FORMATION ET DECOMPOSITION
DE L’UNION SOVIETIQUE ET DU BOC DE L’EST
1917-1991
SECTION 1 :
Introduction
1917-1953 : fondations des bases du système
1953-1991 : phase de réformes du système jusqu’à l’effondrement
Les trois conceptions du bloc :
-la puissance (R. Aron) :
une puissance construite sur des mythes, sur la perception qu’en a l’autre. Un certain impact
géopolitique et une fragilité au sein du pays. Une puissance pauvre et paradoxale.
-l’empire :
passage d’un Empire impérialiste d’avant 1914 à la création des Etats- nations dans l’entre-deux
guerres. Au même moment création d’une entité multinationale en URSS.
Les identités nationales ont-elles affaibli ou renforcé l’URSS ? (prison des peuples)
Y a-t’il eu réellement émergence d’une identité soviétique ?
Une place des Russes peu importante au sein de la construction du bloc, développement
aujourd’hui d’un fort sentiment national.
Dans cet Empire colonial : qui a exploité qui ?
-le totalitarisme :
un système qui ne se revendique jamais comme tel. Le rôle idéologique de la terreur.
Comparaison au nazisme : sous Hitler, une population qui adhère au régime. Sous Staline, un
désaccord total.
SECTION 2 :
La Russie à l’épreuve de la guerre : du tsarisme au bolchevisme
URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Fédération créée en 1922 issue
idéologiquement des la révolution de 1917.
La 1ère GM fut un élément fondamental dans le déclenchement de la révolution et la mise en place
d’un nouveau système. Elle fut la matrice du Xxè siècle dans l’émergence des Etats- nations,
nouveaux systèmes totalitaires.
I. Le tsarisme et la guerre : un échec sur tous les fronts
L’Empire russe autocratique, multinational, est dirigé par l’Empereur Nicolas II, de la dynastie
Roumanov, sur le trône depuis 17ème s. Il est le représentant de Dieu sur terre.
Suite à la révolution de 1905 le tsar concède une Assemblée législative au suffrage censitaire ; la
Douma.
Lors du déclenchement du conflit (assassinat de l’Archiduc F. Ferdinand à Sarajevo, héritier du
trône autrichien), la Russie décide de venir en aide au petit frère slave, la Serbie, et déclare
ainsi la guerre à l’Autriche Hongrie.
Le but de guerre russe est d’accéder à Constantinople (Istanbul) et aux mers chaudes.
1. Désorganisation sur le front et à l’arrière
L’immense armée russe dite de rouleau compresseur a perdu la guerre russo-japonaise de 1904 et
la guerre contre la Prusse en 1914.
L’offensive allemande de 1915 débouche rapidement sur une situation d’échec sur le front avec
des pertes humaines et territoriales pour la Russie.
La Pologne russe à l’ouest constitue une perte industrielle, et la fermeture du Detroit (Turquie
est aux côtés de l’Allemagne) qui empêche le ravitaillement franco- britannique constitue un
handicap économique.
A l’arrière, le gouvernement tsariste n’a pas d’économie de guerre (rationnement, fixation des
prix) ce qui entraîne des pénuries et bientôt des effervescences sociales.
2. Isolement du gouvernement tsariste
L’ambiance à la cour de Nicolas II est sinistre, Alexandra l’Allemande est haïe, la valse des
ministres, conservateurs est de plus en plus coupée du pays réel.
En dehors du gouvernement s’organise une société à la Douma, la révolution de 1905 ayant nourri
l’émergence de mouvements libéraux pour la mise en place d’une monarchie constitutionnelle.
Cette société est représentée par deux partis qui jouent un rôle dans la planification de la
production de la guerre ; les Octobristes (avec Goutchkov) et les Konstitutionel Démocrates
(avec Milioukov).
De nombreux industriels et chefs de pouvoir municipaux s’organisent en comités pour rationaliser
l’effort de guerre. Dès la fin 1916, ils veulent l’abdication du tsar.
