9ème Rendez-vous de l’Histoire de Blois 12 – 15 octobre 2006 Argent et art Maryvonne Cassan, professeur détaché au Musée du Louvre Claire Mondollot, IA – IPR de l’académie de Limoges Peu d’œuvres d’art représentent directement l’argent. L’argent est mal connoté (influence de la religion) ; et quand il est représenté, il l’est de manière très négative (Judas, le Christ chassant les marchands du Temple …). On peut cependant étudier les rapports entre art et argent par les œuvres d’art elles-mêmes. L’art est lié à l’argent. Mais quels sont ces liens ? Au travers de cinq œuvres d’art retenues, on peut étudier le marché de l’art, la valeur d’une œuvre d’art, le rôle de l’artiste, ses rapports avec l’argent … etc I – Le Parthénon à Athènes (Vème siècle avant J.C.) : En 449, Périclès fait adopter un décret public pour financer la reconstruction du Parthénon. Celle-ci est financée par l’argent de la ligue de Délos (+ revenus d’une des mines d’argent du Laurion). La reconstruction donne lieu à des appels d’offre, des projets. Contrôle public (votes démocratie athénienne). « Valeur » du monument : matériaux « riches » : marbre, statue d’Athéna (une tonne d’or et d’ivoire). En fait, nous attribuons une valeur « symbolique » à ce monument : frise des Panathénées symbole de la démocratie. Les auteurs : pas de distinction entre artistes1 et artisans. Les travailleurs ont un statut juridique différent (payés à la journée, ou à la pièce). On connaît le nom de Phidias (Sculpteur) ou du « commanditaire » (Périclès). II – Le comte Balthazar Castiglione par Raphaël (1514 – 1515) : Castiglione est l’auteur du Courtisan (1528), livre qui fut un « best seller » de l’époque (60 fois réédité avant la fin du XVIème siècle). Portrait d’un homme de cour (Castiglione est notamment ambassadeur du duc d’Urbino à Rome), mais traité de manière simple. Raphaël est alors un « artiste de cour », recruté déjà par le Pape et déjà célèbre. C’est un artiste qui a une renommée internationale. Les Princes de la Renaissance sont à la recherche de tels artistes qui contribuent à renforcer leur prestige personnel. Les artistes sont pensionnés (et donc pas obligés de produire), et les œuvres sont rétribuées en supplément. Mécénat. L’artiste n’attache pas d’importance à l’argent. Il n’est pas question de vendre l’œuvre produite. L’artiste a donc une certaine distance par rapport à l’argent, comme la noblesse à la même époque. Les grands artistes vivent bien. La valeur des œuvres (outre les dimensions ou les matériaux utilisés) est conditionnée par la « main de l’artiste ». Les œuvres sont cependant souvent à plusieurs mains, le « maître » se réservant certaines parties de la toile. (Le portrait de Castiglione est entièrement de la main du « maître ») L’ « artiste » en tant que tel apparaît vraiment à la Renaissance, avant même le mot qui n’apparaît lui qu’à la fin du XVIIIème siècle. 1 Pour les artistes ou les ateliers « secondaires », les tableaux (commandes) ne sont pas très chers (à la différence des tapisseries ou de l’orfèvrerie). [Cf. les inventaires après-décès] Il y a donc deux « marchés » de l’art : Un marché « prestigieux » (princes, mécènes) l’habitude se prend d’envoyer des peintures en cadeau aux souverains étrangers. Un marché « secondaire » : petits artisans dans leurs échoppes, dont le nom est resté moins connu. III – La Ronde nuit par Rembrandt (1642) : Portrait de groupe (milice urbaine). Le tableau a coûté 100 florins (= 100 £) à chacun des 16 personnages représentés. Ce tableau est à replacer dans le contexte des Provinces Unies du XVIIème siècle : essor économique et enrichissement qui profite à une bourgeoisie urbaine. Achat de tableaux, d’œuvres d’art (paysages, scènes de genre, portraits individuels ou de groupe) : on a calculé qu’à Amsterdam au début du XVII ème siècle (1612), il y avait 6 tableaux par foyer, et 12 en 1650. Demande donc très forte nombreux peintres, vente dans des tableaux dans des boutiques, ou lors des foires. Existence de marchands spécialisés (Rembrandt a épousé la nièce d’un grand marchand). Rembrandt conçoit son atelier