La nature de la véritable foi
Tel que je suis, sans rien à moi,
Sinon ton sang versé pour moi,
Et ta voix qui m’appelle à toi,
Agneau de Dieu je viens, je viens.
Ce couplet, écrit par Charlotte Elliot au XIX-e siècle, a probablement éutilisé plus que tout autre,
comme toile de fond pour l’invitation donnée lors des réunions d’évangélisation. Ces quelques paroles
communiquent une merveilleuse réalité biblique : que les pécheurs peuvent venir à Christ tels qu’ils sont, sur
le seul fondement de la foi repentante, et qu’il les sauvera. Le Seigneur lui-même nous donna cette précieuse
promesse dans Jean 3.16 : “Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle”. Il ajouta ensuite : “je ne mettrai pas dehors celui
qui vient à moi” (Jn 6.37).
L’érosion contemporaine de l’Évangile a conduit à une déformation insidieuse de cette vérité. Quoique
la terminologie employée dans les messages modernes ressemble vaguement à celle de l’hymne “Tel que je
suis”, sa signification en est profondément différente. Le message donné aux pécheurs de nos jours est que
non seulement ils peuvent venir à Christ tels qu’ils sont, mais que le Seigneur les laissera également tels
qu’ils sont ! C’est à tort que de nombreuses personnes estiment pouvoir venir à Christ pour recevoir le par-
don des péchés et la vie éternelle, pour repartir ensuite vivre selon leur bon plaisir, décidant même “de quit-
ter Dieu et de vivre selon l’ancienne nature”.
Il y a plusieurs années, un responsable d’un organisme chrétien international destiné à la jeunesse me
demanda de regarder, avant sa distribution, un film de formation produit par ce groupe. Le sujet en était
l’évangélisation, et le film enseignait aux jeunes de ne pas dire aux non-croyants qu’ils devaient obéir à
Christ, lui donner leur cœur, lui consacrer leur vie, se repentir de leurs péchés, se soumettre à la souveraineté
du Seigneur et le suivre. D’après le film, informer les non-croyants de telles choses ne ferait que compliquer
le message de l’Évangile. Le film recommandait de ne donner que les faits objectifs relatifs à la mort de
Jésus (sans mentionner la résurrection), puis d’indiquer aux non-croyants qu’il serait bon pour eux de croire.
Pour conclure, il était indiqué que la foi qui sauve se réduisait simplement à la compréhension et à
l’acceptation des faits de l’Évangile.
J’ai un jour pris la parole dans une conférence biblique un prédicateur connu parla sur le salut. Il
prétendit que le fait d’indiquer aux non-croyants qu’ils doivent soumettre leur vie à Christ revient à prêcher
le salut par les œuvres. Il définit le salut comme étant le don inconditionnel de la vie éternelle donné à ceux
qui adhèrent aux faits relatifs à Christ, qu’ils décident de lui obéir ou non. L’un de ses points principaux était
qu’il était possible que le salut transforme le comportement d’une personne, tout autant qu’il était possible
qu’il ne le transforme pas. Selon ce prédicateur, une transformation du comportement était certainement
désirable, mais même en l’absence d’un changement de style de vie, celui qui a cru aux faits de l’Évangile
peut être assuré d’avoir obtenu le salut.
Des foules de gens viennent à Christ à de telles conditions. Croyant qu’il ne relèvera pas leur péché, ils
s’approchent de lui avec empressement, mais sans comprendre la gravité de leur culpabilité devant Dieu,
sans désir d’être libérés du joug du péché. Ils ont été dupés par la présentation d’un Évangile corrompu. On
leur a dit qu’ils pouvaient être sauvés par la foi seule, mais ils ne comprennent ni ne possèdent la foi réelle.
La prétendue foi sur laquelle ils s’appuient n’est qu’un assentiment intellectuel à une série de faits. Cette foi
ne peut pas les sauver.
PROJET D’ÉGLISE AVRIL 1999 ARTICLE 4.B
LES VERTUS THÉOLOGALES: LA FOI
Article 4.B -- page 2
La vie éternelle en échange d’une foi morte ?
