
observable quasiment partout sur la terre et à presque toute altitude, me en ville, ou autre endroit
extrême, car ce sont d’excellents colonisateurs de tout milieu, depuis des centaines de millions d’années.
C’est la parfaite application du dicton « L’union fait la force ».
Recherche de traces et empreintes de vie animale : empreintes de pattes dans la boue, laissées de
mammifères, crottes, fientes d’oiseaux, pelote de réjection, traces sur ou sous l’écorce des arbres, dans
les vieilles souches ; les galles sur ou sous les feuilles (excroissances dues à la ponte d’un insecte), ou
autres observations directes d’animaux selon les opportunités du moment…
Chaînes alimentaires : en faire construire aux enfants à partir des régimes alimentaires de divers
animaux de la forêt. (cf document écosystème du chêne)
NB : on prend pour principe de relier deux animaux, ou des végétaux à un animal, par la flèche
signifiant « est mangé par ».
Exemple : l’écureuil la martre.
L’intérêt de ce travail étant d’arriver à une chaîne générale faisant apparaître des liens vitaux entre tous
les êtres vivants (réseau trophique) :
Sels minéraux Végétaux Herbivores Carnivores Super prédateurs
Omnivores
A leur mort, tous ces êtres vivants sont repris par les décomposeurs (détritivores de toute taille, de
tout poil et de toute plume, nécrophages, coprophages, bactéries, filaments mycéliens,…) qui
transforment toute cette matière organique en sels minéraux et la boucle est bouclée !
III- Forêt : source de vie et d’équilibre
(cf quatre documents écosystème du sol, fonctions vitales de l’arbre et Français
ORL)
- Echanges gazeux : absorption de dioxyde de carbone (CO2 ou gaz carbonique) et production
d’oxygène dans l’air que nous respirons. Même si ces échanges s’inversent la nuit, il est positif (rejet
d’O2 > CO2) sur l’année, du fait que la période diurne est partout supérieur dans le monde à celle
nocturne (nos végétaux étant en dormance durant la longue période hivernale), depuis la nuit des temps ;
sans quoi, nous ne serions pas pour en parler, puisqu’il n’y avait pas à l’origine d’oxygène dans
l’atmosphère terrestre, qui s’est peu à peu enrichi grâce à la vie bactérienne puis végétale (activité
photosynthétique). D’où l’importance de préserver les derniers grands « poumons » de la terre
- Décomposition de la matière organique : la forêt offre un milieu privilégier toute matière organique
(animale ou végétale) va se décomposer très rapidement pour aboutir aux sels minéraux solubles dans le
sol, et assimilables à nouveau par tout végétal la base de toute chaîne alimentaire). Cette
décomposition est le résultat de l’activité des microorganismes (bactéries et champignons), des insectes,
des vers de terres et autres animaux coprophages ou nécrophages.
« Lentement, au cours des siècles, l’eau ; le gel, le soleil et mille petits êtres vivants invisibles ont usé,
fragmenté, réduit en poudre, détruit les roches pour former peu à peu le sol, la terre. » M. Refoy
« Les vers de terre remuent la terre, la retournent sans cesse. Au cours des temps, ils ont beaucoup
contribué par leur action au mélange des composés de la terre : ils l’enrichissent en y faisant pénétrer
les débris végétaux qui sans eux resteraient à la surface. Les galeries qu’ils forment, assurent la libre
circulation de l’eau et de l’air. » E. Chancrin
Spécificides forêts d’altitude. le rôle de la forêt est accrue dans les pentes car l’érosion y est très
active (fort ruissellement des eaux, avalanches, éboulement, glissement de terrain) : les racines
retiennent la terre, fixent les sols et ainsi retarde l’action de l’érosion :
- le feuillage « amortit » la pluie, les gouttes d'eau arrivent au sol avec une énergie beaucoup plus
faible ;
- racines et humus augmentent le pouvoir de rétention des sols ;
- l'humus, la mousse jouent le rôle d'une « éponge » qui retient l'eau et limitent le ruissellement.
- la forêt est également une protection contre les avalanches : chaque arbre est un piquet qui cloue le
tapis de neige au sol. Certains problèmes d'avalanches sont liés à des déboisements malheureux.
