Et si un jour j`entends des propos discriminatoires ou bien d`ordre

FOIRE AUX QUESTIONS
J’ai déjà commencé…
Et si un jour j'entends des propos discriminatoires ou bien d'ordre privé , comment réagir ?
Cette réponse vous aidera à préparer votre séquence.
Votre appréhension est légitime, car effectivement toute discussion, toute rencontre est un
risque.
D'autant que l'espace de la classe est un espace « public », et vous êtes responsable de la
gouvernance éducative et pédagogique.
Un seul conseil : faites confiance au cadre.
- Le cadre proposé est conçu comme suffisamment bon pour qu 'advienne la pensée, et la
parole authentique, dans le calme. Pour preuve le sérieux des échanges.
Le micro a pour fonction de réguler la parole en jouant le rôle du tiers (qu'est-ce qu'on va
penser de ce que je dis ? ). Cette parole est enregistrée, on en garde la trace, disponible à tout
moment enclasse. Les enfants s'efforceront de se montrer intelligents, pour les autres, pour le
tiers (inconnu), et pour eux.
Mais il est vrai que certains, au début, peuvent être dans la provocation.
- Vous avez aussi posé comme principe éducatif la confiance inconditionnelle dans ce groupe
de chercheurs, ce qui veut dire confiance dans les ressources humaines et intellectuelles de
chacun. Si vous pensez que vous serez mal à l'aise, à cause de tel ou tel propos, forcément un
enfant aura le même ressenti, et quelqu'un exprimera une réction à l'égard du provocateur ("tu
n'as pas le droit de dire ça !" ; "explique toi, car je pense que tu as fait de la peine à xxx, et
peut-être que tu ne le sais pas ...")
- Et enfin, ce temps de parole a lieu sur du temps scolaire, les règles de vie de la classe s 'y
appliquent donc aussi, en particulier à propos du respect de l 'autre.
Où que cela se passe, l'injure raciste, sexiste ... est une enfreinte à la Loi, et l'enseignant a le
devoir d'en faire le rappel.
- à tout momen, si le climat n'est plus propice à l'élaboration de la pensée, la séance peut être
suspendue, puisque l'enseignant est le garant du cadre.
Il essaiera ensuite d'analyser, seul ou avec le groupe de suivi, pour apporter remède.
Pour parer aux confidences d'ordre privé, lors de la présentation de chaque séance, on peut
dire quelque chose comme cela : "dans l'Atelier-Philosophie,tu ne dis que ce que tu veux bien
dire au groupe."
Pour parer aux propos discriminatoires, on peut prévoir si besoin un dispositif (affichage, ....),
qui rappelle les règles de vie de la classe (respect ...) au cas où. .Mais l'exprérience montre
que rarissimes sont les transgressions. Quand cela arrive la réaction du groupe déconcerte le
provocateur.
Changer son regard : premier point
Toute intervention est de fait une occasion donnée au groupe de se postionner, d'apprendre à
réagir.
Y compris les propos dérangeants, tant par leur forme (manifestations émotionnelles,
confidences d'ordre privé ...) ou par leur fond (propos partiaux, prosélythes, discriminatoires
...).
Les réactions se manifestent sur le mode de la pensée, dans le dialogue, justement au sein du
groupe vécu comme solide,étayant, et non sur le mode de l 'affrontement physique
interpersonnel. C'est un progrès !
Rien à voir avec le propos discriminatoire utilisé en cour de récréation (ou ailleurs), propos
clandestin, blessant, ayant intention de faire une victime, et donc bien sûr répréhensible.
La dimension éducative l 'Atelier-Philosophie réside dans cette possibilité de transformation
des modes de pensée, grâce aux interactions sociales.
Changer son regard : second point
Les émotions ont tout à fait leur place, dans l'Atelier-Philosophie. Elles constituent une étape
obligée, celle des préalables à la pensée organisée.
Observez-vous : quel effet produit en vous une question importante ? Des émotions, des
images, des souvenirs surgissent, inévitablement. Le corps en témoigne (on bafouille, on
rougit, on se bloque ). C 'est pareil pour les enfants.
Pour Wallon , « Penser, c 'est interroger la pensée du corps ».
L 'Atelier-Philosophie n 'est pas un lieu thérapeutique, même si des émotions peuvent s 'y
exprimer.
C 'est un espace de pensée universel, et on est fait ainsi, toute parole est travaillée d 'abord
dans le corps de chacun.
Toute parole est travaillé dans le groupe, enrecherche de sens,
dans l 'exigence d'une rigueur commune.
Et si c 'est le lieu du particulier (et les émotions sont de l 'ordre du privé, de l 'intime), c 'est
aussi, et à la fois, une scène de l 'universel, sur laquelle va se construire la singularité de
chacun dans sa globalité, et où le particulier est aspiré à être dépassé.
