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regards de foi sur les besoins en spiritualité de notre
temps.
4 novembre : Spiritualité: donner du souffle à la
vie !, par Myriam TONUS, pédagogue, écrivain.
18 novembre : L'art comme chemin spirituel
par Marie-Thérèse HAUTIER, bibliste
25 novembre : Quelle spiritualité pour un temps de
crise ?, par André FOSSION,s.j., théologien,
professeur à Lumen Vitae
2 décembre : Spiritualité et religions:quelles sont
les ressources de la religion chrétienne ?, par
Benoît LOBET, curé-doyen, professeur à la Faculté
de Théologie de l'UCL
LA « MAUVAISE » FOI DES PRETRES –
LA FOI EN JACHERE DES LAïCS
Il y a quelque chose de provocant dans ce texte, et il est évidemment permis de ne pas être d’accord.
Mais il a au moins le mérite d’attirer l’attention sur de vraies questions trop souvent négligées, et il
pourrait susciter un débat.
Des prêtres mal-croyants
Comme tous les chrétiens, les prêtres sont nés et ont été
formés dans un système religieux peu évangélique. Jésus
nous avait témoigné de sa foi en un Père prévenant, et il
avait renoué avec les prophètes en lançant son projet de
libération et de fraternité universelle. Cependant, très vite
l’Eglise a restauré un Dieu puissant, juge qui condamne,
dont il faut se ménager les bonnes grâces. Cette Eglise a
élaboré tout un système juridique, qui cultive la culpabi-
lité,
opprime les petits et, au besoin, excommunie. Prati-
quer les rites prescrits est devenu l’essentiel. Le pivot
central n’est pas l’Esprit, c’est le prêtre, qui monopolise
tous les pouvoirs. Le Royaume est loin, le « Temple »
est
reconstruit.
La foi de la plupart des prêtres encore en exercice a été
marquée, formatée, pourrait-on dire, dans ce système
centré sur le culte. Durant leurs cinq années de Grand
séminaire, ils ont longuement étudié l’Ancien et le
Nouveau Testament, les professeurs leur ont beaucoup
parlé de Dieu, créateur, rédempteur, ils ont découvert
l’action de Jésus-Christ, puis l’histoire de l’Eglise ; on
leur a enseigné les sacrements; on a développé en eux le
sens de l’appartenance à l’Eglise, ainsi que le respect dû
aux autorités ecclésiales… Bref, ils ont surtout accumulé
des informations, des connaissances scientifiques SUR
Dieu. Et ils nous transmettent ces connaissances (exégéti-
ques, théologiques), des vérités à croire. Ils ont assimilé
une théologie, et ils pensent avoir grandi dans la foi.
Au contact de ses co-détenus en camp de concentration, Dietrich Bonhöffer
découvre que les religions prenaient comme point de départ les
« faiblesses » des humains, et les traitait ainsi « en mode mineur ». Au lieu
de s’appuyer principalement sur leurs capacités positives pour réaliser leur
vie.
« Plutôt que l’incarnation, l’Eglise institution a favorisé la
rédemption, parce que cela lui permettait de tenir les âmes dans
un sentiment de culpabilité qui les rendait soumises... » Anne
Soupa
« Le catholicisme sous le signe de Temple se trouve aux
antipodes de l’expérience fondatrice du christianisme. » J.
Vermeylen, Le Marché, le Temple et l’Evangile, p. 131. Voir
Gilles Le Bohec : « Le Christianisme otage du cléricalisme », éd.
Persée.
Or cette foi intellectuelle n’est pas loin d’une pensée
unique. Sauf exceptions, elle n’est guère personnelle, elle
n’est pas enracinée dans du vécu, elle n’est pas fondée sur
une indispensable expérience inaugurale de libération
ou de guérison.
Il s’agit souvent d’une foi désincarnée.
La vie personnelle de ces prêtres est d’ailleurs fort
réduite : leurs agendas sont de plus en plus chargés, toute
leur énergie est concentrée sur leur charge pastorale. Il n’y
a guère d’espace pour vivre des relations humaines d’égal
à égal, guère de temps pour rencontrer le Très-Bas dans
leur vécu quotidien. De sorte qu’on les entend rarement
témoigner de leur foi. Ce n’est d’ailleurs pas ce que leur
demandent les autorités, et leur lieu habituel de parole, du
haut de la chaire, ne le permet guère. Tout ceci a pour
conséquence que ces prêtres sont devenus des « fans » de
Jésus, qui, grâce à un encadrement très efficace, ont connu
un certain succès. Mais aux oreilles des chrétiens et du
monde, leur parole ne parle plus.
Privés de responsabilités familiales et professionnelles,
experts en religion, hommes du sacré, ces prêtres, sauf
reconversion personnelle, sont très mal placés pour
accompagner les laïcs,
lesquels s’efforcent de relire dans
la foi leur vécu et leurs engagements dans le monde
profane de plus en plus sécularisé…
La foi en jachère
Cette foi des chrétiens s’exprime de plus en plus en dehors
de la religion du prêt-à-croire. Voici quelques expres-
sions, parfois fort simples
: « C’est magnifique, ce que
« Le mouvement naturel de la foi part d’une expérience de
salut ou de guérison, comme celle vécue par Paul sur le chemin
de Damas… Au point de départ, on ne trouve aucune théorie,
aucune doctrine, mais une rencontre vécue avec le Christ
ressuscité. » J. Vermeylen, Ibidem, p. 191 sv.
« Nous sommes souvent des contrôleurs de la foi, plutôt que
des facilitateurs. Quand nous empruntons cette voie, nous
n’aidons pas le peuple de Dieu… Jésus a institué 7 sacrements,
et avec ce genre d’attitude, nous en créons un 8e : le sacrement
du poste de douane pastoral. » Cardinal Jorge Bergoglio
Voir Lc 10, 21. Dans son livre « L’Etonnement de croire », Mgr A.
Rouet nous demande de sortir d’un christianisme vécu comme une