Linguistique contrastive et traduction QUIZ contrôle continu 1 2007 L3S1CORRIGE A. Observation : 1 voici les phrases/propositions qui correspondent aux deux sujets à illustrer, à savoir « la phrase complexe » et « l’expression du déplacement » : 1) 2) I get up off the sofa and put the kettle on. Molly’s next down, already dressed in her school clothes. She stares at me. ‘You said 3) you were going away. 4) ‘I came back. Missed you too much.’ ‘We didn’t miss you. Did we, Tom?’ Une seule phrase peut être utilisée pour illustrer le cours sur la phrase complexe : I get up off the sofa and put the kettle on (trad) Je me lève pour mettre la bouilloire sur le feu. En anglais on a une phrase complexe composée de deux propositions coordonnées, reliées par AND. Dans le passage vers l’anglais, la phrase complexe correspondante est composée d’une proposition principale et d’une proposition subordonnée introduite par la conjonction POUR. Le cas de figure illustré est le suivant : quand on réfère à deux actions qui se suivent sur l’axe chronologique, en anglais la tendance idiomatique est à exprimer les deux actions dans des propositions de même statut et de les relier par AND, un coordonnant au sens peu défini. En français, lorsque cela est possible, il y a au contraire explicitation de la relation de but (cf. POUR) sous-jacente en anglais, ce qui entraîne une hiérarchisation des actions (la première est secondaire par rapport à celle qui est visée). Trois phrases/propositions peuvent être utilisées pour illustrer le cours sur l’expression du déplacement : I get up off the sofa (…) Je me lève (…) … you were going away. …..tu partais I came back. —Je suis revenue. Dans ces trois illustrations, on retrouve une même différence fr/ang : dans l’expression du déplacement en anglais, la trajectoire est massivement exprimée par le biais de la particule – UP, AWAY, BACK- qui suit le verbe (soit un verbe de mode de déplacement soit un verbe peu défini) – GET, GO, COME. Dans le passage vers le français, l’information portant sur le point d’arrivée ou la trajectoire est exprimée par le verbe de déplacement, plus défini et plus synthétique (puisque deux informations sont combinées): LEVER, PARTIR, REVENIR. On remarque aussi dans le premier exemple retenu qu’il y a une précision en anglais qui disparaît dans le passage vers le français : « OFF the sofa ». Cette transformation illustre la tendance en anglais à une représentation plus descriptive que ce qui peut être observé en français, dans le cadre de l’expression du déplacement. 2. Analyse : Commentaire de traduction : les points en gras correspondent aux cas de figure vus en cours et qu’il fallait donc repérer et commenter. Remarquez qu’à aucun moment il n’est fait mention du traducteur, de stylistique (lourder, « sonne mieux »…) etc. 1)….appeared so suddenly and silently you’d have thought he’d just popped out… Il apparut si soudainement et dans un tel silence qu’il semblait avoir jailli du sol. Dans le segment en anglais, tiré d’un récit fictif au passé, on a l’expression d’une appréciation « would have thought » associée à une origine exprimée par le pronom YOU. En anglais, YOU peut référer directement au co-locuteur ou avoir une valeur générique (cf. you never know ≈ one never knows). Dans les deux cas, YOU implique la prise en compte d’une relation à « l’autre », relation que l’on peut qualifier d’intersubjective (représentation du couple locuteur / co-locuteur). Dans le passage vers le français, la traduction par VOUS ou TU est exclu du fait du cadre de fiction posé par le récit. « Que tu aurais pu penser / que vous auriez pu penser » Ici, on construirait une référence au co-locuteur, ce qui n’a pas lieu d’être dans le récit. Une traduction littérale est donc exclue. On dispose en français du pronom ON qui peut avoir une valeur générique équivalente à YOU dans ce contexte : « qu’on aurait pu penser » Cependant, le point de vue à l’origine de l’appréciation est dans ce cas encore identifié à un ou plusieurs sujets, incluant le locuteur. Or, on sait que dans bien des contextes, la relation intersubjective construite en anglais disparaît dans le passage vers le français (cf. discours de la recette de cuisine). C’est l’option illustrée ici puisque l’origine de l’appréciation n’est pas mentionnée en français. C’est le verbe SEMBLER portant sur sujet IL référant au personnage et son action qui permet d’exprimer une modalité appréciative non repérée par rapport à un sujet quelconque. 2) he’d just popped out of the ground. Il apparut si soudainement et dans un tel silence qu’il semblait avoir jailli du sol. Dans ce segment en anglais, on a l’expression d’un déplacement selon le schéma : Sujet + Verbe de mode de déplacement (idée de rapidité/soudaineté) + préposition (expression de la trajectoire) + complément circonstanciel de lieu. Il s’agit d’un schéma classique en anglais qui pose problème dans le passage vers le français. Premièrement, parce que l’agencement est différent en français, ce qui entraîne comme conséquence que la trajectoire est exprimée presque systématiquement par le verbe. Deuxièmement, parce que de manière idiomatique, le mode de déplacement est souvent omis. Dans la traduction on remarque que le verbe JAILLIR permet à la fois d’exprimer l’aspect soudain de l’action et le mouvement vers l’extérieur (exprimé en anglais par OUT). Il y a ainsi un condensé d’informations sur le verbe et le mode de déplacement n’est ici pas omis. 3) The cat’s tail twitched and its eyes narrowed. La queue du chat frémit, ses yeux se rétrécirent. La phrase anglaise à commenter est une phrase complexe composée de deux propositions coordonnées, reliées explicitement par le coordonnant AND. Chaque proposition exprime une action et dans le contexte, une interprétation chronologique est envisageable. Cependant, cette interprétation, déduite, n’est pas très définie : s’agit-il d’une relation de succession ou de simultanéité ? Dans le passage vers le français, le choix pour la juxtaposition ou la coordination permet ou non de rendre compte du flou temporel exprimé en anglais : La queue du chat frémit ET ses yeux se rétrécirent. (succession) La queue du chat frémit, ses yeux se rétrécirent. (ambiguïté maintenue) Le choix pour la relation juxtaposée, sans marqueur de relation inter-propositionnelle, permet de maintenir l’ambiguïté construite en anglais. 4) …judging by the silver of his hair and beard ….à en juger par la couleur argentée de ses cheveux et de sa barbe Dans cette proposition en anglais, on a une forme verbale en –ING, qui correspond à une participe présent. IL s’agit d’une forme non conjugué du verbe, mais qui marque néanmoins un ancrage temporel : on sait que –ING exprime la délimitation d’une situation spécifique, et le déroulement d’une action effective. Là encore, on a l’expression d’un jugement (d’une appréciation) par rapport à un sujetorigine présent dans la situation fictive représentée. La traduction littérale n’est pas acceptable : ???« jugeant par la couleur … » Avec l’infinitif ici « à en juger », l’option de traduction représentée ici va dans le sens d’une plus grande désactualisation des formes verbales en français. Il s’agit d’une tendance idiomatique du français bien connue. Là où en anglais, on réfère à une action par le biais d’un verbe qui exprime en lui-même des données aspectuelles et/ou personnelles (« judging »), la tendance en français est à utiliser des formes verbales moins déterminées (« juger »), voire nominalisées.