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CONFERENCE ECONOMIQUE AFRICAIN 2013
Du 28 au 30 octobre 2013 à Johannesburg, Afrique du sud
Thème : « L’INTEGRATION REGIONALE EN AFRIQUE »
Sous-thème 3 : « LES ENJEUX DU COMMERCE ET DES UNIONS
MONETAIRES EN AFRIQUE »
Sujet : « IMPACT DE LA CEMAC SUR LE COMMERCE EXTÉRIEUR DU
CONGO »
Par
Eric Armel Mbalamona
Centre d’Etudes et de Recherche sur les Analyses et Politiques Economiques (CERAPE)
BP : 15031 Brazzaville Congo
Tel : (242) 066385587
Résumé
Dans cette communication, il est proposé une analyse du commerce du Congo dans la sous
région de l’Afrique centrale dans le cadre de l’intégration sous régionale. La question centrale
de l’étude est celle de savoir si la libéralisation des échanges au sein de la CEMAC procure
des gains ou des pertes au Congo et si l’expérience de la CEMAC représente une performance
comparativement à celle de l’UDEAC.
Deux hypothèses orientent notre démarche : premièrement l’impact de la CEMAC sur les
échanges intra-régionaux du Congo est négatif du fait que le pays présente une balance
commerciale déficitaire dans la CEMAC (-10384,6 milliards de FCFA de1999 à 2003), et
deuxièmement les avantages à attendre des économies d’échelle liées à l’élargissement des
marchés à la dimension d’une gion sont limités parce qu’il n’y a pas de création de trafic ni
de détournement de trafic. Les biens importés des pays tiers sont essentiellement les biens non
substituables. Ainsi le Congo ne profite pas pleinement du marché de la CEMAC pour
renforcer son commerce et gagner d’autres marchés à l’échelle de la sous-région, puis
améliorer les performances de son économie et réduire la pauvreté.
Pour analyser l’impact de la CEMAC sur le commerce extérieur du Congo, il a été utilisé
l’indicateur de l’élasticité revenu des importations selon la formule de Balassa. Les données
utilisées proviennent de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), de la Direction
Générale des Douanes et des Droits indirects (DGDDI) et du Ministère du Plan, de
l’Aménagement du Territoire, de l’Intégration Economique et du NEPAD.
Mots clés : Intégration sous régionale, la CEMAC, commerce extérieur,
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Sigles et abréviations
BC
:
Balance commerciale
BDEAC
:
Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale
BEAC
:
Banque des Etats de l’Afrique centrale
CEDEAO
:
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest
CEEAC
:
Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale
CEMAC
:
Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
CICOS
:
Commission internationale du bassin Congo-Oubangui-Sangha
CNSEE
:
Centre national des statistiques et des études économiques
COBAC
:
Commission bancaire de l’Afrique centrale
COMESA
:
Marché commun de l’Afrique orientale et australe
CSA
:
Congo-Site @ctualités
DGCNSEE
:
Direction générale du centre national des statistiques et des études
économiques
DGDDI
:
Direction générale de douanes et des droits indirects
er
:
Elasticité revenu
FCFA
:
Franc de la coopération financière en Afrique (dans la CEMAC)
FMI
:
Fonds monétaire international
FODEC
:
Fonds de développement de la CEMAC
IDE
:
Investissement direct étranger
OCEAC
:
Organisation de coordination pour la lute contre les endémies en Afrique
centrale
OMC
:
Organisation mondiale du commerce
PIB
:
Produit intérieur brut
PNUD
:
Programme des nations unies pour le développement
PRASAC
:
Pôle gional de recherche appliquée au développement des savanes de
l’Afrique centrale
PRR
:
Programme régional de reforme
RCA
:
République centrafricaine
RDC
:
République démocratique du Congo
RFD
:
Reforme fiscalo-douanière
SADC
:
Communauté de développement de l’Afrique australe
SH
:
Système harmonisé
Tc
:
Taux de couverture
TEC
:
Tarif extérieur commun
UDE
:
Union douanière équatoriale
UDEAC
:
Union douanière des Etats de l’Afrique centrale
UDF
:
Union douanière et fiscale
UEAC
:
Union économique de l’Afrique centrale
UEMOA
:
Union économique et monétaire ouest africain
UMAC
:
Union monétaire de l’Afrique centrale
Sommaire
Résumé ....................................................................................................................................... 1
Sigles et abréviations .................................................................................................................. 2
Sommaire ................................................................................................................................... 2
Introduction ................................................................................................................................ 3
1. Revue de la littérature ............................................................................................................ 4
2. Approche méthodologique ..................................................................................................... 5
3. Le commerce extérieur du Congo dans la sous-région .......................................................... 6
3