Tous les types de foi ne sont pas rédempteurs. Selon Jacques 2.14-16, la foi sans les œuvres est morte
et ne peut pas sauver. Jacques décrit une foi fallacieuse comme étant une pure hypocrisie (v. 16), un simple
assentiment intellectuel (v. 19), incapable de produire des œuvres qui en seraient la preuve (v. 17,18), et
identique à ce que croient les démons (v. 19). Il est évident que la foi qui sauve ne peut pas être réduite à la
simple reconnaissance d’une série de faits. La foi sans les œuvres est inutile (v. 20).
Pourtant, certains groupes évangéliques contemporains se refusent à accepter toute association de la
foi et des œuvres. Une fois de telles limites imposées, ils sont obligés d’accepter comme authentique
n’importe quel type de profession de foi. Au moins un auteur a déclaré explicitement que la foi morte peut
sauver. Chose étonnante, l’une des interprétations populaires du chapitre 2 de Jacques est que la foi morte
est en fait une preuve du salut (on prétendrait que le fait qu’elle est morte serait bien la preuve qu’elle avait
été vivante...).
D’autres encore admettent l’inefficacité d’une prétendue foi qui ne serait qu’une adhésion
intellectuelle et stérile à la vérité, tout en hésitant à définir la foi dans des termes qui impliqueraient la
soumission ou l’engagement de notre vie. Beaucoup sont en fait convaincus que la foi et la soumission ne
sont pas liées l’une à l’autre, de par leur nature. Le concept typique de la foi la relègue au niveau d’un acte
passager qui survient dans l’esprit, d’une décision de croire aux faits de l’Évangile, de “rien de plus qu’une
réponse à l’initiative divine”.
C’est là que se trouve l’erreur de la conception de l’évangélisation à la mode actuellement. L’appel de
l’Évangile est ajouté à une explication totalement inadéquate de ce que croire signifie. La définition moderne
de la foi élimine la repentance, supprime le sens moral de la croyance, fait obstacle à l’action de la Parole de
Dieu dans le cœur du pécheur, et fait d’une confiance durable dans le Seigneur une chose facultative. Loin de
proclamer la vérité selon laquelle les œuvres ne conduisent pas au salut, la croyance facile moderne fait de la
foi elle-même une œuvre humaine, un attribut fragile et temporaire qui sera ou non durable.
Mais, l’affirmation selon laquelle il est possible d’avoir la foi au moment du salut, sans en vivre les
fruits, n’est pas fondée bibliquement. Dans 2 Timothée 2. 12, Paul aborde avec force cette question : “si nous
persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera”. La persévérance est en
effet la marque de tous ceux qui régneront avec Christ dans son royaume. Il est donc clair qu’elle est une
caractéristique des véritables croyants, tandis que la déloyauté et l’apostasie révèlent l’incrédulité d’un cœur.
Christ reniera ceux qui le renieront. Paul poursuit : si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne
peut se renier lui-même” (2 Tm 2.13). Ainsi, la fidélité de Dieu est un réconfort béni pour les croyants loyaux
et persévérants, mais un avertissement terrifiant pour les faux professants (cf. Jn 3.17,18).
La foi telle que les Écritures la décrivent
Nous avons déjà observé que la repentance est accordée par Dieu, qu’elle n’est pas une œuvre
humaine (Ac 11.18 ; 2 Tm 2.25). La foi est de même un don surnaturel de Dieu. Le texte d’Éphésiens 2.8,9
nous est familier : “Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de
vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie.” Quel est ce “don
de Dieu” mentionné par Paul ? Wescott l’appelle “l’énergie salvatrice de la foi”. Cependant, l’expression “et
cela ne vient pas de vous” n’a pas d’antécédent distinct. Le pronom grec traduit par “cela” est neutre, tandis
que le mot grec correspondant à “foi” est féminin. Il en résulte donc qu’apparemment, l’antécédent de “cela”
ne peut pas être “la foi”. Le problème est en fait l’absence d’antécédent distinct dans ce passage. Il est
possible que le pronom “cela” se rapporte au fait de croire, par référence à un antécédent qui ne serait pas
énoncé mais sous-entendu. Il est également possible que Paul ait eu à l’esprit le processus tout entier (la
grâce, la foi et le salut) en tant que don de Dieu. Chacune de ces deux possibilités reste clairement fidèle au
contexte : “Mais Dieu […], nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c’est
par grâce que vous êtes sauvés)” (Ép 2.5). Nous étions morts spirituellement jusqu’à ce que Dieu intervienne
pour nous inciter à croire. La foi fait donc partie intégrante du “don” qu’Il nous accorda dans sa grâce.
