MST TCAS Compilation jean-Pierre Fourno Méthodes radioactives La présence de substances radioactives dans les roches peut être utilisée dans la recherche des gisements pétrolifères et métallifères. Toutefois l'application des méthodes radioactives est surtout orientée vers la détection de minéraux radioactifs dans les formations rocheuses et vers les mesures de radioactivité dans les gaz (radon) en provenance du sous-sol. On a postulé que la circulation des eaux souterraines et des gaz a tendance à faire monter les substances radioactives à la surface du sol. De cette façon, des zones de circulation plus actives sont détectées et la méthode peut être employée à profit pour localiser des failles ou des zones de cisaillement. D'autres applications de la radioactivité en géologie (e.g. contribution de la radioactivité à l'accroissement de la température dans la croûte terrestre, l'utilisation de la radioactivité dans la détermination de l'âge des roches, soit par désintégration de l'uranium et du thorium en plomb, soit par accumulation d'argon dans les réseaux cristallins (moléculaires) de certains minéraux (v. g. micas, feldspaths), soit par désintégration du rubidium en strontium. Les éléments isotopes utilisés pour dater les roches sont et de grandeur de l'âge de la terre, la méthode et , parce que leur demi-vie est de l'ordre exceptée. Les minéraux radioactifs semblent toujours se concentrer dans les roches de composition acide que l'on retrouve à la partie superficielle de l'écorce terrestre mais très rarement dans les roches basiques ou ultrabasiques issues à plus grande profondeur. Les poussées orogéniques qui accompagnent les périodes de métamorphisme régional favorisent la montée de matériaux à composition granitique qui servent d'avenue à des solutions riches en minéraux radioactifs par processus de migration, diffusion, entraînement, etc… Dans un tel cas, on a affaire à un phénomène d'affinité chimique qui peut être expliqué suivant les lois relatives à la chimie physique. Dans les roches sédimentaires, il semble que d'une part les conditions physiques du milieu (v.g. perméabilité, porosité, etc… dans des sédiments tels que des grès, arkoses, conglomérats, brèches qui favorisent la circulation des eaux souterraines ou au niveau de la nappe phréatique) et d'autre part les conditions physico-chimiques (adsorption des minéraux radioactifs sur des particules colloïdales, Eh, pH, degré de solubilité, formation de sels radioactifs, etc…) expliquent les concentrations souvent anormales de minéraux radioactifs. Ainsi, un Eh tel qu'il favorise un milieu oxydant est favorable à la solubilité de sels de minéraux radioactifs qui peuvent être transportés en milieux aqueux et reprécipités en concentration importante sous forme d'oxydes ou de sulfures, par exemple, dans un milieu réducteur (v.g. pyriteux). Les solutions à ces problèmes relèvent de la thermodynamique classique. Le radon est un produit de désintégration du radium lui-même un produit de l'uranium . Le radon est un gaz qui émet des particules dont la demi-vie est de 3 825 jours. Une partie infime du radon provient aussi des réactions (actinon) et (thoron). Le radon qui est un gaz inerte se désintègre en un élément solide et en particules . Lorsque l'isotope-parent radioactif et une particule , l'isotope du radon recule (principe de conservation de la quantité de mouvement) d'une distance d'environ 3*10 -6cm. Si le grain du minéral dans lequel il se situe est petit (<10 -5cm de diamètre) ou si la réaction se produit en bordure du grain ou d'une fracture, alors l'isotope de radon peut s'échapper du réseau cristallin, c'est-à-dire émaner du minéral. Le coefficient d'émanation du minéral ou de la roche se définit comme le rapport de la quantité de radon qui s'échappe sur la quantité de radon produit par le durant une période de temps t ; ce rapport dépend de l'espèce minéralogique dans laquelle il se trouve, de la grosseur des grains, de la présence des fluides qui remplissent les pores de la roche et absorbent une partie du radon qui s'échappe. En conséquence, la concentration de radon dans un fluide (v.g. air, eau) dépend beaucoup plus du coefficient d'émanation de l'espèce minéralogique que de la concentration en . Lorsque la géologie d'une région est relativement uniforme, la concentration de radon n'est guère valable latéralement ou en profondeur. Il existe cependant une relation indéniable entre la concentration de radon et le contenu en terres rares et minéraux lourds contenus dans les sols ou les roches, de sorte que des mesures d'émanations de radon indiquent les changements de formations géologiques lorsque de tels changements sont accompagnés de variations du contenu en terres rares ou en minéraux lourds. Les mesures des émanations de sont utilisées en prospection de l'uranium et pour localiser 1) les contacts géologiques recouverts de mort-terrain, 2) des lentilles d'argiles qui diminuent substantiellement la diffusion de au profit d'une concentration périphérique, 3) des failles, des fissures, des zones de cisaillement, des veines d'uranium, des structures anticlinales etc. . Les accumulations ou suspensions temporaires de radon dans l'eau et les huiles permettent d'utiliser occasionnellement cette méthode dans la prospection hydrogéologique et pétrolifère. A.