Les pratiques à visée philosophique ou Poser des questions existentielles pour faire réfléchir l’enfant à sa place dans le monde. Sommaire : 1. Rappel des programmes : les piliers 1 et 6 du socle commun 2. Cinq approches pour philosopher 3. Une proposition d’ateliers philosophiques en SEGPA 4. Philosopher en SEGPA 5. Les quatre rôles de l’enseignant 6. Les thèmes de la discussion 7. Evaluation 1.Les programmes : LE SOCLE COMMUN DES CONNAISSANCES ET DES COMPÉTENCES Le socle commun de connaissance et compétences : décret du 11 juillet 2006 http://www.education.gouv.fr/cid2770/le-socle-commun-de-connaissances-et-decompetences.html Les grilles de référence : http://eduscol.education.fr/D0231/experimentation_livret.htm 1. La maîtrise de la langue française Savoir lire, écrire et parler le français conditionne l'accès à tous les domaines 1 du savoir et l'acquisition de toutes les compétences. La langue française est l'outil premier de l'égalité des chances, de la liberté du citoyen et de la civilité : elle permet de communiquer à l'oral comme à l'écrit, dans diverses situations; elle permet de comprendre et d'exprimer ses droits et ses devoirs. Faire accéder tous les élèves à la maîtrise de la langue française, à une expression précise et claire à l'oral comme à l'écrit, relève de l'enseignement du français mais aussi de toutes les disciplines. Chaque professeur et tous les membres de la communauté éducative sont comptables de cette mission prioritaire de l'institution scolaire. ■ CONNAISSANCES L'expression écrite et l'expression orale doivent être travaillées tout au long de la scolarité obligatoire, y compris par la mémorisation et la récitation de textes littéraires. Le vocabulaire Enrichir quotidiennement le vocabulaire des élèves est un objectif primordial, dès l'école maternelle et tout au long de la scolarité obligatoire. Les élèves devront connaître : • un vocabulaire juste et précis pour désigner des objets réels, des sensations, des émotions, des opérations de l'esprit, des abstractions ; • des mots de signification voisine ou contraire ; ■ CAPACITÉS S'exprimer à l'oral Il s'agit de savoir : • prendre la parole en public ; • prendre part à un dialogue, un débat : prendre en compte les propos d'autrui, faire valoir son propre point de vue ; • reformuler un texte ou des propos lus ou prononcés par un tiers ; • adapter sa prise de parole (attitude et niveau de langue) à la situation de communication (lieu, destinataire, effet recherché). ■ ATTITUDES L'intérêt pour la langue comme instrument de pensée et d'insertion développe : • la volonté de justesse dans l'expression écrite et orale, du goût pour l'enrichissement du vocabulaire ; 2 • le goût pour les sonorités, les jeux de sens, la puissance émotive de la langue ; • l'ouverture à la communication, au dialogue, au débat. 6. Les compétences sociales et civiques Il s'agit de mettre en place un véritable parcours civique de l'élève, constitué de valeurs, de savoirs, de pratiques et de comportements dont le but est de favoriser une participation efficace et constructive à la vie sociale et professionnelle, d'exercer sa liberté en pleine conscience des droits d'autrui, de refuser la violence. A. VIVRE EN SOCIÉTÉ ■ CONNAISSANCES Les élèves doivent en outre : • connaître les règles de la vie collective et comprendre que toute organisation humaine se fonde sur des codes de conduite et des usages dont le respect s'impose ; • savoir ce qui est interdit et ce qui est permis ; • connaître la distinction entre sphères professionnelle, publique et privée, • être éduqué à la sexualité, à la santé et à la sécurité ; CAPACITÉS Chaque élève doit être capable : • de communiquer et de travailler en équipe, ce qui suppose savoir écouter, faire valoir son point de vue, négocier, rechercher un consensus, accomplir sa tâche selon les règles établies en groupe ; • d'évaluer les conséquences de ses actes : savoir reconnaître et nommer ses émotions, ses impressions, pouvoir s'affirmer de manière constructive ; ■ ATTITUDES La vie en société se fonde sur : • le respect de soi ; • le respect des autres (civilité, tolérance, refus des préjugés et des stéréotypes) ; • le respect de l'autre sexe ; • le respect de la vie privée ; • la volonté de résoudre pacifiquement les conflits ; 3 • la conscience que nul ne peut exister sans autrui : • conscience de la contribution nécessaire de chacun à la collectivité ; • sens de la responsabilité par rapport aux autres ; • nécessité de la solidarité : prise en compte des besoins des personnes en difficulté (physiquement, économiquement), en France et ailleurs dans le monde. B. SE PRÉPARER À SA VIE DE CITOYEN L'objectif est de favoriser la compréhension des institutions d'une démocratie vivante par l'acquisition des principes et des principales règles qui fondent la République. Il est aussi de permettre aux élèves de devenir des acteurs responsables de notre démocratie. ■ CAPACITÉS Les élèves devront être capables de jugement et d'esprit critique, ce qui suppose : • savoir évaluer la part de subjectivité ou de partialité d'un discours, d'un récit, d'un reportage ; • savoir distinguer un argument rationnel d'un argument d'autorité ; • apprendre à identifier, classer, hiérarchiser, soumettre à critique l'information et la mettre à distance ; • savoir construire son opinion personnelle et pouvoir la remettre en question, la nuancer (par la prise de conscience de la part d'affectivité, de l'influence de préjugés, de stéréotypes). ■ ATTITUDES Au terme de son parcours civique scolaire, l'élève doit avoir conscience de la valeur de la loi et de la valeur de l'engagement. Ce qui implique : • la conscience de ses droits et devoirs ; • l'intérêt pour la vie publique et les grands enjeux de société ; • la volonté de participer à des activités civiques. 2.Les cinq approches pour philosopher avec des enfants d’après Sylvain Connac : La méthode Lipman Matthew Lipman (s’appuie sur les travaux de Dewey et Vygotski) a proposé un dispositif qui s’appuie sur l’utilisation de romans philosophiques pour déclencher les discussions. Pour 4 Lipman, les enfants se posent naturellement des questions philosophiques. C’est de plus pour eux un passage obligé vers leur vie d’adulte que d’apprendre à penser par eux-mêmes et être en mesure de porter une critique sur leur environnement. Objectifs Durée Fréquence Rôle enseignant Supports - Stimuler la pensée de l’élève Une heure, deux - Aide à la clarification Romans - Confronter sa pensée à celle fois par semaine du sens des choses philosophiques - - - des autres - Aide au raisonnement Améliorer les capacités de et à la mise en place d’un raisonnement et de jugement discours cohérent Avoir un regard critique sur - Permet la critique et son environnement l’écoute d’une réponse Renforcer la cohésion du acceptable groupe classe La méthode Lipman se décompose en cinq parties. 1. Présentation du texte : faire lire à haute voix par les élèves des extraits de romans philosophiques. 2. Prise en compte des questionnements soulevés par le texte au sein des groupes, « la communauté de recherche ». Une fois les grands thèmes reconnus, ils sont ordonnés afin de déterminer un ordre du jour. 3. Discussion suivant ce qui vient d’être posé. Les enfants prennent la parole en se manifestant (doigt levé, bâton de parole, etc.), le but pour eux n’étant pas de chercher la bonne réponse mais plutôt la solidarité du groupe dans une recherche dialogique. 4. Exercices d’application, en lien direct avec les romans et ce qui a été débattu par les enfants 5. Ouverture vers d’autres sujets. La méthode Lévine La méthode pensée par Jacques Lévine et le groupe AGSAS s’appuie sur les avancées de la psychanalyse. De manière générale, nous pouvons souligner l’idée force qu’ici les enfants sont beaucoup moins qu’ailleurs guidés par l’adulte. « L’accent est mis en priorité sur une 5 pensée qui se construit en écho, et qui alimentée autant par le langage interne (les pensées intimes de chacun), que par le discours explicite. » Les enfants sont considérés comme « co-penseurs, habitants de la Terre engagés dans l’aventure