Indépendance américaine, guerre de l

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Indépendance américaine, guerre de l'
1 PRÉSENTATION
Indépendance américaine, guerre de l' (1776-1783), conflit entre les treize colonies
britanniques de la façade atlantique de l'Amérique du Nord et leur pays d'origine, le
Royaume-Uni. La France intervint plus tard comme alliée des États indépendants. Le résultat
de la guerre fut la création d'une nation distincte, les États-Unis d'Amérique. On l'appelle
aussi la Révolution américaine.
2 AUX ORIGINES DU CONFLIT
La fin de la guerre de Sept Ans (1756-1763), qui a commencé en Amérique du Nord en 1754
et qui est connue en Amérique sous le nom de guerre française et indienne, déposséda la
France de la grande majorité de ses conquêtes du continent nord-américain et d'Inde au profit
de la puissance britannique. Ainsi, le Royaume-Uni devint la puissance prédominante du
monde occidental. Elle connut, de ce fait, un énorme développement de son commerce
maritime. Le roi George III, qui arriva sur le trône en 1760, était déterminé à exercer son
autorité. Cependant, sa maladresse provoqua une instabilité politique et un manque de fermeté
dans la conduite des affaires intérieures au moment où le conflit avec les colonies américaines
se développait.
2.1 Le Stamp Act (loi sur le timbre)
Grâce à la guerre de Sept Ans, les autorités britanniques comprirent que les colons
d'Amérique ne respectaient ni les Navigation Acts (lois sur la navigation) ni l'autorité
impériale. Pendant le conflit, les marchands coloniaux continuèrent à commercer avec
l'ennemi et à passer des marchandises en contrebande alors que les assemblées coloniales
refusaient constamment de procurer aux responsables militaires des hommes et du
ravitaillement. Après la guerre, le Royaume-Uni se trouva fortement endetté et dut, par
ailleurs, faire face à de nouveaux engagements financiers pour administrer les tout nouveaux
territoires d'Amérique du Nord. Exigeant que les lois sur la navigation soient scrupuleusement
respectées et que les colons, très légèrement imposés, paieraient une partie des coûts de
défense de l'empire, le Parlement de Londres adopta en mars 1765 le Stamp Act (loi sur le
timbre) pour augmenter ses revenus.
Les colons croyaient en une théorie fédérale de l'empire qui partageait l'autorité entre les
colonies et le Royaume-Uni. Dès le début, les assemblées coloniales s'étaient formées sur le
modèle du Parlement de Londres, et avaient réglé des questions intérieures telles que lever des
taxes et des armées et surveiller le pouvoir judiciaire. En pratique, l'Angleterre se chargeait
des questions extérieures telles que déclarer la guerre, administrer les affaires étrangères,
s'occuper du commerce, des affaires indigènes et de la poste. Aux yeux des colons, la loi sur
le timbre violait le droit des sujets britanniques de ne pas être taxés sans consentement de
leurs représentants ; elle rognait l'indépendance de leurs assemblées coloniales et semblait être
la première étape d'un complot qui visait à les priver de leur liberté.
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Des émeutes organisées par une société secrète du nom de Fils de la Liberté éclatèrent dans
les cités portuaires des colonies. Le boycott colonial décidé par les assemblées coloniales,
parallèlement aux marchands, fut si efficace que le commerce entre le Royaume-Uni et
l'Amérique fut paralysé. En octobre 1765, des délégués venus de neuf colonies se
rencontrèrent à New York lors du Congrès contre le Stamp Act et adressèrent des motions au
Parlement et au roi expliquant les doléances coloniales. Le Parlement abrogea la loi sur le
timbre en mars 1766, cédant non pas aux objections constitutionnelles des colons à l'égard des
taxations mais à la demande des marchands britanniques, touchés par la crise économique.
2.2 Les lois Townshend
L'abrogation du Stamp Act ne résolut pas les problèmes financiers. Le Parlement n'avait pas
abandonné le droit de taxer les colonies et, en 1767, il adopta les lois Townshend, du nom du
chancelier de l'Échiquier (ministre des Finances) Charles Townshend. Ces lois imposaient des
taxes sur le plomb, le verre, le thé, la peinture et le papier que les Américains importaient
d'Angleterre. Pour renforcer sa propre autorité et le pouvoir des officiers royaux coloniaux, le
Parlement, toujours à la demande de Townshend, créa aussi l'American Board of Customs
Commissioners (le bureau américain des commissaires aux douanes), dont les membres
étaient chargés d'appliquer scrupuleusement les lois sur la navigation. Les revenus tirés des
nouveaux tarifs douaniers permettraient aux officiers royaux de ne plus dépendre
financièrement des assemblées coloniales, ce qui empiétait encore sur l'autonomie de cellesci.