Les Écritures enseignent systématiquement que la foi ne provient pas de la volonté humaine, mais
plutôt, qu’elle est un don de Dieu accordé souverainement. Jésus a dit : “Nul ne peut venir à moi, si le Père
qui m’a envoyé ne l’attire” (Jn 6.44), et : “Nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père” (Jn
6.65). Actes 3.16 mentionne “la foi qui est par lui” [Darby]. Nous trouvons également dans Philippiens 1.29:
“car il vous a été fait la grâce, par rapport à Christ, […] de croire en lui”. Pierre écrivit également aux
Article 4.B -- page 3
croyants comme “à ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre” (2 Pi 1.1). Comment
pouvons-nous donc savoir que la foi est le don de Dieu ? Si tout ne dépendait que de nous, nous serions
incapables de croire : “Nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu” (Ro 3.11). Nous trouvons également dans
Romains 9.16: “Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait
miséricorde.” C’est Dieu qui attire le pécheur à Christ et lui donne la faculté de croire. Il nous est donc
impossible de comprendre le Sauveur et de nous approcher de lui sans une telle foi inspirée par Dieu. 1
Corinthiens 2.14 nous enseigne : “Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car
elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.” C’est
précisément la raison pour laquelle, lorsque Pierre proclama sa foi en Christ comme Fils de Dieu, Jésus lui
dit : “Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais
c’est mon Père qui est dans les cieux” (Mt 16.17). La foi est donc donnée aux croyants par Dieu lui-même,
dans sa miséricorde.
Puisqu’elle est un don de Dieu, la foi n’est ni éphémère ni impuissante. Elle est dotée d’une qualité
inhérente qui garantit qu’elle persévérera jusqu’au bout. Les paroles d’Habakuk 2.4, que nous connaissons
bien : “Le juste vivra par la foi” (cf. Ro 1.17 ; Ga 3.11 ; 10.38) font référence à une confiance active et
continue en Dieu plutôt qu’à un acte de foi passager. breux 3.14 souligne la permanence de la véritable
foi. Cette permanence même est la preuve de la réalité de la foi : “nous sommes devenus participants de
Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement”.
La foi que Dieu accorde ne peut jamais disparaître, pas plus que l’œuvre du salut ne peut être annulée. Paul
écrivit, dans Philippiens 1.6 : “Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la
rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ.” (Voir aussi 1 Co 1.8 ; Col 1.22,23.)
La foi que Dieu nous donne dans sa grâce produit à la fois la volonté et la faculté de se soumettre à sa
volonté (cf. Pp 2.13 : “car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir”). La foi
ne peut donc être séparée de l’obéissance. Berkhof voit trois aspects à la véritable foi : un élément
intellectuel (notitia), soit “la reconnaissance certaine de la vérité”, un élément affectif (assensus), qui
comprend “une profonde conviction quant à la vérité “et une affirmation de cette vérité”, et enfin un élément
volontaire (fiducia), qui fait appel à “une confiance personnelle en Christ comme Sauveur et Seigneur, et qui
comprend la soumission [...] à Christ”. La théologie populaire moderne tend à reconnaître notitia, et souvent
aussi assensus, mais à éliminer fiducia. La foi n’est cependant pas authentique si cette attitude de soumission
à l’autorité de Christ lui fait défaut.
