ZABRE Georges
Grand Séminaire St Pierre St Paul de Kosoogê
Année Académique 2008-2009
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Devoir de Semaine n°1: Lundi 15 au Samedi 20 Décembre 2008
PHILOSOPHIE SYSTEMATIQUE
Sujet n°3 : Après avoir exposé les principaux points qui constituent la critique
kantienne de la métaphysique, montrez en quoi cette critique n’entraîne pas
nécessairement la mort de la métaphysique mais peut prétendre être une
refondation de celle-ci.
Professeur : Abbé Jean Baptiste SANOU
Emmanuel KANT (1724-1804)
PLAN
INTRODUCTION
I. EMMANUEL KANT
ET LA PENSEE AU XVIIIè SIECLE
1. Emmanuel KANT
2. La pensée du XVIIIè siècle
3. Bref aperçu historique de la métaphysique jusqu’au XVIIIè siècle
4. Echec de la métaphysique au XVIIIè siècle
II. LA CRITIQUE KANTIENNE DE LA METAPHYSIQUE
1. Solution à la crise de la métaphysique
2. La « révolution copernicienne » de Kant
3. Critique et Métaphysique
III. REFONDATION DE LA METAPHYSIQUE
1. Dépassement de la métaphysique
2. Destination de la métaphysique : la morale kantienne
3. Héritage de la refondation de la métaphysique par Kant
CONCLUSION
INTRODUCTION
La philosophie semble se caractériser par la multitude des systèmes de pensée et
par le caractère contradictoire de ses résultas. Chaque philosophe critique, nie et réfute ceux
qui l’ont précédé, pour se voir à son tour critiqué, nié et réfuté par d’autres. C’est ainsi que
tout au long de l’histoire de la philosophie, les pensées se succèdent, confirmant cette
remarque de G. Gusdorf : «Aucune philosophie n’a pu mettre fin à la philosophie bien que ce
soit le vœu secret de toute philosophie.» Les Lumières, grâce au triomphe de la raison
caractéristique de ce siècle, voulait ainsi mettre fin aux illusions de la métaphysique classique
jusqu’à présent spéculative, élaborée depuis Platon, Aristote, aux Vè-IVè siècles avant notre
ère, en passant par St Thomas d’Aquin, à l’époque médiévale, jusqu’au XVIIIè siècle. A cet
effet Kant inaugure une nouvelle logique de penser les concepts fondamentaux de cette
métaphysique qui sont entre autres l’existence de Dieu, la liberté et l’immortalité de l’âme. Il
s’agit de desceller la métaphysique de sa fausse assise spéculative pour la re-fonder dans la
raison pure pratique. Comment Kant pense-t-il sa propre métaphysique à l’intérieur d’une
histoire de la métaphysique? Comment la philosophie kantienne, dans son projet même
d’élévation de la métaphysique au rang de science transcendantale de la raison pure, qui, tout
en prolongeant la tradition, rompt avec celle-ci, du moins l’enrichit? En définitive comment la
réflexion sur la raison pure conduit-elle Kant à penser, dans le cadre de la refondation
criticotranscendantale de la métaphysique? Autant d’interrogations qui invitent à expliciter la
critique kantienne de la métaphysique et sa prétendue re-fondation.
I. Kant et la pensée au XVIIIè siècle
1. Emmanuel Kant (1724-1804)
Emmanuel KANT, à Königsberg le 22 avril 1724, y meurt le 12 février 1804.
Philosophe allemand, il fonde la philosophie critique, qui a été à l’origine d’une véritable
« révolution copernicienne ». Il consacre sa vie entière à l’étude et à l’enseignement. Son
appartenance religieuse piétisme- orientera sa réflexion philosophique. Il étudie avec
passion la pensée de Leibniz et surtout celle de Wolff. Le 18è siècle « Siècle des
Lumières »- fut celui du doute total sur les valeurs anciennes. A travers ses œuvres
« Critique », Kant s’élance dans une critique du pouvoir de la raison et de sa capacité à
connaître. Sa pensée s’oriente vers une philosophie pratique et porte sur le rapport de
l’expérience humaine aux idées et aux concepts. A cet effet, Kant inaugure une
philosophie de la liberté, une « nouvelle architecture métaphysique, théologique,
épistémologique et morale »
1
.
1
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2. La pensée du XVIIIè siècle
« Le Siècle des Lumières est le siècle de la critique à laquelle il faut tout se
soumettre. »
2
Ce siècle est de ce fait celui de la remise en cause fondamentale des valeurs
de ce temps et du passé. C’est le siècles où l’on s’attaque à tous les absolutismes, à tout ce
qui est pensée unique, grâce à la lumière de la raison. Ainsi, la philosophie se propose de
remettre en cause le genre de pensée du passé. C’est aussi la remise en cause de la religion
où Dieu est présenté comme l’Absolu, comme la clé du mystère du monde. La philosophie
critique du 18è siècle soumet ces valeurs au tribunal de la raison. Il en résulte que la
métaphysique telle quelle s’était jusqu’alors conçue dans ses prétentions à constituer une
connaissance du suprasensible, en recourant aux seuls concepts pour passer au-delà de
l’expérience, se trouve condamnée sans appel au profit d’une métaphysique de la nature
qui se veut être scientifique.
