La région connut les vicissitudes des partages
successoraux des rois francs carolingiens et passa
successivement du royaume de Provence à celui de
Bourgogne transjuranne avant d’être rattachée en 1032
au Saint Empire Romain Germanique. Cette époque voit
l’émergence des princes de Savoie et le Comte de
Maurienne , Humbert aux Blanches Mains, qui soutient
l’Empereur germanique, reçoit en 1034 le titre de
Comte de Savoie « portier des Alpes ». Cette famille va
régner jusqu’en 1946.
LA MAISON DE SAVOIE
Du seigneur féodal Humbert aux Blanches Mains
(début 11ème siècle) au dernier Roi d’Italie, Humbert 2,
fils de Victor Emmanuel 3 qui abdiqua en 1946, neuf
siècles de pouvoir ont fait de la Maison de Savoie la
plus ancienne maison souveraine d’Europe.
Ces princes surent profiter de leur maîtrise sur les cols
franco-italiens pour asseoir leur pouvoir. Ce rôle de
« portier des Alpes » offrit un pouvoir considérable aux
Comtes de Savoie qui en usèrent sans modération en
nouant alternativement des alliances avec leurs
différents voisins, ce qui leur permirent d’étendre
progressivement leur autorité sur des territoires voisins
de la Savoie proprement dite (la Bresse, le Bugey, le
Genevois, le pays de Gex, Nice). Signe du succès de
cette politique, en 1416, le Comté de Savoie sous
Amédée 8 est érigé en Duché par l’Empereur
germanique Sigismond de Luxembourg. En 1429,
Amédée 8 réunit le Comté du Piémont à la Savoie. Les
Princes de Savoie ont fait de Chambéry leur capitale et
leur Cour rivalisait alors par son faste avec celle des
plus grands souverains européens. (château à visiter)
Au milieu du 15ème siècle, la Savoie est un Etat qui
s’étend de la Bresse au lac majeur en Lombardie, du
pays de Vaud (nord du lac Leman en Suisse) à Nice.
La position clé de la Savoie en fit une région convoitée
ce qui explique son histoire mouvementée qui n’est
qu’une succession d’occupation par la France ou par
l’Espagne et de Traités la rendant à ses souverains. La
Maison de France et la Maison d’Autriche (Habsbourg
d’Espagne) convoitaient l’une et l’autre en effet la
possession des cols alpins entre la Méditerranée et la
Lombardie.
En 1536, François 1er envahit la Savoie qui demeurera
23 ans sous tutelle française jusqu’en 1559 (traité de
Cateau Cambrésis) où le Duc Emmanuel-Philibert de
Savoie recouvre ses domaines ; il transfère néanmoins
sa capitale à Turin, Chambéry étant jugée trop exposée
aux troupes françaises. Ce transfert marquera
l’orientation croissante de la Maison de Savoie vers
l’Italie.
En 1600-1601, sous Henri 4, la France envahit et
occupe de nouveau la Savoie qui aboutit au traité de
Lyon du 17 janvier 1601, où la Savoie perd
définitivement la Bresse, le Bugey et le Pays de Gex
(voir article dans notre précédent journal relatant cet
événement).
Au 17ème siècle, la Savoie est encore occupée à 3
reprises par les soldats de Louis 13 et Louis 14. En 1720
le Duc de Savoie se voit attribuer la Sardaigne et
devient Roi de Sardaigne, étape essentielle dans ses
ambitions italiennes pour une couronne royale ; l’Italie
n’était alors qu’une mosaïque de petits Etats que leurs
rivalités ne cessaient d’affaiblir alors que grandissait
l’Etat savoisien appelé monarchie Sarde.
De 1742 à 1748, la Savoie est occupée par les
Espagnols alliés à la France dans la guerre de
succession d’Autriche. En 1792, les armées
révolutionnaires françaises occupèrent la Savoie qui
devient le département du Mont Blanc. A la chute de
l’Empire Napoléonien, le traité de Paris de 1815 restitue
la Savoie au roi Victor Emmanuel 1er. Le pays rentre
dans l’ère du « Buon governo », ordre moral dont les
mesquineries indisposent la population et les savoyards
lassés se tournent vers la France.
LE RATTACHEMENT A LA FRANCE
En 1858, lors de l’entrevue secrète de Plombières,
Napoléon 3 et le Comte de Cavour (Ministre de Victor
Emmanuel 2) décidaient qu’en échange de l’aide
française contre l’occupation autrichienne en Italie, il
serait cédé à la France la Savoie et Nice qui
deviendraient des zones neutres et à condition que les
populations y consentissent. Lors du plébiscite du 22
avril 1860, une majorité écrasante de « oui » demande le
rattachement de la Savoie à la France (130 533 oui et
235 contre).
Ainsi la famille de Savoie perdait le berceau de sa
dynastie. Néanmoins, les Princes de Savoie
continueront pour la plupart à se faire inhumer dans leur
nécropole qui se trouve à ’Abbaye de Hautecombe sur
les bords du lac du Bourget.
La région est alors partagée en deux départements : la
Savoie et la Haute Savoie.
Dès 1860 les savoyards durent déchanter :
l’administration précédente s’était toujours efforcée de
tenir compte de la diversité des composantes du
royaume, bien loin des exigences centralisatrices
françaises. Les préfets nommés en 1860 étaient
étrangers à la Savoie ; les relations entre les savoyards
et les fonctionnaires français furent détestables. Après la
défaite française de 1870 une opposition savoyarde voit
le jour et conteste le plébiscite de 1860 ; un fort courant
sécessionniste naît en Savoie du Nord.
1914-1918 : la neutralité de la Savoie n’est pas
respectée par la France ; la participation de la
population à la 1ère guerre mondiale entraîne la
disparition de plus de 43 000 savoyards sur une
population totale de 500 000 habitants soit 8,5% de la
population. En 1919 le traité de Versailles supprime
officiellement la neutralité de la Savoie. En 1932 la
Cour Internationale de justice de La Haye condamne la
France et l’invite à rétablir la zone neutre conformément
aux traités antérieurs, ce qu’elle ne fera pas.
Un mouvement régionaliste existe encore aujourd’hui
en Savoie mais demeure marginal. Depuis 1994 existe
la ligue savoisienne qui réclame l’indépendance
complète prétextant que le traité de 1860 n’a pas été
respecté par la France et est donc caduc. Les
indépendantistes de la ligue savoisienne ont obtenu aux
élections régionales de 1998, 6,1% des voix.