Dans son commentaire sur le verbe “obéir” (peiths), W. E. Vine remarque : Peitho et pisteuo, qui
signifient “avoir confiance en”, sont proches du point de vue étymologique ; la différence de sens étant que
celui-là fait référence à l’obéissance produite par celui-ci ; voir Hébreux 3.18,19, où il est dit que la
désobéissance des Israélites était la preuve de leur incrédulité […]. Lorsqu’un homme obéit à Dieu, il donne
la seule preuve possible que dans son cœur il a cru en Dieu […]. Peitho, dans le Nouveau Testament, fait
allusion au résultat réel et extérieur de la persuasion intérieure et de la foi qui en résulte.
Ainsi, le croyant a le profond désir d’obéir. Puisque nous gardons les vestiges de la chair pécheresse,
personne n’obéira jamais parfaitement (cf. 2 Co 7.1 ; 1 Ts 3.10) ; toutefois, le désir de faire la volonté de
Dieu sera toujours une réalité pour les véritables croyants (cf. Ro 7.1 8). Nous trouvons donc la raison
pour laquelle la foi et l’obéissance sont si étroitement associées dans l’ensemble des Écritures.
Tout concept de la foi impliquant qu’elle ne conduit pas à une soumission de la volonté, déforme le
message du salut. Paul mentionna l’Évangile comme une chose à laquelle on obéit (Ro 10.16 ; 2 Ts 1.8). Il
décrivit la conversion en ces termes : “après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de cœur” (Ro 6.17).
Lors de son ministère d’évangélisation, le but auquel il tendait était l’obéissance, par la parole et par les
actes” (Ro 15.18), et c’est à plusieurs reprises qu’il emploie l’expression “l’obéissance de la foi(Ro 1.5;
16.26).
Il est donc évident que le concept biblique est que la foi doit conduire à l’obéissance. Dans Jean 3.36,
nous trouvons que le verbe “croire” est employé comme s’il était synonyme d’ “obéir” : “Celui qui croit au
Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur
lui.” Actes 6.7, nous montre comment l’Église primitive concevait le salut : “une grande foule […] obéissait
à la foi”. En fait, l’obéissance est si étroitement associée à la foi qui sauve que dans Hébreux 5.9, le terme est
utilisé comme synonyme de foi : “après avoir été élevé à la perfection, [il] est devenu pour tous ceux qui lui
obéissent l’auteur d’un salut éternel”. Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, le grand traité sur la foi, fait de
Article 4.B -- page 4
l’obéissance la conséquence nécessaire de la foi : “C’est par la foi qu’Abraham [...] obéit” (11.8), et non
pas seulement pour Abraham. Tous les héros de la foi mentionnés au chapitre 11 de l’épître aux Hébreux
démontrèrent la réalité de leur foi par l’obéissance.
L’obéissance est la manifestation nécessaire de la véritable foi. Paul en avait parfaitement conscience
lorsqu’il écrivit à Tite au sujet de “ceux qui sont souillés et incrédules. […] Ils font profession de connaître
Dieu, mais ils le renient par leurs œuvres” (Tt 1.15,16). Aux yeux de Paul, leur désobéissance continue était
la preuve de leur incrédulité. Leurs actions reniaient Dieu bien plus que leurs paroles ne le proclamaient. Une
telle attitude est caractéristique de l’incrédulité, et non de la foi, car la véritable foi produit toujours des
œuvres de justice. Comme les Réformateurs aimaient le dire, nous sommes justifiés par la foi seule, mais la
foi justificatrice n’est jamais seule. Pour reprendre les paroles de Spurgeon : “Bien que nous ayons la
certitude que les hommes ne sont pas sauvés en raison de leurs œuvres, nous sommes tout aussi convaincus
que personne ne peut être sauvé sans elles.” La véritable foi n’est manifeste que dans l’obéissance.