3. Bref aperçu historique de la métaphysique jusqu’au XVIIIè siècle
Le terme « métaphysique » est relativement récent, puisqu’il remonte au Moyen
Age il servait de titre à un certain nombre de traités d’Aristote venant après ceux de
physique-. Néanmoins, la notion à laquelle il renvoie est bien plus ancienne, au Ier siècle
ap. J.C., la métaphysique traite de ce qui se trouve au-delà de la nature. Elle consiste donc
à remonter au-delà des apparences sensibles pour atteindre soit un premier principe
susceptible de les fonder, soit l’être commun aux différents objets sensibles. La
métaphysique est donc à la fois théologie rationnelle et ontologie.
3
Au sens absolu
l’entend le dogmatisme, en l’occurrence Platon, la métaphysique est le royaume des Idées,
c’est le monde intelligible qui fonde le monde sensible. C’est ce sur quoi repose, ce dans
quoi s’enracine toute la philosophie selon Descartes. Au sens relatif l’entend le
criticisme, Kant, c’est une région les procédures de vérification sont inopérantes, il
n’y a plus ni vrai ni faux. Et pourtant il est dans la nature de l’esprit humain de s’élancer
obstinément vers cette région située hors de l’espace et du temps, au-delà de toute
expérience possible, pour y chercher en vain la solution aux problèmes inévitables, à
savoir Dieu, la liberté et l’immortalité, qui peuvent seulement faire l’objet de postulats
pour la morale. Au sens joratif l’entend le positivisme A. Comte-, c’est un âge ou
un état de l’esprit humain, intermédiaire entre théologique et l’état positif. Ainsi donc la
philosophie se livre depuis l’Antiquité à un combat sans issue alors que les sciences
progressent. Elle procède uniquement par concepts d’où une crise du sens du monde et de
sa destinée.
2
GUILLERMIT L., « Kant Emmanuel » in Encyclopaedia Universalis, Corpus 13, p.260.
3
Cf. LALANDE A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Quadrige/PUF, pp.611-613.
4. Echec de la métaphysique au XVIIIè siècle
Au 18è siècle, la métaphysique dogmatique se trouve rejetée parce que comportant
des illusions. En effet la cosmologie rationnelle a voulu être une sorte d’hyper-physique
qui parviendrait à connaître le monde tel qu’il est en soi. En s’engageant dans cette
entreprise la raison devient la proie d’antinomies selon Kant. En outre, la théologie
rationnelle ne peut avancer que des preuves non concluantes de l’existence de Dieu -
signalons entre autre le fameux argument ontologique de Saint Anselme repris par
Descartes- qui en recourant aux causes finales, n’atteint pas ce qu’elle prétend, puisqu’elle
fait du monde une œuvre d’art. L’empirisme critique cette méthode de la métaphysique
qui pousse l’esprit à sortir du cadre de ce qui est par lui expérimentalement contrôlable à
telle enseigne que Hume conseille ceci : « si nous prenons en main un volume de
théologie ou de métaphysique scolastique, par exemple demandons-nous : contient-il des
raisonnements expérimentaux sur des questions de fait ou d’existence ? Non ? Alors,
mettez-le au feu, car il ne contient que sophismes et illusions
4
Ainsi jusqu’ici la méthode
de la métaphysique est pour Kant un tâtonnement entre de simples concepts.
Conséquence : « la métaphysique se précipite dans une telle obscurité et dans de telle
contradictions qu’elle peut conclure qu’elle doit quelque part s’être appuyée sur des
erreurs cachées, sans toutefois pouvoir les découvrir, parce que les principes dont elle se
sert, dépassant les limites de toute expérience, ne reconnaissent plus aucune pierre de
touche de l’expérience. »
5
Elle se livre donc à des combats sans fin et il s’avère nécessaire
de porter une « critique » à cette métaphysique classique.
II. La critique kantienne de la métaphysique
1. Solution à la crise de la métaphysique
Kant veut limiter les prétentions de la raison : il faut que la raison apprenne que
certaines questions dépassent ses capacités. Il fait une critique complète de la raison. En
s’attachant à cette idée d’une science particulière susceptible d’examiner le pouvoir de la
raison, Kant ne s’occupe pas d’introspection, il dresse un tribunal de la raison chargé de
déclarer le droit en matière de connaissance. Il critique d’une part la tendance empiriste,
qui pousse la raison à connaître les phénomènes et de l’autre celle dogmatique par laquelle
la raison s’élève au-dessus des objets empiriques. De ce fait, il associe la question de la
possibilité de la métaphysique et celle des conditions d’une connaissance objective de la
nature. A la suite des mathématiques et de la physique qui donnent des résultats
apodictiques, Kant, dans la Critique de la raison pure (1781), pose la question de la
4
BESSE J.-M. et BOISSIERE A., Précis de philosophie, Col. Repères pratiques n°38, p.136.
5
KHODOSS Florence, KANT La raison pure. Extraits de la CRITIQUE, p.22.
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