UE 103 « Introduction aux Sciences Humaines 1 »
CM « Introduction à la Sociologie de l’éducation »
G. Espinosa
protégeait, l’école de la IIIème République.
Les enseignements primaires et secondaires ne sont plus institutionnellement
cloisonnés. Le système scolaire prend en charge la formation professionnelle des
enfants du peuple, tout comme leur formation générale.
L’école de Jules Ferry est morte.
Un système scolaire nouveau se construit, et occupe la place centrale dans un
système éducatif avec lequel il tend de plus en plus à se confondre.
Ce système scolaire moderne est un système en pleine expansion, qui
scolarise toujours plus de jeunes,
embauche toujours plus d’enseignants,
construit toujours plus de locaux.
L’enseignement secondaire s’ouvre : en 1969, 95 % des jeunes de la génération
concernée entrent en 6ème.
L’école
accueille les jeunes plus tôt,
les garde plus longtemps,
forme les cadres, les techniciens et les ouvriers qualifiés qui manquaient à
l’économie.
Elle sert la modernisation technique et économique en dirigeant une part croissante
des jeunes vers des études mathématiques, scientifiques ou techniques et en
développant les BEP, soucieux d’adaptabilité, de mobilité et de polyvalence.
Au total, le système scolaire élève le niveau de formation de la population et
forme la main-d’œuvre diversifiée et hiérarchisée qu’on lui réclame.
C’est donc un système conquérant, et non une vieille dame poussive, sénile, archaïque, qui entrerait
en crise.
C’est un système scolaire en expansion, qui certes garde quelques traits de son
aïeule de la IIIème République mais qui pour l’essentiel est adapté aux besoins de la
société bourgeoise moderne.
En ce sens, on se trompe totalement quand on attribue la crise de l’école à son
archaïsme ou à son incapacité à s’adapter aux évolutions économiques et
sociales.
L’école, au contraire, n’est plus, comme celle de la IIIème République, protégée par
une double dissociation, elle est désormais directement articulée à la réalité
économique et sociale, et donc exposée aux contradictions sociales et aux à-coups
économiques, ouverte sur des problèmes nouveaux et très sensibles, confrontée à
des attentes inconciliables.
Répétées de façon incantatoire [qui forme une incantation, c-à-d l’emploi de paroles magiques et/ou
l’action d’enchanter, d’agir avec force par l’émotion] ou mécanique que la solution à la crise de l’école
passe par son ouverture sur la vie, c’est dire n’importe quoi, par naïveté, par défaut
d’analyse ou avec une intention mystificatrice : l’école est déjà ouverte sur la vie,
c’est précisément pour cela qu’elle est en crise.