comme une entreprise commerciale : commandes, style unique dans l’atelier (pâtes épaisses). Du vivant même de Rembrandt, il y a des amateurs du « style Rembrandt ». Le peintre demande des avances sur commandes. Mais Rembrandt est en même temps très indépendant de ses commanditaires. Rembrandt est très riche (Belle maison à Amsterdam, grand collectionneur d’œuvres d’art lui-même). Il fait faillite en 1656, mais ne meurt pas ruiné (Sa femme lui laisse sa fortune à condition de ne pas se remarier). Il fonde une maison de commerce avec son fils. Art et commerce sont donc très proches. N.B. A la même époque en France, situation différente : c’est système de l’Académie qui est l’instance de reconnaissance (alors qu’aux Pays-Bas, c’est le « marché ») Cf. Charles Lebrun, peintre de cour (pensionné), qui travaille sur commandes et sert la gloire du Roi. Il est anobli est riche. (Poussin lui refuse le service du Roi et travaille sur commandes pour des amateurs). Dès le XVIIème siècle, apparition en France de marchands d’art (les « marchands merciers ») : Cf. le tableau de Watteau l’enseigne de Gersaint, 1720. IV – Le sacre de Napoléon par David (1805 – 1807) : David est le peintre officiel de l’Empereur (il est pensionné). Pour le sacre, il reçoit un prix très élevé (100 000 Frs.). Il accepte de contribuer à la propagande de l’Empire. Contexte : La révolution oblige les artistes à trouver de nouveaux commanditaires. David cherche à gagner de l’argent. Dès 1799, il peint les Sabines. Et il organise une exposition payante. A la même époque, le dessin commence à être reconnu comme une œuvre d’art à part entière (Vernet) Début XIXème siècle, Paris compte une centaine de marchands. V – Les demoiselles d’Avignon par Picasso (1907) : Ce tableau marque une rupture de la représentation telle qu’on la concevait depuis la Renaissance. Picasso a beaucoup travaillé sur cette œuvre. L’artiste devient une créateur : cette notion qui émerge au XIXème , s’impose au XXème. L’artiste crée une œuvre originale ; il ne cherche pas à exposer ou vendre (Les demoiselles d’Avignon ne sont exposées pour la première fois qu’en 1916, puis une seconde fois en 1937). Picasso vit alors difficilement. Il vit grâce à des marchands d’art, des « gallieristes » qui aident les artistes en achetant leurs œuvres. Les artistes sont des artistes d’avant-garde, non encore « reconnus ». Le marchand fait des « avances sur œuvre », soutient les artistes, mais spécule aussi. Cependant, Picasso meurt très riche (1969). La place de l’artiste est désormais conditionnée par le marché. On parle du « marché de l’art ». L’entreprise, un objet historique Marc de Ferrière Le Vayer, professeur à l’université de Tours Marc Vigié, IA – IPR de l’académie de Versailles L’histoire de l’économie est indispensable à la compréhension du monde contemporain. Si les programmes actuels de Lycée sont dominés par une approche politique et culturelle, l’économie n’est pas absente pour autant. Comment enseigner l’histoire des entreprises ? I – Pourquoi une histoire de l’entreprise ? : L’Histoire de l’entreprise est une étude récente à l’université (années soixante) : - monographie d’une entreprise - ou étude d’une branche particulière On s’aperçoit que l’étude de l’entreprise permet d’aborder des domaines très variés : - Partie technique (l’utilisation de l’énergie électrique par exemple) - La mécanisation progressive (Taylorisme) - L’histoire des individus qui travaillent dans l’entreprise (Créateurs – fondateurs, mais aussi personnel : ouvriers, personnel de gestion (ne pas confondre usine et entreprise, car une entreprise, ça n’est pas seulement du travail manuel, mais aussi des bureaux) - L’histoire sociale : paternalisme, mesures sociales, grèves … etc) - Le marché : histoire des produits, des consommateurs (évolution de l’alimentation par exemple), les « manières de table » évolution du logement (l’apparition de la salle à manger) - Histoire de l’aménagement du territoire (localisation des usines, leur évolution …) L’histoire de l’entreprise n’est donc pas un travail « académique » ou