Pour les chrétiens du premier siècle, la foi et la fidélité n’étaient pas des concepts fort différents. En
fait, le même terme est traduit par ces deux mots dans notre Bible. Dans son commentaire sur l’épître aux
Galates, Lightfoot écrit au sujet de la foi : “Le terme grec pistis […] et le mot “foi” se rapprochent de ces
deux sens ; la confiance, c’est-à-dire l’état d’esprit qui s’appuie sur autrui, et la loyauté, c’est-à-dire l’état
d’esprit sur lequel on peut s’appuyer. Ces deux mots sont proches du point de vue grammatical, en tant
qu’actif et passif du même terme, ou du point de vue de la logique, en tant que sujet et objet du même acte ;
mais il existe aussi une affinité morale entre les deux. La fidélité, la constance, la fermeté, l’assurance, la
confiance et la croyance sont les maillons de la chaîne qui relie les deux extrêmes, le sens passif et le sens
actif de la “foi”. En raison de ces associations, les deux sens sont liés l’un à l’autre à un tel point qu’ils ne
peuvent être parés que par quelque distinction arbitraire […]. En fait, la perte de précision grammaticale
est souvent largement compensée par le gain de la profondeur théologique obtenue. Dans le cas des
“fidèles”, par exemple, les deux qualités du cœur ne sont-elles pas étroitement liées l’une à l’autre, de telle
sorte que ceux qui sont remplis de confiance sont également dignes de confiance, et que ceux qui ont foi en
Dieu sont fermes et inébranlables dans l’accomplissement du devoir ?”
C’est donc ainsi que les fidèles (ceux qui croient) sont fidèles (obéissants). “La fidélité, la constance,
la fermeté, l’assurance, la confiance et la croyance” font toutes partie intégrante du concept de la foi. Une vie
droite est la conséquence inéluctable de la véritable foi (Ro 10.10).
Cela ne revient bien sûr pas à dire que la foi a pour aboutissement une pure perfection. Tous les
croyants véritables comprennent l’appel désespé du père de l’enfant démoniaque : “Je crois ! viens au
secours de mon incrédulité !” (Mc 9.24). Ceux qui croient ont le désir d’obéir, même si parfois ils suivent le
Seigneur de façon imparfaite. La prétendue foi en Dieu qui n’a pas pour résultat un tel désir sincère de se
soumettre à sa volonté, n’a rien à voir avec la foi. Tout état d’esprit qui rejette l’obéissance n’est qu’une pure
et simple incrédulité.
La foi telle que Jésus la présenta
Plus qu’aucun autre passage des Écritures, les Béatitudes (Mt 5.3-12) révèlent la nature de la véritable
foi. Ces traits de caractère : la pauvred’esprit, la faim et la soif de la justice, la pureté de cœur, et les
autres, ne sont pas juste une norme légale impossible à atteindre. Ce sont les caractéristiques communes à
tous ceux qui croient. La première des Béatitudes ne laisse aucun doute quant à l’identité des personnes dont
le Seigneur parlait : “Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !” (Mt 5.3). Il
décrivait les rachetés, ceux qui ont cru, ceux qui font partie du royaume. Nous trouvons dans ce passage une
description de la nature de leur foi.
Sa caractéristique fondamentale est l’humilité : une pauvreté d’esprit, un esprit brisé qui reconnaît son
échec spirituel. Les vrais croyants se considèrent pécheurs ; ils savent qu’ils n’ont rien à offrir à Dieu qui
pourrait acheter sa faveur. C’est bien la raison pour laquelle ils sont affligés (v. 4), de la tristesse qui
accompagne la véritable repentance. Elle brise le croyant au point de le rendre débonnaire (v. 5). Il a alors
faim et soif de justice (v. 6). Au fur et à mesure que le Seigneur répond à cette faim, il rend le croyant
miséricordieux (v. 7), pur de cœur (v. 8) et en fait un artisan de la paix (v. 9). Le croyant est en fin de compte
persécuté et injurié pour la justice (v. 10).
