Thème 2 : Atmosphère, hydrosphère, climats : du passé à l’avenir TP1 : L’atmosphère primitive et son évolution Objectif du TP : L'atmosphère de la Terre a une composition chimique unique dans le système solaire. Quelle était sa composition à son origine et comment a-t-elle évoluée ? Activité 1 : L’atmosphère primitive terrestre A partir des informations tirées des documents 1, 2 et 3, expliquer en quoi l’étude des météorites et des volcans nous renseigne sur l’histoire de la composition de l’atmosphère primitive dont vous proposerez une composition. Activité 2 : Evolution de l’atmosphère primitive et apparition du dioxygène A partir des informations tirées des documents 4, 5 et 6, proposer une hypothèse concernant les mécanismes expliquant le passage d’une atmosphère réductrice à une atmosphère oxydante. BILAN : Résumer l'ensemble de ces informations sous forme d'un schéma de synthèse. On attend sur le schéma des dates et les principaux évènements qui se sont produits au cours de l´histoire de la Terre expliquant l´évolution de l´atmosphère primitive et de l´apparition du O2. [Tapez un texte] Document 1 : La formation des enveloppes terrestres Les plus vieilles roches du système solaire sont des météorites de 4,5 Ga. Parmi celles-ci, les chondrites sont apparues en même temps que le reste du système solaire elles sont indifférenciées et n’ont subi aucune évolution notable, par opposition aux achondrites qui proviennent de la fragmentation d’objet qui ont préalablement subi une différenciation (à l’origine du manteau et du noyau) et d’un dégazage (à l’origine de l’atmosphère). issue du dégazage du manteau Document 2 : Météorites et atmosphère primitive Document 3 : volcanisme et atmosphère primitive Les roches volcaniques, d’origine profonde, issues de la fusion partielle du manteau (basaltes des points chauds par exemple) renferment des inclusions fluides c'est-àdire des sortes de bulles emprisonnées dans les minéraux. Ces gaz d’origine mantellique profonde n’ont pas pu être contaminés par des fluides actuelles (eau infiltrée, fluides libérés dans les zones de subduction …) Composition des inclusions fluides dans les roches volcaniques [Tapez un texte] Document 4 : Les témoins de l’apparition du dioxygène [Tapez un texte] Document 5 : L'évolution de la teneur de l'atmosphère en dioxygène est l'objet de nombreuses incertitudes. Le modèle présenté ici synthétise les données et les incertitudes les plus récentes (2008). Le trait noir et la zone vert foncé indiquent la valeur « probable » de cette teneur. Les rectangles verts indiquent le domaine d'incertitude où pourrait se trouver la valeur réelle. La « brusque » augmentation du dioxygène atmosphérique vers -2,5 Ga pourrait avoir été moins brutale que dessinée ici et s'être poursuivie jusque vers –2 Ga. Atmosphère oxydante Atmosphère réductrice Document 6 : les plus vieux organismes producteurs de dioxygène Photos de stromatolites fossiles Les stromatolites sont des formations souvent calcaires, d’aspect mamelonné, dont les plus vieux fossiles sont âgés de 3,8 Ga. Les stromatolites existent encore aujourd’hui dans des milieux aquatiques, peu profonds. Ces constructions sont dues à des micro-organismes photosynthétiques appelés des cyanobactéries. Photo de stromatolites actuels, baie de Shark, en Australie [Tapez un texte] Correction TP 1 Activité 1 : l´atmosphère primitive s’est formée par un dégazage du manteau Le document 1 permet de définir les phénomènes d’accrétion et de différenciation à l’origine des enveloppes terrestres. Il permet d’engager l’idée d’un dégazage du manteau à l’origine de l’atmosphère. Les documents vont apporter des indices en faveur de cette hypothèse. L’atmosphère terrestre s’est formée suite à un dégazage intense et précoce, durant les 150 premiers millions d’années, et qui s’est poursuivi par la suite d’une manière lente et continue. lien vidéo : http://blinks3.free.fr/d_TeS_spe/climats/05/doc_2/index.html Les documents 2 et 3 donnent une idée de la composition de l’atmosphère primitive en se basant sur les émissions volcaniques et le dégazage des météorites indifférenciées (chondrites). Ils montrent une atmosphère initiale réductrice, riche en CO2. Le dégazage des météorites de type chondrite, dont on pense qu’elles sont représentatives de la composition moyenne du système solaire (et donc de la Terre primitive), donne des composés chimiques identiques et dans des concentrations proches de ce que l’on peut trouver dans les émissions volcaniques. On pense donc que, lorsque les enveloppes terrestres se sont