La Guerre Froide
Fiche de louvrage de Stanislas Jeannesson, éditions La découverte
Introduction
La guerre froide a dominé les relations internationales pendant plus de quarante ans, de 1947 à 1990. Elle oppose
principalement deux blocs, les Etats-Unis et l’URSS, qui s’appuient chacun sur des réseaux d’alliances soudés et
cohérents, les blocs. Néanmoins, les deux superpuissances dominant le monde au lendemain de la Seconde
Guerre Mondiale n’en sont jamais venues à l’affrontement, et c’est en ce sens que cette guerre, première en
son genre, est restée « froide ». Mais l’originalité de cette guerre tient également à sa dimension planétaire :
progressivement, toutes les régions du monde deviennent enjeu stratégique et champ de rivalité (Europe, Moyen-
Orient, Afrique, Asie…
Alors, comment est-il possible d’expliquer la naissance d’une telle guerre ? De plus, celle-ci est de durée exceptionnelle :
comment expliquer le fait que la guerre froide, née dans des circonstances très particulières, ait pu conditionner
l’ensemble des relations internationales pendant si longtemps ? En effet, jusqu’à l’effondrement du bloc soviétique,
l’ordre mondial s’est construit autour de cet équilibre Est Ouest, équilibre fragile mais aussi largement codifié. Avant
l’accès aux documents et archives soviétiques, plusieurs tendances se sont succédées pour expliquer l’origine et
l’entretien de la guerre froide. A présent, l’ouverture des archives soviétiques permet non pas de clore le débat, mais
au moins de le recentrer. Ainsi, il est désormais possible, dans un climat plus apaisé, de faire le point sur nos
connaissances au sujet de cette guerre particulière. Ce sont elles, ainsi que ces nouveaux documents, qui nous
permettront depondre aux deux questions posées précédemment.
Les origines de la guerre froide.
La question des origines de la guerre froide est particulièrement complexe : en février 1945 à Yalta, les « Trois
Grands » semblent s’accorder sur l’après-guerre et sur la lutte contre l’Allemagne nazie ; en 1947, l’alliance
vole en éclats, latmosphère cordiale disparaît, et deux camps se forment dans un monde à présent dominé et régi par
deux superpuissances. Comment expliquer cette rupture ?
Deux systèmes universalistes.
La dimension idéologique de la future guerre froide prend corps en 1917, lorsque, de part et d’autre d’une
Europe ravagée, l’URSS et les Etats-Unis prétendent chacun édifier un nouvel ordre mondial fondé sur des
principes novateurs, radicalement opposés, et par conséquent, incompatibles.
L’URSS et la révolution mondiale.
Pour nine, la révolution d’octobre 1917 est le prélude à la révolution mondiale. En effet, les conflits coloniaux et la
guerre sont les signes des contradictions internes du système capitaliste, et annoncent son effondrement : le monde
est bientôt prêt à accueillir la volution. Mais l’URSS est aussi un état avec des intérêts particuliers et Staline résout
le dilemme en prônant la construction prioritaire du socialisme dans un seul pays. Les considérations idéologiques,
malgré tout, ne disparaissent pas. Elles tiennent dans la conduite de la politique extérieure soviétique une place parfois
secondaire, mais toujours importante.
Les Etats-Unis et l’internationalisme wilsonien.
C’est aussi en 1917 que Woodrow Wilson cide l’entrée en guerre des Etats-Unis. Il jette en même temps les bases
d’un ordre mondial qu’il souhaite voir construit sur les principes de la new diplomacy. Ces principes sont résumés
dans ses Fourteen Points (diplomatie ouverte et rejet des alliances secrètes ; droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ;
création d’une Société des Nations, etc…) Wilson croit en l’universalité de la démocratie politique et du libéralisme
politique ; il souhaite voir se construire un monde plus juste, fondé sur le droit.
Ainsi, dès l’entre-deux-guerres, l’URSS et les Etats-Unis se présentent comme les tenants de systèmes universalistes,
opposés dont l’affrontement ne peut cesser qu’avec la victoire de l’un sur l’autre.