C’est donc ainsi que Jésus décrivit le véritable croyant. Chacune des caractéristiques qu’il mentionne,
en commençant par l’humilité qui se concrétise dans l’obéissance, découle de la véritable foi. Remarquons
Article 4.B -- page 5
de plus que l’obéissance de la foi n’est pas seulement externe ; elle provient aussi du cœur. C’est la raison
pour laquelle la justice de ceux qui la possèdent surpasse celle des scribes et des pharisiens (v. 20). Jésus
continua en définissant la véritable justice - celle qui est née de la foi (cf. Ro 10.6) - comme obéissance non
seulement à la lettre de la loi, mais aussi à son esprit (v. 21-48). Ce type de justice ne se contente pas d’éviter
l’adultère : elle ne tolère pas non plus les pensées adultères. Elle échappe à la haine comme au meurtre.
Si le lecteur reconnaît que la norme de Dieu est beaucoup plus élevée que ce qu’il pourrait espérer
atteindre, c’est qu’il se trouve sur la voie de la bénédiction mentionnée par sus dans les Béatitudes. Une
telle bénédiction commence par l’humilité qui provient d’un sentiment de dénuement spirituel total, par la
reconnaissance du fait que nous sommes pauvres en esprit. Elle se transforme inévitablement en juste
obéissance. Ce sont donc les caractéristiques de la vie surnaturelle. Elles ne peuvent exister sans la foi, et
il est impossible que ces caractéristiques communes à tous ceux qui font partie du royaume manquent
totalement à une personne dotée de la véritable foi (Mt 5.3).
Pour illustrer la nature de la foi qui sauve, Jésus prit un petit enfant, le plaça au milieu des disciples, et
dit : “Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants,
vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux” (Mt 18.3). L’enfant était en effet l’illustration parfaite de
l’humilité soumise, un exemple vivant de la foi qui sauve.
Jésus employa un tel exemple pour nous enseigner que si nous persistons à garder les droits qu’ont les
adultes (en faire à notre tête, selon notre bon plaisir, diriger notre propre vie), nous ne pourrons pas entrer
dans le royaume des cieux. Par contre, si nous sommes prêts à venir à lui avec une foi d’enfant, et à recevoir
le salut avec l’humilité qui est celle des enfants, avec le désir de nous soumettre à l’autorité de Christ, alors
nous venons avec la bonne attitude.
Jésus dit : “Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie
éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main” (Jn 10.27,28). Qui sont les vraies
brebis ? Celles qui suivent le berger. Quelles sont celles qui le suivent ? Celles qui ont reçoivent la vie
éternelle.
La foi obéit ; l’incrédulité se rebelle. C’est la direction de sa vie qui révèle si quelqu’un est croyant ou
non. Le compromis n’est pas possible. La simple connaissance de quelques faits, et l’adhésion à ces faits
sans obéissance à la vérité, ne sont pas la foi au sens biblique du terme. Ceux qui s’accrochent au souvenir
d’une décision “de foi” passagère mais ne donnent pas la preuve extérieure des fruits de la foi feraient bien
de prêter attention à 1’avertissement solennel des Écritures : “celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la
vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui” (Jn 3.36).
“L’évangile selon Jésus”, John F. Mac Arthur, pp. 223-234, Ed.Impact
La foi et le véritable disciple
Ceux qui enseignent que l’obéissance et la soumission n’ont rien à voir avec la foi qui sauve, sont
obligés de faire une distinction nette mais non biblique entre le salut et le fait d’être disciple. Cette dichoto-
mie, tout comme celle qui distingue le chrétien charnel du chrétien spirituel, définit deux catégories de chré-
tiens : ceux qui sont seulement croyants, et ceux qui sont de véritables disciples. Ceux qui prennent une telle
position rejettent l’intention évangélisatrice de pratiquement toutes les invitations faites par Jésus et dont
nous avons le récit ; selon eux, ces invitations s’appliquent au fait d’être disciple, et non au salut. Un auteur
commente cette position en ces termes : “Aucune distinction n’est plus cruciale pour la théologie, plus fon-
damentale pour une bonne compréhension du Nouveau Testament, ni plus pertinente pour la vie et le témoi-
gnage de chaque croyant.”
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