Une nouvelle fois, les colons protestèrent violemment. Les Fils de la Liberté organisèrent des
protestations contre les officiers des douanes, les marchands signèrent des accords de nonimportation des produits britanniques et les Filles de la Liberté prônèrent la nonconsommation des produits taxés par les lois Townshend. La législature du Massachusetts fit
parvenir aux autres colonies une circulaire condamnant les lois Townshend et appelant à une
résistance unie des Américains. Les officiers britanniques ordonnèrent alors la dissolution du
tribunal général du Massachusetts s'il ne retirait pas cette circulaire. Le tribunal refusa par
92 voix contre 17 et fut dissous. Les autres assemblées coloniales, qui avaient tout d'abord
hésité à s'opposer aux lois, signèrent la circulaire en geste de défi, outrées de voir les
Britanniques s'immiscer dans une législature coloniale.
En d'autres termes, les actions britanniques ne firent que renforcer la contestation américaine.
La situation explosa le 21 juin 1768 lorsque les officiers des douanes saisirent le bateau
Liberty de John Hancock, marchand de Boston. Des milliers de Bostoniens se rebellèrent.
Quand la nouvelle de l'émeute du Liberty fut connue à Londres, quatre régiments de l'armée
britannique — soit 4 000 soldats environ — furent détachés à Boston pour protéger les
commissaires aux douanes, menacés par les Bostoniens.
Le mépris dont firent preuve les troupes britanniques à l'égard des colons menèrent
inévitablement à la violence. Le 5 mars 1770, un drame éclata entre les troupes britanniques et
les citoyens de Boston qui huèrent et conspuèrent les soldats. L'armée tira, tuant cinq
personnes. Le massacre de Boston fit naître une grande rancœur dans la colonie.
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Pour répondre aux boycotts économiques des colonies, le Parlement de Londres, guidé par le
nouveau Premier ministre, lord Frederick North, abrogea les lois Townshend en 1770 mais
conserva la taxe sur le thé pour réaffirmer son droit de taxer les colonies et pour favoriser la
Compagnie des Indes orientales britannique. À Philadelphie et à New York, les colons
interdirent aux navires britanniques de décharger le thé. À Boston, lors de la célèbre Tea Party
de Boston, un groupe de citoyens, déguisés pour la plupart en Amérindiens, aborda le bateau
du capitaine Hall et jeta les caisses de thé à la mer.
2.3 Les lois de coercition
En représailles, le Parlement adopta, en 1774, les lois de coercition — rebaptisées par les
colons lois « intolérables ». Pour surveiller l'application de ces lois, le Parlement nomma, au
titre de gouverneur du Massachusetts, le général de corps d'armée Thomas Gage, commandant
en chef de l'armée britannique en Amérique du Nord. Bon nombre de colons pensèrent que les
lois de coercition visaient, une nouvelle fois, à bafouer leurs droits et à confondre autorités
civile et militaire.
2.4 Le premier Congrès continental
Du fait des lois de coercition, le Massachusetts reçut le soutien et la solidarité de toutes les
autres colonies. L'assemblée de Virginie convoqua une réunion des treize colonies et du
Canada pour envisager une action commune contre l'immixtion du Parlement dans les droits
coloniaux. Le rassemblement, connu sous le nom de premier Congrès continental, eut lieu à
Philadelphie en septembre 1774. Le Congrès se composait de représentants des treize
colonies, à l'exception de la Géorgie.