On ne peut cependant affirmer que la guerre froide commence en 1917. En effet, la véritable guerre froide ne
peut commencer qu’à partir du moment le conflit idéologique se double d’un conflit géopolitique entre les deux
Etats, ce qui n’est pas le cas en 1917 (pas d’antagonisme à l’échelle mondiale). L’année 1941 apparaît alors comme
le « tournant du siècle » (René Girault et Robert Frank): les deux pays entrent en guerre cette année- et s’installent
au-devant de la scène internationale, pour ne bientôt plus quitter leur place. Toutefois, dans l’immédiat, les deux grands
sont toujours dans le même camp. Comment imaginer que cette alliance de circonstance conduise à terme les idéologies
à converger, l’une vers plus de liberté, l’autre vers plus d’égalité ?
Une mésentente croissante.
Téhéran.
Entre les trois grands alliés (URSS, Etats-Unis, Grande-Bretagne), le climat est bon jusqu’en 1945, au moins tant que
les préoccupations directement liées à la guerre restent prioritaires. En effet, les divergences fondamentales naissent
lorsqu’on évoque l’après-guerre. Staline, Churchill et Roosevelt se rencontrent à Téhéran du 28 novembre au 2
cembre 1943. Chacun y dévoile ses stratégies à long terme. Le principal objectif de Roosevelt est de faire accepter
sa conception d’une organisation internationale chargée de maintenir la paix après le conflit. Staline et Churchill
donnent leur accord de principe, mais restent évasifs. Les préoccupations de Staline, elles, sont plus concrètes. Il s’agit
pour lui de se doter, en Europe orientale d’un « glacis protecteur » ; il insiste sur le droit de son pays à lacurité.
Mais le point fondamental est l’adoption du principe selon lequel en pratique, les pays libérés seront
administrés par la seule puissance occupante, en attendant la restauration d’un pouvoir politique (menant à la
« course à la libération. C’est accepter à terme, mais encore de façon provisoire, la constitution de fait de vastes
zones d’influence.
L’accord des pourcentages.
C’est la Grande-Bretagne qui s’inquiète le plus de la suprématie prévisible de l’URSS en Europe de l’Est.
Churchill analyse la situation avec réalisme, et raisonnant en termes d’intérêts particuliers, sauver ce qui peut l’être.
L’« accord des pourcentages » est le résultat d’une rencontre à Moscou en 1944 entre Staline et lui. L’accord,
largement favorable à l’URSS, révèle la réalité des rapports de forces et le réalisme des deux interlocuteurs.
Yalta.
Elle se tient du 4 au 12 février 1945. Les décisions les plus importantes qui y sont prises sont le partage de
l’Allemagne en quatre zones d’occupation (Fr, URSS, GB, USA), ainsi que la promesse de Staline de tenir des
élections libres dans les pays de l’Est contrôlés par l’Armée Rouge dès le retour d’une stabilité politique (cette
promesse n’est pas tenue). Les divergences apparaissent au sujet des réparations réclamées par Staline (20 milliards de
dollars). Mais Yalta n’est un partage ni de l’Europe, ni du monde, et on ne peut y trouver l’explication des origines
de la guerre froide. Au contraire, elle est une tentative d’aller contre ce partage en zones d’influence, pour œuvrer
à la renaissance démocratique de l’Europe. Mais l’esprit de Yalta ne pouvait subsister qu’avec le maintien de la
grande alliance.
Potsdam.
Cette troisième rencontre au sommet se déroule du 17 juillet au 2 août 1945 dans un contexte très différent :
Truman remarque que la promesse d’élections libres n’a pas été tenue et l’atmosphère est donc tendue. Tant
qu’il s’agit de tourner la page du nazisme, l’accord est facilement trouvé. Pour le reste, c’est l’heure du marchandage,
lorsqu’il s’agit d’aborder la question de la reconnaissance des frontières (celles de la Pologne notamment). Mais la
décision la plus lourde de conséquences concerne les réparations allemandes, et le seul moyen pour les alliés
de sentendre est de laisser chacun libre d’agir où ses troupes sont présentes (les USA concèdent à l’URSS de se
payer elle-même en puisant des richesses dans sa propre zone d’occupation allemande par exemple). Ce compromis
résulte de l’obstination de chacun, et non d’une volonté américaine d’isoler la zone soviétique pour construire une
Allemagne occidentale à leur goût. Paradoxalement, sur le plan politique, Potsdam s’efforce de maintenir l’unité
allemande, d’où un décalage entre intention et réalité : comment maintenir l’unité politique allemande (intention)
avec un tel compromis sur les réparations (réalité) ?