Et les émotions, si elles mettent en mouvement (c'est l'étymologie du mot), dérangent aussi,
c'est la vie, on ne peut faire cette économie qu'au prix du blocage de la pensée.
Se reporter aux étapes de la pensée de l'enfant.
Comment éviter les jugements de valeur ?
De qui à qui ou à quoi ?
Sur quoi ?
Toute question est intéressante.
Toute réponse authentique est intéressante.
Toute réponse est « provisoirement vraie ».
C 'est-à-dire qu 'on va pouvoir l 'examiner, la faire évoluer, la transformer parce que le groupe
y a accès.
Le jugement de valeur est une des étapes dans la construction de la pensée.
L'Atelier-Philosophie pose que la confrontation régulière avec la pensée d'autrui, face à une
énigme universelle, et l'expérience de la découverte d'être à la source de sa pensée, permet
l'élaboration de la pensée personnelle, et la vivifie.
C'est une synergie, un processus d'évolution permanente.
Le processus est exactement le même chez l'enseignant, qui, au coeur de cette expériece, verra
l'évolution de son regard sur les élèves (les étiquettes posées, par exemple : « Cet élève est
limité ») ; mais aussi de ses pensées, tant sur le plan professionnel que personnel.
Pour les élèves, le « Je ne suis pas d 'accord avec ce que tu dis, parce que ...» déstabilise le
jugement, tout en respectant la personne, et permet de construire au niveau des idées.
Prendre du recul, mettre de la distance, remettre en cause, cela s 'apprend dans le long terme,
grâce à une rencontre familière régulière, bienveillante avec la pensée d 'autrui.
Elle se crée s 'il y a réellement circulation de pensées.
Grâce à la vertu de l 'étonnement.
Jugements de valeur sur les idées sont déboutés naturellement, ou pas ...
L 'étonnement surgit face à une réponse surprenante : «Pourquoi dis-tu ça ? » ; « C 'est vrai,
ça, je n 'y avais pas pensé ! ». L 'un demande des précisions, l 'autre la justification de ce qui
est avancé. L 'exercice de l 'argumentation arrive, de fait, par la nécessité à se faire
comprendre, ou à comprendre l 'autre. Les points de vue s 'influencent, se transforment..
Cette envie de comprendre est le levier qui permet peu à peu de faire tomber les jugements, et
de prendre du recul sur les a priori.
Quelles sont les dérives et les dysfonctionnements qui peuvent se produire ?
Cette pratique requiert la compréhension sensible et bienveillante de l'élaboratiobn d'une
pensée collective qui se cherche, solidaire, universllle et particulière, avant d'être singulière.
Elle repose donc sur des valeurs humanistes.
Celles-ci doivent être partagées par l'enseignant.
Si ce n 'est pas le cas, des déviances pédagogiques dommageables pour les élèves peuvent
vider de son sens l'activité.
Pour les enseignants qui vont porter le nom d ' "Atelier-Philosophie », ou d ' « Atelier-
Philosophie-AGSAS » sur leur emploi du temps, les recommandations qui vont suivre sont à
prendre en considération, le plus sérieusement possible.
- 1 La mise en oeuvre de l 'Atelier-Philosophie, implique pour l'enseignant une posture
particulière, peu ordinaire, mais tout à fait possible à vivre si la pratique est un vrai choix, un
engagement personnel.
Celle-ci est justifiée par les fondements théoriques, posés par les fondateurs en 1997 ; ils
privilégient l 'émergence d 'une pensée authentique, critique et solidaire pour chacun, là où il
en est. Le protocole proposé constitue les invariants de la pratique.
- 2 La marge de manoeuvre de l'enseignant concerne les variables ; c'est la part d'ajustement
des conditions de la pratique à une classe réelle (effectif, niveau de classe, locaux, périodicité,
matériel disponible ...). C'est le projet de l'enseignant, qui écrit sa séquence pédagogique,
explicite,
Ceci dit, quelles sont les dérives possibles ?
Elles peuvent être dues à une interprétation erronée des textes, un projet pédagogique
radicalement incompatible avec les fondements au niveau éthique, ou à une difficulté
personnelle de l 'enseignant au niveau du savoir être.
Mise en garde et conseils
Cette pratique n 'est pas un enseignement, il n 'y a ni évaluation des élèves, ni programme. L
'enseignant doit accepter l 'idée que cette pratique facilite les apprentissages à condition qu 'il
s 'efface, qu 'il fasse confiance, qu 'il ne juge pas. Ce ne sont pas les réponses qui comptent
mais le cheminement de la pensée.
-1 La tentation la plus courante est d 'instrumentaliser l 'activité, c'est-à-dire d'en attendre un
bénéfice précis, pour la classe, pour les élèves, pour soi, ... ; de la considérer comme une
recette magique ; ou encore de confondre par ignorance de la théorie effets et objectifs.
Le but de l 'activité n 'est pas, de régler des problèmes de violence dans la classe. Si tel est
votre objectif, d 'autres dispositifs, y compris philosophiques, sont plus adaptés.
