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FICHE SUR LES SCOLYTES
Les scolytes sont de petits insectes xylophages de l'ordre des coléoptères. Ils constituent une
grande famille d'insectes dits « ravageurs », les scolytidés (Scolytidae).
Leur corps de 2 à 5 mm est cylindrique et court, de couleur brun foncé à rougâtre et recouvert
par les élytres qui protègent leurs ailes. Leur nom vient du grec skôlêx, « ver ».
Attirés par certaines hormones de stress (phytohormones) émises par des arbres malades ou
déshydratés[1], d’autres le sont par l'odeur du bois mort, les scolytes s’attaquent à l’arbre.
Comme beaucoup d'insectes saproxylophages ou xylophages (fourmis ou termites..), le
scolyte ne peut directement digérer la lignine et la cellulose. Il emporte avec lui, de l'arbre où
il est né, une provision de spores et/ou de mycélium d'un champignon symbiote, dans un
organe spécial, le Mycangium situé dans une invagination de la cuticule (trous ou sortes de
poches dans la cuticule)souvent garnie de glandes qui semblent nourrir et/ou préserver les
spores ou fragments de mycelium. Des spores de champignons peuvent être aussi captés,
transportés et inoculés grâce aux les poils microscopiques qui garnissent la carapace et les
pattes du scolyte. Ce champignon-symbiote attaquera la lignine et la cellulose et c'est le
champignon ou des fibres prédigérées par le champignon que la larve du scolyte consommera.
Certaines espèces de scolytes (ex : Dendroctonus frontalis) n'ont pas de Mycangium, mais
elles transportent sur leur corps des acariens (autre symbiose) qui eux possèdent une sorte de
mycangium (qu'on appelle sporothèque chez les acariens pour des raisons historiques de
vocabulaire taxonomique).
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DEGÂTS
1ère phase : des arbres malades, morts ou gravement stressés par la déshydratation (ici des Pinus contorta) sont
attaqués par des défoliateurs, puis par des scolytes
Seconde phase : Les arbres attaqués par les scolytes (souvent groupés) perdent leur écorce. D'autres espèces de
scolytes ou d'insectes xylophages peuvent creuser plus profondément le bois, favorisant la pénétration de
champignons qui le dégradent plus rapidement (Certains scolyte ne consomment que le bois d'arbres tombés)
Dans les régions à sol pauvre et acide, touchées par des sécheresses ou les pluies acides et la pollution, et dans
des peuplements monospécifiques plantés, les dégâts sont souvent plus important
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Une phase de régénération naturelle suit la mort groupée des arbres, laquelle a levé la dormance des graines
accumulées dans le sol. (Ici en Bretagne (France), Presqu'île de Crozon, dans un ancien boisement de pin qui a
fortement souffert des sécheresses successives de 1988 1989, 1990, 1991 et 1992)
Cette parcelle de monoculture de pins a commencé à dépérir après la sécheresse de 1976. Lors de sa
régénération, des chataîgniers et chênes indigènes réapparaissent spontanément, peut-être plus adaptés au
contexte édaphique. (Presqu'île de Crozon, France).
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Un variant exceptionnellement pathogène d'un champignon transporté par des scolyte a décimé les ormes à
plusieurs reprises dans l'hémisphère nord
En temps normal le scolyte joue un rôle utile pour la régénération forestière. Dans un cas
particulier, des scolyte ont colporté d'orme en orme un nouvau variant - extrêmement
phytopathogène - du champignon Ophiostoma ulmi ; ce champignon ayant peut-être été
favorisé par la forte sécheresse de 1975-1976 et par l'homogénéité génétique des ormes
d'alignement et du bocage.
Un arbre en bonne santé dispose pour se fendre d'une batterie de molécules naturellement
insecticides, bactéricides et fongicides et de défenses physiques (lignine dure, capacité à
immobiliser, engluer et noyer dans la sève ou de la résine tout insecte s'introduisant ou se
développant dans la partie superficielle de son tronc). Ce n'est plus le cas chez un arbre fendu,
blessé ou déshydraté.
Des successions de canicules ou d'étés chauds et secs suivant des hivers anormalement doux
semblent avoir favorisé - dans tout l'hémisphère nord - des pullulations de défoliateurs et de
scolytes, que les monocultures équiennes de résineux semblent aussi favoriser.
