Feux de forêt en Haute-Mauricie : informations de santé publique Feu de forêt Le bois à l’état naturel est un combustible qui s’enflamme assez facilement (il prend feu entre 275°c et 350°c). Un incendie de forêt génère beaucoup de fumée, car les conditions naturelles nuisent à l'efficacité des processus de combustion. Les analyses de cette fumée très complexe ont permis d’identifier plus de 200 composés, dont certains sont dangereux pour la santé. Les principaux polluants dégagés sont le dioxyde de carbone (CO2), le monoxyde de carbone (CO), les particules fines, l’ozone, les hydrocarbures, les composés organiques volatils (COV), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les oxydes d'azote (NOx) et de nombreux produits irritants (ex. acroléine). La diffusion de la fumée dépend à la fois du vent et de la température de l'air en surface. La fumée est dense lorsque le vent est calme et que la température de l'air en surface est plus fraîche que celle de l'atmosphère supérieure. Mais lorsque l'air est instable et venteux, la fumée peut être transportée jusqu'à plusieurs kilomètres en aval du foyer. Il peut même arriver que les caractéristiques météorologiques aient pour effet de transporter et d'immobiliser la fumée loin du foyer de l'incendie, alors que les régions proches de celui-ci en seront relativement préservées. Population à risque Qui sont les personnes plus à risque : Asthmatiques MPOC (bronchite chronique et emphysème) Problèmes cardiaques :ex. : angine Personnes âgées Jeunes enfants et particulièrement de moins de 2 ans Personnes qui font des efforts intenses à l’extérieur durant l’événement Effets à la santé La fumée produite par un incendie s'élève sous la forme d'un panache composé de liquides, de gaz et de particules de différentes dimensions. Les petites particules qui s'élèvent avec la fumée, et l'ozone peuvent s'introduire facilement dans les poumons par les voies respiratoires et causer des problèmes de santé. Effets sur la santé à court terme : 1 Irritation yeux, nez, gorge Toux Crachats Serrement au niveau de la poitrine Nez qui coule Mal de tête Fatigue Vertiges Nausées Respiration plus rapide et plus difficile Augmentation de la fréquence cardiaque jusqu’à des arythmies (palpitations) Impression d’ébriété Troubles visuels Peut aller jusqu’à confusion, perte de conscience, coma et convulsions Effets à moyen terme (retardés) (jusqu’ à 28 jours) Manifestations neurologiques : symptômes parkinsoniens (tremblements, lenteur et rigidité, problèmes d’équilibre, rigidité musculaire), atteintes cognitives et comportementales Lorsque le panache redescend, l’exposition à l’ozone peut entraîner une augmentation des consultations à l’urgence pour problèmes respiratoires ou cardiaques Œdème pulmonaire lésionnel (exposition à l’acroléine) Mesures préventives Quoi faire ? Pour éviter ces inconvénients, il est recommandé aux personnes à risques de restreindre leurs activités, notamment d’éviter toute activité physique intense à l’extérieur durant cette période. Pour les personnes incommodées par la fumée, o Rester à l’intérieur, o Fermer les fenêtres o Fermer l’échangeur d’air Suivre les consignes d’évacuation lorsque demandé par la sécurité civile Advenant une évacuation à travers un nuage de fumée, respirer à travers un linge mouillé placé devant la bouche et la nez pour éviter d'inhaler la fumée. Si, malgré toutes ces mesures, certains malaises persistent ou s’accentuent, consulter Info Santé (811). 2 Protection respiratoire Population Comment respirer si les vents poussent une épaisse fumée dans votre direction? Respirez à travers un linge mouillé placé devant la bouche et le nez pour éviter d'inhaler la fumée. Si vous avez des problèmes de santé, particulièrement des maladies cardiaques ou respiratoires, avisez les services d’urgence de La Tuque (819-523-5601) dès l’apparition de la fumée pour savoir si vous devez évacuer. Pompiers forestiers Les seuls respirateurs approuvés par le NIOSH présentement disponibles et susceptibles d’être utilisés par les pompiers forestiers sont des appareils respiratoires filtrants (ARF) ou des appareils respiratoires filtrants à air propulsé (ARFAP) (Tableau en annexe). Un ARF de type demi-masque à pression négative offre un facteur de protection (APF) de 10, alors qu’un masque complet offre un APF de 50 et protège aussi les yeux. La protection des yeux pourrait être nécessaire puisqu’on a constaté que les pompiers forestiers étaient parfois surexposés à des irritants, notamment le formaldéhyde. Tous les types d’ARF réduisent la capacité de travail des pompiers forestiers. Les appareils respiratoires filtrants à air propulsé (ARFAP) sont des appareils à pression positive qui offrent des facteurs de protection accrus (APF de 50 pour le demi-masque, et de 1 000 pour le masque complet) et une résistance respiratoire réduite, ce qui est particulièrement important à des niveaux d’effort élevés. Les appareils de protection respiratoire devraient toujours être utilisés