- Appareils de mesure utilisés en prospection radioactive Les rayons , et sont détectés grâce à leur capacité d'ionisation du milieu matériel qu'ils pénètrent, i.e. qu'ils entrent en collision avec les atomes d'un tel milieu et délogent les électrons de leurs orbites, laissant ainsi les atomes dans un état excité ou ionisé. En prospection géophysique, on n détecte généralement que les rayons car les particules et n'ont pas un pouvoir de pénétration comparable aux rayons . Par contre, les rayons ont un désavantage de posséder un pouvoir d'ionisation beaucoup plus faible que les rayons et . Il faut donc avoir recours à un détecteur très sensible si on veut détecter les rayons par ionisation d'un gaz par exemple. Nous résumerons brièvement le principe des appareils de détection des rayons communément employés en prospection radioactive. 1.- Le compteur Geiger-Müller Cet instrument consiste en un tube de verre contenant un gaz raréfié avec une cathode cylindrique autour d'un fil anodique. On applique une différence de potentiel élevée aux deux électrodes. Lorsque le rayon traverse le gaz, il produit des ions qui sont accélérés par la différence de potentiel produisant d'autres ions et ainsi de suite (réaction en chaîne). Le courant quasi-instantané qui circulé dans le tube est amplifié et enregistré sur un galvanomètre par exemple ou à l'aide d'une paire d'écouteurs. Les compteurs Geiger-Müller ne sont pas efficaces pour détecter les rayons . Seulement 1 % des rayons qui pénètrent dans le tube produisent une décharge. De plus, les compteurs ont le désavantage d'être très sensibles aux rayons cosmiques qui créent ainsi un bruit de fond considérable. L'intensité est représentée par le nombre de coups par unité de temps. On peut soit mesurer le temps nécessaire pour que le nombre de coups atteigne une valeur donnée, soit mesurer le nombre de coups durant une période de temps fixée à l'avance. 2.- Le scintillomètre Le scintillomètre est de beaucoup plus efficace que le compteur GeigerMüller pour la détection des rayons . Son principe d'opération est basé sur le fait que certains cristaux tels que le platino-cyanure de barium, la sphalérite, la scheelite, l'anthracène, le para-therphenyl, l'iodure de sodium ... scintillent lorsque les rayons sont absorbés. Les étincelles de lumière (photons légers) des cristaux fluorescents sont transformées en impulsions électriques par une photocathode dans une cellule photoélecrique multiplicatrice. Ces courants électriques sont donc amplifiés puis enregistrés. Le scintillomètre est beaucoup plus avantageux que le compteur Geiger-Müller parce qu'il est sensible à environ 95 % des rayons et conséquemment de beaucoup plus rapide quant à son utilisation sur le terrain. 3.- Les spectromètres à rayons Les spectromètres à rayons permettent de donner une analyse précise et rapide de la concentration en uranium, thorium et potassium dans les roches ou les sols. La discrimination énergétique des rayons provenant de ces isotopes permet de distinguer entre et . Les spectromètres à rayons fonctionnent sur le même principe que le scintillomètre à l'exception qu'ils utilisent les caractéristiques relatives à l'intensité ou l'énergie spécifique des rayons des isotopes radioactifs. Soit le niveau d'énergie à 1.46 M.é.v. pour 1.76 M.é.V. pour , celui à 1.76 M.é.v. pour produit de désintégration de celui à et celui à 2.62 M.é.V. pour produit de désintégration du Comme le ne possède pas de pics d'énergie plus élevés que 1;46 M.é.V. (millions d'électrons-volts), que la série n'en a pas de plus grands que 2.42 M.é.V. tandis que le montre un pic dominant (le dernier) à 2.62 M.é.V., il est alors possible de faire une distinction de ces isotopes en mesurant la hauteur de leurs niveaux énergétiques respectifs. Au lieu d'enregistrer le nombre total d'impulsions électriques comme on le fait avec le scintillomètre, ces impulsions sont envoyées dans un détecteur d'intensité d'énergie qui laisse passer toutes celles dont l'amplitude est plus grande qu'un seuil arbitrairement fixé dans le cas d'un spectromètre à rayons de type intégral ou celles dont l'énergie se situe entre deux limites d'amplitude dans le cas d'un spectromètre à rayons de type différentiel. Les spectromètres à rayons de type différentiel couramment employés de nos jours ont deux seuils de détection, soit 1.65 M.é.V. et 2.50 M.