- 2 Une autre tentation est de banaliser l 'Atelier-Philosophie. Ce ne sera jamais un moment de
parole comme un autre, puisqu 'il convoque naturellement une parole authentique, singulière ;
puisqu 'il engage largement et sereinement dans le « philosopher » (au sens de « cheminer
avec la pensée »). Ce n 'est pas du scolaire habituel, c'est une médiation, même si on ne
connaît pas bien ce mot dans la formation des enseignants.
- 3 La troisième tentation majeure peut se produire même quand l 'enseignant est de bonne foi,
et concerne la mise en oeuvre dans la classe. En un mot c 'est l 'attitude d 'emprise sur la
parole des enfants, que ce soit dans le fait d 'intervenir, de juger, d 'attendre des résultats, de
récupérer, d 'exploiter ou d'enrichir ce qui est dit.
Un exemple courant : l'enseignant qui répète systématiquement ce que disent les élèves, pour
amplifier le son. Du coup, ceux-ci se voient désapprorpriés de leur parole, se désintéressent
des destinataires.
Les élèves ne s 'y tromperont pas. Si l'enseignant triche avec le protocole, récupère ce qu'il a
entendu pour faire la classe (et sans y être autorisé), il y aura à nouveau les bonnes et les
mauvaises réponses, il y aura à nouveau les jugements.
L'effet sera le silence chez ceux qui ne se sentiront pas à l 'aise pour parler librement, dans
leur désir de croissance.
Il y a bien d'autres ressources dans la classe ...
Pour conclure, c 'est une pratique difficile pour beaucoup, ou du moins surprenante..
Mais le praticien débutant peut être aidé s'il le désire !
- ressources théoriques
- ressources humaines (groupe de discussion, suivi, lien avec des praticiens formés).
Ainsi, dans le troisième temps, les enseignants apportant leurs questions et leurs
interrogations, par exemple : "pourquoi ai-je du mal à arrêter au bout des 10 min ? " , "j'ai
commencé sans le magnétophone, je note, mais ça ne me satisfait pas. Comment faites-vous
?", "j'en ai assez des collègues qui se moquent et ne comprennet rien !" , "ça m'a donné l'idée
de commencer autrement mes leçons, je leur demand ed'abord ce qu'ils savent sur le sujet, et
alors, je suis parfois très étonné !" ...
Est-ce nécessaire d 'avoir déjà instauré d 'autres moments de parole dans la classe ?
Car je suis plutôt directive, et je ne leur laisse pas beaucoup l 'occasion de parler.
Non.
Il est nécessaire, par contre, d 'expliciter le sens et le déroulement de l 'Atelier-Philosophie,
très soigneusement, et de parler du dispositif :
- durée, fréquence, nature, dispositif de recueil des questions des élèves, principe de non
intervention du maître, de non évaluation, de respect des personnes ...
Vous respecterez ce cadre en toutes circonstances, vous en êtes le garant, vous êtes
responsables de son bon fonctionnement..
Vous vous méfierez de vos réflexes pédagogiques, qui pourraient vous amener à vouloir
contrôler le contenu et ne récupérerez aucune parole entendue ;vous ne jugerez pas.
La relation de confiance sera ainsi posée.
Elle est indispensable.
Mieux vaut un moment de parole bien mené, et intelligemment mis en oeuvre que des
pratiques vidées de leur sens ("faire" à tout prix un "quoi de neuf ?" sans comprendre ce que
cela signifie par exemple !)
Cette expérience de philosophie pour enfants est pour vous une chance de découvrir vos
élèves sous un autre jour. Peut-être découvrirez vous par la suite la nécessité d 'autres
moments de parole.
Réfléchissez à vos motivations profondes, à la position d 'emprise narcissique de l 'enseignant,
au pouvoir qu 'il a dans la classe, notamment à travers la parole.Exercer l'autorité n'est pas en
abuser...
Laissez-vous porter par les effets de la compréhension d'une pensée vive et authentique, celle
qui est en train de se construire dans votre classe ...
Que faire pour l 'enfant qui ne parle pas pendant l 'Atelier-Philosophie ? et pour celui qui a
tendance à parler en écho ?
Pour celui qui ne parle pas encore, rien.
S oyez patient.
Si l 'enfant ne parle pas, il écoute.
Il se peut qu 'il pense, vous ne pouvez être sûr de rien. Il est peut-être en train de prendre
conscience de sa capacité à penser là, sous vos yeux. Un jour, il parlera et donnera sa pensée
au groupe.
Dans un premier temps il parlera peut-être "en écho", répétant avec une petite variation ce qui
vient d'être dit.
. C 'est normal.
Oser penser pour soi demande du temps.
Il a d 'abord besoin de s 'essayer, sans risque.
Il prendra peu à peu de l 'aisance et parlera en son nom.
Ayez confiance.
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