3. La révolution de 1917
C’est un mouvement populaire, spontané, contre les pénuries et le prix de la vie.
23-24 février 1914 : grève générale à Petrograd (capitale de la Russie tsariste, c’est à dire St P.
en allemand). Accueil favorable de la population et la répression du mouvement le 25 échoue du
fait de la fraternisation des soldats avec le mouvement.
26-27 février : le mouvement devient la remise en cause du régime, prise du Palais d’hiver,
libération des prisonniers politiques.
Quelques jours plus tard se créent deux organes de pouvoir, dans le contexte d’abdication du
tsar le 3 mars 1917 :
-un gouvernement provisoire qui réunit une assemblée constituante composée d’anciens membres
de la Douma, des députés progressistes. Goutchkov est chef de guerre, Milioukov ministre des
affaires étrangères et Kerenski, socialiste modéré, est ministre de la justice.
Une fois la victoire acquise cette Assemblée statuera. Ces libéraux d’origine aristocratique ou
bourgeoise ne sont pas pour une République immédiatement. Ils auraient pu fonctionner en
monarchie constitutionnelle, c’est à dire à côté du tsar, mais lancent un mandat d’arrêt le 7 mars
contre le tsar, qui finit assassiné avec sa famille.
-un Soviet (=conseil), petite structure qui existait déjà en 1905 issue du soulèvement. Le Soviet
de Petrograd élit des délégués ouvriers, auxquels viennent se joindre 200 militants.
Il est composé de S.R : socialistes révolutionnaires, issus d’un mouvement populiste perpétrant
des attentats.
Et de marxistes, apparus avec la révolution industrielle, appartenant au parti social démocrate
ouvrier, parti de la IIme internationale. (Les grosses usines de l’industrie centralisée facilite le
blocage de la production, la petite classe ouvrière est la plus visible, dans un pays composé de
86% de paysans).
En 1903 a eu lieu la scission des marxistes mencheviks (=majoritaires) et bolcheviks
(=minoritaires). Les premiers sont plus modérés, ils refusent un parti discipliné et sont moins
pour l’action directe. Les seconds sont plus radicaux.
Dès mars 1917, le Soviet est composé de 850 délégués ouvriers et 2000 soldats. Il lance un mot
d’ordre de création d’autres Soviets en tant qu’organismes locaux de pouvoir, avec la prise en
charge du contrôle des routes, de la poste, des transports.
Le Soviet de Petrograd ne revendique pas le pouvoir, il veut juste contrôler le gouvernement
provisoire pour tenir compte de la population et lutter contre la désagrégation du pays.
II. La montée des revendications dans le pays
La population russe passe de l’autocratie à la liberté, le tout dans un contexte de guerre plutôt
peu favorable à la démocratie. Le gouvernement provisoire abolit la peine de mort pour les
déserteurs mais reste relativement modéré dans de nombreuses revendications ouvrières.
1. Les revendications ouvrières :
La hausse des salaires, la journée de 8heures, des assurances sociales. La création de comités de
quartier et de gardes rouges (= milice des quartiers). La création de comités d’usine, élus par les
ouvriers en Assemblée générale, qui gèrent les usines aux côtés des chefs d’entreprises. Les
tensions au sein des usines sont de plus en plus violents, les patrons abandonnent les lieux à
l’autogestion ouvrière. Le gouvernement provisoire, qui lui veut gagner la guerre, trouve les
limites dépassées, dans la mesure où les libéraux ne voulaient pas mettre en place le socialisme
en Russie.
2. Les revendications paysannes :
Le front étant constitué de soldats paysans , la réforme agraire est impossible dans l’immédiat.
Des comités ruraux partagent et distribuent la terre, saisissent le matériel. Nombreux cas de
violence contre les propriétaires fonciers.