humaine. » Objectifs - - - Durée Fréquence Rôle enseignant Supports Découverte de sa propre 30 minutes, une - garant des conditions de Une question pensée fois par semaine prise de parole et des déclenchant le Prise de conscience de son mode de gestion du temps débat. appartenance à une pensée -silencieux dans la groupale première partie : il ne Confronter sa pensée à guide pas la pensée des d’autres élèves afin d’éviter le travail tâtonnant d’élaboration de la pensée - Aide à l’exploitation de l’enregistrement Les ateliers de philosophie de Michel Tozzi La méthode développée par Michel Tozzi donne à l’adulte une place importante. Il s’agit en quelque sorte de situations où les enfants apprennent à philosopher en suivant trois directions : - la technique (celles du débat), - les valeurs démocratiques (droits égaux vis à vis de la parole, respect de l’écoute, etc.) - et les exigences intellectuelles de la philosophie (la conceptualisation, la problématisation et l’argumentation. Objectifs - - Durée Fréquence Rôle enseignant Supports Apprendre à penser, à 30 minutes à 45 - garant du respect des réfléchir minutes, une fois règles de fonctionnement poésie, photos… philosophiquement par semaine (respect de la parole de Respecter les règles de la l’autre…) mise en place d’un dialogue - Favoriser l’émergence possible de la pensée de l’enfant - Divers : textes, 6 - - Argumenter, justifier ses - Permettre d’identifier propos autrement que par la source de ces des exemples représentations et les Valider son discours grâce questionner. à un dialogue avec les autres. Le dispositif Delsol Le travail proposé par Alain Delsol est la résultante d’une longue série d’adaptations pour que les discussions philosophiques deviennent les plus riches possibles du point de vue de la gestion du nombre de participants. Objectifs Durée Fréquence Rôle enseignant Supports - Penser par soi-même Sur le même - garant du cadre qu’il met en Une question - Faire des expériences de thème, 2 x 30 place pour favoriser déclenchant le pensée minutes à 45 l’émergence d’une pensée débat. Observer les minutes, une fois réflexive, il aide à l’animation comportements, la nature par semaine des débats : - des prises de parole . groupe scindé en deux : (un groupe participe et l’autre est observateur) . un enfant président . un enfant reformulateur : il reprend à sa façon ce qui vient d’être dit . un enfant synthétiseur : il fait le point régulièrement des arguments et des questions. La méthode de l’intervenant La cinquième des approches de la philosophie pour enfants trouve sa spécificité dans le fait qu’une personne reconnue comme philosophe vient rencontrer une « communauté de recherche ». 7 Objectifs Durée Fréquence Rôle enseignant Supports - Apprendre à penser 45 minutes à une - garant du respect des Thème central - Débattre, échanger en heure, une fois règles pour l’instauration proposé par le présence d’un philosophe, par semaine d’un dialogue possible philosophe véritable « maître à - pas d’autre fonction penser » en vue de susciter précise : participant, l’imitation, la distanciation observateur, secrétaire… 3. Proposition d’ateliers philosophiques en SEGPA Objectifs Supports Une fois par semaine ou Textes, poésies, Autres objectifs : une fois toutes les 2 proverbes, photos, Pilier 1 : Maîtrise du langage oral, savoir semaines. tableaux, films… questionner, justifier, argumenter, utiliser un Séance 1 : émergence du - Développer la pensée critique Durée Fréquence vocabulaire précis, se faire comprendre d’autrui… thème Pilier 6 : développer l’écoute, le respect de Séance 2 : débat l’autre, les savoir-être nécessaires au développement de la personne et à son insertion dans la société. Séance 1 : émergence du thème ( 30 à 45 minutes ) Il s'agit de trouver des questions dites d'ordre universel ou général qui serviront de base au débat philosophique. Pour susciter les questionnements, on propose un texte (extrait de conte, poème, article de journal…), ou bien une œuvre (tableau, photo, film, sculpture…), ou le groupe