Le Congrès ne chercha pas la rupture avec le Royaume-Uni mais essaya de définir les droits
des colonies d'Amérique, de fixer les limites du pouvoir du Parlement et de s'accorder sur la
tactique à suivre pour résister aux lois de coercition. En octobre, les délégués adoptèrent une
Declaration of Rights and Grievances (déclaration des droits et des doléances) qui rejetait le
droit du Parlement de taxer les colonies ou de légiférer à leurs propos et affirmait que seules
les assemblées coloniales avaient ce pouvoir. Ils concédèrent à contrecœur au Parlement le
droit de régler le commerce. Le Congrès rédigea l'association continentale, accord demandant
aux colonies de cesser toutes relations commerciales avec la métropole jusqu'à l'abrogation
des lois de coercition par le Parlement. Le Congrès leva la séance en prévoyant un deuxième
rassemblement en mai 1775. À cette date, cependant, les hostilités avaient commencé entre le
Royaume-Uni et ses colonies.
2.5 Lexington et Concord
La première confrontation armée de la guerre de l'Indépendance eut lieu dans le
Massachusetts et engagea les forces britanniques de Boston, au nombre d'environ
3 500 hommes. Le général Gage savait que les membres des milices des villes avoisinantes
s'entraînaient et s'organisaient en sections actives, connues sous le nom de « minutemen »,
prêtes à une intervention immédiate. Les munitions et les ravitaillements étaient rassemblés
sous la direction d'un Comité de sécurité agissant pour le compte de l'assemblée provinciale.
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La nuit du 18 au 19 avril 1775, Gage reçut l'ordre de lord North d'envoyer environ
800 hommes pour saisir les munitions rassemblées à Concord, à une trentaine de kilomètres
de Boston. Le mouvement n'échappa pas à la vigilance du Comité de sécurité dont les
messagers à cheval, notamment un orfèvre local du nom de Paul Revere, sillonnèrent la
campagne pour donner l'alarme. Les compagnies de milice d'au moins vingt-trois villes
prirent part aux combats qui se déroulèrent d'abord à Lexington puis près de Concord, ce qui
n'était ni plus ni moins qu'une levée d'armes de toute la campagne contre les Britanniques.
L'offensive des colons ne se termina pas avec la fuite des Britanniques à Boston ; les forces
miliciennes continuèrent d'arriver à l'annonce de la « victoire » — atteignant plus de
20 000 hommes — et encerclèrent la ville qui resta assiégée du 20 avril 1775 au 17 mars
1776, date de l'évacuation britannique.
2.6 Le deuxième congrès continental et le siège de Boston
Le deuxième congrès continental se réunit à Philadelphie le 10 mai 1775 dans un esprit de
résistance accrue. Les délégués décidèrent de faire du Congrès le gouvernement central des
« Colonies unies d'Amérique », d'accepter que les troupes engagées dans le siège de Boston
deviennent l'« armée continentale américaine » et de nommer, par un vote unanime le 15 juin,
George Washington commandant en chef. Ce fut une manœuvre habile de nommer un homme
de la Virginie qui amènerait très probablement le soutien du Sud à un conflit mené par une
armée composée en majorité de miliciens de la Nouvelle-Angleterre. Malgré tous les
préparatifs de guerre, la plupart des colons britanniques espérait toujours une réconciliation
avec le Royaume-Uni. Dans cette optique, le Congrès adopta la motion d'Olive Branch, qui
réaffirmait la loyauté des colonies à George III et demandait dans une adresse de conciliation
au roi de désavouer les mesures de ses émissaires.
Pendant ce temps, le général Gage avait reçu des renforts. Sa garnison, maintenant forte de
8 000 hommes, était en mesure de tenir les hauteurs qui surplombaient Boston au nord à
Charlestown et au sud à Dorchester. Les colons avaient eu vent de cette intention et, la nuit du
16 au 17 juillet 1775, 1 200 d'entre eux, sous les ordres du colonel William Prescott,
occupèrent Breed's Hill, dominant ainsi Charlestown et le front de mer de Boston, et
commencèrent à se retrancher. Ce fut la bataille de Bunker Hill. Le 17 juin, Gage dépêcha le
général William Howe, accompagné d'environ 2 500 hommes de l'infanterie britannique, pour
prendre la position. Les Britanniques remportèrent la victoire puisqu'ils firent fuir les
miliciens de Breed's Hill, mais, compte tenu des pertes infligées, les colons avaient gagné.
La nouvelle de la bataille de Bunker Hill et la pétition au roi arrivèrent en même temps à
Londres. George III déclara la motion irrecevable et proclama le 23 août que la NouvelleAngleterre était en état de rébellion. Au moment où fut connue l'ampleur des pertes
britanniques à la bataille de Bunker Hill, le gouvernement se rendit compte qu'il se trouvait
face à une véritable guerre et remplaça le général Gage par le général Howe.