formées par différenciation, le dégazage précoce du manteau a conduit à la formation d’une atmosphère très réductrice, riche en dioxyde de carbone, en diazote, en dioxyde de soufre et en eau. Bilan activité 1 : On peut reconstituer la composition initiale de l’atmosphère terrestre en étudiant les gaz émis par les volcans ou en provoquant le dégazage de certaines météorites représentatives du système solaire primitif. En effet, on peut prouver par l’analyse de gaz rares que l’atmosphère s’est formée par un dégazage précoce du manteau terrestre qui se poursuit toujours via les manifestations volcaniques. L’atmosphère primitive de notre planète était dépourvue de dioxygène (contre 21 % aujourd’hui), riche en eau (85% contre < 1 %) et en dioxyde de carbone (15 % contre 0,03 %). Cette atmosphère primitive se serait ensuite modifiée sous l'influence de phénomènes astronomiques (comètes apportant l'eau), géologiques (volcanisme, érosion continentale…) et biologiques (échanges gazeux des divers métabolismes). Activité 2 : D’une atmosphère réductrice à une atmosphère oxydante Le document 4 présente les fers rubanés, leur datation, leur formation marine à partir d’éléments issus des continents. Le fer a été amené du milieu continental mais c’est dans le milieu marin qu’il a sédimenté : origine sédimentaire de ces roches (couches successives superposées). Les fers rubanés présentent un aspect laminé. On peut voir sur la photographie la présence de couches successives qui évoquent la précipitation successive de différents niveaux ferriques intercalés entre des niveaux siliceux. Cet aspect est compatible avec l’hypothèse d’une formation par précipitation chimique et sédimentation. Les fers rubanés indiquent donc que : avant 2,2 Ga, il n’y a pas de dioxygène dans l’air (le fer ne pourrait pas être transporté par les eaux douces) mais il y a du dioxygène dans les océans (sinon il n’y aurait pas de précipitation) ; après 2,2 Ga, l’absence de fers rubanés révèle un changement complet : l’atmosphère devenue oxydante fait que le fer précipite en milieu continental. Il n’est plus transporté dans les océans. Il se forme des sols rouges. [Tapez un texte] Les fers rubanés ("banded iron formation" ou BIF en Anglais) sont des roches sédimentaires qui se sont formées entre 4 et 2,2 Ga et qui présentent une alternance de couches d’oxydes de fer rouge (de lits d'hématite Fe2O3) et de couches siliceuses sombres (lits de silice SiO2) plus ou moins colorés par l'hématite. La cause de cette alternance n’est pas encore connue avec certitude. L'hématite, normalement grise, devient rouge lorsqu'elle est hydratée (oxydes ferriques Fe3+). Ces roches nous fournissent des informations sur la teneur en O2 du milieu océanique et de l’atmosphère à l’époque de leur formation. Les BIF constituent l’essentiel des gisements de minerai de du monde. Ne se formant plus dans la nature actuelle, on ne peut pas appliquer le principe de l'actualisme à ces roches, et l'origine de ces fers rubanés est l'objet d'interrogations et de débats depuis des dizaines d'années. Synthèse : Le fer précipite en hydroxyde ferrique dans les eaux oxygénées. De – 4 Ga à – 2,2 Ga, des formations sédimentaires contenant du fer précipitent en milieu océanique (fers rubanés). [Tapez un texte] Compléments d´informations scientifiques Quand le souffle des volcans génère l’oxygénation de l’atmosphère primitive Une étude a permis à une équipe de chercheurs français de l'Institut des Sciences de la Terre d’Orléans (CNRS) de résoudre le scénario de l’oxygénation de l’atmosphère primitive à partir de 2,5 milliards d’années. Contrairement aux hypothèses en cours, le développement des cyanobactéries ne serait pas le facteur premier, il faut chercher l’origine du phénomène dans le bouleversement qu’a connu la Terre à cette époque avec l’émergence de grands continents accompagné d’un volcanisme aérien. Ce volcanisme aérien, émettant des gaz riches en soufre, a fini par laver l’océan du fer ferreux qu’il contenait, rendant alors possible la libération dans l’atmosphère de l’oxygène émis par les cyanobactéries. La géologie prime sur la biologie et le même scénario peut être imaginé sur d’autres planètes. Cette étude est publiée dans la revue Nature du 13 octobre 2011. Avant cet événement, l’atmosphère était composée essentiellement de gaz carbonique et de méthane (CO2 +/- CH4). Les témoins de cette oxygénation soudaine sont multiples comme les gisements de fer rubané. Pour mieux percevoir le bouleversement de la chimie à la surface de la Terre, passant de réductrice à oxydante, il