livresque. Elle peut aussi faire appel à l’intervention de témoins. Ca n’est pas que l’histoire des « grandes entreprises » mais aussi des PME, ce qui permet de faire de l’histoire locale. L’histoire de l’entreprise permet de varier les échelles (atelier local, régional, international - filiales étrangères - … etc) et de décrire la société. II – L’exemple des mutations d’un secteur industriel : le passage de la carrosserie automobile en bois à la carrosserie en acier ou la fin d’un « rêve l’élégance » : Pour étudier l’entreprise avec des élèves, se pose le problème des documents dans les manuels : souvent des documents à valeur illustrative, peu de dossiers véritablement documentaires, ou alors de « grands classiques » que l’on retrouve partout (L’automobile, le Creusot). Souvent aussi, des documents qui ne proviennent pas directement des entreprises. On peut cependant trouver des documents aux archives, ou dans les écomusées. Exemple d’une étude de documents présenté par Madame Christiane Cheneaux, professeur d’Histoire-Géographie de l’académie de Versailles : Le passage de la carrosserie automobile en bois à la carrosserie en acier ou la fin d’un « rêve l’élégance », les mutations du secteur automobile Dans les débuts de l’industrie automobile, les carrosseries sont fabriquées par les carrossiers hippomobiles. Les constructeurs fournissent châssis et moteur, que les carrossiers habillent. C’est donc une « industrie de luxe ». En 1898, une distinction s’opère entre les carrossiers hippomobiles et les carrossiers automobiles. Mais peu à peu, les carrossiers se trouvent confrontés à la concurrence de l’industrie automobile traditionnelle qui utilise des carrosseries en acier, et qui peut grâce à la standardisation et le travail à la chaîne offrir des modèles à plus bas prix. L’industrie de la « carrosserie de luxe » traverse beaucoup de difficultés avec la crise de 1929, essayant de se tourner vers l’exportation (marché colonial par exemple). Beaucoup disparaissent à ce moment-là. N.B. On peut retrouver cet exemple d’étude de documents sur le site de l’académie de Versailles. Utiliser internet pour accompagner l’élève dans son travail (atelier multimédia) Dominique Mallaisy, professeur d’Histoire-Géographie à Reims Comment accompagner l’élève dans une recherche ou un travail personnel hors cours (TP, TPE ou cours) ? L’utilisation d’Internet peut être un moyen. I – Sujet à traiter : Les chemins de fer au cœur de l’âge industriel : A partir d’un dossier documentaire, les élèves ont une synthèse à faire sur le sujet : En quoi le chemin de fer a-t-il transformé l’économie et la société européenne au XIXème siècle ? Il s’agit d’une étude de cas au travers de l’exemple de la ligne de chemin de fer Paris – Saint-Germainen-Laye. Cette ligne de 19 kms avait été conçue comme une ligne « publicitaire ». Elle permet de répondre à la problématique suivante : Pourquoi peut-on dire que la construction du Paris-SaintGermain a été la « maquette » de celle du réseau français de chemin de fer ? Le dossier documentaire est à consulter sur internet. Différents liens sont donnés. Les élèves se connectent et consultent les documents. Les élèves rendent leur synthèse par Internet. Ces synthèses peuvent être améliorées par les élèves, par une « correction progressive » de l’enseignant. Avantage : les élèves lisent la correction ponctuelle, en tiennent compte, jusqu’à obtenir un texte « correct ». La note n’intervient qu’à la fin. Le texte de la synthèse ne doit pas être long, ce qui oblige l’élève à faire une réelle synthèse et évite le « copier - coller ». II – La création d’un « campus virtuel » pour gérer le système : Il est nécessaire d’avoir recours à un logiciel qui permet de gérer le système proposé. Exemple : la plate-forme Claroline (Claroline.net), qui est d’une gestion facile. Une fois installée sur le serveur du lycée ou sur un serveur gratuit (free par exemple), cette plate forme permet de gérer le travail des élèves (chaque élève s’inscrit). Sur cette plate-forme, on peut greffer d’autres fonctions : gestion de la salle multi-média … etc