Rôle et performances des espèces pionnières : elles colonisent
- rapidement des espaces abandonnés (les épicéas sur champs anciennement pâturés) pour
reconstituer une forêt, d’abord de résineux puis, à plus long termes, de feuillus ;
- très lentement mais sûrement les espaces très minérales quasiment dépourvus de vie (éboulis,
raides couloirs d’avalanche, parois rocheuses, …) : le sol s’y enrichit alors en matière organique,
et génère une vie animale, elle-même source d’apport nutritif pour d’autres êtres vivants, etc…

« La forêt accueille également de nombreux milieux naturels associés, comme les mares, les
tourbières, les landes, les pelouses, les ruisseaux, qui participent à l'équilibre biologique et sont
indispensables à la biodiversité, sans laquelle une forêt même productive n'est pas en bonne santé. De
même, les espèces animales et végétales aident la forêt à vivre, les oiseaux par exemple consommant des
insectes, propageant les graines ; les insectes utiles contrôlant les insectes déprédateurs, etc. Si
l'exploitation de la forêt est nécessaire pour l’homme, le bois étant le plus écologique des matériaux, il
ne faut pas oublier que la forêt est un écosystème, à respecter, surtout lorsque l'avenir, avec le
réchauffement climatique, est un peu inquiétant. » Alain PERSUY
technicien supérieur forestier et naturaliste
Janvier 2006
IV- Forêt : ressources économiques
Historiquement : depuis les dernières glaciations, l’homme a appris très vite à utiliser la forêt pour
vivre :
- A l’âge de la pierre polie, les chênes sont protégés pour les glands qu’ils produisent et qui sont donnés
aux porcs, nouvellement domestiqués par l’homme.
- Du temps des gaulois, le bois est utilisé pour construire des pirogues, des ponts, des huttes, des roues,
des outils, etc…
- Au moyen-âge, les petits métiers liés au bois étaient nombreux : coupeurs, fagotiers, sabotiers,
fendeurs, cercliers, couvreurs, charpentiers, tonneliers, etc… La forêt était de plus, le domaine de la
chasse (réservée aux seigneurs) et des braconniers.
- Aujourd’hui, la forêt a beaucoup évolué. Non seulement, elle occupe une superficie très limitée par
rapport au passé, mais aussi, elle n'est quasiment plus un milieu « naturel » ; c'est devenu un milieu
artificiel où l'homme travaille depuis des siècles... (cf document Importance de la forêt en France)
« La forêt, au Moyen Age couvrait encore 70% du territoire français, et était composée pour une grande
majorité de chênaie-charmaies, avec des tilleuls, des ormes, des érables, et des résineux en montagne.
Cette forêt était naturelle, correspondant à ce que l'on appelle un climax, stade ultime d'évolution et
d'équilibre entre le sol, le climat et la végétation. Poussant toute seule et sans nul besoin de l"homme, la
forêt dite vierge ou plutôt naturelle est variée dans ses essences, les milieux et la faune qu'elle accueille
; elle est ni hostile ni impénétrable, comme le promeneur ou le naturaliste peuvent le constater dans les
peuplements qui s'en rapprochent encore... Elles sont riches en bois mort, debout ou couché, un élément
très important pour l'équilibre biologique. En France, où ces forêts sont devenues très rares, les
chercheurs demandent la création de grandes réserves intégrales la nature pourra librement se
développer : l'ONF a ainsi programmé quelques grandes forêts "naturelles", en plaine comme en
montagne. De même, dans les forêts exploitées, il est indispensable de conserver des arbres morts, à
cavités, des vieux arbres, du bois mort à terre, des milieux associés, comme les landes ou les mares,
ainsi qu'un mélange aussi important que possible d'espèces d'arbres, et de varier les modes de
traitements : futaies régulières mais aussi irrégulières, pour que les forêts soient en équilibre biologique
et puissent résister à des accidents climatiques ou biologiques. »
Alain PERSUY,
technicien supérieur forestier et naturaliste
Economiquement :Le nombre de personnes qui travaillent à partir des produits du bois peut être
évalué à 450 000 ou 600 000, selon que l'on inclut ou non les travailleurs de l'industrie du papier. En
1973, le chiffre d'affaires des industries du bois est supérieur à celui de l'industrie automobile en
France...
- Exploitation forestière :
Les sujets d’études ne manquent pas : l’ONF (entreprise d’état), les bûcherons et débardeurs, les
scieries d’hier et d’aujourd’hui (anciennes techniques liées aux moulins à eau et machines électriques
modernes).
- Commerce et utilisation du bois :
La récolte du bois est de l’ordre de 30 millions de mètres cubes par an. Utilisation : bois d’oeuvre
pour l’habitat et le mobilier, constructions diverses, papier et carton, chauffage, mobilier, outils,
décoration, industrie chimique, caoutchouc (à partir de l’héveas), etc…
V- Forêt : lieu privilégier d’E.E.D.D.
Etant donnés les multiples richesses et intérêts de la forêt vus précédemment, il paraît naturel de
concevoir une protection des espaces forestiers vitaux et pourtant menacés partout dans le monde. On
pourra chercher avec l’aide de l’enseignant à dresser la liste de tout ce qui menace la forêt, non
seulement qualitativement (pour un plus grand respect de toutes les composantes vitales qui la
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