croyants comme “à ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre” (2 Pi 1.1). Comment
pouvons-nous donc savoir que la foi est le don de Dieu ? Si tout ne dépendait que de nous, nous serions
incapables de croire : “Nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu” (Ro 3.11). Nous trouvons également dans
Romains 9.16: “Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait
miséricorde.” C’est Dieu qui attire le pécheur à Christ et lui donne la faculté de croire. Il nous est donc
impossible de comprendre le Sauveur et de nous approcher de lui sans une telle foi inspirée par Dieu. 1
Corinthiens 2.14 nous enseigne : “Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car
elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.” C’est
précisément la raison pour laquelle, lorsque Pierre proclama sa foi en Christ comme Fils de Dieu, Jésus lui
dit : “Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais
c’est mon Père qui est dans les cieux” (Mt 16.17). La foi est donc donnée aux croyants par Dieu lui-même,
dans sa miséricorde.
Puisqu’elle est un don de Dieu, la foi n’est ni éphémère ni impuissante. Elle est dotée d’une qualité
inhérente qui garantit qu’elle persévérera jusqu’au bout. Les paroles d’Habakuk 2.4, que nous connaissons
bien : “Le juste vivra par la foi” (cf. Ro 1.17 ; Ga 3.11 ; Hé 10.38) font référence à une confiance active et
continue en Dieu plutôt qu’à un acte de foi passager. Hébreux 3.14 souligne la permanence de la véritable
foi. Cette permanence même est la preuve de la réalité de la foi : “nous sommes devenus participants de
Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement”.
La foi que Dieu accorde ne peut jamais disparaître, pas plus que l’œuvre du salut ne peut être annulée. Paul
écrivit, dans Philippiens 1.6 : “Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la
rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ.” (Voir aussi 1 Co 1.8 ; Col 1.22,23.)
La foi que Dieu nous donne dans sa grâce produit à la fois la volonté et la faculté de se soumettre à sa
volonté (cf. Pp 2.13 : “car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir”). La foi
ne peut donc être séparée de l’obéissance. Berkhof voit trois aspects à la véritable foi : un élément
intellectuel (notitia), soit “la reconnaissance certaine de la vérité”, un élément affectif (assensus), qui
comprend “une profonde conviction quant à la vérité “et une affirmation de cette vérité”, et enfin un élément
volontaire (fiducia), qui fait appel à “une confiance personnelle en Christ comme Sauveur et Seigneur, et qui
comprend la soumission [...] à Christ”. La théologie populaire moderne tend à reconnaître notitia, et souvent
aussi assensus, mais à éliminer fiducia. La foi n’est cependant pas authentique si cette attitude de soumission
à l’autorité de Christ lui fait défaut.
Dans son commentaire sur le verbe “obéir” (peiths), W. E. Vine remarque : Peitho et pisteuo, qui
signifient “avoir confiance en”, sont proches du point de vue étymologique ; la différence de sens étant que
celui-là fait référence à l’obéissance produite par celui-ci ; voir Hébreux 3.18,19, où il est dit que la
désobéissance des Israélites était la preuve de leur incrédulité […]. Lorsqu’un homme obéit à Dieu, il donne
la seule preuve possible que dans son cœur il a cru en Dieu […]. Peitho, dans le Nouveau Testament, fait
allusion au résultat réel et extérieur de la persuasion intérieure et de la foi qui en résulte.
Ainsi, le croyant a le profond désir d’obéir. Puisque nous gardons les vestiges de la chair pécheresse,
personne n’obéira jamais parfaitement (cf. 2 Co 7.1 ; 1 Ts 3.10) ; toutefois, le désir de faire la volonté de
Dieu sera toujours une réalité pour les véritables croyants (cf. Ro 7.1 8). Nous trouvons donc là la raison
pour laquelle la foi et l’obéissance sont si étroitement associées dans l’ensemble des Écritures.
Tout concept de la foi impliquant qu’elle ne conduit pas à une soumission de la volonté, déforme le
message du salut. Paul mentionna l’Évangile comme une chose à laquelle on obéit (Ro 10.16 ; 2 Ts 1.8). Il
décrivit la conversion en ces termes : “après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de cœur” (Ro 6.17).
Lors de son ministère d’évangélisation, le but auquel il tendait était “l’obéissance, par la parole et par les
actes” (Ro 15.18), et c’est à plusieurs reprises qu’il emploie l’expression “l’obéissance de la foi” (Ro 1.5;
16.26).
Il est donc évident que le concept biblique est que la foi doit conduire à l’obéissance. Dans Jean 3.36,
nous trouvons que le verbe “croire” est employé comme s’il était synonyme d’ “obéir” : “Celui qui croit au
Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur
lui.” Actes 6.7, nous montre comment l’Église primitive concevait le salut : “une grande foule […] obéissait
à la foi”. En fait, l’obéissance est si étroitement associée à la foi qui sauve que dans Hébreux 5.9, le terme est
utilisé comme synonyme de foi : “après avoir été élevé à la perfection, [il] est devenu pour tous ceux qui lui
obéissent l’auteur d’un salut éternel”. Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, le grand traité sur la foi, fait de