suffit de prendre un exemple simple : un clou baignant dans une marre aujourd’hui rouille alors qu’à l’Archéen, un clou dans la même marre se serait dissout. Les raisons de l’apparition brutale de l’oxygène sont débattues. Les cyanobactéries, les premiers organismes photo-synthétisant de l’oxygène, sont apparues bien avant 2,5 milliards d’années. L’oxygène produit était alors consommé dans les réactions d’oxydation de la matière organique et du fer ferreux dissout dans les océans. [Tapez un texte] Première étape, la formation de grandes masses continentales et du volcanisme aérien Avant la grande oxydation on enregistre, à 2,7 milliards d’années, la plus forte production de croute continentale de l’histoire de la Terre. Un énorme événement géodynamique génère massivement continents et reliefs émergés qui n’existaient que de façon sporadique auparavant. Il est fort probable que le volume des océans ait aussi diminué. On passe alors d’une Terre à 99% sous-marine à une Terre avec des reliefs émergés qui nous est plus familière. La conséquence immédiate en termes d’activité volcanique est l’apparition du volcanisme subaérien alors que pour l’essentiel des temps Archéen, le volcanisme était sousmarin. A source magmatique égale, les gaz volcaniques générés par ces deux types d’éruption sont drastiquement différents. Le volcanisme sous marin émet peu de soufre, lequel est essentiellement sous la forme réduite H2S. Au contraire, le volcanisme subaérien émet des gaz riches en soufre, lequel est essentiellement sous la forme oxydée SO2. La pression d’équilibre entre gaz et liquide silicaté est très différentes entre volcanisme sous-marin (10-400 bar) et subaérien (10-1 bar), c’est elle, la force motrice de ce changement de spéciation du soufre. Seconde étape le cycle biogéochimique moderne du soufre se met en place En premier lieu, un tel changement dans la forme (de H2S à SO2) et les flux (de faible à fort) de soufre volcanique permet d’expliquer de façon simple l’enregistrement des fluctuations isotopiques du soufre dans les sédiments datés de l’archéen. En second lieu, l’injection importante de SO2 volcanique dans l’atmosphère par le volcanisme subaérien permet aux ions sulfates de se solubiliser dans les océans – alors que les océans Archéens ne contenaient pratiquement pas de soufre. En retour, ceci active les réactions de sulfato-réduction dans les fonds marins, en particulier dans les environnements hydrothermaux de type fumeurs. Dans ces fumeurs (noirs), le sulfate de l’eau de mer est réduit en sulfure de fer, fixant ainsi le fer hydrothermal et diminuant le potentiel réducteur des fluides hydrothermaux. C’est la mise en place d’un cycle biogéochimique du soufre quasi-moderne qui est permis par l’apparition du volcanisme subaérien. Troisième étape, les océans lavés du fer ferreux l’oxygène peut envahir l’atmosphère Les océans par ce processus de précipitation de sulfure de fer hydrothermal sont progressivement lavés du fer ferreux qui empêchait l’oxygène produit par les cyanobactéries d’envahir l’atmosphère. La voie de la grande oxydation est ouverte. La conclusion majeure de ces travaux est que le contrôle géologique sur l’apparition de l’oxygène est prépondérant et place le rôle du biologique en second plan. [Tapez un texte] Des « oasis » de vie photosynthétique localisés, comme des tapis ou des amas de cyanobactéries. Il s'agirait d'une photosynthèse « classique », dite photosynthèse oxygénique, accompagnée de la libération d'O 2 issu de la photolyse de l'eau, lorsque celle-ci fournit les électrons – oxygène qui aurait mené ensuite de l'oxydation locale de la mer. La photo-ferrotrophie est une photosynthèse (moins énergétiquement efficace que la photosynthèse classique) qui oxyde le fer Fe2+ (FeO) en fer Fe3+ (Fe2O3) ; elle peut s'écrire de façon très simplifiée : 2 FeO + H2O + photons --> Fe2O3 + 2 H+ + 2 e-. Ions H+ et e- seront alors utilisés par des mécanismes voisins de ceux de la photosynthèse classique pour synthétiser des glucides à partir de CO2 ; mais ce métabolisme nécessite la présence de fer Fe2+ dans le milieu et entraînera la précipitation massive d'hématite (Fe2O3). Figure 9. Schéma proposant une explication à la genèse des fers rubanés archéens Parmi les hypothèses retenues pour expliquer la formation des BIF, la plus largement admise est celle d'une activité photosynthétique de microorganismes (de type cyanobactéries), libérant des molécules de dioxygène par photolyse de l'eau. Ce dioxygène serait à l'origine de l'oxydation du fer des sédiments. [Tapez un texte]