part directement des questions de chacun sans support préalable. Les élèves travaillent seul puis en groupe de quatre à recueillir les questions provoqués par le support ( ce qui nous a questionnés, amusés, interpellés, intrigués, irrités…) La mise en commun dans le groupe classe permet d’échanger sur les propositions de chaque groupe ( questions écrites au tableau) et de décider de la question dominante en vue du l’atelier philosophique 8 à venir par le moyen qui lui semble approprié ( argumentation, vote…). La question qui servira de base à la discussion ainsi que celles trouvées par les groupes sont écrites par les élèves dans leurs cahiers accompagnés du support qui a permis de les faire émerger. Intérêts : - émergence d’une multiplicité de questions et de problématiques - le support sert de base à la discussion et permet d’aller plus loin. Dans le texte philosophique, des réponses sont déjà proposées, il est possible de les analyser, les commenter, les comparer, les dépasser… Séance 2 : atelier philosophique Celui-ci se déroule quelques temps après la séance 1 permettant aux élèves une appropriation de la question et la mise en place d’une réflexion personnelle voire même d’une recherche au CDI. Disposition de la classe en cercle ou « U » permettant à tous d’identifier celui qui parle. Phase 1 : 20 à 30 minutes Rappel de la séance précédente et questionnement sur le thème choisi. L’enseignant donne la parole aux élèves, il encourage la participation des élèves réservés. Phase 2 : 10 à 15 minutes Elaboration d’une synthèse commune avec la méthode de la dictée à l’adulte en vue d’une trace mémorielle de la réflexion commune. 4. Philosopher en SEGPA Les élèves de SEGPA sont dans une situation de grande difficulté d’apprentissage. Elle entraîne chez la plupart des élèves un rapport au savoir négatif, un refus d’apprendre. Ils se sentent exclus de la réussite scolaire et sociale et la structure SEGPA est la marque de leur exclusion; ils ont honte de s’y trouver. Leur rapport au langage est difficile et mal vécu. Le plus souvent il leur manque l’utilisation de mot qui donne cohérence au discours, forme à la pensée réflexive : ce sont les connecteurs logiques de temps, de lieux, de causalité ( puis, alors, enfin, mais, parce que, puisque, car, malgré que, cependant, toutefois d’ailleurs…) et les indicateurs de temps, de 9 lieux ( où, qui, quoi, quand, comment, pourquoi). Conditions pour la mise en place des ateliers de philosophie : 1. Acceptation des règles de fonctionnement : - Demander la parole. - La parole est donnée par l’enseignant ( ou animateur de la séance) dans l’ordre des demandes (inscrites sur une feuille). - La priorité est donnée à ceux qui ne se sont pas encore exprimés. - Le temps de parole est limité. - On doit si possible justifier et argumenter ses propos. - Le sujet est choisi démocratiquement. 2. Rapport au savoir plus confortable : La relation au savoir sort des représentation habituelles que les élèves ont : l’enseignant sait et les élèves ignorent. La connaissance se construira avec l’aide de l’enseignant par la mutualisation des points de vue fragmentaires de chacun. Le sujet choisi par les élèves fera, avec l’aide de l’enseignant, l’objet d’une conceptualisation à partir de leurs propositions. 3. Evolution du rapport à la langue : Prendre la parole est une prise de risque important : risque de ne pas être compris, risque de railleries, risque de bafouiller, risque de se tromper… Il est indispensable d’instaurer des règles de communication nécessaire à toute discussion philosophique ou pas : - On respecte les personnes. - On ne se moque pas. - On ne coupe pas la parole. - On est attentif. - On dit ce qu’on pense ( en rapport au sujet). 