Le 2 juillet 1775, Washington prit le commandement des forces américaines avec un effectif
total oscillant entre 13 000 et 17 000 puisque les hommes pouvaient se démobiliser à leur gré.
Washington consacra ses premiers efforts à l'entraînement et à la réorganisation de l'armée. Il
ne pouvait pas envisager le siège de Boston sans artillerie lourde. Il dut donc attendre l'hiver.
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En août, les forces américaines sous les ordres du général Richard Montgomery envahirent le
Canada. Ils prirent Montréal en novembre mais, le mois suivant, après avoir été rejoints par
une deuxième force commandée par Arnold, les Américains furent battus à Québec, où
Montgomery fut tué.
Pendant l'hiver de 1775-1776, le colonel Henry Knox, chef d'artillerie de Washington, amena
59 canons lourds et mortiers de Fort Ticonderoga à Boston. La nuit du 4 mars 1776,
Washington occupa les hauteurs de Dorchester, surplombant Boston au sud. Howe, surpris, se
rendit compte qu'il devait prendre ces hauteurs hérissées de canons s'il voulait garder l'entrée
maritime de Boston. Il décida d'embarquer ses 11 000 hommes et plus de 1 000 loyalistes le
17 mars pour se diriger vers Halifax (Nouvelle-Écosse).
3 L'INVASION BRITANNIQUE PAR LE NORD
Le général Howe s'était simplement retiré pour se réorganiser et recevoir des renforts.
Washington prévoyait que lorsque Howe reviendrait, la ville de New York, avec son vaste
port et l'accès immédiat à l'intérieur du pays qu'offrait la baie d'Hudson, serait très
probablement la place d'où les Britanniques déclencheraient leur invasion.
Le 29 juin 1776, le général Howe arriva au large de Sandy Hook (New Jersey) avec une flotte
commandée par son frère, l'amiral Richard Howe. Au total, cette force compterait
32 000 hommes dont 8 000 mercenaires allemands. Howe attendit presque deux mois avant de
tenter un débarquement en force. Pour faire face à cette attaque, Washington disposait de
moins de 20 000 hommes, dont pratiquement la moitié était des soldats inexpérimentés.
En novembre 1775, le désir de réconciliation avec la métropole qu'affichaient les sudistes
s'évanouit lorsque le gouverneur de Virginie, lord John Dunmore, offrit la liberté aux esclaves
qui se rebelleraient contre leurs maîtres pour rejoindre l'armée britannique. L'idée
d'indépendance gagna un soutien populaire massif à la suite de la publication du pamphlet le
Sens commun (Common Sense) de Thomas Paine, en janvier 1776. Ce pamphlet, publié
anonymement, attaquait George III en le traitant de « brute royale » et condamnait le régime
monarchique. Les arguments qu'avança Paine furent décisifs. Le 4 juillet 1776, le Congrès
continental proclama la déclaration d'Indépendance, stipulant que les colonies « sont et
doivent de droit être des États libres et indépendants ». Par la suite, les Américains ne se
considérèrent plus comme des sujets britanniques rebelles mais comme des citoyens d'une
nation souveraine repoussant l'invasion d'une puissance étrangère.
3.1 Batailles autour de New York
Les troupes américaines furent repoussées vers Brooklyn Heights, où elles perdirent la bataille
de Long Island. Elles durent traverser l'East River en direction de Manhattan dans la nuit du
29 au 30 août. Se déplaçant toujours avec beaucoup de précaution, Howe repoussa les forces
de Washington vers le nord. Une escarmouche sans importance sur l'île de Manhattan fut
suivie par la bataille de White Plains (le 28 octobre) d'où personne ne sortit vraiment
vainqueur. En novembre, les forces de Howe prirent les deux forts que Washington avait
construits pour éloigner la flotte britannique de la rivière Hudson. Washington se replia dans
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le New Jersey en direction du sud-ouest, puis (le 8 décembre) traversa la rivière Delaware
pour se rendre en Pennsylvanie. Convaincu que les insurgés étaient complètement battus et
que le Congrès continental allait demander la paix, Howe ne poursuivit pas Washington. Il se
contenta d'établir plusieurs avant-postes dans le New Jersey et d'installer ses quartiers d'hiver
en attendant le printemps.
