philosophes grecs, notamment Platon, Aristote, Pythagore, les Stoïciens : il est en
« dialogue » avec eux, mais il suit son propre chemin.
Philon d'Alexandrie, de la création du monde 26
[La Genèse] dit "Au commencement Dieu créa le ciel et la terre", en prenant "commencement", non
comme le pensent certains, selon le temps, car le temps n'existait pas avant le monde, mais est né,
soit avec lui, soit après, puisque le temps est l'intervalle du mouvement du monde; or le
mouvement ne saurait naître avant ce qui est mû, mais il est nécessaire qu'il se produise ou après
ou simultanément. Il est donc également nécessaire que le temps soit contemporain du monde ou
plus jeune que lui. Oser le déclarer plus ancien, c'est manquer de philosophie."
Sans le savoir, Philon est proche de ce que disent les physiciens d’aujourd’hui : temps et espace sont
liés.
Philon d'Alexandrie, de opificio mundi 17-20
Quand une cité se fonde pour satisfaire l'immense ambition d'un roi ou d'un chef qui
prétend au pouvoir absolu et qui, dans l'éclat de sa magnificence, donne un surcroît de
lustre à sa prospérité, il se présente parfois un homme qui a reçu la formation
d'architecte ; il observe les commodités qu'offrent le climat et la situation géographique,
et il dessine d'abord dans sa pensée presque toutes les parties de la cité qu'il doit
construire, sanctuaires, gymnases, prytanées, places publiques, ports, cales sèches,
ruelles, fortifications, fondations des maisons et des édifices publics. Puis, une fois qu'il
a renfermé en son âme, comme dans une cire, les empreintes de chaque partie, il porte
en lui une cité intelligible. Il en fait ressortir les traits grâce à la mémoire qui lui est
innée, il en accentue davantage encore les caractères ; tel un bon ouvrier, les yeux fixés
sur le modèle, il commence à bâtir la cité de pierre et de bois, conformant les réalités
corporelles à chacune des idées incorporelles. C'est donc à peu près ainsi que pour Dieu,
on doit estimer qu'ayant médité de fonder la grande cité, il en conçut d'abord les types,
dont il réalisa, en les ajustant, le monde intelligible, pour produire à son tour le monde
sensible, en se servant du premier comme modèle.
Philon envisage deux étapes inhérentes à la notion de « création ». Pour créer il faut
planifier. Puis il faut réaliser. Est-ce qu’il y a donc eu avant la création matérielle une étape
spirituelle de création ? Qu’y a-t-il eu avant le fait de créer ? Ici, Philon distingue trois
« fonctions » : roi/architecte/ouvrier. Puis il revient au monothéisme.
II) Le Rabbinisme.
La forme rabbinique est la base du judaïsme médiéval et du judaïsme moderne
orthodoxe, et comme les autres formes du judaïsme moderne se définissent par rapport au
judaïsme orthodoxe, on peut dire que le judaïsme rabbinique est la base du judaïsme
d’aujourd’hui. Contrairement aux textes de Philon d’Alexandrie, les textes rabbiniques ne
contiennent aucune référence aux philosophes grecs.
La philosophie grecque n’entre à
nouveau dans le judaïsme qu’au Moyen Âge en Égypte et Babylonie (Saadia Gaon au Xe
siècle) à l’aide de traductions arabes.
Pour la période allant du IIe au VIe siècle de notre ère, on a des sources juridiques (la
Mishna et deux Talmuds, qui sont des commentaires de la Mishna) et des sources
exégétiques (Midrashim, des commentaires sur la Bible).
Seul est mentionné le nom d’Épicure pour le signaler comme « hérétique » : son nom est d’ailleurs
employé comme terme générique pour désigner les hérétiques