Kholle d*histoire : Le coup d*état du 2 décembre 1851

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Colle d’histoire : Le coup d’état du 2 décembre 1851
Introduction :
Le coup d’état du 2 décembre 1851 a longtemps été occulté par celui du 18 brumaire an VIII
(9/11/1799). Pourtant, Napoléon et son neveu ont connu des destins qui tendent à se
rapprocher ; tous les deux commencent par un coup d’état et termine par une défaite militaire.
Aujourd’hui, la perception s’inverse et Napoléon III évince son oncle (question de l’esclavage
en 1802 par exemple). Louis-Napoléon Bonaparte est en phase de réhabilitation. Il semble
cependant surprenant qu’aujourd’hui, sous la Vème république, on revienne sur le compte
d’un homme qui a « violé » la république pour introduire une dictature.
Or, ce coup d’état relève d’un parcours personnel et particulier dont il est la conséquence. Dès
lors, on se demandera pourquoi y a-t-il eu coup d’état ? Comment cela s’est-il déroulé ? Et
quels en sont les enjeux ?
Conclusion :
Par conséquent, Napoléon III emprunte un parcours atypique placé sous l’étoile de son oncle.
Afin d’accomplir son rêve, il s’entoure de sbires fidèles prêtes à le suivre jusqu’au bout ; qu’il
place aux postes clés. Son soutien dans l’armée constitue à la fois une force et une faiblesse.
S’il arrive légalement au pouvoir dans un premier temps, son recours à la force en second lieu
le prive de base politique à cause des répressions dans le milieu bourgeois et la trahison de
son serment sur la constitution républicaine. Il doit alors manœuvrer pour chaque action. Il
n’a pas les moyens qu’il aurait espérer afin de mener sa politique. Il parvient tout de même à
faire quelques réformes sociales ou libérales qui lui tenaient à cœur ainsi que de grands
projets. Sa politique est calquée sur le modèle anglais. On peut aussi dire comme A.Dansette
que « sa pensée était complexe et contradictoire, parce qu’écartelée entre les impératifs
glorieux de la légende et les aspirations libérales du siècle ».
Source : « 1848 ou l’apprentissage de la révolution » M. Agulhon
« Le coup d’état du 2 décembre 1851 » Luc Wilette
« altérnative-économique 261 : l’action de Napoléon III »
« Historia avril 2008 »
« Napoléon III » P.Milza
I)
Les origines
Louis-Napoléon Bonaparte fils de Louis Bonaparte ( frère de l’empereur) et de Hortense de
Beauharnais ( fille de Joséphine) se retrouve en ligne directe de l’héritage impériale (mort de
l’aiglon etc…). Il a grandi en Suisse, puis en Italie et enfin en Angleterre. L’Angleterre
surtout le marque, il paraît logique qu’il en fasse son modèle politique et spirituel.
De même, il est marqué de façon indélébile par son passé familial.
il a déjà essuyé deux échecs en voulant soulever l’armée; un à Strasbourg (1836) ; l’autre à
Boulogne (1840). A la suite de ce dernier, il est placé en détention au fort d’Ham où il écrit
« de l’extinction du paupérisme » (1844). (Symptôme de son idéologie politique voire sociale)
Il n’apparaît guère crédible aux yeux des députés de l’assemblée qui, le prenne pour un
imbécile (politique si ce n’est un imbécile tout court, un illuminé). D’ailleurs Thiers l’affirme:
« c’est un crétin ! ».
A défaut du comte de Chambord qui veut son drapeau blanc, les orléanistes, du moins une
partie des monarchistes du parti de l’ordre sont plutôt favorables à l’élection d’un « princeprésident »
Il incarne l’ordre (Napoléon 1er n’a-t-il pas mis fon à la révolution ?)
En 1848, il est élu président de la république au S.U contre Cavaignac pour trois raisons :
- Cavaignac a du sang sur les mains avec la répression des journées de juin
- Napoléon III porte un nom accroché à une légende
- Il est aidé par les notables locaux
- Le nombre de candidats crée un effet d’éparpillement des voix en sa faveur
Résultat, il est élu à 75% des voix.