3.2 Trenton et Princeton
Howe n'avait pas sous-estimé la faiblesse de l'armée américaine à la fin de 1776. Elle se
composait de moins de 3 000 hommes, mal habillés, mal équipés et mal nourris. Malgré les
efforts acharnés que déployèrent Washington et d'autres pour recruter de nouveaux hommes,
peu de citoyens voulurent rejoindre une armée qui paraissait sur le point de s'écrouler. La
défaite totale et la fin de la nouvelle nation semblaient inévitables mais, par un coup de maître
tactique, Washington parvint à réveiller l'espoir.
La nuit de Noël, sous une tempête aveuglante, Washington fit traverser le fleuve Delaware à
ses hommes et, par surprise, écrasa quelque 1 200 soldats de la Hesse à Trenton en faisant
plus de 900 prisonniers. Le 3 janvier 1777, Washington frappa encore en mettant en déroute
trois régiments britanniques au cours de la bataille de Princeton. Il prit ensuite une solide
position sur les hauteurs de Morristown, au nord du centre du New Jersey. Les Britanniques
se replièrent à New York en laissant à l'armée des insurgés le contrôle total du New Jersey.
4 LA CAMPAGNE DE 1777-1778
Pour la campagne de 1777, la stratégie britannique était entre les mains du secrétaire d'État
chargé des affaires américaines, lord George Germain, qui s'engagea à étouffer la rébellion
avant la fin de l'année. Il voulait diviser en deux les colonies en séparant la NouvelleAngleterre, déjà isolée par la mer, des colonies du Sud, grâce à une armée commandée par
Howe et une autre par le général de division John Burgoyne.
4.1 Saratoga
Le général Burgoyne, avec environ 7 000 hommes, réussit tout d'abord. Le 6 juillet 1777, il
prit Fort Ticonderoga et le 29 juillet il avait atteint la partie supérieure du fleuve Hudson, où il
attendit du ravitaillement du Canada. Entre-temps, il envoya un groupe de mercenaires de la
Hesse vers l'est, dans le Vermont. Ce corps fut mis en pièces lors de la bataille de Bennington
par des miliciens du Vermont et du New Hampshire. Non seulement la bataille coûta
beaucoup d'hommes à Burgoyne mais elle incita aussi les colons à s'engager dans la milice.
Burgoyne continua vers le sud en septembre, mais ses effectifs furent réduits lors des deux
batailles qui se déroulèrent à proximité de Bemis Heights avec les miliciens et l'armée
continentale commandés par le général de division Horatio Gates. Le 17 octobre, Burgoyne se
rendit à Gates avec un effectif de moins de 5 000 hommes.
4.2 La prise de Philadelphie par les Britanniques
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Lord Germain approuva à la fois le plan de Burgoyne, qui prévoyait que les troupes
britanniques coupent la Nouvelle-Angleterre des colonies du Sud, et celui de Howe, qui
consistait à se déplacer vers le sud avec le gros de l'armée et à attaquer Philadelphie. Howe
débarqua à l'extrémité de la baie de Chesapeake (le 25 août 1777) et avança sur Philadelphie.
Washington tenta vainement de le maîtriser à Brandywine Creek (Pennsylvanie) mais, le
26 septembre, Howe pénétra dans Philadelphie. Avant son arrivée, le Congrès continental
avait fui à York (Pennsylvanie), puis à Baltimore. Le 4 octobre, Washington attaqua Howe à
Germantown, au nord de Philadelphie, mais fut battu après un combat acharné. Washington,
avec environ 11 000 hommes, prit ensuite ses quartiers d'hiver à Valley Forge.