3.1. L’Union Douanière des Etats de l’Afrique Centrale (UDEAC) ........................................ 6
3.1.1 Le commerce du Congo dans l’UDEAC .......................................................................... 6
3.2. La Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)................. 8
3.3. Evolution géographique du commerce du Congo ............................................................ 10
4 le rôle de la CEMAC dans l’évolution du commerce extérieur du Congo.......................... 11
4.1. Degré des échanges intra-communautaires du Congo ..................................................... 12
4.2. Effet de création de trafic et de détournement de trafic ................................................... 12
4.3. Echanges avec le reste du monde .................................................................................... 14
4.4 Facteurs explicatifs de cette évolution ............................................................................... 15
4.4.1. Le non respect de la législation fiscale ........................................................................... 15
4.4.2. Inégalité et manque de coopération des économies de la zone CEMAC ....................... 16
4.4.3. Faible diversification de l’économie congolaise ............................................................ 17
4.4.4. L’insuffisance des infrastructures .................................................................................. 18
Conclusion et recommandations .............................................................................................. 18
Bibliographie ............................................................................................................................ 20
Introduction
Depuis le début des indépendances, les dirigeants africains ont reconnu l’importance de
l’intégration économique régionale pour surmonter les faiblesses structurelles de leurs pays.
La petite taille économique des nouveaux Etats est un obstacle au développement
économique. Les exportations au sein de l’Afrique sont entravées par la fragmentation des
économies et par l’insuffisance des infrastructures en matière de transports et de
communications.
Ainsi, certains pays se sont constitués en blocs sous-régionaux, tels qu’en Afrique australe, la
Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), le Marché Commun de
l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) ; en Afrique de l’ouest, la Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union Economique et Monétaire
Ouest Africain (UEMOA) et en Afrique centrale , la Communauté Economique des Etats de
l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique
Centrale (CEMAC). Nous allons nous intéresser à cette dernière pour chercher à comprendre
les relations entre le Congo et les pays membres de cette organisation d’intégration sous-
régionale.
Entre 1993 et 2003, la valeur globale des échanges intra-communautaires a augmenté de 4,8
fois par rapport à la valeur initiale et l’économie congolaise a connu un accroissement avec
une balance commerciale excédentaire. Cependant les échanges intra-communautaires restent
faibles par rapport à la valeur globale des échanges de la communauté et le ratio annuel ne
dépasse guère les 2%. En plus, en 2003, le Cameroun a réalisé 70% du commerce intra-
CEMAC contre 8% pour le Congo. Comme on peut le constater, le Congo membre de
l’UDEAC et de la CEMAC depuis plus de quatre décennies connaît un niveau d’exportations
de loin inférieur à celui du Cameroun.
Le choix de notre sujet se justifie pour deux raisons :
- la première raison se rattache au rôle joué par l’intégration dans les stratégies de
développement. Il est d’un grand intérêt de voir si l’intégration du Congo dans la CEMAC
peut contribuer à la promotion de son commerce extérieur.
4
- la deuxième raison porte sur les réformes successives des organisations d’intégration
gionale. Ainsi nous verrons si la CEMAC qui a remplacé l’UDEAC contribue au
développement des échanges intra-communautaires
Nous allons nous intéresser beaucoup plus à la période comprise entre 1992 et 2004 pour voir
l’évolution des rapports entre le Congo et les pays membres de la CEMAC avant et après la
création de celle-ci.
Ainsi notre communication s’articule autour de deux questions :
-Quel est l’impact de la CEMAC dans le développement des échanges entre le Congo et les
pays membres ?
-Y a-t-il création de trafic au profit du Congo et donc au détriment des pays tiers ?
Nous présenterons dans un premier point un premier point la revue de la littérature, dans un
deuxième point l’approche méthodologique, dans un troisième point le commerce extérieur du
Congo dans la sous-région et dans le quatrième point le rôle de la CEMAC dans l’évolution
du commerce extérieur du Congo.
1. Revue de la littérature
De nombreux auteurs ont traité de l’intégration et ont fait beaucoup d’analyses sur ce sujet.
Nous allons considérer ceux qui ont traité de l’impact de l’intégration sur l’économie des pays
membres, puis ceux qui ont fait des analyses sur la création et le détournement de trafic.