3. Les revendications nationales :
6 mars : abolition des discriminations raciales et religieuses. La Pologne et la Finlande, occupées
par l’Allemagne, sont reconnues indépendantes, dans l’espoir de s’en faire de futurs alliés.
25 avril : autonomie culturelle reconnue pour les minorités nationales. Se créent des centres
autonomes de pouvoir, comme la Rada en Ukraine, idem en Lettonie, Lituanie. Mongols et Tatars
de Crimée.
4. Le problème de la guerre :
Le gouvernement provisoire rassure les Alliés sur sa volonté de maintenir le front et de nouvelles
offensives.
Au sein du Soviet, des mencheviks et S.R. défendent le camp de la démocratie. Ils soutiennent la
révolution contre la Prusse, un régime autocratique, mais font la guerre pour se défendre et non
pour d’étendre.
Pour les Bolcheviks il vaut mieux la défaite mais la révolution doit avancer. Les soldats et la
population, pour la paix et le retour du front, se rallient à eux.
Avril : 1ère crise , Milioukov puis Goutchkov démissionnent. Le gouvernement provisoire devient un
gouvernement de coalition entre libéraux et socialistes avec Kerenski.
Un certain nombre de chefs des Soviets, mencheviks et S.R entrent dans le gouvernement et
deviennent ministres. Tchernov, chef des S.R devient ministre de l’agriculture. Les socialistes
modérés deviennent otages du gouvernement.
La situation donne du poids aux Bolcheviks, les seuls à ne pas être membres du gouvernement.
Lorsque Kerenski lance une grande offensive mi-juin, c’est l’échec total, la radicalisation de la
question de la paix et la désertion.
III. Vers un pouvoir soviétique et bolchevik
1. Le poids décisif de Lénine :
Vladimir Illitch Oulianov, née en 1870 dans une ville provinciale sur la Volga. Milieu de la petite
bourgeoisie provinciale, étudie le droit et adhère aux idées révolutionnaires.
Il est marqué par l’exécution de son frère, membre des mouvances populistes, en 1893.
En 1895 ; il est un des fondateur de la sociale démocratie russe (parti PSDOR) à côté de
Plékhanov.
En 1903, lors de la scission bolcheviks/mencheviks, il devient un personnage à part, à cause de sa
différente vision du parti. Que faire ? est un ouvrage où il développe l’idée d’un parti
révolutionnaire professionnel à l’avant- garde de la classe ouvrière (=volontarisme d’un petit
groupe qui fait la révolution au nom des masses). Les professionnels n’ont pas d’autre métier que
la révolution. Lénine synthétise la pensée marxiste et populiste, avec l’idée d’une révolution
ouvrière et l’existence de groupes volontaristes sensés changer la société.
En 1917 il est exilé en Suisse. Dans ce contexte de guerre, lui et d’autres révolutionnaires
veulent rentrer en Russie, ils négocieront avec les Allemands qui ont tout intérêt à voir rentrer
des défaitistes chez eux.
De retour en Russie, il dresse un programme d’actions : les thèses d’avril. En dix points il dresse
la prise de pouvoir et les premières mesures socialistes, les autres révolutionnaires le prennent
pour un fou, estimant qu’il est nécessaire de passer par une phase transitoire pré-communiste.
Lénine estime le moment venu pour passer tous les pouvoirs aux Soviets (paix, réforme agraire,
contrôle ouvrier sur les entreprises, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes).
Devant le succès de tels mots d’ordre auprès de la population, les Bolcheviks se rallient à cette
prise de pouvoir.
En juin se réunit le 1er Congrès panrusse des Soviets. 20 millions électeurs de classe populaire
élisent des Soviets qui eux élisent des délégués pour le Congrès. (600 S.R et mencheviks, 150
bolcheviks).
Le 25 octobre se réunit un 2ème Congrès où les bolcheviks sont 390/673. Nette montée du
bolchevisme, Trotski devient le président du Soviet de Petrograd.