4.3 L'alliance avec la France
L'année 1777 marqua le tournant de la guerre en faveur de la cause américaine. La France,
battue par le Royaume-Uni en 1763, envoyait secrètement de l'argent et du ravitaillement aux
colons depuis le début du conflit. Ainsi, à l'été 1777, le jeune marquis de La Fayette, avec une
troupe de volontaires équipée à ses frais, s'était porté aux secours des insurgés. La Fayette,
ainsi que le général français d'origine bavaroise J. de Kald, bientôt suivis par le général
prussien et baron Friedrich Wilhelm von Steuben et deux officiers polonais, leur apprirent les
principes de la manœuvre sur le terrain et l'utilisation rationnelle de l'artillerie et de la
cavalerie. La Fayette, après avoir combattu aux côtés des soldats de Virginie, revint
provisoirement en France et soutint Benjamin Franklin dans sa négociation pour obtenir le
soutien officiel de la France à la guerre de l'Indépendance américaine. Convaincu de la
solidité de la cause américaine grâce à la victoire des insurgés à Saratoga, Louis XVI, qui
avait reconnu l'indépendance des colonies britanniques d'Amérique le 17 décembre 1777,
signa deux traités le 6 février suivant. Le premier était un traité d'amitié et de commerce, le
second prévoyait l'alliance des deux nations en cas de déclaration de guerre du Royaume-Uni
à la France. L'aide déterminante de la France se concrétisa par l'envoi d'armes, de soldats, de
navires de guerre et d'importants subsides. La guerre entre les Couronnes de France et
d'Angleterre éclata en juin 1778. Dès avril 1778, une flotte française forte de dix-sept
vaisseaux commandée par le vice-amiral Charles Henri Jean-Baptiste, comte d'Estaing, vogua
vers l'Amérique. Avertis par les émissaires de l'amirauté, l'amiral Richard Howe et le général
sir Henry Clinton, qui avait succédé au général William Howe à la tête des troupes
britanniques à Philadelphie, décidèrent de quitter immédiatement la ville. Ils craignaient que
la puissante flotte de d'Estaing n'interrompît leur liaison maritime avec New York. De
nombreux loyalistes embarquèrent avec l'équipement militaire lourd sur les bateaux de
l'amiral Howe et atteignirent New York sains et saufs. Clinton évacua Philadelphie et avança
dans le New Jersey vers le nord. Il fut poursuivi par Washington qui le dépassa et l'attaqua à
Monmouth, le 28 juin, mais ne réussit pas à prendre le dessus.
La flotte française de d'Estaing arriva au large de l'embouchure du fleuve Delaware le 8 juillet
1778, découvrit que la flotte britannique s'était enfuie et atteignit Sandy Hook le 14 juillet. De
là, le vice-amiral français décida de faire sortir les Britanniques de Newport (Rhode Island),
mais en fut empêché par la tactique de l'amiral Howe et par une tempête de grêle qui dispersa
les deux flottes. D'Estaing rallia ensuite Boston pour remettre sa flotte en état et partit pour les
Antilles le 4 novembre 1778.
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5 LA CAMPAGNE BRITANNIQUE DANS LE SUD
Les ministres du roi conçurent une nouvelle stratégie : conquérir les colonies du Sud, une à
une, en commençant par la Géorgie. Après avoir établi un gouvernement civil allié, les
Britanniques avanceraient vers le nord, en élargissant la base de leurs opérations. Toute cette
stratégie reposait sur un élément clé : la participation active des loyalistes sudistes qui,
croyait-on, se soulèveraient, aideraient à combattre les rebelles et prendraient la tête de
nouveaux gouvernements civils. Le 29 décembre 1778, une expédition navale britannique de
3 500 hommes, partie de New York, prit Savannah, puis reprit le contrôle d'autres villages en
Géorgie.
Plus à l'ouest, une expédition américaine, sous les ordres de George Rogers Clark, commença
la nouvelle année en prenant le fort britannique de Vincennes (dans la région qui constitue
aujourd'hui l'État de l'Indiana). Ce succès consolida le pouvoir américain dans toute la région
nord de la vallée de l'Ohio. Un peu plus tard dans l'année, Washington envoya une solide
force sous les ordres du général John Sullivan dans l'ouest de l'État de New York pour
dévaster les terres et détruire les villages de la Confédération des Iroquois. Washington
espérait ainsi mettre fin aux raids que commanditaient les Britanniques aux Amérindiens sur
les villages aux confins des États de New York et de Pennsylvanie. La capture-surprise de
l'avant-poste britannique à Stony Point sur le fleuve Hudson par le général « Mad Anthony »
Wayne en juillet fut suivie en août par la capture d'une petite garnison britannique opérée par
le commandant Henry Lee à Paulus Hook, sur la rive du Jersey.