La conférence de Moscou.
Les responsables des Affaires Etrangères des trois pays se réunissent à Moscou en décembre 1945. L’idée que chacun
est « maître chez soi » est admise petit à petit. Exemple : Molotov laisse les USA administrer le Japon comme ils
l’entendent et aider les nationalistes chinois. Les principes de Yalta sont maintenus par Byrnes (sec. d’Etat américain)
non parce qu’il souhaitait la division allemande, mais parce que la conjurer allait forcément provoquer un conflit avec
l’URSS. La notion de zone d’influence s’est peu à peu imposée, et l’alliance se détériore progressivement dans un
engrenage dépassant la volonté des uns et des autres.
La puissance des Etats-Unis.
La question de l’impérialisme américain.
Au lendemain du conflit mondial, les Etats-Unis disposent de tous les atouts pour imposer leur vision des
relations internationales. Une question se pose donc inévitablement : sont-ils animés d’une volonté délibérée de
domination ? Cette superpuissance subordonne-t-elle l’ensemble de sa politique à ses intérêts économiques ? Nul ne
songe à nier les réalités d’un impérialisme qui se manifeste par exemple au Moyen-Orient. Mais mettre la diplomatie
de Washington au service du big business et l’accuser d’avoir rompu la grande alliance pour pouvoir étendre et affirmer
ses marchés serait excessif. En 1945, le projet américain s’appuie aussi sur la recherche de la paix et l’extension
de la démocratie. Autre question qu’il est possible de se poser : on sait que la décision d’employer la bombe sur
Hiroshima et Nagasaki fut motivée par la volonté d’achever le conflit mondial. Mais dans quelle mesure la volonté
d’impressionner les Soviétiques a-t-elle joué dans la prise de décision ? Ainsi, ceci montre que si l’on ne peut accuser
l’impérialisme américain d’avoir été à l’origine de la guerre froide, il ne faut pas non plus sous-estimer les
ambiguïtés, la duplicité de la diplomatie américaine, ni nier les effets de cet impérialisme : les réalités sont plus
complexes que cela. Le drame d’Hiroshima montre combien il est difficile de démêler dans la question des
origines ce qui relève de la réaction (préoccupation défensive), et ce qui relève de l’intention (préoccupation
offensive).
Les organisations internationales.
La pax americana voulue par Washington repose sur quelques principes : cessité de tirer un trait sur
l’isolationnisme, et de reconnaître qu’il ne peut y avoir de paix que mondiale. La paix doit être mondiale et fondée
sur le droit à l’opposé de l’équilibre européen traditionnel. L’instrument de cette politique, c’est l’ONU. L’assemblée
générale au sein de l’ONU assure le leadership américain (chaque pays dispose d’une voix, et les 20 pays d’Amérique
Latine soutiennent les USA dans leurs décisions…) Le Conseil de Sécurité, véritable organe décisionnel de l’ONU,
compte parmi ses membres permanents trois pays favorables aux USA (GB, Fr, Chine) ; ainsi, si l’URSS ne peut
utiliser le Conseil à ses fins contrairement aux USA, elle dispose néanmoins d’une possibilité de blocage avec
son veto. Les institutions économiques et financières internationales mises en place à Bretton Woods en 1944
confirment la prédominance américaine (seul le dollar est convertible en or). Le FMI est dominé par les USA et
n’accorde des crédits qu’aux pays dont la politique économique s’accorde aux directives de Washington. Idem pour les
aides provenant de la Banque Mondiale. Mais ces organismes ne s’inscrivent pas dans la perspective de la guerre
froide : ils ne sont pas dirigés contre l’URSS mais contre les concurrents potentiels des USA (GB, et à un moindre
degré, Fr…).
Les initiatives soviétiques.