4. Thème de la discussion choisi par les élèves Pour des raisons de motivation, il est préférable que les élèves choisissent le thème de la discussion. Le sujet choisi est souvent grave et dépasse le champ scolaire. Il est la plupart du temps issu de questions que les adolescents se posent sur leur vie, sur la vie : la pauvreté, la violence, la religion, les relations hommes femmes… 10 5. Relation intersubjective La distribution de la parole, la reformulation des propos par l’enseignant, la participation de tous à la discussion favorise la reconnaissance du sujet dans le double mouvement du groupe et de l’individuation ( je pense que, à mon avis, je suis d’accord mais, je ne suis pas d’accord car…). La sensation de sécurité au sein de la classe par la mise en place des règles décrites ci-dessus permet de « pouvoir être soi » tout en ayant le sentiment d’appartenance à un groupe. 5. les quatre rôles de l’enseignant Visionnage de la K7 : petit atelier de philosophie en classe IMPro. Rôles de Attitudes de l’enseignant Exemples l’enseignant Il organise les - Il permet que des sujets émergent. conditions du débat. - Il permet le choix d’un sujet. - Il organise la disposition spatiale. - Il organise l’utilisation du tableau. - Il se place « corporellement » au même - Il utilise les supports (textes…). - Il fait disposer la classe en cercle. - Il est assis durant le débat. niveau que les élèves. - Il permet le respect des règles de - Il intervient ou pas selon les l’échange. habitudes de la classe - Il donne la parole. - Il sollicite la parole de ceux qui ne parlent - Les autres qu’est-ce que vous en pas spontanément. pensez ? - Il sollicite les réactions de la classe. - Il permet au débat de se conclure. - Il participe à la construction de la trace mémorielle : notre réponse… Il permet le progrès. Par son -Il se donne le temps. -Il met en place une séance pour organisation - Il se donne les moyens l’émergence du sujet. d’aider. Par ses remarques - Il permet à l’élève de - Il pose des questions qui développer sa pensée. encouragent la réflexion. - Il aide à formuler, préciser. - Il établit un bilan. - Il permet au débat de rebondir. 11 Par son attitude - Il se focalise sur l’élève. - Il se tourne vers l’élève qui parle. - Il autorise une détente - Il sourit, après une plaisanterie. mesurée. Il est garant du - « Philosopher ». - Il permet la formulation philosophique d’un -Thème du débat : Peut-on être sujet. libre ? Il reformule certains propos. -Il faut respecter la liberté des autres. - Il problématise les propos. - Est-ce qu’on peut faire ce qu’on veut ? - Etre chez ses parents empêche d’avoir des choix ? - Il sollicite des arguments. - Qu’est ce qui pourrait interdire ? - Il permet l’élaboration de concepts. - Il questionne pour fixer le thème de l’échange (la liberté). Ca veut dire quoi ? C’est-à-dire ? - Il clarifie la différence entre les types de liberté dans l’objectif de conceptualiser ( liberté politique, individuelle…) Il facilite la - Il est garant des résultats déjà obtenus. On avait dit… continuité. - Il prend des exemples concrets. Liberté chez les parents, dans la cour… - Il inscrit le débat dans la vie de la classe. La gestion de la classe amène des débats. - Il utilise le débat philosophique comme Intérêt des débats : des base d’apprentissages. apprentissages communs, développer la capacité de raisonnement, favoriser l’encouragement de l’autonomie de penser. - Il inscrit le débat dans la vie sociale. Est-ce que dans les autres pays on est libre de la même manière ? A t’on le choix dans une dictature ? Trace mémorielle : Elle est la synthèse des propos entendus. Elle est élaborée par les élèves avec l’enseignant sous forme de dictée à l’adulte. Son élaboration puis son écriture permet à l’élève nourrit des apports du groupe de se recentrer sur soi. 12 Exemple : Trace mémorielle de la vidéo avec pour thème « Qu’est-ce qu’être libre ? » : Etre libre, c’est faire ce que l’on veut dans le respect des lois, de la morale et des autres. Pour être libre, il faut faire des choix raisonnables. La liberté exige que l’on soit responsable. La liberté dépend aussi de la politique. 