Dans le Sud, la guerre se développait. Le Congrès avait envoyé le général de division
Benjamin Lincoln à Charleston (Caroline du Sud) pour prendre la direction du département
des affaires du Sud. Le 9 octobre 1779, il rejoignit les forces françaises du comte d'Estaing
lors d'une attaque hâtivement préparée par Savannah qui, contrée par les Britanniques,
provoqua de lourdes pertes chez les alliés. D'Estaing vogua ensuite vers la France,
conformément aux ordres qu'il avait reçus de Paris. L'armée de Lincoln (3 500 hommes) fut
assiégée à Charleston par une force navale britannique de 8 000 hommes commandée par le
général Clinton. Les Patriotes furent obligés de se rendre. Sur ce, Clinton rentra à New York,
laissant le général de corps d'armée Charles Cornwallis, second des forces britanniques du roi
en Amérique du Nord, avec quelque 7 000 soldats de métier et des troupes de loyalistes pour
terminer la conquête des Carolines. Il mit en déroute un corps américain commandé par le
général Gates à Camden (Caroline du Sud) le 16 août, mais une lutte partisane se déployait de
nouveau aux Carolines. Deux colonnes britanniques furent écrasées dans la bataille de Kings
Mountain le 7 octobre et à Cowpens le 17 janvier 1781. En mars, Cornwallis mena une
bataille sanglante à l'issue indécise à Guilford Courthouse (Caroline du Nord) contre le
général de division Nathanael Greene, successeur de Gates au département des affaires du
Sud. À court de ravitaillement, Cornwallis se replia ensuite à Wilmington (Caroline du Nord).
Par la suite, il se déplaça vers le nord pour gagner la Virginie et fortifia une position à
Yorktown sur la péninsule s'avançant dans la baie de Chesapeake, entre les fleuves York et
Gloucester. Pendant ce temps, Greene débarrassa l'arrière-pays des Carolines des forces
britanniques et bloqua les derniers éléments à Charlestown. Il ne gagna aucune bataille mais
réussit à garder le contrôle de la région.
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Dans le Nord, Washington avait été fortement encouragé par l'arrivée (juillet 1780) à Newport
(Rhode Island) d'environ 6 000 soldats français sous les ordres du lieutenant-général JeanBaptiste Donatien de Vimeur, vicomte de Rochambeau. Les Britanniques avaient retiré leurs
troupes de Newport un peu plus tôt dans l'année de façon à rassembler des forces pour leur
campagne du Sud. En septembre cependant, Washington mit à jour la trahison du général
Benedict Arnold, qui avait proposé de céder la forteresse clé de West Point aux Britanniques.
Dès qu'il sut que sa conspiration avait été découverte, Arnold s'enfuit sur un navire de guerre
britannique par le fleuve Hudson.
5.1 Les pressions en faveur de la paix
Depuis deux ans, Washington cherchait à trouver comment mettre un terme à la guerre. Un
service de renseignements, conduit par Benjamin Franklin, l'un des émissaires américains à
Paris, l'informait en permanence de ce qui se passait en Angleterre et en France. À la lecture
de ces rapports, Washington fut convaincu que l'opinion publique britannique s'opposait
nettement à la poursuite du conflit américain. Washington savait que les armées britanniques
ne pouvaient pas rester très longtemps à l'intérieur du pays et qu'il leur fallait toujours
rejoindre les côtes pour se ravitailler. Il avait patiemment essayé de coincer l'armée
britannique entre les forces terrestres américaines et une flotte française au large de la côte. Si
ce piège pouvait durer assez longtemps, les forces américaines seraient en mesure de
contraindre les Britanniques à se rendre en masse. Franklin avait bien fait comprendre
l'importance de cette idée au gouvernement français. Fort heureusement pour les Américains,
les Français avaient travaillé d'arrache-pied pour donner à leur marine le plus haut degré
d'efficacité, tant au niveau des navires que de l'entraînement militaire.
En septembre 1779, les flottes et les armées de France et d'Espagne attaquèrent la forteresse
britannique de Gibraltar. Le Royaume-Uni ne pouvait pas se permettre, d'un point de vue
stratégique et économique, de perdre ce contrôle d'accès à la Méditerranée.