Les objectifs de Staline.
Il est difficile d’apprécier les objectifs réels de l’URSS en 1945, surtout à l’égard des pays de l’Europe de l’Est. En
premier lieu, il existe une multitude d’organismes traitant des Affaires Etrangères, Staline coiffant le tout et prenant
les décisions importantes. Que Staline, en deuxième lieu, décide seul, donne à la politique étrangère de l’URSS
un caractère imprévisible et désordonné, reflet des hésitations et de la prudence extrême du dictateur. Entre 45 et
52, la politique allemande de l’URSS semble osciller entre trois solutions :
- une Allemagne neutre, unifiée et démilitarisée
- une Allemagne unifiée et sous contrôle communiste (mais à caractère « démocratique » pour pouvoir
convaincre les populations ouest-allemandes)
- la transformation de la zone orientale en Etat « soviétisé », solution qui n’a pas les faveurs de Staline, seulement
celles des communistes est-allemands. D’ailleurs, le blocus de Berlin en 48 serait une ultime tentative de
la part de Staline pour éviter la division de l’Allemagne.
Ne pouvant connaître les objectifs de Staline, on ne peut que formuler des hypothèses et s’appuyer sur l’examen des
réalisations. Celles-ci manquant de cohérence, on peut en conclure que Staline n’avait pas de politique allemande
prédéfinie, agissait sur le court terme et de façon réactive. Ou alors, ses projets initiaux se sont heurtés à des obstacles,
et il a composer avec les réactions des alliés et de la population ouest-allemande. Enfin, il est difficile de démêler
ce qui relève de l’idéologie et ce qui relève de la realpolitik. Soit l’idéologie a inspiré l’expansionnisme
soviétique (et alors l’URSS est largement responsable de la guerre froide), soit les préoccupations de sécurité
donnent à cette politique un caractère surtout défensif (et c’est l’enchaînement des faits et réactions qui est à
l’origine de la crise). Or les archives soviétiques permettent d’éclaircir ce point. Si l’on favorisait auparavant
davantage la seconde hypothèse, l’examen des archives montrent un Staline certes inquiet de la sécurité de son
pays (programme minimal : le glacis protecteur), mais aussi prudemment expansionniste (programme
maximal : les objectifs expansionnistes). Idéologie et realpolitik ne s’opposent pas forcément. C’est ce que les
historiens Zubok et Pleshakov appellent le paradigme révolutionnaire-impérial. Ainsi, par son double jeu,
Staline supporterait la part la plus lourde des responsabilités dans les origines de la guerre froide.
L’expansion du communisme en Europe de l’Est.
Staline suit en Europe de l’Est la politique du « tout le monde impose son système aussi loin que son armée puisse
avancer ». En conséquence, l’avancée de la soviétisation en Europe de l’Est se fait très rapidement ressentir,
notamment en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Pologne, en encore en Yougoslavie (même si le cas yougoslave diffère
quelque peu des autres, puisqu’il échappe plus tard au contrôle de Moscou). En effet, dès 1945, si les communistes
ne dominent pas encore totalement dans ces pays, ils contrôlent les rouages essentiels qui leur permettront
d’accéder au pouvoir très rapidement.
Les crises de 1946.
Si l’année 1946 n’est pas encore celle de la guerre froide, c’est toutefois celle les ambiguïs se révèlent telles
que tout accord semble impossible.
L’épisode iranien montre, outre l’incompétence de l’ONU, la prudence de Staline qui fait marche arrière devant
le risque d’un conflit (car l’Iran, pour Staline, ne présente pas le même intérêt stratégique immédiat que l’Europe de
l’Est). Autre crise, plus longue et plus complexe, celle de la Grèce. Face à la guerre civile, l’ONU, interpellée par le
gouvernement d’Athènes, est incapable d’agir : elle rend en mai 47 deux rapports aux conclusions opposées…Sur
le dossier allemand, les discussions restent au point mort, les vues de chacun étant incompatibles entre elles; et en
1947, avec la création de la bizone et l’absorption du parti socialiste par le parti communiste dans la zone
soviétique, la partition semble inévitable. Ainsi, les caractéristiques de la riode à venir sont déjà annoncées :
impuissance des organisations internationales, échec des tentatives négociées entre alliés. Le nouvel ordre
mondial censé survivre à la grande alliance a déjà fait faillite.
