toutes les formes de culture ou d'inculture sont présentes sur tous les continents, aucun
problème ne peut être résolu de façon isolée et indépendante ni à l'échelle d'une nation, ni
même à celle d'un continent.
Cassé parce que, du point de vue économique (selon le rapport du Programme de
développement des Nations Unies de 1992) 80 % des ressources de la planète sont contrôlées
et consommées par 20 %. Cette croissance du monde occidental coûte au monde, par la
malnutrition ou la faim, l'équivalent de morts de un Hiroshima tous les deux jours.
* * *
Trois problèmes majeurs semblent à l'heure actuelle insolubles: celui de la faim, celui du
chômage, celui de l'immigration. Les trois n'en font-ils pas qu'un? Tant que trois milliards
d'êtres humains sur cinq demeurent insolvables, peut-on parler d'un marché mondial? ou d'un
marché entre occidentaux correspondant à leurs besoins et à leur culture et exportant dans le
Tiers-monde leurs surplus? Faut-il admettre l'inéluctabilité de ce déséquilibre et accepter cette
réalité qui engendre les exclusions, les violences, les nationalismes, les intégrismes, sans
remettre en question les fondements de l'actuel désordre?
* * *
Une époque historique est en train de mourir: celle qui fut dominée, depuis cinq siècles, par
l'Occident (le pays où le soleil se couche, selon l'étymologie).
Une autre est en train de naître, du côté où le soleil se lève: l'Orient.
Le cycle, commencé a la renaissance, arrivait, par la logique de son développement, à son
terme, par la domination d'un seul, comme il advint de tous les pillards: de l'empire romain à
celui de Napoléon ou d'Hitler, de celui de Charles Quint ou de l'empire britannique qui, tous,
crurent invincibles leurs armadas et éternelles leurs hégémonies.
Aujourd'hui, seuls les géopoliticiens des services spéciaux américains et de leurs maîtres,
peuvent essayer de nous masquer la réalité profonde de cette fin de millénaire: nous sommes
témoins de la décadence et de l'agonie du dernier empire.
Comment se caractérise, objectivement, cette décadence? L'événement le plus significatif de
cette deuxième partie du XXe siècle ce n'est pas l'implosion de l'Union soviétique, caricature
de socialisme et du marxisme, c'est la faillite du capitalisme après une domination d'un demi
millénaire sur un monde qu'il conduit aujourd'hui, si l'on n'en stoppe la course à la mort, vers
un suicide planétaire.
Pourquoi?
Parce que le capital, amassé d'abord par cinq siècles de brigandage colonial, puis limité aux
investissements dans les pays sur industrialisés de la vieille Europe, même en y créant, par la
publicité et le marketing, les besoins les plus artificiels, et les plus nocifs, ce capital, créateur
à ses origines en s'investissant dans des entreprises de production ou de services réels, est
devenu un capital spéculatif, c'est à dire purement parasitaire.
L'argent ne sert plus à créer des marchandises mais à créer de l'argent.