Version du 29 octobre 2007

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Version du 4 juin 2015
NOTES POUR UN
PROJET D’ALLOCUTION
DE LA MINISTRE DES RELATIONS INTERNATIONALES
ET DE LA FRANCOPHONIE,
MADAME CHRISTINE ST-PIERRE
DANS LE CADRE DU
FORUM ÉCONOMIQUE INTERNATIONAL DES AMÉRIQUES
UNE STRATÉGIE ÉCONOMIQUE POUR LA FRANCOPHONIE
Montréal, le 9 juin 2015
Monsieur le Ministre du Développement international et de la
Francophonie du Canada,
Monsieur le Directeur de la Francophonie économique à l’OIF,
Monsieur le Directeur de cabinet du président de la Banque ouestafricaine de développement,
Monsieur le Directeur des Études et des Prévisions financières du
ministère de l’Économie et des Finances du Maroc,
Monsieur le Consultant principal de CITC-Investment & Trade
Consultants,
Monsieur le Président de la Bourse des valeurs du Cameroun, et
Secrétaire
général
de
la
Fédération
des
Associations
professionnelles des établissements de crédit de la CEMAC,
Madame la Présidente-Directrice générale de Développement
international Desjardins,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Le XVe Sommet de la Francophonie, tenu en novembre dernier à
Dakar, est à marquer d’une pierre blanche à plusieurs égards, dont
l’adoption d’une Stratégie économique pour la Francophonie n’est
pas le moindre.
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Voilà que pour la première fois, collectivement, les États et
gouvernements membres de l’Organisation internationale de la
Francophonie
s’entendent
pour
favoriser
un
développement
économique, équitable et durable, de l’espace francophone.
Cette orientation s’inscrit dans un environnement qui change.
L’Afrique, qui rassemble une majorité des pays francophones, se
classe au deuxième rang des continents pour le rythme de
croissance économique.
L’Afrique récolte le dividende, comme avant elle l’Europe, l’Amérique
et l’Asie, de l’effet conjugué d’un grand nombre de jeunes adultes et
de la baisse de la natalité dans certains des pays africains les plus
avancés, comme le Sénégal.
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Toutefois, les enjeux de santé, de sécurité alimentaire, d’éducation,
de formation, d’emploi, d’industrialisation et de compétitivité restent
extrêmement
importants,
et
plusieurs
populations
africaines
demeurent parmi les plus vulnérables aux chocs économiques ou
environnementaux.
La
gouvernance
démocratique
demeure
également une préoccupation dans certains pays.
Il n’y a pas une, mais bien des Afriques, contraintes d’agir sur tous
les fronts à la fois. Aussi, tout partenaire est-il le bienvenu, dans un
rapport mutuellement bénéfique.
Or, la Francophonie est précisément un espace qui permet ce genre
de partenariat. Beaucoup de nos forces sont complémentaires et le
potentiel de développement qui en découle pourrait être proprement
étonnant.
L’adoption de la Stratégie économique pour la Francophonie vise un
développement axé sur la création d'emplois pour les jeunes et les
femmes et reconnaît le rôle complémentaire des entreprises
traditionnelles et d’économie sociale.
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La Stratégie économique pour la Francophonie a deux axes : elle
promeut une économie centrée sur l’individu et renforce l’espace
économique francophone en favorisant un espace d’échanges, de
coopération et de solidarité.
La stratégie vise l’insertion des jeunes et des femmes, la mobilité des
entrepreneurs, la circulation de l’innovation, la consolidation des
réseaux
d’institutions,
de
professionnels
et
d’entrepreneurs,
l’intégration et la coopération régionale.
Le Gouvernement du Québec souhaite donner une impulsion à la
mise en œuvre de la stratégie en se donnant des orientations autour
de cinq thèmes : le développement des affaires, les femmes, les
jeunes, la formation professionnelle et technique et, enfin, l’économie
sociale.
Ainsi, nous encourageons nos entreprises et nos institutions à
dynamiser
leurs
échanges,
leurs
investissements
et
leurs
partenariats avec les pays de l’Afrique francophone.
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Et nous les encourageons à le faire de manière responsable, en
prenant en compte les effets de leurs activités sur l’environnement
dans lequel ils viennent s’insérer.
Les entrepreneurs et les gens d’affaires ont en effet un devoir de
responsabilité
à
l’endroit
de
leur
environnement,
de
leur
communauté, de leurs employés. Leur rôle dans la cohésion sociale
est réel et doit être reconnu.
La responsabilité sociale des entreprises doit s’incarner dans leurs
activités réelles. Elle doit faciliter la participation des populations
locales, pour une croissance plus inclusive. Elle doit faire appel à la
concertation avec les autorités publiques, en toute transparence.
Les
entreprises
québécoises
à
l’étranger
sont
des
« ambassadrices ». Elles sont une carte de visite du Québec. Elles
en façonnent l’image et la réputation.
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Nos activités internationales doivent donc se faire dans le plus grand
respect de nos partenaires nationaux et locaux. Sur le long terme,
cette responsabilité sociale est susceptible d’assurer une plus grande
compétitivité des entreprises qui feront le choix stratégique de
s’investir dans une telle démarche.
Par ailleurs, les actions du Québec se réaliseront en concordance
avec la Politique économique du Québec, notamment en regard des
exportations de biens et de services pour une meilleure prospérité du
Québec, et elles favoriseront la mise en œuvre de la Stratégie
économique pour la Francophonie.
Nous comptons donc poursuivre les missions économiques et
l’organisation d’événements de réseautage.
