La nuit du 18 au 19 avril 1775, Gage reçut l'ordre de lord North d'envoyer environ
800 hommes pour saisir les munitions rassemblées à Concord, à une trentaine de kilomètres
de Boston. Le mouvement n'échappa pas à la vigilance du Comité de sécurité dont les
messagers à cheval, notamment un orfèvre local du nom de Paul Revere, sillonnèrent la
campagne pour donner l'alarme. Les compagnies de milice d'au moins vingt-trois villes
prirent part aux combats qui se déroulèrent d'abord à Lexington puis près de Concord, ce qui
n'était ni plus ni moins qu'une levée d'armes de toute la campagne contre les Britanniques.
L'offensive des colons ne se termina pas avec la fuite des Britanniques à Boston ; les forces
miliciennes continuèrent d'arriver à l'annonce de la « victoire » — atteignant plus de
20 000 hommes — et encerclèrent la ville qui resta assiégée du 20 avril 1775 au 17 mars
1776, date de l'évacuation britannique.
Le deuxième congrès continental et le siège de Boston
Le deuxième congrès continental se réunit à Philadelphie le 10 mai 1775 dans un esprit de
résistance accrue. Les délégués décidèrent de faire du Congrès le gouvernement central des
« Colonies unies d'Amérique », d'accepter que les troupes engagées dans le siège de Boston
deviennent l'« armée continentale américaine » et de nommer, par un vote unanime le 15 juin,
George Washington commandant en chef. Ce fut une manœuvre habile de nommer un homme
de la Virginie qui amènerait très probablement le soutien du Sud à un conflit mené par une
armée composée en majorité de miliciens de la Nouvelle-Angleterre. Malgré tous les
préparatifs de guerre, la plupart des colons britanniques espérait toujours une réconciliation
avec le Royaume-Uni. Dans cette optique, le Congrès adopta la motion d'Olive Branch, qui
réaffirmait la loyauté des colonies à George III et demandait dans une adresse de conciliation
au roi de désavouer les mesures de ses émissaires.
Pendant ce temps, le général Gage avait reçu des renforts. Sa garnison, maintenant forte de
8 000 hommes, était en mesure de tenir les hauteurs qui surplombaient Boston au nord à
Charlestown et au sud à Dorchester. Les colons avaient eu vent de cette intention et, la nuit du
16 au 17 juillet 1775, 1 200 d'entre eux, sous les ordres du colonel William Prescott,
occupèrent Breed's Hill, dominant ainsi Charlestown et le front de mer de Boston, et
commencèrent à se retrancher. Ce fut la bataille de Bunker Hill. Le 17 juin, Gage dépêcha le
général William Howe, accompagné d'environ 2 500 hommes de l'infanterie britannique, pour
prendre la position. Les Britanniques remportèrent la victoire puisqu'ils firent fuir les
miliciens de Breed's Hill, mais, compte tenu des pertes infligées, les colons avaient gagné.
La nouvelle de la bataille de Bunker Hill et la pétition au roi arrivèrent en même temps à
Londres. George III déclara la motion irrecevable et proclama le 23 août que la Nouvelle-
Angleterre était en état de rébellion. Au moment où fut connue l'ampleur des pertes
britanniques à la bataille de Bunker Hill, le gouvernement se rendit compte qu'il se trouvait
face à une véritable guerre et remplaça le général Gage par le général Howe.
Le 2 juillet 1775, Washington prit le commandement des forces américaines avec un effectif
total oscillant entre 13 000 et 17 000 puisque les hommes pouvaient se démobiliser à leur gré.
Washington consacra ses premiers efforts à l'entraînement et à la réorganisation de l'armée. Il
ne pouvait pas envisager le siège de Boston sans artillerie lourde. Il dut donc attendre l'hiver.