Tél. 01 49 54 05 10 - Fax 01 45 48 48 70 - E-Mail : snv@cef.fr
plume des grands artisans du concile Vatican II : Y. Congar, K. Rahner [ 7 ], Mgr Philips,
Mgr J. Leclercq et E.Schillebeeckx [ 8 ]. Cette théologie repose sur une division fondamentale
entre le monde et l'Eglise, l'ad extra et l'ad intra, voire entre le temporel et le spirituel. Au
risque de caricaturer, on peut dire que ces auteurs vont réserver l'Eglise, l'ad intra et le
spirituel, au clergé et le monde, l'ad extra et le temporel, aux laïcs. Cette théologie, dont on
perçoit davantage les limites a posteriori, a tout de même permis un acquis de taille en
attribuant au laïc une détermination positive : son domaine de prédilection est le monde. On
dépasse ainsi la description uniquement négative qui consiste à ne voir dans le laïc que le non-
clerc. Le laïc se trouve pleinement associé à la mission de l'Eglise, avec une détermination
particulière. Ainsi que le disait Y. Congar dans ses Jalons pour une théologie du laïcat : "Pour
le laïc, chrétiennement parlant, ce qu'il s'agit de référer à l'Absolu c'est la réalité même des
éléments de ce monde [ 9 ]." Cette bipolarité entre le monde et l'Eglise est nuancée et l'on
reconnaît qu'à l'intérieur de l'Eglise, le laïc peut être amené à une contribution active, mais
toujours en vertu de son insertion dans le temporel [ 10 ]. C'est cette théologie qui prévaut
dans l'Action Catholique et qui provoquera d'ailleurs la crise du mandat où se joue justement
la régulation entre la responsabilité de la hiérarchie et celle des laïcs dans la mission.
B - La vocation
Il est intéressant de remarquer que les Jalons pour une théologie du laïcat d'Y. Congar
possèdent huit pages explicitement consacrées à la "vocation". Ces pages s'attachent d'abord à
montrer que toute existence chrétienne est une existence appelée, avec le slogan suivant : "On
peut dire : tout est vocation comme Bernanos dit : "Tout est grâce" [ 11 ]." Et Congar de
poursuivre : "Tout homme a une vocation parce qu'il y a sur chacun une volonté de Dieu
ordonnée à la réalisation de ce dessein. Cette volonté peut se manifester d'une façon
particulière mais, à l'ordinaire, elle se traduit pour chacun dans les goûts qu'il tient de son
tempérament, de son éducation, dans les circonstances de sa vie, dans l'appel que,
expressément ou tacitement, lui adressent les autres hommes, etc. [ 12 ] "
Mais Y. Congar n'en reste pas là, il va développer une théorie de la vocation parfaitement
assortie à sa théologie du laïcat. Il distingue, en effet, l'ordre créationnel de l'ordre
vocationnel. L'ordre créationnel correspond pour lui aux onze premiers chapitres de la
Genèse, où Dieu se manifeste comme cause de toutes choses. Avec le chapitre 12 et
l'invitation de Dieu lancée à Abraham de sortir de son pays, commence l'ordre vocationnel,
"celui du propos de grâce dont l'histoire remplit l'Ecriture et qui se réalise aujourd'hui dans
l'Eglise [ 13 ]." Et notre auteur de poursuivre : "Il nous semble que cette distinction des deux
ordres a son application dans la question de la vocation et qu'elle est de nature à y apporter
une certaine lumière. On verrait ainsi une vocation au sens large, celle qui relève de l'ordre
créationnel et de la Providence générale de Dieu, puis une vocation au sens strict, ordonnée
proprement et directement à la réalisation du propos de grâce, relevant d'une intervention
spéciale de Dieu [ 14 ]." Congar ne dira jamais explicitement que l'ordre créationnel est du
ressort de la vocation de laïc et l'ordre vocationnel de celle du clerc, mais plus subtilement il
dit que "les vocations pour le service direct du propos de grâce" sont plus "impérieuses",
qu'elles sont "organisées socialement dans l'Eglise" et "constituent en un état sacré
particulier". Congar ne rejette pas le terme de "vocation" pour l'ordre créationnel, il se
réclame même "d'une conception très positive des vocations créationnelles du chrétien." Voilà
bien une théologie de la vocation totalement assortie à celle du laïcat. Y. Congar poursuit:
"On peut parler, comme on l'a fait, de fonction adamique de création et de fonction christique
de rédemption, à condition, d'abord, de bien marquer les liens de la première à la seconde, et