6.Les thèmes de la discussion M. Tozzi, entend la philosophie comme une « interrogation sur les principes, le sens et les valeurs qui fondent le rapport de l’homme au monde ». De ce fait, s’interroger philosophiquement équivaut à se poser toutes sortes de questions. Neil Turnbull (« Tout savoir sur la philosophie ») il existe quatre types de questions philosophiques et donc quatre types principaux de philosophes Les questions métaphysiques recherchent ce que sont et ce qui fait les choses. Les questions épistémologiques essaient d’expliquer comment on connaît ce qui existe. Les questions éthiques nous interrogent sur la façon dont on conduit notre propre vie. Les questions politiques recherchent les façons dont une société humaine devrait être organisée. QUESTIONS QUESTIONS METAPHYSIQUES Pourquoi les enfants sont-ils pressés de grandir ? Qui est Dieu ? Est-ce que tout le monde est pareil ? Est-ce que j’existe ? Les animaux pensent-ils ? Qu’est-ce qu’un adulte ? Que se passe-t-il après la mort ? C’est quoi être vieux ? Pourquoi le Monde existe-t-il ? Ma religion est-elle meilleure que la tienne ? Qu’est-ce qu’aimer ? A qui appartient la Terre ? … ETHIQUES Pourquoi ne doit-on pas être violent ? Que veut dire « être libre » ? A-t-on le droit de tout faire ? Qu’est-ce qu’être content ? Qu’est-ce qu’un ami ? Comment grandit-on ? Doit-on respecter ce que dit l’autre ? Comment choisir entre travail et jeu ? Doit-on toujours dire la vérité ? Qu’est ce que la méchanceté ? Qu’est-ce qu’un raciste ? Qu’est-ce qu’un ami ? Les hommes sont-ils égaux ? … 13 QUESTIONS QUESTIONS EPISTEMOLOGIQUES Qu’est-ce qu’avoir raison ? Que veut dire « être bête » ? Qu’est-ce que le temps ? Qu’est-ce qui est beau ? Comment savoir qu’on ne rêve pas ? A quoi sert l’Histoire ? Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce que la science ? Pourquoi faire de la philosophie ? Pourquoi parle- t’on ? … POLITIQUES Pourquoi aider les pauvres ? Peut-on vivre seul ? A quoi devrait servir l’école ? A quoi devrait servir la famille ? Peut-on vivre sans police ? Comment faire des lois justes ? Les plus forts ont ils toujours raison ? Qu’est-ce qu’un étranger ? A quoi sert l’argent ? Quand peut-on faire une guerre ? Qu’est-ce qu’être violent ? … Certains thèmes qui appartiennent à une catégorie peuvent tout autant être considérés comme appartenant à une autre. Cette liste de thèmes s’enrichit de propositions émanant des enfants, des adultes, des discussions philosophiques et de différents moments de la classe. 7. Evaluation Il est difficile pour un enseignant de ne pas intervenir dans un atelier philosophique, de se dégager de sa position « d’adulte qui en sait plus » que les enfants. Il lui est difficile de sortir d’un atelier sans la frustration de ce qui n’a pas été dit. Ce n’est pas en termes de contenu qu’il faut analyser les ateliers philosophiques. La perspective d’analyse est la maîtrise de la langue orale et l’apprentissage de la pensée. Il s’agit pour l’enseignant d’analyser les compétences langagières des élèves au sein d’un exercice respectueux des enfants. Les indicateurs de participation Participer à des échanges au sein de la classe - en attendant son tour de parole, - en écoutant autrui, - en restant dans les propos de l’échange, - en exprimant un avis, une préférence … - en donnant une information, 14 - en exposant son point de vue et ses réactions. Les indicateurs linguistiques : syntaxe et énonciation Prendre la parole en public en s'adaptant à la situation de communication ( attitude et niveau de langue ; effet recherché) - s’exprimer devant un auditoire de façon audible, organisée, adaptée au public, compréhensible par tous. - adapter son propos (niveau de langue) au public et à la situation - savoir reformuler une intervention et apporter des arguments étayés - produire une intervention orale construite - soutenir une position personnelle devant la classe - utiliser un vocabulaire approprié à la situation - employer des connecteurs syntaxiques de coordination, de subordination Les indicateurs comportementaux et d’apprentissage de la pensée - savoir se comporter en respectant les autres tout en affirmant son point de vue. - savoir écouter et communiquer - savoir construire son opinion personnelle, faire preuve