avec un détecteur de monoxyde de carbone réglé pour produire une alarme sonore vibrante lorsque la limite d’exposition professionnelle au CO est dépassée (35 ppm sur 8 heures ou 200 ppm sur 15 minutes). Autres travailleurs Ils peuvent utiliser un appareil de protection respiratoire anti-poussières jetable de type N-95 certifié par le NIOSH principalement pour se protéger des particules. Par contre, selon l’ampleur du problème, il faudra évaluer la possibilité d’évacuation. Les travailleurs devraient référer au chef pompier responsable de la situation. Référence téléphonique : Communiquer au 819-523-5601 pour de l’information générale de la situation des incendies dans la région de la Tuque. Communiquer avec Info-Santé 811 pour toutes questions relatives à votre état de santé. 3 Annexe 1. Tableau des appareils de respirations Référence : http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/R-571.pdf 4 Annexe 2. Informations médicales Que faire sur les lieux du sinistre ? La rapidité d'apparition des effets toxiques des fumées impose une évaluation très précoce de l'état clinique des victimes. La situation se complique par le fait que ces accidents ont le plus souvent un caractère collectif. Les aspects cliniques sont très variés et souvent trompeurs. Ils sont l'expression des phénomènes hypoxiques (aggravés par la perturbation des échanges gazeux), irritatifs et toxiques tant locaux que systémiques. Le bilan circonstanciel Son intérêt est fondamental. Il repose sur l'interrogatoire des victimes conscientes afin de tenter de déterminer le nombre de personnes présentes sur le lieu du sinistre ainsi que les circonstances de l'accident (explosion, suicide avec intoxication associée, ...). Le principal élément pronostique repose sur la notion de présence de fumées à l'intérieur d'un espace clos. Il faut penser à prévenir le sur-accident (vapeurs sous pression, toxiques industriels) notamment s'il s'agit d'un local professionnel. On doit également s'assurer de la sécurité des intervenants (port systématique de l'appareil respiratoire isolant). La prise en charge pré-hospitalière Les objectifs initiaux de la prise en charge comportent l'extraction des victimes du milieu toxique, le maintien des fonctions vitales (conscience, ventilation, circulation), l'oxygénothérapie précoce, la confirmation du diagnostic d'inhalation de fumées et la prévention des lésions respiratoires ou toxiques d'apparition retardée. La demi-vie sanguine de certains toxiques étant courte (cyanure), les prélèvements sanguins doivent être effectués immédiatement (deux tubes héparinés au moins pour le dosage du monoxyde de carbone et du cyanure). L'état de conscience : Dès l'arrivée sur les lieux du sinistre, on doit s'attacher à rechercher toute altération, même transitoire, de l'état de conscience des victimes (coma, syndrome confusionnel, agressivité, ...). Il convient également d'en noter l'évolution au cours du temps. On prendra également en compte l'existence de céphalées ou de vomissements (intoxication au C0). L'état ventilatoire : Il faut, le plus rapidement possible, libérer les voies aériennes et administrer de l'oxygène à fort débit (10 l/mn à l'aide d'un masque à haute concentration) chez toutes les victimes en respiration spontanée ayant été exposées aux fumées d'incendie. Si la victime est consciente, on l'installera préférentiellement en position demi-assise (en l'absence de lésions traumatiques associées). Si la victime est inconsciente et qu'elle ventile, elle sera placée en position latérale de sécurité (PLS), 5 dans l'attente de l'arrivée d'une équipe médicale pouvant effectuer une intubation endotrachéale, dont les indications sont très larges dans ce contexte. Lorsque l'intubation est indiquée, elle doit être réalisée rapidement, en particulier lorsqu'on retrouve des brûlures de la face et du cou ou lorsque l'on suspecte la présence de lésions thermiques de l'arbre respiratoire (présence de suies oropharyngées). Le risque majeur réside dans l'apparition d'un œdème rendant impossible l'intubation si elle a été différée trop longtemps. La dysphonie constitue également un signe de gravité dans la mesure où elle témoigne de la constitution d'un œdème laryngé. Remarquons que la cyanose constitue un piètre signe diagnostique dans la mesure où elle peut manquer, même en cas de détresse respiratoire avérée, lorsqu'une intoxication oxycarbonée est associée. L'oxymétrie de pouls peut être utile dans ce contexte, une SaO2 basse indiquant une hypoxémie sévère. Une oxymétrie normale ne doit cependant pas être faussement rassurante dans la mesure ou elle ne permet pas de différencier l'oxyhémoglobine de la carboxyhémoglobine (ne permet pas de détecter une intoxication au CO). L'état circulatoire : Son évaluation repose avant tout sur la prise du pouls et de la tension artérielle. Un état de choc initial (tachycardie associée à un collapsus tensionnel) doit faire rechercher une cause hémorragique post traumatique nécessitant un remplissage