Il s’entoure d’un gouvernement fidèle mais surtout dépendant et inactif
Il laisse croire à l’assemblée qu’il est l’idiot utile qu’ils veulent voir en lui. Les seules choses
qu’il demande sont des rallonges budgétaires pour ses frais de représentation énormes.
Notamment parce qu’il se déplace énormément pour l’époque. A ce propos, on peut dire que
Louis-Napoléon Bonaparte invente les voyages présidentiels, si ce n’est les voyages
électoraux. Il prend en effet bien soin d’adapter chacun de ces discours à l’auditoire présent ;
très conservateur en Bretagne, plus démoc-soc en région centre. Ses déplacements en
province sont toujours motivés. Et les prétextes sont nombreux comme les ouvertures de voies
ferrées, d’hôpitaux etc… Des festivités sont toujours associées à ses déplacements. Ces
évènements impressionnent grandement la population, ainsi il véhicule une image de marque
auprès du peuple. Lors de ses discours, Napoléon III adopte une posture critique face à
l’assemblée qu’il accable de tous ses maux. Il a beau jeu en 1850 de critiquer la restriction du
droit de vote. On voit ici, la volonté de gagner la bataille de la légitimité de deux entités élues
chacune au suffrage universel direct. Bien sûr ce détachement du parti de l’Ordre n’est pas
toléré, ce qui provoque des conflits. Napoléon abat la carte populaire qu’il s’est si durement
acquise et fait planer la « menace rouge » au-dessus de l’assemblée qui n’est pas assez unie ou
réactive.
II) Le coup d’état.
Pour faire son coup d’état, il s’entoure de déclassés, de nobles sans le sous. Ils n’ont donc rien
à perdre (Persigny l’avoue même volontiers)
Lors du coup d'État de 1851, que certains n'avaient pas prévu, une partie des deux cent vingt
députés qui, chassés manu militari du Palais-Bourbon, se réunissent à la mairie du Xe
arrondissement et essayent d’inculper le Prince-Président de haute trahison avant que la
réunion ne soit interrompue par la police.
Son entourage :
Morny ; Son demi frère
Persigny ; le rencontre en 1835, dès lors il est son acolyte
St Arnaud : carrière étrange et aventureuse jusqu’à sa rencontre avec Bugeaud. Il s’illustre en
Algérie où il pratique les « enfumades ». Napoléon l’envoie pour qu’il y fasse ses classes,
ainsi Napoléon pourra le nommer ministre de la guerre.
On citera aussi Maupas, Mocquard, Espinasse, Fould, Rouher, Magne…
Grâce à cette garde rapprochée, il doit logiquement renverser le régime en place. Mais avant il
lui reste un dernier obstacle à éliminer, Le général Changarnier. Cet homme avait à la base
proposé son aide à louis-napoléon Bonaparte, seulement ce dernier refuse poliment. Donc,
Changarnier a des intentions cachées (plus ou moins brisées par louis-napoléon), c’est
pourquoi, il s’oppose farouchement à Louis-napoléon. Celui-ci le congédie sans embarras. A
tel point que cela déclenche une crise parlementaire qu’il parvient à calmer avec peine. Pour
Remplacer Changarnier l’évincé, il nomme (évidement) St-Arnaud. Une fois cela fait, il est
totalement libre d’accomplir son coup d’état. Cette crise a prouvé que Louis-napoléon était
déjà trop puissant pour être stoppé.
Cependant, on constate qu’afin de parvenir à ses fins il s’adjoint le soutien de l’armée. Or
c’est une force mais aussi une faiblesse. Preuve en est la chute de son oncle qui, assis sur un
régime militaire, une fois vaincu, n’avait plus de légitimité ni de pouvoir.
