Ô les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui
détiennent le commandement. Si vous êtes en contestation sur quelque chose, portez
votre litige devant Dieu et le Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce
sera bien mieux et de meilleure interprétation (4:59).
Dieu demande donc au musulman d’obéir en premier lieu au Coran, et ensuite à Mahomet,
son messager, et enfin à ceux qui détiennent l’autorité (c’est-à-dire les connaisseurs en
matière de religion, et non pas forcément l’autorité étatique). Le Coran et la Sunnah
constituent les deux sources de base du droit musulman. Viennent s’ajouter des sources
secondaires dont principalement la Sunnah des compagnons de Mahomet, la Sunnah des Gens
de la maison du Prophète, les lois révélées avant Mahomet, la coutume, et l’effort rationnel.
Les sources du droit musulman peuvent être classées d’après leur support formel comme suit:
- Le Coran, les exégèses et les ouvrages qui relatent les contextes dans lesquels les versets
coraniques ont été révélés (asbab al-nuzul).
- Les différents recueils de Sunnah, et leurs exégèses.
- Les biographies de Mahomet comme complément à la Sunnah de Mahomet.
- Les ouvrages sur les fondements du droit en tant que méthode de déduction des normes.
- Les traités généraux, les décisions judiciaires (‘amal), les recueils des fatwas (opinions
religieuses) et les monographies rédigés par les juristes classiques ou contemporains.
- Les textes législatifs que les États musulmans ont adoptés en s’inspirant du droit
musulman dans des domaines particuliers, notamment en matière de droit de la famille
et de droit successoral.
Nous présentons sommairement les principales sources du droit musulman.
1) Le Coran, première source du droit musulman
Pour les musulmans, le Coran est un texte révélé reçu par Mahomet entre 610 et 632, année de
sa mort. Le texte dont nous disposons, établi sur la base de versions précédentes détruites et
de la tradition orale, a été réuni sur décision de l’autorité politique quinze, voire vingt ans
après la mort de Mahomet. Il comporte de nombreux récits et faits dont on trouve des traces
dans l’Ancien et le Nouveau Testament, les évangiles apocryphes et la littérature rabbinique.
Son orthographe s’écarte très sensiblement de celle en usage depuis plus d’un millénaire dans
les autres écrits en langue arabe. Il en existe de nombreuses traductions en différentes langues.
Le Coran comporte 114 chapitres dont le plus long est le chapitre 2 (286 versets) et le plus
court, le chapitre 108 (3 versets). Ces chapitres sont classés à peu de chose près dans l’ordre
décroissant de leur longueur, à l’exception de la première. D’autre part, le Coran ne présente
pas les domaines traités de façon systématique. Ceci pose un problème au juriste occidental
habitué à des normes codifiées. S’il cherche à connaître la position du Coran concernant un
domaine donné, il doit se référer à différents versets dispersés, parfois contradictoires, mêlés à
des passages souvent sans lien direct. La contradiction des versets a été résolue par les juristes
musulmans à travers la théorie de l’abrogation: une norme postérieure abroge une norme
antérieure. Ceci cependant nécessite une datation de ces versets, tâche peu aisée et
controversée. Le lecteur trouvera après cette rubrique une table analytique juridique du Coran
qui démontre l’étendue des domaines juridiques abordées, ce qui tranche particulièrement
avec les Nouveau Testament.
On établit généralement une distinction entre les versets du Coran qui ont été révélés à la
Mecque, et ceux révélés à Médine. Les normes juridiques se trouvent dans les versets révélés
à Médine puisque Mahomet était appelé à exercer une fonction de chef de l’État islamique
qu’il y fonda. Le penseur soudanais Muhammad Mahmud Taha estime que seuls les versets