1 Le dialogue moléculaire entre les Rhizobium et les Fabacées :
Introduction
Aujourd’hui, nous savons que la symbiose est une association bénéfique entre ces deux types
de partenaires, c'est-à-dire que chaque partenaire a un intérêt particulier pour l’autre partenaire [2]. En
effet, ce type d’association est une symbiose Rhizobium-Fabacées apparu il y a 70 millions d’années
[1]. Nous savons également que bien que l’azote moléculaire (N2) constitue environ 80% de
l’atmosphère terrestre, l’azote constitue un facteur limitant majeur de la croissance des végétaux
cultivés. Ce paradoxe est bien dû au fait que la molécule d’azote est très stable et que les organismes
supérieurs (Eucaryotes) sont incapables de l’utiliser. Seules des bactéries (Procaryotes) sont capables
de réduire N2 en ammoniac (NH4+), c’est-à-dire de « fixer » l’azote en le rendant assimilable par les
plantes. Mais cette réduction nécessite beaucoup d’énergie : c’est pourquoi les systèmes fixateurs les
plus efficaces sont constitués par des plantes capables de former des organes particuliers, les
nodosités racinaires, où elles hébergent des bactéries fixatrices mais aussi des substances spéciales
tels que les leghémoglobines [1,5]. Ces leghémoglobines sont des substances protéiques, appelées
nodulines, qui jouent un double rôle : elles approvisionnent les bactéries gourmandes en oxygène et
facilitent la diffusion de l’oxygène sous très faible pression à l’intérieur des nodosités [5]. Dans cette
symbiose, la plante fournit de l’énergie et des composés carbonés à la bactérie qui en retour fournit de
l’azote assimilable à son hôte [1]. Ces nodosités produisent chaque année plus d’azote assimilable
que l’industrie des engrais [1].
Par ailleurs, des chercheurs ont découvert que des échanges de signaux chimiques existaient
entre les bactéries du sol (les Rhizobium) et les Fabacées, ce qui correspond à un dialogue
moléculaire entre les deux partenaires permettant leur reconnaissance et l’établissement de la
symbiose. Suite à cette découverte en 1993 par Dénarié et al. [3], deux nouveaux signaux ont été
découvert en 1986 [4]. Ce sont des flavonoïdes inducteurs de gène Nod. Ces flavonoïdes peuvent être
soit de la lutéoline produite par Medicago sativa (la luzerne), soit du 7,4’ dihydroxyflavone produit
par Trifolium repens (le trèfle blanc) [6]. La première forme de facteur Nod a été décrite en 1990 chez
la bactérie Sinorhizobium meliloti [7]. Ce sont ces dernières années que les découvertes ont été les
plus importantes sur les flavonoïdes déclencheurs de gènes Nod (qui représentent de véritables
signaux), découverts notamment dans les tissus épidermiques et les exsudats des Fabacées [4]. Les
chercheurs ont recherchés peu de temps après ces découvertes les rôles de ces molécules
(flavonoïdes) et ont découvert que ces deux types de molécules étaient très importants dans la gestion
de l’association et des échanges entre les deux partenaires symbiotiques [4]. Par la suite, ils ont
également découvert de nombreux autres signaux agissant comme de véritables déclencheurs de gène
Nod (l’acide aldonique, les xanthones, les phénoliques simples…) [4]. Il a également été mis en
évidence qu’en plus des facteurs Nod et des polysaccharides de surface synthétisés par les Rhizobium,
d’autres types de protéines (de type I, III et IV ; des bradyoxetines…) contribuent au dialogue
moléculaire [4]. A présent, les chercheurs ont décidé de mettre l’accent sur la signification exacte de
l’implication de ces molécules dans le dialogue moléculaire entre les Rhizobium et les Fabacées, et ce
pour les vingt prochaines années [4].
1.1 Les premiers signaux d’appel pour la reconnaissance des futurs
partenaires
Tout d’abord ces signaux d’appels sont émis par chacun des deux partenaires : des substances
chimiques sont émises à la fois par la bactérie Rhizobium mais aussi par les racines des Fabacées [4].
Les premiers signaux d’appel, qui sont à l’origine de la symbiose, proviennent des racines des
Fabacées [8]. Ce sont notamment des composés volatiles organiques (VOCs) [2], des flavonoïdes et
des attractants chimiques [4]. Les flavonoïdes induisent l’expression de gènes Nod puis de facteurs
Nod chez le Rhizobium [4,8]. Dans un deuxième temps, les bactéries émettent à leur tour des signaux
d’appel qui seront à l’origine de la formation des nodosités, tels que des facteurs Nod, mais aussi des
protéines de type I et III, des polysaccharides de surface ou encore des hormones [4].