La perception anglo-américaine d’un danger soviétique.
Il est important de savoir si la politique stalinienne était offensive ou défensive, inspirée par l’idéologie ou la
géopolitique ; il l’est encore plus, pour comprendre la suite des événements, de savoir comment les Américains en 1946
interprètent ses initiatives. Jusqu’en 1946, Truman pensait réellement trouver un terrain d’entente. Mais le tournant
décisif date du 22 février 1946 : pour Georges Kennan, porteur d’une nouvelle analyse, la nature expansionniste du
communisme est évidente, et il ne croit pas à la bonne volonté de Staline. C’est l’idéologie, tout autant que le besoin
de sécurité, qui mènent son action. Le compromis est inutile selon Kennan, et les USA doivent réagir avec
fermeté. C’est ainsi qu’est apparu le containment ou volonté d’endiguer le communisme partout il tente de
s’imposer, tout en admettant sa présence il est déjà en place. C’est reconnaître la perte de l’Europe de l’Est, tout
en poussant implicitement les Américains à constituer leur propre zone d’influence. En moins de deux ans, entre les
USA et l’URSS, la confiance a laissé place à la méfiance puis à la défiance.
1947, l’aboutissement d’un processus.
La doctrine Truman.
Le 12 mars 1947, Truman tire les conséquences du containment, Truman prononce devant le Congrès un discours
qui jette les bases de la nouvelle doctrine. Le ton du discours est volontairement agressif. Il n’y a plus de place
pour la nuance : «chaque nation se trouve désormais en face d’un choix à faire entre deux modes de vies
opposés », dit-il. Les Américains tournent définitivement le dos à l’isolationnisme : la résolution Vandenberg du 11
juin 1948 consacre ce changement total de philosophie. L’intervention américaine dans les affaires grecques souligne
aussi les limites de la puissance britannique qui n’a plus les moyens d’assumer sa politique impériale. Il n’y a bien
que deux superpuissances.
Le plan Marshall.
Le plan Marshall, annon en juin 1947, a pour but de reconstruire l’Europe, et de trouver des débouchés aux
produits agricoles et industriels américains. Il a donc pour fonction première de rétablir le plus rapidement possible
un certain équilibre de part et d’autre de l’Atlantique : c’est tout le système de Bretton Woods qui est en jeu. On y
retrouve aussi l’idée selon laquelle seule la prospérité et le libéralisme économique garantissent les libertés politiques
(a contrario, les difficultés économiques de l’Europe et la misère sociale qui en découle sont d’excellent tremplins pour
le communisme). Le plan s’inscrit donc parfaitement dans le containment. Toute la subtilité du plan tient dans le
fait qu’a priori, l’aide s’adresse aussi à l’URSS. Mais l’aide a pour objectif de participer à la « renaissance d’une
économie active dans le monde, afin que soient crées les conditions politiques et sociales de libres institutions
puissent exister » selon Marshall. Ainsi, l’URSS se voit obligée de refuser l’aide, et cet artifice permet à
Washington de rejeter sur l’URSS les responsabilités de la rupture. Ce n’est pas le plan Marshall qui coupe
l’Europe en deux, mais le refus soviétique. Le plan aboutit par ailleurs à la création de l’OECE : ce premier organisme
européen rassemblant les 16 pays bénéficiaires et tenants du libéralisme est l’ébauche d’un bloc occidental face à
l’Europe communiste. L’Europe occidentale se tourne sans équivoque vers l’Atlantique.
Le Kominform.
Face au bloc occidental nouveau-né, l’URSS organise son camp et consolide ses liens. Le Kominform, crée en
septembre 1947, est un véritable organe de coordination politique du communisme en Europe. Les discours
marquants d’Andrei Jdanov et du délégué yougoslave Djilas sont une confirmation du fait qu’à présent, la division du
monde en deux blocs est une évidence, s’imposant à l’échelle mondiale, européenne, et même nationale (ex : le PCF
adopte une attitude d’extrême intransigeance face au plan Marshall après le discours de Djilas). Chacun doit faire un
choix : il n’y a plus de place pour la diplomatie ou la conciliation.