vasculaire et une intervention chirurgicale urgente ou plus rarement une défaillance myocardique. Un état de choc initial ne doit pas être mis trop facilement sur le compte de l'étendue des brûlures, le « choc des brûlés » étant un choc d'apparition retardée (plasmorrhagie). Dans tous les cas, le maintien d'un état hémodynamique satisfaisant est une priorité. Il fait appel au remplissage utilisant les cristalloïdes (NaCl 0,9 %) ou le Ringer Lactate (en cas de brûlures étendues). Le stress intense, l'hypoxie, la présence de gaz asphyxiants, peuvent être responsables de la survenue d'une crise angineuse, d'un infarctus du myocarde ou de troubles du rythme pouvant aller jusqu'à la fibrillation ventriculaire (nécessité d'une défibrillation précoce). La réalisation d'un tracé ECG est de ce fait souhaitable, de même que le monitorage par électrocardioscope. Le bilan lésionnel : On recherchera la présence de lésions surajoutées pouvant aggraver le pronostic de l'intoxication par les fumées d'incendie : brûlures cutanées, lésions traumatiques, blast, lésions oculaires à type de brûlure ou consécutives à l'exposition à des gaz irritants. Quelques mots sur la prise en charge hospitalière En l'absence de signes cliniques à forte valeur pronostique et compte tenu du risque de complications retardées, tout patient intoxiqué par des fumées d'incendie devra être hospitalisé. 6 Dans le service des urgences Dés l'arrivé aux urgences, on réévaluera les fonctions vitales et leur évolution dans le temps. La gazométrie artérielle couplée à la mesure de la lactacidémie peut permettre d'objectiver une hypoxémie avec désaturation artérielle ou une acidose lactique (une lactatémie supérieure ou égale à 10 mmol/l évoque une intoxication cyanhydrique grave). La carboxyhémoglobinémie et l'oxycarbonémie sont corrélées à la gravité de l'intoxication par les fumées d'incendie. Ces mesures sont utiles mais non suffisantes pour poser l'indication de prise en charge en caisson hyperbare. La radiographie pulmonaire doit être systématique. On recherchera un d'œdème interstitiel ou alvéolaire, mais la normalité du cliché ne permet pas d'éliminer une évolution secondaire vers des complications respiratoires. Les autres examens seront conditionnés par le contexte (alcoolémie, recherche de toxiques, ionogramme, CPK). La fibroscopie bronchique présente à la fois un intérêt diagnostique et thérapeutique. Elle permet d'apprécier et de préciser l'étendue des lésions, d'effectuer un lavage bronchique et de réaliser une désobstruction éventuelle. On pratiquera, dans le même temps, des prélèvements bactériologiques car le risque infectieux est majoré chez ces patients exposés aux pneumopathies d'inhalation. Si l'examen clinique, les résultats des prélèvements biologiques, l'ECG, la radio pulmonaire et la gazométrie sont normaux, le patient pourra regagner son domicile après environ 4 heures de surveillance. Dans le cas contraire, l'oxygénothérapie sera maintenue et la surveillance poursuivie pendant 24 à 48 heures en milieu hospitalier. Les indications d'hospitalisation pourront être plus larges chez les patients présentant des antécédents cardiaques ou respiratoires (risque d'apparition d'un œdème pulmonaire lésionnel retardé). L'oxygénothérapie hyperbare C'est le traitement de choix en cas d'intoxication oxycarbonée, mais ces indications ne font pas l'objet d'un consensus. Il ne faudra pas hésiter à contacter le médecin de garde du caisson hyperbare afin de prendre son avis. Dans tous les cas, l'efficacité de ce traitement dépendra de la précocité de sa mise en œuvre. L'oxygénothérapie hyperbare ne se discute pas chez la femme enceinte. Elle est fortement conseillée chez les jeunes enfants (même asymptomatiques). Elle est indiquée en cas d'intoxication avérée (dosages sanguins), de signes neurologiques objectifs, d'ischémie myocardique et de troubles du rythme ventriculaires. 7 Annexe 3. Exemple de communication Qui est à risque? Les personnes les plus sensibles à la fumée lors d’un feu de foret sont notamment : les jeunes enfants les personnes souffrant de problèmes du système respiratoire (asthme, bronchite) les personnes avec des problèmes cardiaques Outre ces groupes à risque, les adultes en bonne santé, qui doivent fournir un effort soutenu à l'extérieur, peuvent aussi être affectés par la fumée. Quoi faire ? Pour éviter ces inconvénients, il est recommandé aux personnes à risques de restreindre leurs activités, notamment d’éviter toute activité physique intense à l’extérieur durant cette période. Pour les personnes incommodées par la fumée, o rester à l’intérieur, o Fermer les fenêtres o Fermer l’échangeur d’air Suivre les consignes d’évacuation lorsque demandé par la sécurité civile Advenant une évacuation à travers un nuage de fumée, respirez à travers un linge mouillé placé devant leur bouche et leur nez pour éviter d'inhaler la fumée. Si, malgré toutes ces mesures, certains malaises persistent ou s’accentuent, consulter Info Santé (811). 8