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En ce moment même, une délégation de plus d’une douzaine
d’entreprises québécoises effectue une mission économique de
nature multisectorielle en Côte d’Ivoire, avec un accent sur les
infrastructures, organisée par le ministère de l’Économie, de
l’Innovation et des Exportations du Québec. Une autre mission
économique, organisée par ce même ministère, se déroulera dans
les semaines du 15 et du 22 juin, au Cameroun et au Sénégal; elle
compte, elle aussi, plus d’une dizaine d’entreprises et d’organisations
québécoises. Il s’agira notamment d’offrir des services aux
entreprises africaines en gestion, en formation et en génie-conseil.
Nous organiserons aussi deux ou trois missions au cours des
prochains mois en Afrique.
Plusieurs des contrats attribués aux entreprises québécoises sont
financés par les institutions financières internationales, incluant la
Banque africaine de développement.
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Enfin, dans un redéploiement de notre réseau, qui prend en compte à
la fois les priorités du gouvernement et l’évolution de la géographie
économique mondiale, nous avons fait le choix d’implanter une
représentation à Dakar, ouverte à nos entreprises et à nos
partenaires sénégalais.
Par ailleurs, si la Stratégie économique met l’accent sur les femmes,
c’est que ces dernières sont des créatrices de richesses et leur
autonomisation économique contribue à la croissance tant des
économies que des entreprises locales.
Leur pleine contribution au développement économique des pays du
Sud doit être favorisée, notamment par la mobilisation politique des
États et gouvernements, par le renforcement de l’accès des femmes
aux leviers d’influence des pouvoirs ainsi que par des activités de
formation à l’entrepreneuriat, à l’économie et aux normes.
Il faut favoriser l’émergence d’une génération de femmes plus
conscientes de leur rôle, de leurs droits, de leurs responsabilités et
de leurs capacités à contribuer à l’essor de l’Afrique francophone.
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Au dernier Sommet de la Francophonie, j’ai été ravie de rencontrer
de jeunes Sénégalaises ayant participé au volet réciprocité du
programme Québec sans frontières. Et tout aussi ravie de prendre
part, à Thiès, à une activité de valorisation d’un projet de formation
aux métiers avicoles financé par notre Programme québécois de
développement international.
Ces moments forts m’ont permis de saisir toute la portée des actions
menées dans ce pays par nos organismes de coopération
internationale. J’ai pu constater avec fierté que ces initiatives ont un
effet important sur les conditions de vie de milliers de personnes, en
particulier celles des femmes.
Car nous avons fait de la condition des femmes une priorité de notre
solidarité. Et nous en faisons une promotion dans cet espace de
solidarité qu’est la Francophonie, puisqu’il est reconnu, en effet, que
réduire les inégalités de genre est un des moyens les plus efficaces
de lutter contre la pauvreté.
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On sait que l’égalité véritable ne s’incarne que lorsque les femmes
accèdent à l’autonomie économique.
Par ailleurs, l’accroissement démographique accentue le poids des
jeunes. La Francophonie s’est ainsi dotée, lors de son XVe Sommet,
d’une Stratégie jeunesse de la Francophonie, qui est complémentaire
à la Stratégie économique.
Le Gouvernement du Québec travaille déjà à la mise en œuvre de
cette Stratégie jeunesse, ayant collaboré étroitement à l’élaboration
d’un projet d’envergure avec l’OIF, qui permettra non seulement de
tirer profit du partage des meilleures pratiques en matière de
politiques jeunesse dans l’espace francophone, mais aussi de
développer des outils pour les gouvernements membres de
l’Organisation internationale de la Francophonie.
Ces outils faciliteront l’élaboration et la mise en œuvre de politiques
jeunesses,
notamment
en
matière
d’employabilité
ou
de
développement de l’entrepreneuriat.
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L’avenir de la Francophonie économique repose en grande partie sur
sa jeunesse, sa capacité d’innovation et son esprit d’entreprise, alors
même que les jeunes des pays du Sud rencontrent d’importants défis
d’insertion socioéconomique.
Les enjeux relatifs à l’éducation citoyenne et économique des jeunes,
à la formation entrepreneuriale, à la mobilité et à l’accès aux moyens
d’information et de communication sont au cœur de la Stratégie.
La formation professionnelle et technique est une condition
essentielle de durabilité des retombées de la coopération et des
partenariats dans les pays du Sud. Elle contribue à la création
d’emplois décents, à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes et à
l’autonomisation économique des femmes.
Le Québec peut y contribuer en partageant son expertise et ses
savoir-faire, en tenant compte des besoins des populations et des
marchés du continent africain.
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Sur un autre plan, l’économie sociale est un important vecteur de
développement local et de vitalité territoriale. L’expertise québécoise
peut être, encore là, partagée.
Enfin, s’il n’existe aucun accord de libre-échange entre le Canada et
des pays d’Afrique francophone, le Canada a, toutefois, conclu ou
négocié des accords sur la protection des investissements étrangers
avec neuf pays africains : le Bénin, l’Égypte, le Burkina Faso, le
Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, la Guinée et
Madagascar.
Nous ouvrons, en somme, un chapitre de la jeune histoire de la
Francophonie, où nous allons profiter plus que jamais de nos forces
respectives pour relever des défis sur plusieurs fronts et nous tailler
un avenir enviable.
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L’évolution observée dans plusieurs pays africains, tout comme les
ambitions économiques de la Francophonie, nous amène à affirmer
notre engagement d’une manière structurée, intégrée, cohérente et
inscrite dans le long terme.
Je vous remercie de votre attention.
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