La tactique habituelle que les Britanniques appliquaient en cas de guerre avec la France était
de maintenir des flottes d'une puissance écrasante à l'entrée des deux principaux ports
français : Brest sur l'Atlantique et Toulon sur la Méditerranée. Quand une flotte française
prenait la mer, elle était impitoyablement poursuivie. En 1781 cependant, la Royal Navy
n'avait pas suffisamment de vaisseaux de ligne pour à la fois assurer le blocus des ports
français et ravitailler la garnison de Gibraltar. Pour assurer ce ravitaillement, il fallait toujours
entrer en lutte pour passer les flottes hispano-françaises au large de ce port. Preuve manifeste
de la faiblesse navale des Britanniques, la flotte française réussit à quitter Toulon en 1778. En
1781, au moment où Gibraltar connaissait un harcèlement continuel, l'amirauté anglaise dut
abandonner la surveillance de Brest. C'est ainsi que vingt-neuf vaisseaux de ligne purent, sous
le commandement du lieutenant-général François Joseph Paul, marquis de Grasse-Tilly,
comte de Grasse, quitter Brest le 22 mars toutes voiles dehors en direction des Antilles, mais
avec l'ordre de se trouver au large des côtes américaines en juillet et en août.
Washington apprit le départ de la flotte française le 22 mai et, avec l'aide de Rochambeau,
décida d'attaquer Clinton à New York. En juin, les troupes françaises furent rappelées de
Newport (Rhode Island) pour venir rejoindre les forces de Washington. Néanmoins, l'attaque
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de New York ne se concrétisa jamais car les bataillons de Clinton, renforcés par
3 000 mercenaires de la Hesse, étaient trop forts et parce que la milice de la NouvelleAngleterre n'arriva pas à intervenir en nombre suffisant.
5.2 Yorktown
Le 14 août, Washington apprit que le comte de Grasse amenait la flotte française dans la baie
de Chesapeake. Il décida immédiatement d'attaquer Cornwallis à Yorktown (Virginie). Les
hommes et l'artillerie de Washington et de Rochambeau se dirigèrent à marche forcée vers le
sud tout en laissant à une troupe le soin d'observer Clinton à New York. La flotte de de Grasse
arriva à l'entrée de la baie de Chesapeake le 30 août, mit en fuite une flotte anglaise
commandée par l'amiral Thomas Graves et établit un blocus autour de l'armée de Cornwallis.
Sous le commandement de Washington, quelque 16 000 soldats américains et français,
accompagnés de miliciens de Virginie, firent le siège de Yorktown. Cornwallis essaya
plusieurs fois de forcer les lignes alliées mais il dut se rendre le 19 octobre 1781.
6 TRAITÉS DE PARIS ET DE VERSAILLES
La reddition de Yorktown marqua la fin des hostilités. Début mars 1782, la Chambre des
communes autorise l'ouverture de négociations avec les insurgés. Celles-ci restèrent secrètes à
la demande des Américains, qui s'étaient engagés auprès de leur allié à ne pas traiter seuls
avec l'ennemi commun. Ils se méfiaient des Français car ils craignaient que, en tant que
détenteurs de l'immense territoire de la Louisiane, ils ne cherchent à s'opposer à l'expansion
des Américains vers l'ouest, et qu'ils ne favorisent les intérêts de leur allié espagnol. Les
négociations anglo-américaines aboutirent à la signature du traité préliminaire, le
30 novembre 1782, où le Royaume-Uni reconnaissait l'indépendance totale de ses anciennes
colonies et leur abandonnait même tous ses territoires au sud des Grands Lacs jusqu'au
Mississippi.
Les négociations ouvertes de paix se déroulèrent l'année suivante, et se terminèrent par le
traité de Paris entre les Britanniques et les Américains le 3 septembre 1783, puis par le traité
de Versailles entre le Royaume-Uni et les autres belligérants. La France obtint des
concessions coloniales ainsi que l'Espagne, qui reçut la Floride.
Le tracé des frontières des nouveaux États-Unis d'Amérique déterminé lors de ces traités fut
une source de discordes entre les Français et les Américains. Elles étaient ainsi définies : la
rivière Sainte-Croix, la ligne de partage des eaux entre le Saint-Laurent et l'océan Atlantique,
le 45e parallèle, le milieu des Grands Lacs, le Mississippi et le 31e parallèle.
Les treize colonies britanniques furent ainsi les premières à acquérir leur indépendance vis-àvis de leur métropole européenne, et constituèrent le premier pays à s'être doté d'une
constitution écrite. Toutefois, l'indépendance politique acquise ne remit pas en cause les
rapports économiques et commerciaux privilégiés avec la Couronne d'Angleterre.
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