é.V., mais il existe des spectromètres à plusieurs canaux ou à larges bandes ; ces deux types de spectromètres enregistrent sur trois canaux distincts le nombre d'impulsions émises par les rayons de pendant une période de temps fixée et généralement choisie entre 1s et 5 m. On utilise souvent un quatrième canal pour enregistrer le nombre total d'impulsions entre le seuil inférieur et le seuil supérieur. Une calculatrice électronique incorporée à un spectromètre permet de corriger pour l'effet de diffusion (effet Compton) et de séparer les spectres complexes (superposition de niveaux d'énergie très voisins). 4.- L'émanomètre de radon L'émanomètre de radon est un instrument portatif constitué de deux parties : 1) un appareilage qui concentre le 2) un scintillomètre dont les parois sont constituées d'un cristal phosphorescent (couche de ZnS activée avec de l'argent) et de la cellule photoélectrique multiplicatrice. Le radon se désintègre en un isotope solide, le polonium en émettant une particule . Chaque particule réagit avec ZnS pour former une étincelle lumineuse (photon) qui est convertie en impulsions électriques grâce à la cellule photoélectrique multiplicatrice. Le nombre de coups enregistrés par un compteur est proportionnel à la concentration de (analyse quantitative). B.- Mesures de radioactivité sur le terrain Depuis les années 1940 environ, on a effectué sur le terrain un grand nombre de relevés radioactifs. Le relevés radiométriques sur le terrain sont les relevés géophysiques les plus faciles à exécuter. Dans des relevés de reconnaissance, l'opérateur prend des lectures à intervalles plus ou moins réguliers le long de lignes sélectionnées à l'avance. Lorsque l'opérateur observe une radioactivité anormale dans une région donnée, il effectue un relevé détaillé en prenant des mesures suivant un réseau préalablement établi et où les intervalles de distance peuvent être aussi rapprochés que 5 m. Lorsque le relevé est terminé, on prépare une carte de contours représentant les zones d'iso-intensité de l'activité radioactive totale ou d'un isotope en particulier (v.g. ces lignes de contours sont appelées isorads. Les centres de radioactivité anormale sont mis en évidence et l'on peut faire une interprétation qualitative ou semi-quantitative de la région étudiée en tenant compte de la géologie dan la littérature de modèles qui permettront d'arriver à une interprétation entièrement quantitative comme dans les méthodes gravimétriques, magnétiques, électriques ou électromagnétiques. 1.- Spectromètres à rayons (radioactivité provoquée) Le spectromètre à dispersion de longueur d'onde des rayons (SDLR) : Les rayons sont décelés et sélectionnés d'après leurs longueurs d'onde (raies) ; par contre, le spectromètres à dispersion d'énergie des rayons (SDER) classifient les rayons émis d'après leur niveau d'énergie. Dans le SDER, les détecteurs classiques (chambre d'ionisation, compteur GeigerMüller, compteur proportionnel, scintillomètre) sont remplacés par un seul cristal semi-conducteur. Les rayons émis par le milieu matériel arrivent au détecteur et ionisent les atomes de silice ou de germanium, produisant un trou et un électron. La charge électronique Q qui est linéairement proportionnelle à l'énergie E des rayons est intégrée en un courant I qui est préamplié puis amplifié linéairement et enfin transformé en voltage V. Ce voltage V est ensuite analysé en éV au moyen d'un analyseur à canaux multiples qui est en quelque sorte une calculatrice électronique qui compte le nombre d'impulsions dans chaque bande d'énergie et présente un spectre d'énergie complet des rayons émis. Les spectres d'énergie discriminés par l'analyseur à canaux multiples sont calibrés en fonction de la concentration des éléments choisis pour analyse quantitative. 2.- Le carottage radioactif naturel Cette technique utilise la radioactivité naturelle des roches. L'appareillage consiste en un détecteur de rayons et d'un pré-amplificateur qu sont maintenus dans un trou de forage par un fil électrique entouré de matière isolante. Le détecteur peut être une chambre d'ionisation contenant des gaz à haute pression, un compteur Geiger-Müller, un scintillomètre ou un spectromètre à rayons . La réponse du détecteur est amplifiée par un post-amplificateur installé à la surface terrestre et enregistrée de façon continue à mesure que le détecteur est abaissé ou remonté dans le trou de forage. Le carottage des rayons est surtout un outil utile pour établir les corrélations stratigraphiques d'une série de trous de forage et pour localiser les discordances angulaires, les ailles et autres éléments structuraux dans les formations géologiques ; à ce point de vue, le carottage des rayons est indispensable en prospection pétrolifère. 3.- Le carottage par radioactivité provoquée Il existe une grande variété possible de carottage de ce genre. Les trois types les plus couramment utilisés sont : a) le carottage par activation de neutrons, b) le carottage du taux de résorption des neutrons thermiques c) le carottage des rayons par radioactivité provoquée. Au lieu de détecteur la radioactivité naturelle des roches par carottage des rayons , on utilise une source de radioactivité artificielle (provoquée) qui active les noyaux des atomes qui composent les roches.