Les scolytes ont longtemps été considérés comme des "nuisibles". Pourtant mais lors des
années de sécheresse intense, parfois après une ou plusieurs vagues de défoliation par des
insectes défoliateurs (également attirés par les hormones de stress émises par les arbres), les
scolytes jouent un rôle majeur dans la résilience écologique de la forêt. Si d'autres insectes ont
d'abord défolié, éventuellement plusieurs années de suite, les arbres les plus fragiles ou
incapables de diminuer leur évapotranspiration, bloquant simplement leur photosynthèse et
leur croissance, les scolytes « appelés » par les hormones de stress de l'arbre vont, eux, le tuer
si la sécheresse s'aggrave ou se prolonge. En contribuant à tuer les arbres qui sont en état de
stress hydrique aigu, des scolytes tels que Dendroctonus ponderosae jouent paradoxalement
un rôle très utile pour l'écosystème forestier, en supprimant l'évapotranspiration et la
respiration de ces arbres (un arbre en été, en zone tempérée peut évaporer de 15 litres
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(bouleau) à 300 litre d'eau (saule) par jour, voire beaucoup plus si l'eau est disponible). Les
scolytes limitent ainsi le pompage de l'eau dans le sol et la nappe superficielle par les arbres
adultes, au profit des graines et des jeunes plants, tout en diminuant le risque d'incendie. Les
scolytes accélèrent ensuite fortement la décomposition du bois mort (de résineux notamment)
qui produira plus rapidement un humus forestier favorable à la pousse des futurs arbres et à
une meilleure rétention de l'eau dans le sol.
Néanmoins, c'est surtout le risque phytosanitaire et la perte apparente de revenus que voit le
sylviculteur ou le propriétaire forestier qui craignent toujours une pullulations d'insectes
mangeurs de bois et/ou des champignons qui les accompagnent, pouvant engendrer une
catastrophe plus étendue et plus dommageable que la tempête elle-même. Ces atteintes
suivent souvent les périodes de forte sécheresse ou de sécheresses répétées, et elles peuvent
accroître de 30 % les volumes d'arbres (morts ou mourants) renversés par les tempêtes qui
suivront, et jusqu'à 50 voir localement 100 % si le vent est très violent.
COMMENT LUTTER ?
La lutte contre les scolytes est délicate, d'abord du fait de leur mode de vie : ils passent en
effet la plus grande part de leur vie sous l'écorce (où on lui connaît peu de prédateurs, hormis
des bactéries ou acariens qui peuvent attaquer ses oeufs, ensuite parce qu'en les éliminant par
des moyens chimiques (insecticides), on permettrait aux arbres stressés de vivre et
évapotranspirer plus longtemps, en continuant à épuiser la ressource en eau en temps de
sécheresse (risque accru d'incendie et de maladies), ou
Plusieurs modes de lutte sont possibles :
L'écorçage des grumes abattues, ou des arbres tombés après une tempête, permet
d'éviter que des scolytes ne s'y installent et y pondent, leurs larves ne pouvant en effet
vivre et grandir que sous l'écorce d'arbres fraîchement abattus ou tombés. Les adultes
issus de ces larves pourront alors ensuite s'attaquer à des arbres proches et assez
affaiblis pour y être vulnérables. En écorçant les grumes après abattage ou suite à une
tempête on évite ou au moins on limite le développement des populations de scolytes.
Le piégeage des adultes. Les adultes sont en effet attirés par les odeurs des arbres
auxquels ils sont attachés (et en particulier des arbres malades ou en déficience
physiologique, par exemple du fait d'une sécheresse). On peut donc attirer les adultes
vers des pièges à phéromones ou qui reproduisent le spectre d'odeurs d'arbres malades.
Cette méthode est en particulier efficace après une tempête, quand dans un endroit de
nombreux arbres sont cassés ou abattus - et en particulier s'il s'agit d'arbres d'une
même espèce, ce qui n'est pas rare dans des régions où la forêt est cultivée.
Une meilleure protection du sol, et si cessaire sa restauration, ainsi qu'une meilleure
gestion de l'eau, de manière à mieux la retenir en forêt (pour limiter l'impact des
sécheresse), alors que depuis le moyen âge on a surtout drainé et asséché les forêts. Il
semble qu'une biodiversité élevée des arbres (ce qui implique l'usage de sujets issus de
souches locales et adaptées au substrat, nés de graines et non clonés ou bouturés) et
leur plantation en mélange soit favorable à moins de pullulations et à une meilleure
résilience, mais de nombreuses inconnues persistent en raison du réchauffement
climatique attendu (Dans les forêts polonaises et Bélarus de Białowieskiej les
pullulations semblent toutes corrélées à des stress climatiques, mais elles restent
localisées).
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