Guerre froide et coexistence pacifique (1948-1962)
L’Europe divisée
Le blocus de Berlin : l’échec du coup de force de Staline qui débouche sur l’union des alliés dans la création de la RFA
Le statut de Berlin Est reflète en miniature celui de l’Allemagne : elle est divisée en quatre secteurs dirigés par les
commandements d’occupation.
Après l’échec de la conférence de Londres de décembre 1947, dite « conférence de la dernière chance », les
occidentaux sont convaincus de l’impossibilité de trouver une solution commune au problème allemand, les
occidentaux amorcent alors un processus de création d’une Allemagne indépendante. Ils se réunissent sans les
Soviétiques dès 1948, à Londres, en juin sont publiées les « recommandations de Londres » qui prévoient : la fusion
des trois zones d’occupation, la création d’un état fédéral allemand et la création d’une assemblée constituante pour
septembre.
C’est l’annonce en Juin 1948 de l’introduction d’une nouvelle monnaie en dans les zones occidentales (y compris dans
les secteurs de Berlin) qui incitent Staline à contre-attaquer. Le 24 juin 1948, Staline ferme tous les accès aux secteurs
occidentaux de la ville. Le blocus dure de juin 1948 à mai 1949. Les Américains et la GB ont résisté par un pont
aérien, ravitaillant la ville pendant presque un an. On note le refus de l’escalade armée, Truman renonce à envoyer les
chars et envoie plutôt une centrale électrique en pièces détachées qui est montée sur place et permet de surmonter
l’hiver.
L’objectif de Staline était d’empêcher la création d’un état ouest allemand sous domination occidentale, de récupérer
l’enclave de Berlin Ouest, et de faire échouer la reconstruction d’une Europe occidentale sous influence américaine.
En mai le blocus est levé, les administrations quadripartites ne sont plus convoquées, Berlin est désormais divisés en
deux secteurs et municipalités restreintes.
Bilan de la crise : échec patent de Staline, il obtient finalement les résultats inverses de ses objectifs, le blocus visait à
empêcher la constitution d’une All de l’ouest, et finalement il a accéléré l’unification des alliés et la création de la
RFA : la France se range dans l’urgence du côté américain, son nouveau ministre des AE Schuman incarne une
politique allemande atlantique et européen.
Deux Allemagnes
8 mai 1949, création de la RFA par l’adoption de la « loi fondamentale » du nouvel état, fusion des trois zones
occidentales. Konrad Adenauer, leader du parti démocrate-chrétien. Réaction : 7 octobre 1949, création de la RDA
Désormais l’Europe est divisée en deux, la frontière passe au cœur de l’All et même au cœur de Berlin, RFA et RDA
ne se reconnaissent pas l’une l’autre, ont chacune la prétention de représenter seule l’ensemble des Allemands et
apparaissent comme la vitrine de deux systèmes opposés.
Les systèmes d’alliances
Après le coup de Berlin a lieu « le coup de Prague », qui achève de convaincre les européens que le danger premier
n’est plus seulement l’Allemagne et qu’ils doivent solliciter l’aide américaine.
-Coup de Prague : La Tchécoslovaquie était gouvernée par un gouvernement de coalition dirigé par Gottwald
(communiste). Mais l’injonction soviétique de refuser le plan Marshall provoque un fort mécontentement de la
population, les 12 ministres non communistes démissionnent. Ils manifestent contre le noyautage de la Sureté par la
PC et pour provoquer des élections anticipées. Gottwald déclare alors l’état de siège, fait procéder à de multiples
arrestations, organise des manifestations ouvrières de masse. Le 25 fev 1948, le gouvernement Benès doit accepter
la formation d’un gouvernement largement dominé par les communistes, à l’exception de Jan Masaryk, ministre
des affaires étrangères, qui se suicide deux semaines plus tard dans des conditions mystérieuses. Benès lui-même
démissionne le 7 juin après des élections où seuls figurent sur liste unique, des candidats communistes.
1 / 26 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !