2. La pensée du XVIIIè siècle
« Le Siècle des Lumières est le siècle de la critique à laquelle il faut tout se
soumettre. »
Ce siècle est de ce fait celui de la remise en cause fondamentale des valeurs
de ce temps et du passé. C’est le siècles où l’on s’attaque à tous les absolutismes, à tout ce
qui est pensée unique, grâce à la lumière de la raison. Ainsi, la philosophie se propose de
remettre en cause le genre de pensée du passé. C’est aussi la remise en cause de la religion
où Dieu est présenté comme l’Absolu, comme la clé du mystère du monde. La philosophie
critique du 18è siècle soumet ces valeurs au tribunal de la raison. Il en résulte que la
métaphysique telle quelle s’était jusqu’alors conçue dans ses prétentions à constituer une
connaissance du suprasensible, en recourant aux seuls concepts pour passer au-delà de
l’expérience, se trouve condamnée sans appel au profit d’une métaphysique de la nature
qui se veut être scientifique.
3. Bref aperçu historique de la métaphysique jusqu’au XVIIIè siècle
Le terme « métaphysique » est relativement récent, puisqu’il remonte au Moyen
Age où il servait de titre à un certain nombre de traités d’Aristote –venant après ceux de
physique-. Néanmoins, la notion à laquelle il renvoie est bien plus ancienne, au Ier siècle
ap. J.C., la métaphysique traite de ce qui se trouve au-delà de la nature. Elle consiste donc
à remonter au-delà des apparences sensibles pour atteindre soit un premier principe
susceptible de les fonder, soit l’être commun aux différents objets sensibles. La
métaphysique est donc à la fois théologie rationnelle et ontologie.
Au sens absolu où
l’entend le dogmatisme, en l’occurrence Platon, la métaphysique est le royaume des Idées,
c’est le monde intelligible qui fonde le monde sensible. C’est ce sur quoi repose, ce dans
quoi s’enracine toute la philosophie selon Descartes. Au sens relatif où l’entend le
criticisme, Kant, c’est une région où les procédures de vérification sont inopérantes, où il
n’y a plus ni vrai ni faux. Et pourtant il est dans la nature de l’esprit humain de s’élancer
obstinément vers cette région située hors de l’espace et du temps, au-delà de toute
expérience possible, pour y chercher en vain la solution aux problèmes inévitables, à
savoir Dieu, la liberté et l’immortalité, qui peuvent seulement faire l’objet de postulats
pour la morale. Au sens péjoratif où l’entend le positivisme –A. Comte-, c’est un âge ou
un état de l’esprit humain, intermédiaire entre théologique et l’état positif. Ainsi donc la
philosophie se livre depuis l’Antiquité à un combat sans issue alors que les sciences
progressent. Elle procède uniquement par concepts d’où une crise du sens du monde et de
sa destinée.
GUILLERMIT L., « Kant Emmanuel » in Encyclopaedia Universalis, Corpus 13, p.260.
Cf. LALANDE A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Quadrige/PUF, pp.611-613.