Impact de l’intégration régionale sur les pays membres
Ouali K. S. (1990) montre que l’intégration économique procure aux pays qui s’unissent de
nombreux avantages dont l’évaluation s’inscrit dans le souci de la recherche d’un équilibre
régional et celui de la conception de mécanismes équitables de répartition. Il montre aussi que
la quantification des effets macroéconomiques de l’intégration est peu accommodante parce
qu’elle relève d’une approche multidisciplinaire incluant à la fois l’économie, la sociologie
etc. et visant à examiner tant les effets économiques qu’extra économiques.
Selon une étude menée par la Direction Générale de la coopération internationale et de
développement (2001), les processus d’intégration économique régionale se différencient par
leur degré d’institutionnalisation, par leur rythme, par leur approfondissement et/ou par leur
élargissement. Ils sont à la fois économiques, politiques et culturels et traduisent, à des degrés
divers, une volonté. Ils s’inscrivent dans des trajectoires spécifiques aux sociétés en
développement. Cependant le processus en Afrique centrale est caractérisé par l’absence de
tarif extérieur commun, de mobilité de la main-d’œuvre et par d’importants obstacles aux
échanges intérieurs.
Pour Bach D. (1998) l’existence d’une augmentation ou d’un niveau déjà élevé d’échanges
intra-régionaux est parfois utilisée pour mesurer la réussite d’une expérience d’intégration. Un
faible pourcentage d’échanges intra-régionaux est perçu comme la preuve d’un échec. Il
montre ensuite que parmi les raisons avancées pour expliquer l’échec des groupements
africains figure au premier chef l’absence de complémentarité entre les économies africaines.
Effet de création et de détournement du trafic
5
Les travaux pionniers de Viner J. (1950) constituent l’essentiel de l’analyse classique sur
l’appréciation des coûts et avantages d’une intégration. Il aborde cette question par rapport
aux effets de l’union douanière sur le commerce. Selon lui, l’intégration économique consiste
à unifier les marchés d’une zone économique donnée en procédant par la suppression de
toutes les barrières douanières. Ce qui provoque deux types d’effets : un effet de création et
un effet de détournement de trafic :
- Il y a création de trafic lorsque la formation de l’union douanière accroît les échanges entre
les pays membres de l’union tout en abaissant les coûts de revient des produits échangés.
- Il y a détournement de trafic lorsque les échanges vont se faire entre les pays membres, mais
à des coûts supérieurs à ceux qui existaient avec un pays tiers parce que le coût de revient du
produit réalisé par le pays partenaire est élevé.
Ondo Ossa A. (1999) analyse les processus d’intégration et trouve que les résultats
décevants des diverses tentatives d’intégration en Afrique conduisent inévitablement à
s’interroger sur la pertinence de cette nouvelle régionalisation et sur l’intérêt d’une telle
politique économique dans ce continent. Il montre qu’il n’y a ni création, ni détournement de
trafic en Afrique centrale. Pour lui, cet échec tient, pour une grande part, aux éléments
structurels et à des mesures de politique économique. Des facteurs naturels, dus à la faible
densité, au bas niveau de revenu, au nombre élevé de petits Etats, à des problèmes de
communication et d’infrastructure, expliquent l’échec de l’intégration africaine. Des
imperfections de marché, qui tiennent au risque bancaire, à une formation déficiente et à
l’absence de standardisation des produits, constituent aussi les déterminants de l’échec ainsi
que les distorsions de politique dues à la lourdeur des procédures de contrôle, à la corruption
et aux mesures discriminatoires.
Nous retenons que nous pouvons terminer l’impact de l’intégration économique du Congo
au sein de la CEMAC en analysant les effets de l’intégration à travers les gains et les pertes, la
création et le détournement de trafic. Ainsi nous allons tenir compte de l’approche de Viner J.
et de l’analyse de Ondo Ossa A.
2. Approche méthodologique
Pour analyser l’impact de la CEMAC sur le commerce extérieur du Congo, nous avons eu à
évaluer et à comparer l’élasticité revenu des importations (er) qui est égale à la variation
relative des importations communautaires (∆M/M) sur la variation relative du produit
intérieur brut (∆PIB/PIB).
1
∆M/M Avec M : importations communautaires
Soit er = PIB : produit intérieur brut
∆PIB/PIB
Si er1 > er2, il y a détournement de trafic
Si er2 > er1, il y a création de trafic
1
Balassa B. (1967). Trade creation and trade diversion in European common market in the economic journal.
Londres mars 1967
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