Autre problème la réponse au coup d’état est violente en province et aussi à Paris où ce sont
les bourgeois qui descendent dans la rue. La répression fait des milliers de morts et de
déportés en province, mais surtout à Paris 400 bourgeois sont fusillés. Cet incident le coupe
des milieux bourgeois. Et c’est grâce au soulèvement de la province qu’il justifie son
ascension au pouvoir ; il joue sur la peur que suscite cet évènement. Il met en place un
système propagandiste qui le fait donc accepté par le parti de l’ordre. Et par le fait, il doit
radicalement changé son axe politique. En effet, il doit apporter des garanties à l’Ordre.
Une fois son coup d’état réussi, il rétabli le suffrage universel. C’est éminemment tactique car
ainsi il se réapproprie le soutien du peuple. Et par ailleurs, lorsqu’il organise son plébiscite,
les bourgeois sont contraints de voter « oui » pour l’ordre et de même pour le peuple avec
lequel il a rétabli un lien grâce au suffrage universel. Par conséquent le résultat obtenu
légitime le nouveau régime mis en place, c’est imparable.
III Les enjeux
Avec le succès du plébiscite Louis-Napoléon Bonaparte, désormais Napoléon III, peut établir
son nouveau régime sur des bases saines. L’empire débute un an après le coup d’état, le 2
décembre 1852. Il commence logiquement avec une nouvelle constitution, et celle-ci
concentre les pouvoirs en la personne de Napoléon III. Ainsi, le législatif (il est à l’initiative
des lois), l’exécutif bien sûr et un peu le judiciaire lui sont dévolus.
Donc le 2 décembre 1852 l’empire est rétabli. Le nouveau régime politique est qualifié de
« césarisme démocratique ». Ce césarisme veut s’appuyer sur un nouveau consensus : une
grandeur nationale stimulée par une politique extérieure active et l’union nationale par le
plébiscite ; un développement économique par le libéralisme et une protection populaire.
Le libéralisme : Avec Napoléon III, l’Etat investi dans l’économie pour aider l’entreprise. Par
exemple dans les chemins de fer. Ainsi il fait passer la longueur totale des lignes ferrées de
1930km à 8675km. Il passe également un pacte de libre échange douanier avec l’Angleterre
en 1860. Ajoutons que c’est à cette époque qu’est construit le canal de Suez. L’économie est
ainsi marquée d’une augmentation significative de la production, de même que l’explosion de
l’exportation (+166%). Cette croissance est basée sur un tissu entrepreneurial dynamique et
innovant.
Les mesures sociales : C’est essentiellement à partir des années de modération de
l’autoritarisme qu’on voit apparaître des réformes ou mesures sociales. Ainsi, le
développement des mutuelles pour les plus démunis ; mais aussi des lois telles que celle de
1864 qui permet à l’employé d’être égal en droit face à son patron.
Sur le plan international : Tout d’abord c’est la continuation de la politique de colonisation, en
Algérie par exemple. Il replace la France dans le concert des nations. La France joue un rôle
décisif dans l’unification italienne et prussienne. Napoléon voit grand – peut-être un peut
trop- aussi en dehors de l’Europe. Il tente une aventure au Mexique pour instaurer un empire
qui lui sera allié et pourra lutter contre l’influence naissante des Etats-Unis. Mais également
pour compenser son engagement dans l’unité italienne. Cette expédition se solde par un fiasco
pour l’empereur et surtout la décapitation de l’archiduc Maximilien de Habsbourg.
Evidement, n’oublions pas la défaite de Sedan qui met fin au régime impérial.
Son problème, durant tout son règne, est qu’il a pris le pouvoir par la force contre la volonté
des notables et des bourgeois. L’utilisation des soulèvements de province, afin de se justifier
devant eux, l’oblige à mener une politique de l’Ordre. Et, comme dit ci-dessus, les milieux
bourgeois lui sont hostiles. Il n’obtient donc qu’un consentement à gouverner. Il n’y a donc
pas de ralliement ; ce qui implique qu’il n’a pas de base sur laquelle jouer et donc pas de
soutien bonapartiste. Ainsi, il est contraint d’opérer une politique de l’Ordre ambiguë qui va à
l’encontre de sa volonté initiale.
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