Mais les techniques de forage ont essentiellement été mises au point dans le domaine de la
recherche pétrolière. Or, il s'agit de réaliser un forage dans des roches granitiques chaudes. Le
matériel et les techniques ont du être adaptés à ce type de circonstances.
Un forage commence toujours avec un trou relativement large (20 pouces) pour diminuer de
diamètre jusqu'à 8 pouces au fond du puits. Le trépan tourne sous l'action de l'eau ou boue
envoyée au centre de l'axe. Les boues chargées des sédiments forés remontent sur les cotés.
Des tiges de 9à 10 mètres sont ajoutées sur l'axe au fur et à mesure de la descente. Lorsque la
tête est usée, la remontée de l'ensemble des tiges + redescente d'une nouvelle tête est une
opération longue et coûteuse pouvant prendre plusieurs semaines.
Jusqu'à 8 ou 900m, on creuse dans des sédiments et du calcaire, entre 900 et 1200m dans du
grès, au delà commence le granit avec des compositions et couleurs différentes, et la pré-
sence ou non de fractures naturelles.
La science des ingénieurs « boueux ».
Dans le puits GPK2, à -2167m, une fracture occasionnait la perte de l'eau injectée et donc
compromettait la rotation de la tête. C'est là qu'a du intervenir la science de l'ingénieur
« boueux » dont le rôle primordial consiste à définir la composition des mélanges injectés en
fonction des couches traversées. Apres de longs mois d'effort la fracture a pu être cimentée
par un mélange où entrent des coquilles de noix, des cendres et de la bentonite. Le forage a
pu reprendre.
Les surprises du gradient.
Deuxième surprise de taille : Le gradient de 5 à 6 °C/ 100m si prometteur s'infléchit dans les
couches plus profondes. L'extrapolation qui avait laissé supposer l'atteinte des 200 °C vers
3500m ne s'est pas vérifiée puisqu'à cette profondeur, la température n'était que de 143 °C.
Il a donc fallu poursuivre les forages au delà de 5000m pour atteindre finalement les 200 °C.
Réveiller les fractures naturelles.
Pour réveiller les fractures naturelles présentes dans le granite, la technique consiste à envoyer
dans le puits de forage de l'eau froide très pure à forte pression (entre 150 et 500 bars). Le choc
thermique associé à la pression font éclater la roche et ré-ouvrent les failles. Ces mouvements
souterrains ont le même effet que des mini-séismes tout à fait mesurables et parfois hélas per-
ceptibles. Les premiers essais réussis de fracturation ont été obtenus avec une injection de 80
000 m3 d'eau à 150 bars et 10l/s. Ils se sont traduits par quelques secousses de 2,5 degrés sur
l'échelle de Richter.
La cause du tremblement de terre artificiel qui a eu lieu en Suisse dernièrement (3,6 ech de
Richter) lors d'essais similaires était du à une montée en pression trop rapide à 500 bars pour
obtenir l'éclatement des roches. De tels événements mettant en lumière les dangers potentiels
de ce genre d'exploitation et provoquant des plaintes risquent d'entamer la crédibilité de
cette filière. D'où l'importance de conserver une maîtrise scientifique et une démarche pru-
dente et progressive pour ces premières expérimentations même si elle est coûteuse et retarde
d'autant en apparence le début de l'exploitation.
Un réseau de capteurs sismiques a été créé sur tout le secteur avec le concours de l'IPG (Insti-
tut de Physique du Globe) et l'EOST (Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre) pour ob-
server, mesurer, quantifier ces effets. 40 à 50 micro-évènements même hors forage sont enre-
gistrés par jour.
D'autres instruments scientifiques ont également été mis en oeuvre pour le sondage sismique
et électrique, pour détecter le sens d'ouverture des failles et affiner la connaissance géolo-
gique de ces couches profondes.
Le handicap du pétrole