2. Les rapports entre le gouvernement provisoire et les bolcheviks
Crise en juillet :l’offensive de Kerenski de relancer la guerre débouche sur le mécontentement
des soldats, qui tentent avec les gardes rouges une insurrection et une prise de pouvoir. La forte
répression des bolcheviks fait fuir Lénine en Finlande, le journal bolchevik Pravda est interdit, la
peine de mort sur le front est rétablie. Kerenski devient P.M et nomme le Général Kornilov à la
tête des armées.
Fin août- début septembre, la tentative de putsch de Kornilov de remettre der l’ordre dans le
pays est soutenue par les industriels et les propriétaires fonciers. Lorsque les troupes sont sur la
capitale pour prendre le pouvoir la mobilisation populaire les met en échec. Le putsch échoue et
entraîne un ras- de- marée bolchevik.
3. La prise de pouvoir d’octobre
L’événement est ambigu. Pour certains, comme Martin Malia, La tragédie soviétique : histoire du
socialisme en Russie, les bolcheviks ont eu des circonstances favorables mais ne se sont pas
« enracinés » dans les terreau russe. L’insurrection d’octobre est un putsch, une rupture du
totalitarisme comme idée politique. (l’histoire vue d’en haut)
Pour d’autres historiens qui tiennent l’histoire par en bas et révisent l’aspect des choses (M.
Ferro), on met en avant l’histoire sociale de l’URSS. La révolution populaire s’est déjà faite quand
il y a la prise de pouvoir.
Qui prend le pouvoir au nom de qui ?
Linoviev et Kamenev étaient pour une victoire légale, lors d’une prochaine élection des
soviets. Cette instance démocratique aurait pu se constituer en gouvernement, démocratie
populaire ( par rapport au Congrès des soviets qui lui n’est représentatif que d’un certain
nombre de classes).
Lénine défend l’idée que l’on ne peut pas passer d’un mode bourgeois à un mode
révolutionnaire sans une brutale rupture. Il est, avec Trotski, pour une insurrection au nom
du Soviet. Celle-ci prend le pouvoir et le remet au Soviet. Les S.R. et le mencheviks sont mis
devant le fait accompli.
La vision de Lénine l’emporte, on prend le palais d’hiver sans résistance de la part du
gouvernement provisoire qui est annulé. Le Congrès du Soviet entérine (=rendre valable, ratifier)
l’insurrection, les S.R et les m. quittent la salle.
Création d’un nouveau gouvernement : le Conseil des Commissaires du Peuple (Sovnarkom)
Ce gouvernement exclusivement bolchevik émane t-il du soviet ou du parti bolchevique ?
Ambiguïté de la révolution d’octobre qui met en place un gouvernement soviétique et bolchevique.
Ce gouvernement est une démocratie populaire, ou dictature des classes populaires.
L’assemblée constituante qui devait se réunir début janvier a été élue au suffrage universel
masculin et féminin, mais la majorité est S.R, les bolcheviks ne sont que 25% Ils envoient des
soldats pour dissoudre l’Assemblée, les bolcheviks refusent la démocratie représentative.
La Constitution de juillet 1918 précise les catégories exclues du vote (oisifs, ecclésiastiques,
bourgeois, nobles), elle est discriminante pour les anciennes classes dirigeantes.
C’est un régime idéologique de lutte des classes, la Constitution en cherche pas à instaurer des
lois universelles, elle reconnaît le rôle dirigeant du Parti communiste dans l’appareil d’Etat.
Tout ceci n’est pas clairement perçu car les bolcheviks sont en accord, à court terme, avec les
revendications populaires, ce qui donne l’impression d’une démocratie soviétique avec les
bolcheviks comme représentants des soviets. Le peuple n’assimile pas les bolcheviks aux
communistes, cette dissociation se dissipe en 1918 quand ils prendront des mesures de
perquisition dans les campagnes.
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