d’esprit critique - défendre son point de vue en argumentant - comprendre l’importance du respect mutuel et accepter les différences. - respecter les différences, en particulier les personnes de l’autre sexe, dans ses mots comme dans ses actes - être capable d’identifier les différentes formes de discrimination - avoir évaluer la part de subjectivité ou de partialité d’un discours 15 Dans une classe coopérative : Grille des ceintures de philosophe Enoncé théorique des indicateurs BLANC JAUNE ORANGE VERT BLEU MARRON NOIR Accepter de participer à quelques discussions philosophiques. Répéter une idée émise par quelqu’un d’autre. Dire son accord ou son désaccord. Présenter son opinion. Rester dans le sujet. Ne pas toujours se laisser influencer par le dernier qui a parlé. Mettre en doute le point de vue d’autrui. Donner des exemples. Faire des objections. Ne pas se contredire. Rebondir sur une idée. Tenir compte des arguments autres que les siens. Accepter de se poser des questions / Dépasser et mettre en doute ses croyances. Réfuter des objections. Donner des contre-exemples pour prouver qu’une assertion énoncée n’en est pas une. Interroger la problématique avant de tenter d’y répondre. Argumenter par preuves et questionnements. Conceptualiser. Poursuivre une idée en complétant l’argumentation. Reformuler le point de vue d’une partie des participants. Reconnaître ses erreurs : ne pas caricaturer sa position. Rechercher l’avis de tous, ne pas penser qu’à soi. Entrer en conflit cognitif avec soi-même. Trouver la problématique – Identifier en quoi il y a question. Trouver ou proposer des thèmes de discussions philosophiques. Donner des arguments rationnels. Reformuler les différentes opinions émises. Tenir compte des précédentes discussions philosophiques. Construire des synthèses. Conceptualiser sans exemple. Rechercher les différents champs d’application de la question. Se référer à des idées qui ne sont pas siennes. Retourner un argument par un autre de même nature. Produire plusieurs types d’argumentation (efficacité, rentabilité, scientifique, éthique, etc.) Enoncé pour enfants des indicateurs BLANC JAUNE ORANGE VERT BLEU MARRON NOIR Participer à quelques discussions philosophiques. Répéter ce qui vient d’être dit par quelqu’un d’autre. Dire quand on est d’accord ou pas d’accord. Dire ce qu’on pense de la question ou du sujet. Ne pas parler d’autre chose. Etre d’accord avec soi et pas avec le plus fort, le copain ou le dernier qui a parlé. Donner des exemples. Quand on n’est pas d’accord, dire pourquoi. Ne pas dire le contraire de ce qu’on vient de dire. Continuer à expliquer l’idée d’un autre. Ne pas penser qu’on a toujours raison. Accepter de ne pas toujours être d’accord avec ce qu’on a appris ailleurs. Si quelqu’un n’est pas d’accord avec toi, essayer de lui répondre. Si tu n’es pas d’accord avec une idée, donner des exemples. Se poser des questions avant de répondre à la question posée. Expliquer ce que tu penses en donnant des preuves ou en posant des questions. Expliquer ce que veulent dire les mots que tu utilises souvent. Expliquer avec d’autres idées ce qui a été dit par quelqu’un. Répéter avec ses mots ce que disent une personne ou un groupe. Accepter de dire : « Je me suis trompé ». Donner des avis que tout le monde puisse accepter. Trouver ce qui est vrai et ce qui est faux dans ce que je pense. Trouver la grande question qu’on se pose. Proposer des idées de discussion philosophique. Se forcer à donner des idées vraies. Répéter avec ses mots ce que les autres ont dit, même s’ils ne sont pas d’accord. Utiliser ce qui a été déjà dit pendant les anciennes discussions philosophiques. Trouver des idées pour que tout le monde ait un peu raison. Donner des définitions sans donner d’exemple. Chercher tous les lieux et toutes les personnes pour qui ce qu’on se dit peut être intéressant. Connaître et utiliser ce que d’autres ont dit sur la question qu’on se pose. Répondre à quelqu’un en utilisant une idée qui ressemble à ce qu’il a dit. Donner plusieurs arguments différents. 16 17